Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Ornano (alphonse d’)

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ORNANO (Alphonse d'), né en Corse vers 1548, m. en 1610, était fils de Sampietro et de Vanina d’Ornano, fille d’un des plus riches seigneurs de la Corse, dont il prit le nom. Il fut élevé à la cour de Henri II comme enfant d’honneur des princes de France, rentra en Corse à 18 ans pour y poursuivre, après la mort de son père, la lutte engagée contre les Génois, fit la paix en 1568, revint en France avec 800 hommes et fut nommé par Charles IX colonel général des Corses au service du roi. Fidèle à Henri III pendant les troubles de la Ligue, il fut envoyé en Dauphiné après la mort du duc de Guise pour y calmer les esprits. Il reconnut et soutint de bonne heure Henri IV, contribua avec Lesdiguières et Montmorency à la soumission de Lyon, de Grenoble, de Valence, fut envoyé contre d’Épernon en Provence, fut lieutenant général en Dauphiné, puis fut fait maréchal. Nommé en 1599 gouverneur de la Guyenne, il se signala par son dévouement pendant une épidémie qui désola Bordeaux et fit dessécher les marais qui infectaient cette ville. — J. B. d’O., son fils, colonel général des Corses après lui, né à Sisteron en 1581, fut d’abord gouverneur, puis 1er  gentilhomme et surintendant général de la maison de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII; il fut fait maréchal en 1626. Il prit une part active aux intrigues de l’époque, devint l’âme des conseils du jeune duc d’Orléans et fut impliqué, dans la conspiration de Chalais. Richelieu le fit enfermer à Vincennes (4 mars 1626), et il y mourut (le 2 septembre) : on prétendit qu’il avait été étranglé ou empoisonné. — A la même famille appartiennent Philippe Antoine, comte d’O., 1784-1863, qui fit de la manière la plus brillante toutes les campagnes de l’Empire, fut exilé par les Bourbons, et fut fait maréchal de France par Napoléon III en 1861 : il était alors le doyen des généraux; — et Rodolphe Auguste d'O., fils du préc., né en 1817, chambellan de l'empereur Napoléon III, ancien préfet, auteur d'une Hist. de l'ordre de Malte et de poésies parmi lesquelles on remarque les Napoléoniennes.

ORNANS, ch.-l. de c. (Doubs), sur la Loue, à 25 k. S. E. de Besançon; 3522 hab. École ecclésiastique, bibliothèque, tanneries, papeteries, fabriques d'absinthe, de fromages dits de Gruyère. Patrie du card. Granvelle. Près de la ville, puits de la Bréme, dont les eaux s'élèvent pendant les pluies et vomissent des poissons.

ORNE, Olina, riv. de France, naît dans le dép. auquel elle donna son nom, près de Séez, coule au N. O., puis presque directement au N. E., baigne Séez, Argentan et Caen, et tombe dans la Manche après un cours de 140 kil. Aloses estimées.

ORNE (dép. de l'), entre ceux du Calvados au N., de la Mayenne et de la Sarthe au S., de la Manche à l'O., de l'Eure et d'Eure-et-Loir à l'E. : 6105 kil. carr.; 423 350 hab. ; ch.-l., Alençon. Il est formé d'une partie de la Basse-Normandie, du Perche et du duché d'Alençon. Il est traversé par une chaîne de collines boisées et arrosé par l'Orne, la Dive, la Touques, la Mayenne et la Sarthe. Fer, manganèse, marbre, grains, pierre de taille, kaolin, tourbe, marne. Sol assez fertile; grains, légumes, fruits, lin, chanvre, cidre ; herbages renommés ; élève de bons chevaux normands. Industrie : toiles, basin, dentelles (point d'Alençon), mousselines, coutils, papier, quincaillerie, verrerie, usines à fer; sucre de betteraves, chapeaux de paille. — Ce dép. a 4 arr. (Alençon, Argentan, Domfront, Mortagne), 36 cant. et 511 comm. Il appartient à la 2e division militaire, forme le diocèse de Séez et dépend de la cour imp. de Caen.

ORO (MONTE d'), mont. de Corse, au centre, à 35 kil. N. d'Ajaccio, a 2652m de haut. — Mont. des Alpes Rhétiques, entre les Grisons et la Valteline : 2590m.

OROBIO (Isaac), écrivain juif du XVIIe s., né en Espagne, fut élevé dans le Christianisme, enseigna les mathématiques à Salamanque, puis exerça la médecine à Séville. Accusé de Judaïsme, il fut jeté dans les prisons de l'Inquisition et y resta trois ans. Rendu à la liberté, il passa en France, puis se fixa à Amsterdam et s'y fît circoncire. Il m. dans cette ville en 1687. Il a écrit : Certamen philosophicum adversus Bredenborgium et Spinosam, Amst., 1684, où il combat le Spinosisme, et plusieurs ouvrages contre la religion chrétienne, qui ont été réfutés par Limborch.

ORODES, roi des Parthes de 54 à 36 av. J.-C., fils de Phraate III, monta sur le trône en assassinant son frère Mithridate III. Attaqué par Crassus, il envoya contre le général romain son lieutenant Suréna, qui le vainquit et le tua à la bataille de Carrhes (53). Orodes fut à son tour battu en personne par Ventidius en 38. Il périt peu après, assassiné par un de ses fils.

OROMAZE. V. ORMUZD.

ORONTE (l'), Orontes ou Axius, auj. El-Aasi, riv. de Syrie, sort de l'Anti-Liban, à 80 kil. de Damas, arrose Antioche, et tombe dans la Méditerranée près de Séleucie, après un cours de 400 kil.

OROPE, Oropos, v. de l'anc. Grèce, sur la frontière de la Béotie et de l'Attique, non loin de l'emb. de l'Asopus, en face d'Érétrie, avait pour port sur l'Euripe Delphinion ou le Port Sacré, auj. Skala, et était le ch.-l. d'un petit district appelé Oropie, qui renfermait l'oracle d'Amphiaraüs. Cette ville appartenait dans l'origine aux Béotiens : elle fut prise vers 505 par les Athéniens. Les Thébains, l'ayant reprise en 402, en transportèrent les habitants dans un nouvel emplacement, sur la rive béotienne de l'Asopus. Il y eut alors deux Oropes : l'ancienne, qui est encore auj. appelée Oropo; et la nouvelle, représentée par ie village actuel de Sycamino.

OROPESA, v. de Bolivie, ch.-l. de la prov. de Cochabamba, à 30 kil. N. de Cochabamba; 18 000 hab. — v. d'Espagne (Tolède), à 36 kil. S. O. de Talavera; 1500 hab. ; vaste palais ; patrie du navigateur Maldonado. — Autre v. d'Espagne (Valence), à 22 k. N. E. de Castellon-de-la-Plana : château fort, que les Français firent sauter en 1813.

OROSE (Paul), historien chrétien, né à Tarraco, (dans la Catalogne actuelle), à la fin du IV s. de J.-C., fut disciple de S. Augustin, voyagea en Palestine (415), se montra très-zélé contre le Pélagianisme, exhorta S. Augustin à combattre cette hérésie, et publia lui-même contre elle l’Apologeticus de arbitra libertate ; mais il est bien plus connu par son histoire du Christianisme, intitulée Historiarum adversus paganos libri VII. Cet ouvrage, entrepris pour combattre ceux qui attribuaient les calamités de l'Empire à l'introduction du Christianisme, va depuis l'origine du monde jusqu'à l'an 417. On y trouve beaucoup de traditions populaires, qu'il faut savoir apprécier. Il a été publié à Augsbourg, 1471, et à Leyde, 1738, par Sig. Havercamp. Alfred le Grand en avait fait une traduction anglo-saxonne, qui a été publiée avec version anglaise, Londres, l773. Il en existe une traduction française anonyme, qui parut dès 1491; on l'attribue à Claude de Seyssel.

OROSPEDA, chaîne de montagnes de l'Hispanie, se détachait des monts Idubeda, séparait la Bétique de la Tarraconnaise et finissait aux colonnes d'Hercule, près de Calpé. Le Bœtis (Guadalquivir) en sortait. C'est auj. la Sierra d’Alcaraz et de Ronda.

ORPHANITES, secte de Hussites, qui, professant une admiration sans bornes pour la mémoire de Ziska, leur chef, ne voulurent point lui donner de successeurs, et confièrent la direction des affaires à un conseil. Néanmoins, Procope le Petit obtint parmi eux une influence prédominante. Après avoir horriblement dévasté l'Allemagne, ils furent anéantis à Lomnicze en 1434, par les Calixtins ou Hussites modérés.

ORPHÉE, Orpheus, est, selon la mythologie, un chantre ou poète thrace, fils du roi Œagre et de la muse Calliope, ou, suivant d'autres, d'Apollon et de Clio; il vécut environ un siècle avant la guerre de Troie, fut disciple de Linus, prit part à l'expédition des Argonautes, voyagea en Égypte, où sa femme Eurydice périt blessée au talon par un serpent, osa descendre aux Enfers pour la redemander à Pluton, obtint qu'elle lui fût rendue, mais à la condition qu'il ne la regarderait qu'après avoir quitté les enfers, ne put résister au désir de la revoir et la perdit aussitôt pour toujours. Il revint alors en Thrace, au pays des Cicones, vécut retiré dans les bois de l'Hémus ou du Rhodope, ne cessant d'exhaler sa douleur par des chants funèbres; au son de sa voix, les animaux farouches accouraient, les arbres agitaient leurs branches en cadence, les fleuves suspendaient leur cours. Les femmes de la Thrace tentèrent en vain de lui faire oublier ses chagrins; furieuses de ses mépris, elles le déchirèrent. Sa lyre et sa tête furent jetées dans l'Hèbre, et le flot les porta jusqu'à Lesbos. Les Grecs des temps postérieurs prétendirent qu'Orphée avait été un théologien, un hiérophante, et qu'il avait institué des mystères dans lesquels il dévoilait aux initiés des dogmes sublimes sur Dieu, le monde et la cosmogonie. Selon la tradition, il poliça ses contemporains, leur enseigna l'astronomie, perfectionna la morale et la poésie, inventa le vers hexamètre, ajouta trois cordes à la lyre, etc. il reste, sous le titre de Poëmes orphiques, des Hymnes, des Poëmes sur la guerre des Géants, l'enlèvement de Prosperine, le deuil d'Osiris, l'expédition des Argonautes, et un poëme De lapidibus (sur les vertus occultes des pierres). Ces ouvrages paraissent avoir été fabriqués en partie au temps de Pisistrate, en partie dans les 1ers siècles du Christianisme, par les poètes et les philosophes néoplatoniciens d'Alexandrie; on attribue l’Argonautique à Onomacrite. Ces poëmes, ont été plusieurs fois imprimés; la meilleure édition est celle qu'à publiée God. Hermann sous le titre d’Orphica, Leipsick, 1805. On doit à Gerlach une dissertation De hymnis orphicis, Gœtt., 1797, et à Bode des recherches De Carminum orphicorum ætate, 1838.

ORPIERRE, ch.-l. de c. (H.-Alpes), 45 kil. S. O.