Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Section complète - D

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chez J.F. Bassompierre (p. 35-52).

D.

Daglé goudronner, v. a. Enduire de goudron, de brai, on dit auſſi ſpalmer, v. a.

Daguet ou daghet goudron, ſubſt. maſc. Compoſition faite de poix noire, d’huile de poiſſon, de ſuif, avec quoi on poiſſe les navires.

Daile volige, ſ. f. Planche mince de bois de ſapin ou d’autres bois blanc.

Dam demoiſelle, hie, ſ. f. Piece de bois ronde, haute de trois ou quatre pieds, ſerrée par un bout & dont les paveurs ſe ſervent pour enfoncer les pavés.

Damſel demoiſelle, ſ. f. Terme devenu commun à toutes les filles d’honnête famille & par lequel on les diſtingue des femmes mariées.

Demoiſelle ſignifie auſſi une fille née de parents nobles. Il ſe dit auſſi bien des femmes mariées que des filles. Elle eſt bien demoiſelle.

Dâré fondre, v. n. Attaquer impétueuſement & tout-à-coup.

Ficher, v. a. Faire entrer par la pointe. Ficher un clou, ficher un pieu, ficher bien avant.

Fourrer, v. a. Mettre en quelque endroit. Fourrer ſa tête dans un trou, il s’eſt fourré une écharde dans le doigt.

On dit prov. d’un homme qui a dit ou fait quelque choſe de mal-à-propos & qui en a de la confuſion, il eſt ſi honteux qu’il ne ſait où ſe fourrer.

S’élancer, v. réc. Se lancer, ſe jetter en avant avec impétuoſité, il s’élança au travers des ennemis.

Dazot quenotte, ſ. f. Terme dont on ſe ſert dans le ſtyle fam. & en badinant, pour ſignifier les dents des petits enfants, cet enfant a mal à ſes quenottes.

D’bloucné déboucler, v. a. Ôter la boucle de ce qui eſt bouclé, déboucler un ceinturon.

D’bouté débuſquer, v. a. Chaſſer quelqu’un d’un poſte, d’un état avantageux, il étoit entré dans le miniſtere, mais on l’en a débuſqué.

Supplanter, v. a. Faire décheoir quelqu’un de ſa place, de ſes prétentions par méchanceté, fraude ou autrement, il a ſupplanté ſon rival.

D’câi, on dit, qu’une perſonne a les yeux cernés, quand elle les a battus.

Chaſſieux, euſe adj. qui a une humeur gluante, qu’on appelle chaſſie, qui ſort des yeux, les veillards ſont ordinairement chaſſieux.

D’canper & D’boulé decamper, v. n. Il ſignifie fig. & fam. ſe retirer promptement de quelque lieu, s’enfuir, il vous craint extrêmement, dès qu’il vous voit, il décampe.

Déguerpir, v. n. Je le ferai bien déguerpir.

D’clawé déclouer, v. a. détacher quelque choſe en arrachant les cloux qui l’attachent, déclouer des planches.

D’cohî élaguer, émonder, ébrancher, v. a. Dépouiller un arbre de ſes branches juſqu’à une certaine hauteur, éclaircir un arbre en coupant une partie de ſes branches, il faut faire élaguer ces arbres.

D’cohî élancé adj. il ſe dit par dériſion d’une perſonne qui a la taille trop effilée, c’eſt une grande créature élancée.

Degingandé adj. il ſe dit dans le ſtyle fam. d’un homme dont la contenance & la démarche ſont mal aſſurées, comme s’il étoit tout diſloqué.

Eſcogriffe, ſ. m. L’on appelle ainſi les hommes de grande taille & mal bâtis dont on veut ſe moquer, c’eſt un grand eſcogriffe.

D’cowé crotté, part. on dit, crotté comme un barbet.

D’crogté décrocher, v. a. Détacher une choſe qui étoit accrochée, décrocher une tapiſſerie.

D’crotté décrotter, v. a. Ôter la crotte, décrotter des ſouliers, des habits.

dé, ſ. m. Petit inſtrument de cuivre ou d’autre métal, dont on ſe garnir le bout du doigt & quelquefois le milieu du doigt, pour empêcher qu’il ne ſoit bleſſé de l’aiguille en couſant, dé à coudre.

Degne aire, ſ. f. Place qu’on a unie & préparée pour y battre les grains, l’aire d’une grange.

Den dent, ſ. f. On diſtingue les dents, en dents molaires, qui ſont les groſſes dents, qui ſervent à broyer les aliments, en dents canines, qui ſont les dents pointues qui ſervent à inciſer les aliments, & en dents inciſives, qui ſont les dents de devant qui ſont faites pour couper les aliments, les dents molaires s’appellent auſſi groſſes dents, dents machelieres ou machelieres, on appelle ſurdent, une dent qui vient hors de rang ſur une autre ou entre deux autres dents, il lui eſt venu une ſurdent qu’il faut arracher, dent creuſe, dent cariée, les dents percent à cet enfant, les dents lui viennent, claquer des dents, les dents lui claquent, grincer les dents. On appelle dents de lait, les premieres dents qui viennent aux enfants & qui tombent vers ſept ou huit ans.

On appelle auſſi dents de ſageſſe, les quatre dernieres molaires qui viennent entre vingt & trente ans.

On dit ordinairement que la plupart des enfants meurent aux dents, pour dire, qu’ils meurent, quand les dents leur viennent.

Fig. & fam. n’avoir pas de quoi mettre ſous ſa dent, c’eſt n’avoir pas de quoi vivre.

Manger de toutes ſes dents, c’eſt manger vîte & beaucoup.

Prendre le frein aux dents, le mords aux dents, ſe dit au propre d’un cheval qui s’emporte, on le dit fig. pour dire, ſecouer le joug de la regle, de la loi, de la bienſéance, il ſe dit auſſi de celui qui après avoir négligé quelque temps ſon devoir ou ſes affaires, s’y porte enſuite avec ardeur, il étudie à préſent comme il faut, il a pris le mords aux dents.

Montrer les dents à quelqu’un, c’eſt lui réſiſter, lui faire tête, lui témoigner par des réponſes fermes & accompagnées de menaces, qu’on ne veut pas ſouffrir davantage de lui.

Rire du bout des dents, c’eſt s’efforcer de rire & n’en avoir pas envie.

Donner un coup de dent à quelqu’un, c’eſt médire de lui, dire quelque mot qui l’offenſe, qui le pique.

On dit fig. d’un homme qui ne donne qu’avec peine, que quand on lui demande quelque choſe, il ſemble qu’on lui arrache une dent.

On dit prov. en parlant d’une choſe qu’il eſt impoſſible de faire, que c’eſt vouloir prendre la lune avec les dents, qu’on prendroit plutôt la lune avec les dents.

On dit prov. avoir une dent contre quelqu’un, pour dire, avoir de l’animoſité contre quelqu’un. Et avoir une dent de lait contre quelqu’un, pour dire, avoir une ancienne animoſité contre lui.

On dit prov. & fig. pour dire qu’une perſonne ne doit pas prétendre à une choſe, qu’il n’en tâtera, qu’il n’en caſſera, qu’il n’en croquera que d’une dent.

On dit prov. & fig. pour montrer qu’on ne ſe met point en peine de quelque choſe de fâcheux & qu’on ne laiſſera pas d’agir comme à l’ordinaire, qu’on n’en perdra pas un coup de dent.

On dit prov. & fig. d’une perſonne qui mange beaucoup & à qui on préſente peu de choſe à manger, qu’il n’y en a pas pour ſa dent creuſe.

On dit fig. parler des groſſes dents, pour dire, parler fortement à quelqu’un, ſans garder de meſures.

Dent ſe dit auſſi de pluſieurs choſes qui ont des pointes & qui ſont faites à peu près en forme de dent. Les dents d’un peigne, d’une ſcie, d’une herſe, d’un râteau, d’une rouge d’horloge.

Den d’Chin chiendent, ſ. m. Eſpece d’herbe qui jette en terre quantité de racines longues & déliées & que les chiens mangent pour ſe purger. Les racines de chiendent ſont bonnes à faire de la tiſane.

Dette dette ſ. f. La ſomme d’argent que l’on doit. Contracter, créer, faire des dettes. Payer, acquitter une dette.

On appelle dette active, une dette qu’on a droit d’exiger de quelqu’un, dette paſſive, celle qu’on eſt obligé de payer, dette hypothécaire, une dette hypothéquée ſur une maiſon, ſur une terre, ſur une charge, dette privilégiée, une dette pour laquelle on a un privilege ſpécial. Et dette exigible, une dette qui ſe peut exiger actuellement.

On appelle dettes véreuſes, celles dont le payement eſt fort incertain. Dettes criardes, toutes les petites dettes qu’on doit à des ouvriers, à des marchands, & qui les font crier quand on ne les paye pas.

On dit qu’un homme eſt accablé de dettes, perdu, abîmé de dettes, qu’il a des dettes par-deſſus la tête, pour dire, qu’il a beaucoup plus de dettes que de bien.

On dit avouer ou nier une dette, pour dire avouer ou nier qu’on doit la ſomme dont il eſt queſtion.

On dit fig. & fam. qu’un homme avoue la dette, confeſſe la dette, pour dire, qu’il confeſſe qu’il a tort, ou qu’il convient d’un fait qu’il vouloir cacher.

Deu doigt, ſ. m. (On ne prononce point le g.) partie de la main ou du pied de l’homme. Le gros doigt, les doigts du pied, faire craquer les doigts, compter par ſes doigts, compter ſur ſes doigts. Il ne s’en falloit qu’un travers de doigt que le coup ne fût au cœur. Cette ſauce eſt excellente on s’en leche les doigts.

Il ſe dit de quelques animaux. La main, les doigts du ſinge. Doigt de canard, de bécaſſe, &c.

Doigt ſe prend auſſi pour marquer une petite meſure qui contient à peu près l’épaiſſeur d’un pouce. La riviere eſt crue de quatre doigts. En ce ſens on dit, un doigt de vin. Donnez-moi un petit doigt de vin.

On dit prov. & fig. d’un homme dont on ſe moque publiquement, qu’on le montre au doigt.

Toucher à quelque choſe du bout du doigt. En être bien proche. On dit dans le même ſens, être à deux doigts de ſa ruine, pour dire, être proche de ſa ruine.

Donner ſur les doigts. Châtier, faire ſouffrir quelque peine, quelque dommage, quelque confuſion. On dit au même ſens, il a eu ſur les doigts.

Se mordre les doigts de quelque choſe, s’en repentir.

Avoir de l’eſprit au bout des doigts, être adroit aux ouvrages de la main. Et cet homme a de l’eſprit juſqu’au bout des doigts, pour dire, qu’il fait paroître de l’eſprit juques dans les plus petites choſes.

On dit encore d’une perſonne qui a deviné quelque choſe de ſecret & de caché, qu’elle a mis le doigt deſſus.

On dit de deux perſonnes extrêmement unies d’amitié, ils ſont comme les deux doigts de la main. Ce ſont les deux doigts de la main.

On dit d’un homme qui fait fort bien quelque choſe par mémoire, qu’il le fait ſur le bout du doigt.

On dit fig. être ſervi ou doigt & à l’œil, pour dire, être ſervi ponctuellement.

On dit toucher au doigt, faire toucher au doigt, au doigt & à l’œil, pour dire, voir, faire voir évidemment.

On dit qu’une montre va au doigt & à l’œil, pour dire, qu’elle eſt fort mauvaiſe & qu’elle a beſoin qu’on touche ſouvent à l’aiguille pour la mettre ſur l’heure qu’elle doit marquer.

On dit aux enfants, pour leur faire croire qu’on fait la vérité de quelque choſe, qu’ils ne veulent pas dire, mon petit doigt me l’a dit.

Deu d’pî orteil, f. m. Doigt du pied. Se dreſſer ſur ſes orteils. Préſentement il ne ſe dit guere que du gros doigt du pied, avoir du gros doigt du pied, avoir la goutte à l’orteil, au gros orteil.

Deuket doigtier, ſ. m. Ce qui ſert à couvrir un doigt, un doigtier de cuir, un doigtier de linge.

Dewe douve, ſ. f. Planche ſervant à la conſtruction d’un tonneau. Ces arbres-là ſont propres à faire des douves.

D’fahî démaillotter, v. a. Ôter du maillot, démaillotter un enfant.

D’fieſti démêler, v. a. Défaire les cheveux qui ſont mêlés. Démêler les cheveux.

D’foïeté effeuiller, v. a. Dépouiller de feuilles. Effeuiller une branche d’arbre. Effeuiller des roſes.

Il eſt auſſi réc. Les roſes s’effeuillent du matin au ſoir.

D’foncé enfoncer, effondrer, v. a. Rompre, briſer. Effondrer un coffre, enfoncer une porte, ils enfoncerent le plancher.

D’forné défourner, v. a. Tirer d’un four. Défourner du pain.

D’fotté ou d’fottiné incaguer, v. a. Défier quelqu’un, le braver en témoignant qu’on ne le craint pas, il me menace, mais je le defie de me rien faire, je l’incague, il eſt du ſtyle fam.

D’fraitî défrayer, v. a. Payer la dépenſe de quelqu’un, il l’a défrayé avec tout ſon train.

D’fûlé découvrir, v. a. Ôter ce qui couvroit une choſe ou une perſonne, il ſignifie auſſi quelquefois, laiſſer voir, ou laiſſer trop voir ; & dans cette acception, il ne ſe dit guere qu’en parlant des femmes, une femme qui ſe découvre la gorge.

D’gogî babouin, égrillard, ſ. Ils ſe diſent d’un enfant badin, fort éveillé, c’eſt une petite babouine, c’eſt un égrillard.

D’gotté égoutter, v. a. & réc., faire tomber goutte à goutte, faire écouler l’eau, mettre égoutter des aſperges, faites égoutter ce fromage, ce fromage s’égouttera peut-à-peu.

D’gotteurre baquetures, ſ. f. pl. C’eſt le vin qui tombe dans le baquet ſous les tonneaux, lorſqu’on remplit des bouteilles.

D’grapé dégraffer, v. a. Détacher une agraffe, défaire le crochet d’une agraffe de l’endroit où il eſt paſſé, dégraffer un habit, une jupe.

D’gretté égratigner, v. a. Entamer & déchirer légérement la peau avec les ongles, avec une épingle ou quelque choſe de ſemblable, le chat l’a égratigné.

D’grogn’té écorner, v. a. Caſſer quelque petite partie d’une choſe qui a des angles, écorner une pierre, ces dés ſont écornés.

D’grohi dégroſſir, v. a. Il n’eſt en uſage au propre qu’en parlant des ouvrages de menuiſerie & de ſculpture, pour dire, ôter le plus gros de la matiere pour commencer à lui faire recevoir la forme que l’ouvrier lui veut donner, dégroſſir un bloc de marbre.

Il ſe dit fig. des affaires, des ſciences, pour dire, commencer à les éclaircir, à les débrouiller, il faut dégroſſir un peu les matieres avant que de les traiter à fond.

D’hâ nu-pieds, on dit qu’un homme va nu-pieds, qu’il va nu-jambes, pour dire, qu’il va les pieds-nus, les jambes nues.

D’hâfi écoſſer, v. a. Tirer de la coſſe, écoſſer des pois, des fêves.

Écaler v. a. Ôter l’écale, écaler des noix.

Dépouiller, v. a. Il ſe dit en parlant de tout ce qui découvre la chair, ou les os, & dans ce ſens on dit, on lui jetta de l’eau bouillante qui lui dépouilla toute la jambe.

D’hâgné détaler, verbe actif. Ôter, reſſerer les marchandiſes qu’on avoit étalées, certains marchands étalent leurs marchandiſes le matin & les détalent le ſoir.

Il ſe met auſſi abſolument, la foire eſt finie, les marchands ont détalé.

Démeubler, dégarnir, v. act. Ôter les meubles, démeubler une maiſon. Sa chambre eſt démeublée, il fait dégarnir ſa maiſon de campagne pendant l’hiver.

D’haïeté écaler, v. a. Ôter l’écale, c’eſt-à-dire, la couverture extérieure qui renferme la coque dure de certains fruits, comme les noix, écaler des noix.

Écailler, v. a. Ôter, arracher les écailles d’un poiſſon, c’eſt-à-dire, ces petites parties dures & ordinairement tranſparentes, d’une figure ronde & plate, qui couvrent la peau de certains poiſſons & de certains reptiles, vous n’avez pas bien écaillé cette carpe, ce brochet.

D’halé débarraſſer, v. a. Ôter ce qui embraſſe, débarraſſer les rues.

Déblayer, v. act. On dit déblayer une maiſon, une cour, une ſalle, pour dire débarraſſer une maiſon, &c. des choſes qui y ſont en déſordre & qui les embarraſſent.

Décombrer, v. a. Ôter les décombres, les immondices, les débris, les platras qui embarraſſent un terrain & qui bouchent quelque paſſage.

D’hâmoné démantibuler, v. a. Il ſe dit dans le ſtyle fam. en parlant des meubles ou autres choſes dont les parties ſont ou rompues, ou tellement dérangées qu’ils ſont hors d’état de ſervir. Cette armoire eſt toute démantibulée.

D’hanchî déhanché adj. Qui a les hanches rompues ou diſloquées, il ſe dit des hommes & des chevaux, cette femme eſt déhanchée.

D’hârné écharner, v. a. Terme de Tanneur & de Mégiſſier, ôter d’un cuir la chair qui y reſte.

Décharner, v. a. Ôter la chair de deſſus les os.

D’hârneu écharnoir, ſ. m. Inſtrument avec lequel on écharne.

D’hârneurre écharnure, ſ. f. Reſtes de chairs ôtés d’un cuir pour le préparer.

D’hâsî déchauſſer, v. a. Ôter, tirer les bas ou les ſouliers à quelqu’un, déchauſſer ſon maître, ſe déchauſſer ſoi-même. On dit auſſi déchauſſer des ſouliers, déchauſſer des bas, pour dire, tirer des ſouliers, tirer des bas.

On dit auſſi déchauſſer des arbres, pour dire, ôter la terre qui eſt autour du pied. Les Jardiniers déchauſſent les arbres pour mettre du fumier au pied.

D’havé érafler, v. a. Déchirer légérement la peau avec une choſe qui eſt aiguë, il a reçu un coup d’épée qui ne lui a fait qu’érafler la peau.

Écorcher, v. a. Emporter une partie de la peau d’un animal ou de l’écorce d’un arbre, vous m’avez écorché la jambe, les charrettes en paſſant ont écorché cet arbre.

Incaguer, v. a. Voy. D’fotté.

D’hende deſcendre, v. n. Aller de haut en bas. Deſcendre d’un arbre, du haut d’une maiſon, deſcendre de cheval, de carroſſe, d’un bateau. Les rivieres vont toujours en deſcendant depuis leur ſource. Il a un manteau qui lui deſcend juſqu’aux talons.

Ce verbe ſe met auſſi avec le régime d’un verbe actif. Deſcendre une montagne, deſcendre les degrés.

Deſcendre eſt quelquefois effectivement actif, & ſignifie ôter d’un lieu haut, mettre plus bas. On a deſcendu la chaſſe d’un tel Saint pour la porter en proceſſion. Deſcendre un homme de cheval.

Deſcendre prend avoir quand il a un régime ſimple, & il prend être quand il eſt ſans régime ſimple, il a deſcendu le vin à la cave, il eſt deſcendu dans la cave.

D’hiergî décharger, v. a. Ôter un fardeau du lieu où il étoit, ôter la charge que porte une perſonne ou quelque voiture, décharger des ballots, décharger un cheval, un plancher.

On dit prov. décharger ſon eſtomac, ſon ventre, pour dire, ſoulager ſon eſtomac, ſon ventre par quelque évacuation.

On dit fig., décharger ſon cœur, pour dire, découvrir, déclarer avec franchiſe les ſujets de douleur ou de plainte que l’on a.

On dit décharger ſa conſcience, pour dire, ſatiſfaire à quelque choſe à quoi on eſt obligé en conſcience, j’en décharge ma conſcience & j’en charge la vôtre.

On dit auſſi fig., de quelque commiſſion, pour dire, l’en délivrer.

On dit ſe décharger d’une affaire ſur quelqu’un pour dire, lui en remettre le ſoin.

Décharger une arme à feu, pour dire, la tirer. On dit auſſi la même choſe, pour dire, en ôter la charge avec un tire-bourre.

On dit, décharger ſa colere ſur quelqu’un, pour dire, lui faire ſentir les effets de ſa colere.

Décharger ſignifie auſſi, tenir quitte, délivrer d’une dette, &c.

D’hitté breneux, adj. Sali de matiere fécale, une chemiſe breneuſe.

D’hotté paſſer, v. n. Mourir, il jette le dernier ſoupir, il va paſſer.

D’hovri & d’covri découvrir, v. a. Ôter ce qui couvroit ou une choſe ou une perſonne, découvrir un pot, un plat, découvrir un homme qui eſt dans ſon lit.

L’on dit fig. d’un homme, qu’il découvre ſon jeu, lorſqu’il joue de maniere qu’il donne ſon jeu à connoître.

Découvrir ſignifie fig., parvenir à connoître ce qui étoit tenu caché, déclarer ce qu’on tenoit ſecret, j’ai découvert ſa fourbe, je me ſuis découvert à lui, le lui ai découvert mon cœur, mes ſentiments.

D’hovri l’potaie découvrir le pot aux roſes. Maniere de parler fig. & adv., qui ſignifie, découvrir ce qu’il y a de ſecret dans quelque intrigue, il croyoit que ſon intrigue étoit bien cachée ; mais enfin on a découvert le pot aux roſes.

Di, ſ. m. Petit morceau d’os ou d’ivoire de figure cubique ou à ſix faces, dont chacune eſt marquée d’un différent nombre de points, depuis un juſqu’à ſix & qui ſert à jouer. Jouer aux dés, à trois dés.

On dit avoir le dé, pour dire, jouer le premier.

On dit fig. & fam. flatter le dé, pour dire, déguiſer, adoucir quelque choſe de fâcheux par des termes qui en cachent une partie ou qui font le mal moins grand, en lui annonçant cette nouvelle il a flatté le dé.

On dit auſſi, tenir le dé dans une compagnie, pour dire, vouloir ſe rendre la maître de la converſation, il veut toujours tenir le dé.

On dit encore, faire quitter le dé à quelqu’un, pour dire, l’obliger à céder, l’obbliger à renoncer à quelque entrepriſe.

On dit fam. à vous le dé, pour dire, c’eſt à vous à parler, à répondre, à agir.

Dibott’né (s’) ſe déboutonner, v. rec. Déboutonner ſa verſte, ſon juſtaucorps, &c.

Dicowé (s’) ſe crotter, v. réc. Faire jaillir de la bour ſur…

Dictum dicton, ſ. m. Mot ou ſentence qui a paſſé en proverbe, un vieux dicton.

Difâfilé (s’) s’enffiler, ſe défiler, v. réc. S’en aller en fils.

On dit fig. & dans le ſtyle fam. que le Chapelet ſe défile ou s’eſt défilé, quand de pluſieurs perſonnes qui étoient liées enſemble d’amitié ou d’intérêt, pluſieurs viennent à être déſunies par quelque accident que ce ſoit.

Difé (s’) ſe défaire, v. réc. Vendre ſa marchandiſe, s’en débaraſſer, ſe débaraſſer de ce qui nuit, chaſſer d’auprès de ſoi, je me ſuis défait de cette habitude, de ce domeſtique.

Se démettre, v. réc. Se défaire d’une charge, d’un emploi, d’une dignité, il s’eſt démis de ſa charge en faveur d’un tel.

Dihaïeté (s’) s’écaler, v. réc. Perdre ſon écale c’eſt-à-dire cette couverture extérieure qui renferme la coque dure de certains fruits, comme les noix.

S’écailler, v. réc. On dit qu’un tableau s’écaille, qu’un enduit d’or, de blanc, &c. s’écaille, pour ſignifier, que les couleurs s’enlevent & ſe détachent par petites parties, comme des écailles.

Dihaveurre écorchure, ſ. f. Enlevement de la peau en quelque partie du corps. Il a une grande écorchure, une petite écorchure à la jambe.

Éraflure, ſubſt. f. Écorchure légere, il a une éraflure d’épingle, d’épine à la min.

Dihendaie deſcente, ſ. f. Le penchant par lequel on deſcend, cet eſcalier eſt trop droit, la deſcente en eſt rude, bien roide, bien difficile, cette montagne eſt rude à la deſcente.

À la deſcente, façon de parler dont on ſe ſert pour dire, en deſcendant ou dans le temps qu’on deſcend, il alla le complimenter à la deſcente du carroſſe.

Diheuſe (s’) ſe découdre, v. réc. Il ſe dit des choſes dont la couture vient à ſe découdre, cela commence à ſe découdre, une doublure qui s’eſt découſue.

Dihieg décharger, ſ. f. L’action par laquelle on décharge des marchandiſes.

Il ſe dit auſſi des chârettes & des autres choſes ſur leſquelles des marchandiſes ſont chargées. Se trouver à la décharge du bateau.

Il ſignifie auſſi l’acte par lequel on décharge quelqu’un d’une obligation, d’une redevance, d’une choſe dont il étoit chargé, on travaille à votre décharge.

Décharge eſt auſſi l’endroit, le trou, le tuyau, la grille, par laquelle l’eau d’une fontaine d’un étang, d’un canal ſe décharge.

Déverſoir, ſ. m. L’endroit de la conduite de l’eau d’un moulin, où l’eau ſe perd quand il y en a trop.

Dihireurre déchirure, ſ. f. Endroit d’habit ou l’étoffe déchiré.

Accroc, ſ. m. rupture qu’on ſe fait à un habit, ou qui ſe fait à autre choſe.

Dihonbré (s’) ſe dépêcher, v. réc. Se hâter, dépêchez-vous de partir, dites-lui qu’il ſe dépêche le plus qu’il peut.

Se diligenter, v. réc. Agir avec diligence, il faut ſe diligenter, il faut vous diligenter.

Il eſt quelquefois actif, il faut diligenter cette affaire, cette impreſſion.

Dihoſeurre découſure, ſubſt. f. L’endroit découſu de quelque linge, de quelque étoffe, cela n’eſt pas déchiré, ce n’eſt qu’une découſure.

Dihoupieie déchevelée, part. du verbe décheveler qui ſe dit des femmes a qui on a arraché la coiffure, enſorte que leurs cheveux ſoient épars & en déſordre.

Dik digue, ſ. f. Amas de terre, de pierres pour ſervir de rempart contre l’eau.

Batardeau, ſubſt. m. Eſpece de digue faite de pieux, d’ais & de terre, pour détourner l’eau d’une riviere. Faire un batardeau.

Dikmelé démêler, v. a. Débrouiller, tirer & ſéparer les choſes qui ſont mêlées enſemble, démêler du fil.

Dilahî (s’) débonder, v. n. & réc. Sortir avec impétuoſité, avec abondance, l’eau a débondé cette nuit par une ouverture, l’étang s’eſt débondé.

On dit auſſi fig. & fam. Les pleurs qu’elle avoit long-temps retenus, débonderent à la fin, après avoir retenu long-temps ſa colere, il fallut enfin débonder.

Débagouler, v. a. Dire indiſcrétement tout ce qui vient à la bouche, il débagoula tout ce qu’il avoit ſur le cœur, terme populaire.

Di l’ôle di cheine de l’huile de cotret ; façon de parler fig. & populaire qui veut dire, des coups de bâton.

Diloûhe lamentation, ſubſt. f. Plainte accompagnée de gémiſſements & de cris, après une longue lamentation.

Diloûhî (s’) ſe lamenter, v. réc. Déplorer, regretter avec plaintes & gémiſſements, vous vous lamentez envain, des femmes qui ſe lamentoient.

Il ſe met auſſi abſolument, vous avez beau pleurer & lamenter.

Dîne dinde, ſ. f. On appelle ainſi une Poule-d’Inde, nous avons une bonne dinde.

Dindon, ſ. m. Coq-d’Inde, garder les Dindons, le Dindon glougloute ou glouglote, mais la Dinde ne glouglote pas ; elle pépie ou piole.

Dinieſſe genêt, ſubſt. m. Sorte d’arbuſte qui a des fleurs jaunes, un balai de genêt.

D’inne chôde d’arrache-pied, adv. Qui ſignifie, tout de ſuite, ſans intermiſſion, il a travaillé ſix heures d’arrache-pied.

Dipaichî (s’) voyez Dihonbré (s’).

Diſcangî changer, troquer, échanger, v. a. Donner une choſe pour une autre, il a changé ſa vielle vaiſſelle pour de la neuve, ne nous changez pas notre vin. Échanger une piece de terre contre une autre, il a troqué ſon cheval contre un tableau.

On dit prov. & fig. changer ou troquer ſon cheval borgne contre un aveugle, pour dire changer une choſe qui n’eſt pas bonne contre une plus mauvaiſe.

Permuter, v. a. Il ne ſe dit qu’en matiere eccléſiaſtique & en parlant de bénéfice, permuter une cure contre un bénéfice ſimple, on ne peut permuter un bénéfice qui eſt en patronage laïque ſans la permiſſion du Patron.

Diſchanté déſenchanter, déſenſorceler, v. a. Délivrer, guérir de l’enchantement, de l’enſorcellement, il a une paſſion violente pour cette femme, on ne peut le déſanchanter, le déſenſorceler.

Déguignoner, v. a. Ôter le guignon, le malheur, ſur-tout au jeu.

Diſcloïou déjoint, adj. Qui eſt ſéparé après avoir été joint, cette futaille eſt déjointe.

Éclos, part. du verbe éclore.

Diſclôre éclore, v. n. Il éclôt, ils écloſent, il éclôra, il éclôroit, qu’il écloſe. Il prend l’auxiliaire être dans ſes temps compoſés, il n’a guere d’uſage qu’à l’infinitif & aux troiſiemes perſonnes de quelques temps, il ſe dit de quelques temps, il ſe dit de quelques animaux qui naiſſent d’un œuf, comme des oiſeaux, des inſectes, &c. voilà des pouſſins qui viennent d’éclore.

Déclorre, v. a. Ôter la clôture, il a été condamné à déclorre ſon champ.

Diſconsî déconſeiller, v. a. Diſſuader, conſeiller de ne pas faire quelque choſe, en détourner par ſes raiſons, par ſes avis, je ne lui conſeille ni de lui déconſeille cette entrepriſe.

Diſcoſtumé déſaccoutumer, déshabituer, v. a. Faire perdre, faire quitter une coutume, une habitude, il faut déſaccoutumer de bonne heure les enfants d’être opiniâtres, de faire leurs volontés, il ſe déſaccoutume du jeu.

Diſcrahî dégraiſſer, v. a. Ôter la graiſſe de quelque choſe, la poudre dégraiſſe les cheveux, les ravines dégraiſſent les terres.

Diſcrehe décroître, v. n. Diminuer, la riviere décroît, les eaux ſont bien décrues, après la Saint Jean les jours commencent à décroître.

Diſcrié décrier, v. a. Défendre le cours de certaines monnoies, ôter la réputation, l’eſtime.

Décréditer, v. a. Ôter le crédit, la mauvaiſe foi décrédite un marchand.

Il ſignifie fig. Faire perdre à quelqu’un la conſidération où il étoit, cette action l’a étrangement décrédité.

Diffamer, v. a. Décrier déshonorer, perdre de réputation, il l’a diffamé dans toutes les compagnies, c’eſt ſe diffamer ſoi-même, que d’écrire pour diffamer les autres.

Dénigrer, v. a. Chercher à diminuer la réputation de quelqu’un, le prix de quelque choſe dénigrer les ouvrages de quelqu’un.

Diſcrire tranſcrire, v. a. Copier un écrit, tranſcrivez-moi ce cahier, j’ai fait tranſcrire toutes ſes lettres.

Diſdire dédire, v. a. Il a fait à la ſeconde perſonne du pluriel du préſent de l’indicatif, vous dédiſez, à l’égard du reſte il ſe conjugue comme dire, déſavouer quelqu’un de ce qu’il s’eſt avancé de dire ou de faire pour nous, je ne vous en dédirai pas.

Diſdire (s’) ſe dédire, v. réc. Se retracter, dire le contraire de ce qu’on a dit, déſavouer ce qu’on a dit, ne tenir pas ſa parole, vous avez dit du mal d’un tel, vous êtes obligé de vous en dédire, il avoit offert cent écus, il s’en eſt dédit.

Diſdu murmure, ſ. m. Bruit ſourd & confus de pluſieurs perſonnes qui parlent en même temps, quel murmure eſt-ce que j’entends ?

Disfé défaire, v. a. Détruire ce qui eſt fait.

Déprendre, v. act. Détacher, ces deux dogues étoient tellement acharnés l’un contre l’autre, qu’on eût toutes les peines du monde a les déprendre.

Disfé (s’) ſe dépouiller, v. réc. Il ſe dit fig., en parlant des ſentiments, des opinions, des paſſions dont on ſe défait, ſe dépouiller de paſſions, de haine, d’envie.

Se défaire, v. réc. Se dégager, ſe délivrer, je me ſuis défait de cette compagnie, de cette habitude.

On dit ſe défaire d’un domeſtique, pour dire, le congédier.

On dit auſſi ſe défaire d’une choſe, l’aliéner, s’en démettre. Un marchand qui ſe défait de ſa marchandiſe : il veut ſe défaire de ſa maiſon, de ſon cheval, il s’eſt défait de ſon bénéfice.

Se déprendre, v. réc. Se dégager, cet oiſeau s’étoit pris à la glu, & ne pouvoit s’en déprendre.

Il ſe dit auſſi au figuré, il eſt tellement attaché à cette perſonne, qu’il ne ſauroit s’en déprendre.

Diſloké diſloquer, v. a. Démettre, déboîter, il ſe dit des os qu’on fait ſortir de leur place, diſloquer les os, on dit auſſi diſloquer le bras, le pouce, pour dire, diſloquer les os du bras, du pouce.

Démantibuler, v. a. Il ſe dit au fig. En parlant des meubles & autres ouvrages d’art, dont les parties ſont ou rompues, ou tellement dérangées, qu’il ſont hors d’état de ſervir, cette armoire eſt démantibulée.

Diſpâde épandre, répandre, éparpiller, v. a. Il ſe diſent des choſes liquides & de celles qui peuvent aiſément s’amaſſer enſemble & aiſément ſe ſéparer, comme de l’eau, de la paille, du fumier, &c. qu’on jette çà & là.

Épandre, éparpiller du fumier dans un champ pour l’engraiſſer, répandre de l’eau par terre, répandre de la ſauce ſur la nappe.

Diſpairî dépareiller, v. a. Ôter l’une de deux ou de pluſieurs choſes pareilles, qui a dépareillé ces gants ?

Déparier, v. a. Ôter l’une des deux choſes qui font une paire, déparier des bas.

Diſpalé épauler, v. a. Démettre, diſloquer l’épaule, je lui avois prêté mon cheval il l’a épaulé, ce cheval s’eſt épaulé, il n’a d’uſage qu’en parlant des bêtes à quatre pieds.

On appelle fig. une fille qui s’eſt déshonorée, une bête épaulée. On lui a donné en mariage une bête épaulée.

Diſpande dépenſer, v. a. Employer de l’argent à quelque choſe, il dépenſe tant par an. On le met auſſi abſolument, il aime à dépenſer, il dépenſe en habits, en chiens, en chevaux.

Dépendre s’eſt dit autrefois pour dépenſer, il n’a plus d’uſage en ce ſens que dans ces phraſes proverbiales, qui bien gagne & bien dépend, n’a que faire de bourſe pour ſerrer ſon argent, je ſuis à vous à vendre & à dépendre, pour dire, vous pouvez abſolument diſpoſer de moi.

Diſpaſturé déſentraver, v. a. Ôter les entraves à un cheval, déſentraver un cheval.

Diſpenſe dépenſe, ſ. f. Lieu où dans les maiſons particulieres on ſerre ordinairement le fuit, la vaiſſelle & le linge qui ſervent pour la table, ſerrez cela dans la dépenſe, on le nomme l’office dans les grandes maiſons.

Diſpierté éveiller, réveiller, v. a. Faire ceſſer le ſommeil, rompre le ſommeil, on m’eſt venu éveiller ce matin pour me dire… Il a défendu qu’on le réveillât.

On dit fig. Éveiller, pour dire, donner de la gaieté, rendre plus agiſſant & plus vif, il eſt mélancolique, il lui faudroit quelque choſe qui l’éveillât un peu.

Éveillé, part. on s’en ſert dans le figuré pour dire, vif, gai, il a l’eſprit éveillé, les yeux bien éveillés.

On dit prov. d’un jeune enfant gai & vif, qu’il eſt éveillé comme une potée de ſouris.

Diſpierté l’chet ki doime, on dit prov., il ne faut pas réveiller le chat qui dort, pour dire, qu’il ne faut pas renouveller une méchante affaire, une querelle aſſoupie.

Diſpierté (s’) ſe réveiller, s’éveiller v. réc. Je me ſuis réveillé trois ou quatre fois cette nuit.

Se dégourdir v. réc. Commencer à n’être plus ſi lourd, ſi groſſier ni ſi mal habile.

Diſplaihan fâché, adj. Avoir du mécontentement, du déplaiſir, du regret, on eſt fâché d’une perte au jeu, d’une partie manquée, d’un contre-temps ſurvenu, d’une indiſpoſition.

Fâcheux adj. Qui donne du chagrin, c’eſt une choſe fâcheuſe que d’avoir affaire à des gens qui n’entendent pas raiſon, vous êtes fâcheux de nous être venu troubler.

Diſplaire déſagréer, v. n. Déplaire, n’agréer pas, ces façons de faire me déſagréent fort. Cela ne me déſâgrée pas.

Diſpli déplaiſir, déſagrément, ſ. m. Mécontentement, ſujet de chagrin, d’ennui, de dégoût, c’eſt un homme qui m’a fait un ſenſible déplaiſir, c’eſt un grand déſagrément que d’avoir des procès.

Déboire, ſ. m. Il ſe dit des ſujets de mortification & de fâcherie que donne un ſupérieur, c’eſt un homme qui lui a donné de fâcheux déboires, il en a reçu bien des déboires.

Diſpoie freſſure, ſ. f. Il ſe dit de pluſieurs parties intérieures de quelques animaux priſes enſemble, comme ſont le foie, le cœur, la rate & le poumon, freſſure de pourceau, de mouton, d’agneau, de veau, &c.

Abatis, ſ. m. En terme de boucher, c’eſt le cuir, la graiſſe, les tripes, &c. des bêtes tuées. En terme de rôtiſſeurs, ce ſont les ailes, le cou, les pieds, le géſier & le foie de quelque volaille : la tête, les pieds, le foie & le mou d’un agneau.

Diſpouï dépouiller, v. a. Ôter les habits dont on eſt vêtu, les voleurs l’ont dépouillé tout nu.

Dévaliſer, v. a. Voler, dérober à quelqu’un ſes hardes, ſon équipage.

Détrouſſer, v. a. Enlever par violence l’argent, &c. de quelqu’un.

Diſtinde éteindre, v. a. Il ſe dit du feu qu’on fait mourir, qu’on étouffe, éteindre un cierge, un flambeau. Le feu étoit à cette maiſon, mais on l’a éteint.

Diſtingué (s’) ſe ſignaler, v. réc. Se diſtinguer, ſe rendre célebre, il s’eſt ſignalé en diverſes occaſions.

On le dit quelquefois en mauvaiſe part, mais alors on marque la qualité des actions, c’eſt un homme qui s’eſt ſignalé par une infinité de mauvaiſes actions.

Se ſingulariſer, v. réc. Se diſtinguer, ſe faire remarquer par quelque ſingularité, par des opinions, des actions, des manieres ſingulieres, il ne s’employe guere qu’en mauvaiſe part, il faut éviter de ſe ſingulariſer.

Diſtoide détordre, détortiller, v. a. Défaire ce qui étoit tors, ce qui étoit tortillé, le remettre dans le premier état où il étoit, détordez ce linge pour l’étendre, détordre une corde, détortillez ce ruban, ce cordon.

Diſtoumé baiſſer, décroître, v. n. Diminuer, la riviere a baiſſé d’un pied. Les eaux ſont bien décrues.

Diſtoumeg déchet, ſ. m. Diminution d’une choſe, il faut avoir ſoin de remplir le vin de temps en temps, à cauſe du déchet.

Diſtourné détourner, v. a. Écarter, diſſuader, on ſonne les cloches pour détourner l’orage, il vouloit vous faire un procès, je l’en ai détourné.

Diſtourné (s’) ſe détourner, v. réc. Prendre à deſſein ou par haſard un chemin plus long que le chemin ordinaire, je me ſuis détourné de trois lieues pour vous venir voir.

Diſtrende deſſerrer, v. a. relâcher une choſe trop ſerrée, cette ceinture vous ſerre, deſſerrez-la. Deſſerrer un lien.

Diſtrûre défaire, v. act. Faire mourir, cette malheureuſe a défait ſon fruit, ſon enfant, ſe défaire ſoi-même.

Dévorer, v. a. Il ne ſe dit au propre qu’en parlant des bêtes féroces qui déchirent leur proie avec leur dents, il a été dévoré par les lions, par les tigres.

On dit fig. le temps dévore tout, le feu dévore tout, pour dire, que le temps, que le feu détruit tout, conſume tout.

Uſer, v. a. Conſommer les choſes dont on ſe ſert, on uſe bien du bois dans cette maiſon-là.

On dit fig. qu’il n’y a rien qui uſe ſi fort le corps que la débauche, que les longues veilles.

Div’ni bômel ſe blaſer, v. réc. s’uſer à force de boire des liqueurs fortes, il a tant bu d’eau-de-vie, qu’il s’eſt blaſé.

Div’ni chenou griſonner, v. n. Devenir griſon, il commence à griſonner, la tête commence à lui griſonner, la barbe lui griſonne.

Div’ni rance rancir, v. n. devenir rance, du lard qui commence à rancir.

D’lahî détacher, v. a. délier, détacher un chien.

Débonder, v. a. lâcher la bonde d’un étang, débonder un étang.

D’lapidé tympaniſer, v. a. Décrier hautement & publiquement quelqu’un, déclamer contre lui. Quel plaiſir prenez-vous à vous faire tympaniſer en plein palais.

D’miolé énerver, épuiſer, v. a. Affoibli par la débauche.

Effriter, v. a. Terme de jardinage, uſer, épuiſer une terre.

D’moré a s’emence monter en graine, on dit fig. d’une fille qu’elle monte en graine, pour dire, qu’elle devient vieille ſans ſe marier, il eſt du ſtyle fam.

D’moré keu chômer, v. n. Ne rien faire, faute d’avoir à travailler, il ſe dit proprement en parlant des ouvriers & des gens de travail, c’eſt dommage de laiſſer chômer un ſi bon ouvrier, on dit auſſi qu’un moulin chôme.

Ceſſer, v. a. & n. Diſcontinuer, finir, interrompre, ceſſer d’agir, ceſſer votre travail.

D’moûre démolir, v. a. détruire, abattre, il ne ſe dit que des bâtiments, démolir une maiſon.

D’mouſſî, déshabiller v. a. Ôter à quelqu’un les habits dont il eſt vêtu, déshabiller un malade, on dit dans la même acception dépouiller, v. a. Les voleurs l’ont dépouillé.

Dépouiller ſe dit auſſi en parlant des animaux dont on ôte la peau, pour les mettre en état d’être mangés, dépouiller un lievre, dépouiller un lapin.

On dit en terme de l’Écriture-Sainte, dépouiller le vieil homme, ſe dépouiller du vieil homme, pour dire, quitter les inclinations de la nature corrompue, ſes vieilles habitudes criminelles.

On dit prov. & fig. qu’il ne faut pas ſe dépouiller, avant que de ſe coucher, pour dire, qu’il ne faut pas ſe deſſaiſir de ſon bien de ſon vivant.

Déharnacher, v. a. (l’h. s’aſpire) ôter les harnois à un cheval de trait, le cocher n’a pas encore déharnaché ſes chevaux.

Écorcher une anguille, on dit prov., écorcher l’anguille par la queue, pour dire, commencer une choſe par le plus difficile, & par où l’on devroit finir.

D’muré démurer, v. a. Ouvrir une porte ou une fenêtre qui étoit murée, ôter la maçonnerie qui les bouchoit, il faut démurer cette porte.

D’né de geie kwan on n’lé ſé pu crohî donner des noiſettes à ceux qui n’ont plus de dents, prov. qui ſignifie, donner quelque choſe à un homme qui n’eſt plus en état d’en profiter.

D’né l’tette allaiter, v. a. nourrir de ſon lait, la nourrice qui l’a allaité, la louve qui allaita Rémus & Romulus.

D’né on bordon pof batte réchauffer un ſerpent dans ſon ſein, on dit prov. & fig. c’eſt un ſerpent que j’ai réchauffé dans mon ſein, pour dire, c’eſt un ingrat qui s’eſt ſervi du bien que je lui ai fait pour me faire du mal.

D’né on cô d’coude coudoyer, v. a. heurter quelqu’un du coude, pourquoi m’a-t-il coudoyé ?

D’né on peu po ravu inne féve donner un œuf pour avoir un bœuf, prov. qui ſe dit en parlant d’un homme qui fait un petit préſent pour en avoir un plus grand.

D’né s’pâr â chin jetter ſa part aux chiens, on dit prov. & populairement d’un homme qui ſe croit bien fondé dans les prétentions qu’il a ſur quelque choſe, qu’il n’en jetteroit pas ſa part aux chiens.

D’nîget denier à Dieu ou denie à Dieu, ſ. m. Arrhes.

D’noukî dénouer, v. a. Défaire un nœud, cela eſt noué ſi fort, qu’on ne le ſauroit dénouer, voilà votre ruban qui ſe dénoue.

Doblé guéret, ſ. m. Terre labourée & non enſemencée, on appelle quelquefois en Poëſie, guêrets, toutes les terres propres à porter des grains, ſoit qu’elles ſoient enſemencées ou non.

Doblé doubler, v. a. Mettre le double, mettre une fois autant, doubler la ſomme.

Il ſignifie auſſi, joindre une étoffe contre l’envers d’une autre, doubler une caſaque, doubler de velours.

Fourrer, v. a. Garnir de peau avec le poil, fourrer une robe de martre, fourrer d’hermine.

On dit d’un homme malicieux, qu’il eſt fourré de malice, & on dit prov. un innocent fourré de malice, pour dire, un homme qui paroît ſimple & qui eſt fin & malicieux.

Dobleurre Doublure, ſ. f. L’étoffe dont une autre eſt doublée, la doublure d’une robe de chambre.

On dit prov. & fig. fin contre fin n’eſt pas bon à faire doublure pour dire, qu’on ne doit pas entreprendre de tromper auſſi fin que ſoi, ou que l’on n’y réuſſit pas.

Fourrure, ſ. f. Peau paſſée & garnie de ſon poil & ſervant à fourrer des habits, des robes, &c.

Dodiné dorloter, v. a. Délicater, traiter délicatement, avec complaiſance.

Dodiné (s’) ſe dorloter, v. réc. Se délicater, ſe dodiner, chercher ſes aiſes, c’eſt un homme qui ſe dorlote.

Dok dogue, mâtin, ſ. m. Gros chien courageaux, dont ſe ſert pour garder des maiſons, des baſſe-cours ou pour faire des combats contre des taureaux & des bêtes féroces, gros dogue, gros mâtin.

Dokſâl jubé, ambon, ſ. m. Eſpece de tribune, lieu élevé dans une Egliſe en forme de galerie, il étoit dans le jubé, montrer au jubé.

Doleurre doloire, ſ. f. Inſtrument de tonnelier, qui ſert à unir le bois, égaler le bois avec une doloire.

Dondaine niche, ſ. f. Tour de malice ou d’eſpiéglerie que l’on fait à quelqu’un, je lui ai fait une niche, je ſuis las de ſouffrir toutes ces niches, il n’a d’uſage que dans le diſcours fam.

Dop double, adj. de t. g. qui vaut, une peſe, qui contient une fois autant.

On dit, fermer une porte, une caſſette à double tour, pour dire, la fermer à deux tours.

Double eſt auſſi ſubſtantif, & ſignifie une fois autant, payer le double, payer au double.

Doraie dariole, ſ. f. piece de pâtiſſerie.

Dôte dot, ſ. f. Le t ſe pronnonce. Le bien qu’une femme apporte en mariage, ce que l’on donne à un monaſtere lorſqu’une fille ſe fait religieuſe, aſſigner la dot, donner en dot, conſtituer une dot.

Dôté doter, v. a. Donner à une fille de quoi ſe marier, établir un certain revenu à quelque bénéfice ou communauté, doter une Egliſe, un college.

Doû deuil, ſ. m. Ce que l’on porte en ſigne de triſteſſe pour la mort d’un parent ou de ceux dont on hérite, ou de quelques autres comme rois, princes, &c. s’habiller de deuil, prendre le deuil, porter le deuil, quitter le deuil.

Deuil ſignifie auſſi les parents qui aſſiſtent aux funérailles de quelqu’un, voyons paſſer le deuil, on prie ordinairement une perſonne qualifiée pour mener le deuil.

Il ſe prend auſſi pour le temps que le deuil dure, on a abrégé les deuils.

D’paichi dépêcher, diligenter, v. a. Hâter, faire promptement, dépêcher mon affaire, il faut diligenter cette impreſſion.

D’paſſé dépêtrer, v. a. Débarraſſer, dégager, il ne ſe dit au propre que des pieds quand ils ſont embarraſſés, dépêtrer un cheval qui s’eſt embarraſſé dans ſes traits.

D’pende dépendre, v. a. Détacher, ôter une choſe de l’endroit où elle étoit pendue, dépendre un tableau.

Dépendre, v. n. être ſous l’autorité de quelqu’un, les domeſtiques dépendent de leurs maîtres.

D’pîté dégravoyer, v. a. dégrader, déchauſſer des pilotis, des murs, l’eau a dégravoyé ce mur.

D’plakî décoller, v. a. Séparer, détacher une choſe qui étoit collée, décoller du papier.

Il ſe dit auſſi au réciproque, des ais qui ſe décollent, la bordure du tableau s’eſt décollée.

Dégluer, v. a. Ôter la glu, ſe débarraſſer de la glu, cet oiſeau n’a pu ſe dégluer.

On dit ſe dégluer les yeux, pour dire, ôter la chaſſie qui colle les paupières, l’eau tiede déglue les yeux.

D’poutriné dépoudrer, v. act. Faire tomber la poudre des cheveux, le vent l’a tout dépoudré, lui a dépoudré ſa perruque.

D’quefé ébouriffé, adj. Il ſe dit des perſonnes dont le vent a mis en déſordre les cheveux, la perruque, ou la coiffure, vous êtes tout ébouriffé, elle arriva toute ébouriffée.

Décoiffer, v. a. Déranger les cheveux, le vent l’a toute décoiffée.

D’queli défaillir, v. n. s’affoiblir, les forces lui défaillent tous les jours. En ce ſens on dit qu’un homme ſe ſent défaillir pour dire, qu’il ſent que ſes forces diminuent.

Déchoir, v. n. Diminuer, ſon crédit commence à déchoir, on dit d’un homme avancé en âge, qu’il commence à déchoir, pour dire, qu’il commence à devenir infirme.

Dépérir, v. n. Aller en décadence, tomber en ruine, voilà une maiſon qui dépérit, faute d’être entretenue.

On dit d’un homme dont la ſanté va toujours en diminuant ; qu’il dépérit, que ſa ſanté dépérit à vue d’œil.

Dragonne eſtragon, ſ. m. Herbe odoriférante, longue & menue qu’on met ordinairement dans les ſalades, vinaigre d’eſtragon, omelette à l’eſtragon.

Drâhe drague, ſ. f. Mare de l’orge cuite ou d’autre grain qui demeure dans le braſſin après qu’on en a tiré la biere.

Drapai drapeau, ſ. m. Haillon, vieux morceau de linge ou d’étoffe, le papier ſe fait avec de vieux drapeaux de linge.

Drat d’batem tavaïolle, ſ. f. Sorte de linge garni de dentelles qui ſert à couvrir les enfants qu’on porte baptiſer.

Drat d’moire poêle, ſ, m. Drap mortuaire qu’on met à l’Egliſe ſur le cercueil, un poêle de velours.

Drâwe ivraie, ou ivroie, ſ. f. mauvaiſe herbe, qui croît d’ordinaire parmi les blés & qui produit des grains noirs.

Dreſſi dreſſer, v. a. Lever une choſe qui eſt tombée & la mettre droite, dreſſer des quilles.

On dit, dreſſer le potage, pour dire, préparer le potage, le mettre en état d’être ſervi.

Dreſſer ſignifie auſſi, inſtruire, former, dreſſer un écolier, le dreſſer à la vertu, dreſſer un valet à ſa mode, dreſſer un cheval.

On dit fig. Dreſſer ſon intention pour dire, diriger ſon intention.

Dreſſer eſt quelquefois neutre, on dit fig. les cheveux lui dreſſerent à la tête, pour dire, il eut horreur de ce qu’il ouït, cela lui fit horreur, ce récit fait dreſſer les cheveux à la tête.

Dreſſî (s’) ſe lever, v. réc. Se mettre debout ſur ſes pieds, ſe lever de deſſus un ſiege, levez-vous de-là, ce n’eſt pas là votre place, on dit ſe lever de table, pour dire, ſortir de table ; ils ne ſont pas encore levés de table.

Se cabrer, v. réc. Dans le propre, il ne ſe dit que du cheval, & ſignifie, ſe dreſſer ſur les pieds de derriere, ce cheval ſe cabre, ne tirez pas la bride à ce cheval, vous le ferez cabrer.

Se façonner, v. réc. Se former, ſe dreſſer.

Dreu droit, droite adj. Qui ne penche ni de côté ni d’autre.

Droit ſignifie encore, ce qui eſt oppoſé à gauche, la main droite, prendre ſur la droite, tourner à droite.

On dit à droite & à gauche, pour dire, de tous côtés, frapper à droite & à gauche, prendre à droite & à gauche.

Droit, ſ. m. Il ſe dit de toutes les impoſitions établies pour les beſoins de l’état, payer les droits, frauder les droits.

On dit prov. & fig. C’eſt le droit du jeu, c’eſt l’ordre, l’uſage.

On dit prov. Où il n’y a rien, le roi perd ſes droits, pour dire, qu’il eſt inutile de demander à des gens inſolvables le payement de ce qu’ils doivent.

Droit adv. Directement, par le plus court chemin, ce chemin mene tout droit à Liege.

À bon droit façon de parler adv., pour dire, avec raiſon, c’eſt à bon droit qu’il ſe plaint d’un tel.

À tort ou à droit, autre façon de parler adverbiale, pour dire, ſans examiner ſi une choſe eſt juſte ou injuſte.

Roide, adj. De tout genre, on dit qu’une montagne eſt roide, pour dire, que la pente en eſt droite, on dit auſſi dans le même ſens, degré roide, eſcalier trop roide.

Dreu com inne crâwe, on dit prov. Et par ironie d’une choſe tortue, qu’elle eſt droite comme une faucille.

Dréve allée, ſ. f. Lieu propre à ſe promener, qui s’étend en longueur & qui eſt bordé d’arbres, planter des allées d’ormes, de tilleuls, &c.

Drî d’lîve râble, ſ. m. On appelle ainſi dans quelques animaux, la partie qui eſt depuis le bas des épaules juſqu’à la queue, il ne ſe dit guere que du lievre & du lapin. Le râble d’un lievre.

Dringuel épingles, ſ. f. pl. ſignifie fig. ce qu’on donne à des ſervantes d’hôtellerie pour les ſervices qu’elles ont rendus, donner quelque choſe pour les épingles de la ſervante.

Aubaine, ſ. f. Il ſe dit fig. de tout avantage ineſpéré qui arrive à quelqu’un.

Drouſſin marc, ſ. m. (prononcez Mar) ce qui demeure après qu’on a tiré toute la ſubſtance d’une choſe, le marc du café.

Drovi ouvrir, v. a. Faire que ce qui étoit fermé ne le ſoit plus, ouvrir une porte, un coffre, il ſe met quelquefois abſolument pour dire ouvrir la porte : qui eſt là ? Ouvrez, c’eſt un tel, on dit encore abſolument les marchands n’ouvrent pas les jours de fête, pour dire, n’ouvrent point leur boutique, n’étalent point les jours de fête.

On dit, ouvrir boutique, pour dire, commencer à tenir boutique.

On dit, qu’un remede ouvre le ventre, pour dire, qu’il lâche, qu’il débouche le ventre ; & qu’un mets qu’un aliment ouvre l’appétit, pour dire qu’il donne de l’appétit.

On dit, ouvrir les bras, pour dire étendre les bras ; ouvrir les jambes, pour dire, les écarter, ne les tenir pas ſerrées.

On dit fig. qu’un homme n’oſe ouvrir la bouche, pour dire, qu’il n’oſe parler ; qu’il commence à ouvrir les yeux, pour dire qu’il commence à découvrir des choſes qu’il avoit ignorées auparavant pour n’y avoir pas fait attention.

Deſſiller, v. a. Ouvrir, il ne ſe dit qu’en parlant des yeux & des paupieres, il étoit ſi endormi qu’il ne pouvoit deſſiller les yeux, les paupieres.

On dit fig., Deſſiller les yeux à quelqu’un, pour dire, le détromper, le déſabuſer ſur quelque choſe dont il ne s’appercevoit pas.

D’ſenglé deſſangler, v. a. Lâcher ou défaire les ſangles, deſangler un cheval.

D’ſôdé deſſouder, v. a. Ôter, fondre la ſoudure, deſſouder les branches d’un chandelier.

Il ſe joint le plus ſouvent avec le pronom perſonnel, le fer blanc ſe deſſoude facilement au feu.

D’ſoflé eſſouflé, part. du verbe eſſoufler, qui eſt hors d’haleine pour avoir couru ou fait quelque autre effort, il eſt revenu tout eſſouflé.

D’ſôlé deſſaouler, v. a. (On prononce deſſouler,) faire qu’on ceſſe d’être ſaoul ; on prétend que la ſoupe à l’oignon deſſaoule ceux qui ont trop bu.

Déſenivrer, v. a. (Prononcez déſanivrer) ôter l’ivreſſe. Il eſt auſſi neutre & ſignifie, ceſſer d’être ivre ; il ne déſenivre point depuis tel temps.

D’ſôn’té enſanglanter, v. a. Tacher de ſang, ſouiller de ſang, de bleſſure qu’il reçut enſanglanta tout ſon habit, la terre étoit toute enſanglantée.

D’telé dételer, v. a. Je dételle, j’ai dételé, je detellerai, détacher des chevaux qui étoient attelés.

Il ſe dit de toutes les bêtes qu’on attelle, un cocher qui dételle les chevaux, on le dit auſſi abſolument, dételez.

D’teré, v. a. exhumer, retirer un corps de la ſépulture, on a fait déterrer le corps pour le viſiter.

Il ſignifie fig. découvrir une choſe qui étoit cachée, découvrir une perſonne qui ne vouloit pas être connue, je ne ſais où il a déterré ce ſecret, cet homme. Elle ne penſoit pas qu’on la connût, mais on déterra bientôt qui elle étoit.

D’trihî défricher, v. a. Il ſe dit d’une terre inculte dont on arrache les méchantes herbes, les brouſſailles & les épines, pour la cultiver enſuite, défricher un champ. Les anciens Moines de Saint Bernard on défriché quantité de terres.

Dûre duire, v. n. Vieux mot qui n’eſt plus en uſage que dans le ſtyle familier, pour dire, convenir, plaire, cela ne me duit pas.

Dûré durer, v. n. Continuer long-temps, durer long-temps, cela ne durera pas.

On dit prov., qu’il faut faire vie qui dure, pour dire, qu’il faut ménager ce que l’on a & ne pas dépenſer en un jour ce qui peut ſuffire pour pluſieurs.

Paſſer, v. n. Suffir quelque-temps, durer quelque-temps, il faut que ce peu de blé nous paſſe l’année, ce manteau me paſſera cet hiver.

Durion cal, durillon, ſ. m. Calloſité qui vient aux pieds, aux mains, aux genoux, il vient des cals aux mains à force de travailler, & aux pieds à force de marcher.

Duſaie jus de régliſſe, ſ. m. C’eſt le ſuc de la racine de régliſſe préparé, ſoit en blanc, ſoit en noir.

D’valé dévaler, v. a. Faire deſcendre quelque choſe, dévaler du vin à la cave : il n’eſt plus guere d’uſage que parmi le peuple, on dit mieux deſcendre, v. a. Deſcendre du vin à la cave.

Déſenfler, v. n. & réc. Ceſſer d’être enflé, le ventre commence à déſenfler, ſon bras ſe déſenfle.

D’vancé devancer, v. a. Gagner le devant, prévenir quelqu’un en arrivant avant lui, devancer quelqu’un à la courſe, je m’en allois vous voir, mais vous m’avez devancé.

Devancer ſe dit fig. & ſignifie, ſurpaſſer, nous commençâmes à étudier enſemble, mais vous m’avez bien devancé.

D’vierſé verſer, v. n. & a. Il ſe dit d’un carroſſe, d’une charrette & de toute autre voiture ſemblable, lorſque par accident elle tombe ſur le côté, & il ſe dit pareillement des perſonnes qui ſont dans la voiture, les carroſſes ſuſpendus trop haut ſont ſujets à verſer, nous avons verſé en tel endroit, verſer en beau chemin, ce cocher eſt mal-adroit, il nous a verſés deux fois, ce charretier a verſé ſa voiture.

On dit prov. & fig. il n’eſt ſi bon charretier qui ne verſe, pour dire, que les plus habiles font quelquefois des fautes.

D’viſé deviſer, v. n. S’entretenir familiérement, ils deviſoient enſemble, il s’amuſoient à deviſer, il eſt vieux, on dit mieux cauſer enſemble.

On dit dans le ſtyle fam., cauſer de choſes & d’autres, pour dire, s’entretenir familiérement de diverſes choſes de peu d’importance, & ce n’eſt qu’en cette phraſe & en d’autres ſemblables que cauſer ſe dit avec un régime.

Conditionner, v. a. Appoſer des conditions à quelques actes.

D’vôre dévider, v. a. Mettre en peloton le fil qui eſt écheveau, elle a dévidé trois écheveaux, dont elle n’a fait qu’un peloton.

D’wâkî décoiffer, v. a. Ôter, défaire la coiffure d’une femme, une femme de chambre qui décoiffe ſa maîtreſſe.

Décoiffer, décheveler, v. a. Arracher la coiffure à une femme enſorte que ſes cheveux ſoient épars & en déſordre, ces deux femmes en ſe battant ſe ſont toutes deux déchevelées, elle ſe ſont décoiffées l’une l’autre.

D’walpé développer, v. a. Ôter l’enveloppe de quelque choſe.

D’zawiré froiſſer, v. a. Meurtrir par une impreſſion violente, ce carroſſe l’a preſſé contre la muraille & l’a tout froiſſé, il s’eſt froiſſé tout le corps en tombant, ſa chute lui a froiſſé toute la cuiſſe.

D’zonghî déſarçonner, v. a. Il ſe dit fig. & fam. & ſignifie, confondre quelqu’un dans une diſpute, le mettre hors d’état de répondre.