Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Section complète - T

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chez J.F. Bassompierre (p. 175-187).

T.

Tahe poche, ſ. f. Eſpece de ſachet qui fait partie de l’habillement de la femme, & qui eſt deſtiné à mettre de l’argent & d’autres petites choſes.

Take plaque, ſ. f. Table de quelque métal que ce ſoit, morceau de fer ou de fonte qu’on attache au contrecœur d’une cheminée, plaque de fer, plaque de cheminée.

Tak’né poiſſer, v. a. Salir, gâter avec quelque choſe de gluant, il a poiſſé ſon habit, ces confitures lui ont poiſſé les mains.

Se botter, v. réc. Il ſe dit de ceux qui en marchant dans un terrain gras amaſſent beaucoup de terre autour de leurs pieds, on ne ſauroit promener dans ce jardin qu’on ne ſe botte.

Talnai talon, ſ. m. La partie d’un ſoulier ſur laquelle poſe le derriere du pied, un talon de bois.

Talon talon, ſ. m. Il ſignifie ce qui reſte de cartes après qu’on a donné à chacun des joueurs le nombre qu’il leur en faut, il manque une carte dans le talon, au talon.

Tamhî tamiſer, v. a. Paſſer par le tamis, tamiſer de la farine, de la poudre à poudrer.

Tanſai del min paume, ſ. f. Le dedans de la min entre le poignet & les doigts, il a été bleſſé à la paume de la main.

Tap-cou trappe, ſ. f. Eſpece de porte couchée ſur une ouverture à rez de chauſſée, ou au niveau d’un plancher ; & il ſe dit tant de l’ouverture que de la porte même, la trappe étoit ouverte, il tomba dans la cave ; monter dans un grenier par la trappe.

Tap-ju vieillerie, ſ. f. Vieilles hardes.

Tapé a cou on dit, mettre une charrette à cul, pour dire, changer le diſcours pour éviter de répondre à ce que quelqu’un dit, pour éluder une demande, ou pour faire ceſſer une converſation qui déplaît.

Tapé-ju atterrer, v. a. Abattre, renverſer par terre, ils en vinrent aux priſes, & il l’atterra ſous lui, il attendit le taureau au paſſage, le prit par les cornes & l’atterra, il n’a guere d’uſage au propre que dans ces ſortes de phraſes.

Tapé l’cotte ſol hâie on dit, quitter le froc, pour dire, ſortie d’un monaſtere avant que d’être profés, & fam. qu’un moine a jetté le froc aux orties, pour dire, qu’il a apoſtaſié, qu’il a quitté l’habit & le monaſtere après avoir fait profeſſion.

Tapon bonde, ſ. f. Groſſe planche de bois qui étant baiſſée ou hauſſée ; ſert à retenir ou à lacher l’eau d’un étang, lâcher la bonde.

Tampon, ſ. m. Morceau de bois ſervant à boucher un tuyau, &c.

Tarabuſté bruſquer, v. a. Offenſer quelqu’un par des paroles rudes, inciviles, cet homme bruſque tout le monde.

Tarlaté ſolfier, v. a. Chanter un air en appellant, en prononçant les notes, ſolfier un air.

Tâte beurrée, ſ. m. Tranche de pain ſur laquelle on a étendu du beurre, donner une beurrée à un enfant.

Tavienne cabaret, ſ. m. Taverne, maiſon où l’on donne à boire à toutes ſortes de perſonnes pour de l’argent, il hante les cabarets.

Tehe tiſſer, v. a. Faire un tiſſu, tiſſer du lin, de la laine, du coton, &c.

Teheu tiſſerand, ſ. m. Ouvrier qui fait de la toile, la navette d’un tiſſerand.

On le dit auſſi des ouvrier qui font du drap de laine ou des étoffes de ſoie ; & alors on dit tiſſerand en drap, tiſſerand en ſoie.

Teï couper, v. a. Voilà un couteau qui coupe bien.

Teïan tranchant, ſ. m. Le fil d’un couteau, d’un raſoir, d’une épée, &c. émouſſer le tranchant, une épée à deux tranchants.

Teïe taille, ſ. f. Petit bâton fendu en deux parties égales, ſur leſquelles le vendeur & l’acheteur font des coches, pour marquer la quantité de pain, vin, viande, &c. que l’un fournit à l’autre, prendre à la taille le pain chez le boulanger, il faut que les deux tailles ſe rapportent.

Teïeu tranchoir, ſ. m. Tailloir, eſpece de plateau de bois ſur lequel on tranche la viande.

Tenglé bander, v. n. Être tendu, cette corde bande trop, le vent faiſoit bander les voiles.

Tenne cuvier, ſ. m. Cuve où l’on fait la leſſive, grand cuvier.

Tenne mince, adj. de t. g. qui a fort peu d’épaiſſeur, couper des tranches de pain trop minces.

Tenneu tanneur, ſ. m. Ouvrier qui tanne les cuirs.

Tenn’reîe tannerie, ſ. f. Le lieu où l’on tanne les cuirs.

On dit prov. à la boucherie toutes vaches ſont bœufs, & à la tannerie tous bœufs ſont vaches, pour dire, que quand on veut faire paſſer des marchandiſes pour meilleurs qu’elles ne ſont, on les appelle du nom qui peut les faire débiter plus facilement.

Tenprou hâtif, ive, adj. Il ne ſe dit proprement que des fruits & des fleurs qui viennent avant le temps ordinaire ; & il ſe dit par oppoſition à tardif, fruit hâtif, ceriſes hâtives.

On dit fig. un eſprit hâtif, pour dire, un eſprit formé avant l’âge, on dit auſſi dans ce ſens un eſprit précoce.

Précoce adj. de t. g. mûr avant la ſaiſon, il ſe dit de certains fruits qui viennent avant les autres de la même eſpece.

Tenriſté tendreté, ſ. f. Qualité de ce qui eſt tendre, il ne ſe dit que des viandes, des fruits, des légumes, la tendreté d’un gigot, de ces légumes, de ces fruits.

Terâſe ſolive, ſ. f. Piece de charpente qui ſert à former & à ſoutenir le plancher d’une chambre, d’une ſalle, &c. & qui porte ſur les murs de la chambre ou ſur les poutres, ſolive de brin, une ſolive de ſciage.

Soliveau, ſ. m. Petite ſolive, on le confond quelquefois avec ſolive.

Terat tertre, ſ. m. Petite colline, éminence de terre dans une plaine, un château ſitué ſur une tertre, nous nous ſaiſîmes d’un tertre, d’où nous regardions la contenance des ennemis.

Teré tariere, ſ. f. Outil de fer, dont les charpentiers, les charrons, les menuiſiers ſe ſervent pour faire des trous ronds dans une piece de bois, groſſe tariere, petite tariere.

Laceret, ſ. m. Petite tariere dont ſe ſervent les ouvriers en bois.

Termenne terme, ſ. m. Temps préfix de payement, payer dès que le terme eſt échu, le terme de la ſaint Jean.

Il ſignifie auſſi la ſomme due au bout du terme, il a payé un terme, ſon terme, il ne doit que le terme qui court.

Teſſel bondon, ſ. m. Cheville de bois, groſſe & courte, dont on bouche le trou par où l’on remplit un tonneau, le bondon d’un muid.

Teſſiné, On dit arroſer de la viande qui rôtit, pour dire, répandre ſur de la viande le ſuc que le feu en a fait ſortir, ou du beurre, ou du lard fondu.

Teſſon taiſſon, blaireau, ſ. m. Sorte de bête puante qui ſe terre, puant comme un blaireau.

Tette trayon, ſ. m. Bout du pis d’une vache, d’une chevre & que l’on prend dans les doigts pour faire ſortir le lait.

Teton, ſ. m. Mamelle, ſ. f. Ils ne ſe diſent proprement que des femmes, un enfant qui eſt encore au teton, à la mamelle.

Teû toit, ſ. m. La couverture d’un bâtiment, le couvreur travaille ſur le toit.

On dit, que deux perſonnes habitent ſous un même toit, pour dire, qu’elles logent dans la même maiſon.

On dit dans le même ſens, que deux bénéfices ſont ſous le même toit, pour dire, qu’ils ſont deſſervis dans la même Egliſe, ces deux bénéfices ſont incompatibles parce qu’ils ſont ſous le même toit.

Teule toile, ſ. f. Tiſſu de fil, de lin ou de chanvre, il a tant de pieces de toile ſur le métier.

On appelle toile cirée, une toile enduit d’une compoſition qui fait que l’eau ne la traverſe pas.

On dit, les toiles, d’un moulin à vent, pour dire, les toiles qu’on tend ſur les ailes d’un moulin pour le faire aller.

On appelle toile d’araignée, une ſorte de tiſſu que font les araignées avec des fils qu’elles tirent de leur ventre, & qu’elles tendent pour prendre des mouches.

Teuſe toiſe, ſ. f. Meſure longue de ſix pieds, meſurer avec une toiſe, à la toiſe.

On dit fig. & prov., on ne meſure pas les hommes à la toiſe, pour dire, qu’il faut avoir attention au mérite des perſonnes plutôt qu’à leur taille.

On appelle auſſi toiſe, la longueur de ſix pieds, il y a tant de toiſes de murailles, faire marché à la toiſe.

On appelle toiſe courante, la meſure en longueur de quelque choſe que ce ſoit, dont la hauteur eſt par-tout la même, il a fait marché à la toiſe courante.

On appelle toiſe carrée, une étendue carrée qui a ſix pieds en tout ſens.

On appelle toiſe cube, un corps qui a ſix pieds en longueur, autant en largeur, & autant en profondeur.

Teutai auvent, ſ. m. Petit toit en ſaillie, attaché ordinairement au-deſſus des boutiques, pour garantir de la pluie, ſe mettre à couvert de la pluie ſous un auvent.

Tiepſî chevet, ſ. m. Traverſin, long oreiller ſur lequel on appuie ſa tête quand on eſt dans le lit, il ne peut dormir ſi le chevet n’eſt bien haut.

Tierden chardonneret, ſubſt. m. Petit oiſeau à tête rouge qui a les ailes marquetées de jaune & de brun, qui aime la graine de chardon & qui a un joli ramage, joli chardonneret, nourrir des chardonnerets.

Tierre montagne, ſ. f. Mont, grande maſſe de terre ou de roche fort élevée au deſſus du reſte de la ſurface de la terre, le ſommet, le haut, la cime d’une montagne.

On dit prov. deux montagnes ne ſe rencontrent point, mais les hommes ſe rencontrent ; & cela ſe dit ou par menace, pour faire entendre à un homme qu’on trouvera occaſion de ſe venger de lui ; ou lorſqu’on rencontre inopinément quelqu’un qu’on ne s’attendoit pas de voir.

Tieſſe tête, ſ. f. Chef, la partie de l’animal, qui dans la plupart des animaux tient au reſte du corps par le cou, avoir la tête enfoncée dans les épaules, c’eſt-à-dire, avoir les épaules un peu trop élevées, ce qui eſt une difformité, avoir les yeux à fleur de tête, c’eſt-à-dire, avoir les yeux un peu plus avancés qu’ils ne le ſont ordinairement.

On dit prov. il eſt accoutumé à cela, comme un chien à aller nu-tête.

On ſe ſert ſouvent du mot de tête, pour ſignifier ſeulement le crâne, la partie de la tête qui comprend le cerveau & le cervelet ; & c’eſt dans cette acception qu’on dit qu’un homme s’eſt caſſé la tête, on dit dans le même ſens, tête pelée, tête chauve, en parlant d’une perſonne qui n’a pas du tout de cheveux, qui n’en a point ſur une partie de la tête.

On dit avoir la tête peſante, pour dire, embarraſſée, on dit auſſi, mal de tête, douleur de tête & dans ces phraſes, tête, ſignifie le dedans de la tête.

On dit prov., groſſe tête, peu de ſens, pour dire, que communément les perſonnes qui ont la tête fort groſſe, n’on pas beaucoup d’eſprit, & tête de fou ne blanchit jamais, ſoit pour dire, que les fous ne vivent pas ordinairement long-temps ; ſoit pour dire, que comme ils ne ſe mettent en peine de rien, ils ſont exempts par-là des peines & des ſoucis, qui paſſent communément pour être cauſe que les cheveux blanchiſſent de bonne heure.

On dit fam. en parlant d’un homme léger, étourdi, extravagant, qu’il a la tête mal timbrée, la tête fêlée, qu’il eſt bleſſé à la tête qu’il a un coup de hache à la tête.

On dit encore, prov. d’un homme prompt à la colere, & qui ſe fâche aiſément, qu’il a la tête près du bonnet, & on dit de deux perſonnes qui ſont toujours de même ſentiment, que ce ſont deux têtes dans un bonnet.

On dit communément qu’un homme a des affaires par deſſus la tête, pour dire, qu’il a beaucoup d’affaires ; qu’il a des dettes par deſſus la tête, pour dire, qu’il eſt accablé de dettes ; & qu’il ne ſait où donner tête, pour dire, qu’il ne ſait que devenir.

On dit prov. & fig. à laver la tête d’un mort, à laver la tête d’un ſane, on n’y perd que ſa leſſive, pour dire, que c’eſt inutilement qu’on ſe donne beaucoup de ſoin & beaucoup de peine pour faire comprendre quelque choſe à un homme qui n’en eſt pas capable, ou pour corriger une perſonne incorrigible.

On dit auſſi prov. & fig. qu’on a bien lavé la tête à un homme, pour dire, qu’on lui a fait une forte réprimande.

On dit par exagération, la tête me fend, pour dire, j’ai un très-grand mal de tête, & la tête me tourne, pour dire, que les objets me paroiſſent comme s’ils tournoient autour de moi.

On dit, que la tête a tourné à un homme pour dire, qu’il eſt devenu fou, & fig. on dit d’un homme qui ſe trouble dans le péril, dans quelque occaſion importante, où l’on a beſoin de fermeté & de préſence d’eſprit, que la tête lui tourne, on dit auſſi d’un homme qui étant élevé en dignité, en faveur, vient à ſe méconnoître & à abuſer de ſa fortune, que la tête lui a tourné.

On dit fig. & fam. ; tourner la tête à quelqu’un, pour dire, lui inſpirer une ſorte de folie, changer la façon de penſer, cette femme lui a tourné la tête, une fortune trop ſubite tourne ſouvent la tête à des hommes qui n’étoient pas faits pour y arriver.

On dit fig. & fam. crier à pleine tête, crier à tue tête, du haut de ſa tête, pour dire, crier de toute ſa force. On dit prov. & fig., qu’un homme a martel en tête, pour dire, qu’il eſt jaloux ; ou pour dire en général, qu’il a dans l’eſprit des choſes qui l’inquietent, & l’on dit, qu’une choſe met martel en tête, donne martel en tête, pour dire, qu’elle donne de l’inquiétude, de la défiance, du chagrin.

On dit, il a fait un coup de ſa tête, pour dire, il s’eſt déterminé de lui-même ſans avoir pris conſeil de perſonne ; & dans le même ſens, c’eſt un homme qui ne veut rien faire qu’à ſa tête.

On dit auſſi quelquefois en mauvaiſe part, qu’un homme a fait un coup de ſa tête, pour dire, qu’il a fait une fauſſe démarche, faute d’avoir pris conſeil.

On dit d’un homme, que c’eſt une tête folle, une tête verte, une tête écervelée, tête évaporée, une tête ſans cervelle, une tête éventée, une tête à l’évent, une tête de linotte, une tête de girouette, pour dire, que c’eſt un homme extravagant, ſans jugement, ſans conduite, d’un eſprit frivole & léger.

On dit, une tête légere, pour dire, un homme qui n’a pas le jugement mûr ; perdre la tête, pour dire, perdre le ſang froid néceſſaire pour prendre un parti.

On dit qu’un homme a la tête chaude, pour dire, qu’il prend feu, qu’il s’emporte aiſément.

On dit d’un homme, qu’il a de la tête, pour dire, qu’il a du ſens, du jugement ; & qu’il a perdu la tête, pour dire, qu’il a perdu le jugement.

On dit auſſi qu’une perſonne a de la tête, pour dire, qu’elle eſt opiniâtre, capricieuſe, c’eſt une aſſez bonne femme, mais elle a de la tête, on dit de même d’une perſonne opiniâtre & d’humeur fâcheuſe, que c’eſt une étrange tête, une mauvaiſe tête.

On dit fig., tenir tête à quelqu’un, faire tête à quelqu’un, pour dire, s’oppoſer à lui, & lui réſiſter, ne lui point céder en quelque choſe, on ne trouva perſonne qui pût lui tenir tête à boire.

Tête ſe prend auſſi pour chevelure, il a une belle tête, il a la tête friſée.

Tête ſe dit du ſommet des arbres, un chêne, un ſapin qui porte ſa tête juſque dans les nues, des arbres coupés par la tête.

Tête ſe dit encore de certaines plantes, de certains légumes : & à l’égard des uns, il ſe dit de l’extrémité d’en haut, comme des têtes de pavot, d’artichaut, une tête de chou : à l’égard des autres, de l’extrémité d’en bas, comme, la tête d’un oignon, la tête d’un poireau, il ſe dit auſſi de certains fruits, & ſignifie, l’extrémité oppoſée à la queue, cette pomme commence à ſe pourrir par la tête.

On dit, la tête d’un clou, pour dire, l’extrémité ronde ou aplatie qui eſt oppoſée à la pointe, la tête d’une épingle, eſt un petit bouton arrondi, ajuſté à l’extrémité oppoſée à la pointe, pour retenir l’épingle dans la toile ou l’étoffe, & l’empêcher de paſſer d’outre en outre comme feroit une auguille, & la tête d’une aiguille, eſt le bout qui eſt percé pour l’enfiler, on appelle la tête d’un marteau, d’une cognée, la partie dans laquelle entre le manche.

Tieſſe dig’vâ vielle ſ. f. Inſtrument de muſique à corde de boyau, que l’on fait ſonner par le moyen de quelques touches & d’une petite roue qu’on tourne avec une manivelle, jouer de la vielle.

Tigneu teigneux, euſe, adj. Qui a la teigne, il eſt devenu teigneux.

Tih’ & tahe forfait, ſ. m. Il ſe dit d’un marché par lequel un homme s’oblige de faire une choſe pour un certain prix, à perte ou à gain, faire un forfait avec un architecte pour un bâtiment, prendre à forfait, traiter à forfait.

On dit, faire marché en bloc & en tâche, pour dire, faire un marché à forfait, & ſans entrer dans le détail.

Tike taie, ſ. f. Linge qui ſert d’enveloppe à un oreiller, une taie d’oreiller.

Tini cour, on dit fig. tenir quelqu’un de court, pour dire, lui donner peu de liberté, la mere tient cette fille de court, cet enfant eſt libertin, il le faut tenir de court.

Tinn’lette tinette, ſ. f. Petite cuve, vaiſſeau de bois qui n’eſt point couvert & qui eſt ordinairement plus large par en haut que par en bas.

Cuvette, ſ. f. Petite cuve. Il ſe dit ordinairement de celle que l’on met dans les ſalles où l’on mange, pour y jetter l’eau dont on s’eſt lavé les mains, ou dont on a rincé des verres.

Tinpeſté tempêter, v. n. Faire bien du bruit, il ne fait que crier & tempêter, il eſt du ſtyle fam.

Tinre del tieſſe tempe, ſ. f. La partie de la tête qui eſt depuis l’oreille juſqu’au frond, un coup de pierre dans la temps, les coups dans les tempes ſont dangereux.

Tîou tilleul, ſ. m. Arbre fort commun dans nos climats, ſon bois eſt blanc, tendre, léger & propre pour pluſieurs ouvrages, on fait des cordes à puits avec la petite peau fine & déliée qui eſt entre l’écorce & le bois du tilleul & qui s’appelle tille, ſ. f.

Tîr, on dit fig., fam. & en mauvaiſe part, ces deux hommes ſont de même fabrique, pour dire, qu’ils ne valent pas mieux l’un que l’autre.

Tiré cour â lon on diſoit, tirer au court fétu, pour dire, tirer au ſort avec pluſieurs fétus, dont il y en a plus court que les autres, il reſtoit tant à partager, on a tiré au court fétu à qui l’auroit, on dit plus ordinairement aujourd’hui, à la courte paille.

Tiſienne tiſane, ſ. f. Breuvage d’eau où l’on a fait bouillir de l’orge, de la régliſſe, du chiendent ou autre choſe, ſoit grain, ſoit racine ou herbe, il ne boit que de la tiſane.

Toig tortillon, ſ. m. Linge tortillé en rond qu’on met ſur ſa tête quand on veut porter quelque fardeau.

Toir toron, ſ. m. Aſſemblage de pluſieurs fils de caret tournés enſemble, qui font une partie d’une corde, d’un cable.

Tort, ſ. m. Ce qui eſt oppoſé à la juſtice, à la raiſon, lequel eſt-ce des deux qui a tort ? ils ont tort tous deux, tout le monde lui donne le tort.

On dit mettre quelqu’un dans ſon tort, pour dire, lui faire une offre, une propoſition, qu’il ne puiſſe refuſer ſans faire voir qu’il eſt déraiſonnable ou injuſte, avoir pour lui un procédé auquel il ait tort de ne pas répondre, faites-lui encore cette offre-là pour le mettre dans ſon tort, parlez-lui honnêtement pour le mettre encore plus dans ſon tort.

On dit prov. Le mort a toujours tort, pour dire, que lorſqu’un homme eſt mort, & qu’il ne peut plus ſe défendre, on rejette la faute de beaucoup choſes ſur lui, on dit de même, les abſents ont tort.

Tort ſignifie auſſi, léſion, dommage qu’on ſouffre ou qu’on fait ſouffrir, ſoit avec injuſtice, ſoit ſans injuſtice, il ne faut pas faire tort à ſon prochain, ce marchand lui a fait grand tort en venant s’établir ſi près de lui.

Toirchette, on appelle, bouquet de paille, ſ. m., la paille que l’on met à la queue ou au cou des chevaux, pour marquer qu’ils ſont à vendre.

Toirchi & toide tordre, v. a. Je tords, tu tords, il tord, nous tordons, &c. je tordois, j’ai tordu, je tordis, je tordrai, tords, tordez, &c. tourner en long & de biais en ſerrant, tordre un lien, tordre du fil.

On dit, tordre le cou, pour dire, faire mourir en tournant le cou & en diſloquant les vertebres, tordre le cou à une perdrix, à un poulet.

Toirchî (s’) on dit ſe détordre le pied, le bras, pour dire, ſe faire du mal au pied, au bras, par une extenſion violente de quelque nerf ou de quelque muſcle.

On dit auſſi, ſe donner une détorſe, il s’eſt donné une détorſe au pied, il a une détorſe au poignet.

Toirdou tors, torſe, adj. Qui eſt tordu ou qui en a la figure, du fil tors, de la ſoie torſe.

Toké l’feu, on dit, attiſer le feu, pour dire, approcher les tiſons l’un de l’autre, pour les faire mieux brûler.

Tondâhe tonte, ſ. f. Le temps où l’on a accoutumé de tondre les troupeaux, l’action de tondre, & la laine qu’on retire en tondant un troupeau, pendant la tonte, faire la tonte, la tonte de ſon troupeau lui a rapporté beaucoup.

Tonde tondre, v. a. Je tonds, tu tonds, il tond ; nous tondons, &c. je tondois, j’ai tondu, je tondis, je tondrai, tonds, tondez, &c. couper la laine ou le poile aux bêtes, tontre les brebis, les troupeaux, tondre un barbet.

On dit, tondre les draps, les feutres, &c. pour dire, en couper les poils trop longs, & les rendre plus unis & plus ras.

On dit auſſi, tondre une paliſſade, pour dire, la rendre unie en coupant les feuilles & les branches qui débordent, vous ferez épaiſſir cette paliſſade en la tondant.

On dit à peu près dans le même ſens, tondre les buis, le gazon, &c.

Tonn’li tonnelier, ſ. m. Artiſan qui fait & qui raccommode des tonneaux.

Topé toper, v. n. Terme de jeu de dés, qui ſignifie, demeurer d’accord d’aller d’autant que met au jeu celui contre qui on joue, j’ai maſſé vingt piſtoles, il n’y a pas voulu toper.

On dit abſolument, tope, pour dire, je tope ou j’accepte votre offre.

Toper ſignifie fig., conſentir à une offre, à une propoſition qui ſe fait, on m’a propoſé une partie de promenade, j’y ai topé, je tope à cela.

Toſſe toux, ſ. f. Maladie qui fait faire des efforts à la poitrine avec bruit, pour pouſſer dehors une humeur âcre & piquante, il a une toux ſeche, il a une toux qui le tourmente nuit & jour.

On appelle toux ſeche, une toux qui ne fait point cracher.

Toſſé touſſer, v. n. Faire l’effort & le bruit que cauſe la toux, ce malade touſſe beaucoup, il ne fait que touſſer.

Il ſignifie auſſi, faire ce même bruit exprès & à deſſein, il touſſe pour avertir un de ſes amis.

Tot d’bon, on dit, jouer bon jeu, bon argent, pour dire, jouer ſérieuſement & avec obligation de payer.

Tot le chet ſon gri del nutte, on dit prov. que la nuit tous les chats ſont gris, pour dire, que la nuit on ne diſtingue point une laide d’avec une belle.

Toûbion vertige, ſ. m. Tournoiement de tête cauſé par des vapeurs, ou par quelque accident, il a des vertiges, il eſt ſujet à des vertiges.

Toumé le quatte fotenne & l’air on dit qu’un cheval eſt tombé les quatre fers en l’air, pour dire, qu’il s’eſt renverſé & eſt tombé ſur le dis, & figurément d’un homme porté par terre & renverſé avec violence, qu’il eſt tombé les quatre fers en l’air.

Tour di jotte, on dit, le trognon d’un chou, un trognon de chou, pour dire, la tige d’un chou dont on a ôté les feuilles.

Tournai ſabot, ſ. m. Certain jouet d’enfants qui eſt de figure ronde qui finit en pointe par le bas, & que l’on fait pirouetter avec un fouet, avec une laniere, faire aller un ſabot, fouetter un ſabot.

On dit, qu’un ſabot dort, quand à force d’avoir été fouetté, il tourne ſi vite ſur un même point, qu’on diroit qu’il eſt immobile.

On dit prov. & populairement d’un enfant qu’on fouette ſouvent, qu’on le fouette comme un ſabot.

Tournaie tournant, ſ. m. Il ſe dit d’un lieu, d’un eſpace où l’on fait tourner un carroſſe, une charrette, &c. il n’y a pas aſſez de tournant, on dit, qu’un cocher n’a pas bien pris ſon tournant, qu’il a mal pris ſon tournant, pour dire, qu’il n’a pas bien pris ſes meſures pour tourner.

Tournée, ſ. m. Certain voyage annuel qu’on fait pour ſes affaires ou pour celles d’une compagnie, ce marchand eſt allé faire ſa tournée en Hollande.

Il ſe dit fam. de diverſes petites courſes qu’on fait dans une ville & d’une rue à une autre, il fait tous les matins pluſieurs tournées.

On dit, qu’un homme eſt allé faire un tour de promenade, pour dire, qu’il eſt allé ſe promener : & qu’un homme eſt allé faire un tour, pour dire, qu’il eſt ſorti pour revenir bientôt, on dit dans le même ſens, il eſt allé faire un tour juſque-, il eſt allé faire un tour en ville, un tour dans ſon pays.

Tournan tournant, ſ. m. Le coin des rues, des chemins & l’endroit où le cours d’une riviere fait un coude, il fut attaqué au tournant d’une telle rue.

Tournante retourne, ſ. m. Carte qu’on retourne à certains jeux, quand chacun des joueurs a le nombre de cartes qu’il doit avoir, de quelle couleur eſt la retourne ? la retourne eſt de pique, de cœur.

Tourné pommer, v. n. Se former en pomme, il ne ſe dit guere que des choux & de certaines laitues, ces choux commencent à pommer, ces laitues ne pommeront point.

Tourné âtou de pot tergiverſer, biaiſer, v. n. Se ſervir de mauvaiſes fineſſes, prendre des détours, des faux-fuyans pour éloigner ou pour éluder la concluſion d’un affaire, la déciſion d’une queſtion, & pour ne pas faire une réponſe poſitive, c’eſt un chicaneur qui ne fait que tergiverſer, il lui faut parler franchement, ce n’eſt pas un homme avec qui il faille biaiſer.

On dit fig. & dans le ſtyle fam. qu’un homme tourne autour du pot, ne fait que tourner autour du pot, pour dire, qu’il évite de venir au fait, à la concluſion d’une affaire.

Tourniket tourniquet, ſ. m. Croix de bois ou de fer mobile, & poſée horiſontalement ſur un pivot, pour laiſſer paſſer un à un des gens de pied.

Tourſî (s’) lutter, v. n. Se prendre corps à corps avec quelqu’un, pour le porter par terre, lutter contre quelqu’un, il eſt adroit il lutte bien, Jacob lutta avec l’ange.

Tourſon trognon, ſ. m. Le cœur, le milieu d’un fruit dont on a ôté tout ce qui étoit de meilleur à manger, il ſe dit principalement des poires & des pommes.

Touwai moignon, ſ. m. Un petite partie, ſoit du bras, ſoit de la cuiſſe ou de la jambe, lorſque le reſte eſt coupé, il n’a plus qu’un moignon, un moignon de cuiſſe.

Tronçon, ſ. m. Le gros de la queue du cheval.

Touwîre tuyere, ſ. f. Ouverture à la partie poſtérieure d’un fourneau, où l’on place les tuyaux ou becs des ſoufflets.

Touw’reie tuerie, ſ. f. Le lieu où l’on tue les animaux pour en vendre la chair à la boucherie, il y a une tuerie dans ce quartier-là.

Traiteu entonnoir, ſ. m. Inſtrument avec lequel on entonne une liqueur, il y a de petits entonnoirs de fer blanc pour remplir des flacons, &c.

Chantepleure, ſ. f. Sorte d’entonnoir qui a un long tuyau percé de pluſieurs trous par le bout d’en bas, pour faire couler du vin ou quelqu’autre liqueur dans un muid de vin, ſans le troubler.

Trak traite, ſ. m. Étendue de chemin qu’un voyageur fait d’un lieu à un autre ſans s’arrêter, ſans ſe repoſer ; & c’eſt dans ce ſens qu’on dit, aller tout d’une traite d’un lieu à un autre, il y a une bonne traite, une longue traite d’ici là, ſi vous faites vos traites trop grandes, vous tuerez vos chevaux.

Trotte, ſ. m. Eſpece de chemin, il y a une bonne trotte d’ici là, il eſt populaire.

Tranſe glas, ſ. m. Le ſon d’un cloche que l’on tinte pour une perſonne qui vient d’expirer ſonner le glas.

Trappe trappe, ſ. f. Sorte de piege pour prendre des bêtes dans un trou que l’on fait en terre, & que l’on couvre d’une baſcule ou de branchages & de feuillages, afin que la bête venant à paſſer ſur la baſcule ou ſur les branchages, tombes dans le trou, tendre une trappe, dreſſer une trappe, le renard s’eſt pris dans la trappe.

Aſſommoir, ſ. m. Petit ais chargé d’une pierre & tendu pour prendre des bêtes.

Souriciere, ſ. f. Piege, inſtrument pour prendre des ſouris, tendre une ſouriciere.

Taupiere, ſ. f. Morceau de bois creuſé avec une ſoupape, & qui ſert à prendre des taupes.

Ratiere, ſ. f. Petite machine à prendre les rats, il s’eſt pris un rat dans la ratiere, il a été pris comme dans une ratiere.

Trawé trouer, v. a. Percer, faire un trou, les voleurs ont troué la muraille, les vers ont troué cet habit.

Trawet œillet, ſ. m. (On prononce œuillet) petit trou qu’on fait à du linge, à des habits, pour paſſer un lacet, une aiguillette, un cordon, &c. faire un œillet, faire des œillets à un corps de jupe.

Trebouhî (s’) trébucher, v. n. Faire un faux pas, il ne peut faire un pas ſans trébucher, une pierre le fit trébucher.

Chopper, v. n. Faire un faux pas en heurtant du pied contre quelque choſe, il a choppé contre une pierre qui l’a preſque fait tombé, il vieillit.

Broncher, v. n. Chopper, on dit prov. & fig. qu’il n’y a ſi bon cheval qui ne bronche, pour dire, qu’il n’y a point d’homme ſi habile qui ne faſſe quelquefois des fautes, qui ne ſe trompe quelquefois.

Trefilé treſſaillir, v. n. Être ſubitement ému par une agitation vive & paſſagere, il treſſaille de joie.

Treie treillis, ſ. m. Aſſemblage de pluſieurs petites pieces de bois ou de fer, longues & étroites, paſſées les unes ſur les autres, & qui laiſſent pluſieurs loſanges ou carrés vides, treillis de bois, de fer, il y a ſur les fenêtre de cette Egliſe des treillis de fil d’archal pour conſerver les vitres.

Treïn trident, ſ. m. Fourche à trois dents ou pointes.

Tremontance, on dit fig., perdre la tramontane, en parlant d’un homme qui ſe trouble, qui ne ſait plus où il en eſt, qui ne fait plus ce qu’il fait ni ce qu’il dit, il eſt du ſtyle fam.

Trenchet tranchet, ſ. m. Outil à l’uſage des cordonniers, des bourreliers, &c. ſervant à couper le cuir.

Trenge tranche, ſ. f. Morceau coupé un peu mince, il ne ſe dit guere que des choſes qu’on mange, une tranche de pain, de jambon.

Drane, ſubſt. f. Tranche d’un poiſſon, tel que ſaumon ou aloſe, une darne de ſaumon.

Trepî trépied, ſ. m. Sorte d’uſtenſile de cuiſine, qui a trois pieds & qui ſert à divers uſages, comme à faire chauffer de l’eau dans des poêlons, dans des chaudrons, &c.

Treſſe treſſe, ſubſt. f. Tiſſu plat fait de petits cordons, cheveux, &c. & paſſés l’un ſur l’autre, treſſe de cheveux, treſſe de ſoie.

Treſsî treſſer, v. a. Cordonner en treſſe, treſſer des cheveux.

Trifouï farfouiller, v. n. Fouiller dans quelque choſe avec déſordre & en brouillant, il a mis tout en déſordre en farfouillant dans mon armoire, il eſt du ſtyle fam.

Trik tricot, ſ. m. Bâton gros & court, il n’eſt d’uſage que dans le diſcours fam. & lorſqu’on parle de battre quelqu’un, ſi je prends un tricot, il le menaça de coups de tricot, il lui donna du tricot.

Gourdin, ſubſt. m. Gros bâton court, il prit un gourdin & lui en donna vingt coups, il eſt populaire.

Trikoiſſe tenaille, ſ. f. Inſtrument de fer compoſé de deux pieces attachées l’une à l’autre par une goupille, autour de laquelle elles s’ouvrent & ſe reſſerent pour tenir ou pour arracher quelque choſe, apportez la tenaille.

Trillé bougran, ſ. m. Sorte de toile forte & gommée, dont les tailleurs ſe ſervent pour mettre au-dedans de quelques endroits des habits, afin de les tenir plus fermes, mettre du bougran à des boutonnieres.

Trîmé chevaler, v. n. Faire pluſieurs allées & venues, pluſieurs pas pour une affaire, il m’a bien fait chevaler, j’ai chevalé plus de ſix mois pour cette affaire, il eſt vieux.

Driller, v. n. Courir, aller vîte & légerement, voyez comme il drille, il eſt bas.

Trinblaine trefle, ſ. m. Herbe à trois feuilles, qui vient ordinairement dans les prés, c’eſt une bonne herbe pour les chevaux que le trefle.

Trip boudin, ſubſt. m. Boyau rempli de viande & de graiſſe de porc avec les aſſaiſonnements néceſſaires, faire du boudin.

On appelle, boudin noir, un boyau rempli de ſang & de graiſſe de porc.

Tripe, ſ. f. Il ſe dit des boyaux des animaux & de quelques parties de leurs inteſtins, ſon plus grand uſage eſt au pluriel, jetter les tripes des animaux à la voirie, le ſanglier donna un ſi furieux coup de défenſes à ce chien, qu’il lui fit ſortir les tripes.

On dit prov. & populairement d’un homme qui a vomi avec de grands efforts, qu’il a penſé jetter tripes & boyaux.

Tripaïe tripaille, ſ. f. Collectif ; il n’eſt d’uſage qu’en parlant des inteſtins, des entrailles des animaux, jetter des tripailles à la voirie.

Triplé plomber, v. a. Il ſignifie, marcher, trépigner, battre des terres, afin qu’elles s’affaiſſent moins, il faut plomber les terres rapportées.

Trô trou, ſ. m. Sorte d’ouverture dans quelque choſe, & qui eſt plus ordinairement ronde ou approchant, pour la diſtinguer des ouvertures qui ſont longues & qu’on appelle fentes, il y a un trou dans la ſerrure, il eſt bien bleſſé, il a un trou à la tête.

Trouée, ſ. f. Ouverture faire dans l’épaiſſeur d’une haie, dans cette haie il y a une trouée par où nous pourrons aiſément paſſer.

Terrier, ſ. m. Trou, cavité dans la terre, où certains animaux ſe retirent, terrier de la pin, terrier de blaireau, ce renard a été acculé au fond du terrier, eſt venu mourir dans ſon terrier.

On dit fig. d’un homme, qu’il s’eſt retiré dans ſon terrier, pour dire, qu’il ne paroît plus dans le monde, qu’il vit dans une retraite obſcure.

Taniere, ſ. f. Caverne, concavité dans la terre, dans le roc, où des bêtes ſauvages ſe retirent, un ours dans ſa taniere, la taniere d’un lion.

Trô de cou anus, ſ. m. Terme d’anatomie, on appelle ainſi le fondement, où l’extrémité de l’inteſtin nommé rectum, qui ſe rétrécit & ſe termine par un orifice étroitement pliſſé, avoir une fiſtule à l’anus.

Trô d’lapin garenne, ſ. f. Lieu à la campagne où il y a des lapins, & où l’on prend ſoin de les conſerver.

Trô d’pourſai on appelle toit à cochons, la petite loge où on dit figurément d’une chambre mal-propre, que c’eſt un toit à cochons.

Troïe truie, ſ. f. La femelle du porc, une truie pleine.

Trok grappe, ſ. f. Aſſemblage de pluſieurs grains qui ſont attachés comme par bouquets au ſep de la vigne, il ſe dit auſſi de quelque autres plantes ou arbriſſeaux, une grappe de raiſin, grappe de groſeille, cette eſpece d’arbre porte ſon fruit par grappes.

On dit prov. & fig., qu’un homme mord à la grappe, pour dire, qu’il ſaiſit avidement une propoſition qui flatte ſon goût, dès qu’on lui parle de cette affaire, il mort à la grappe.

On dit auſſi d’un homme qui prend un extrême plaiſir à ce qu’il dit lui-même, quand il parle de telle choſe, il ſemble qu’il morde à la grappe.

Trokai bouquet, ſ. m. Aſſemblage de certaines choſes qui tiennent naturellement l’une avec l’autre, un bouquet de ceriſes.

Trokette trochet, ſ. m. Terme de jardinage, il ſe dit des fleurs & des fruits qui viennent & qui croiſſent enſemble comme par bouquet, un trochet de poires, les noiſettes viennent ordinairement par trochets.

Trôné d’freu grelotter, v. n. Trembler de froid, entrez donc que faites vous-là dans la rue à grelotter ? ce pauvre enfant grelottoit de froid.

Tronſe tronche, ſubſt. f. Groſſe piece de bois de charpente qui n’eſt pas encore miſe en œuvre.

Troſgalan colera-morbus, ſ. m. Mot emprunté du latin pour ſignifier une épanchement de bile ſubit, qui cauſe un débordement par haut & par bas, on l’appelle vulgairement trouſſe-galant, ſ. m. Il a eu un colera-morbus fort violent, il eſt mort d’un colera-morbus.

Troſsî trouſſer, v. a. Replier, relever ce qui pend, il ſe dit ordinairement des habits que l’on porte ſur ſoi, trouſſer une robe, trouſſer ſes jupes.

Il ſe dit auſſi des perſonnes, trouſſez-vous de peur de vous crotter, trouſſez cet enfant, afin qu’il marche mieux.

On dit fig., trouſſer bagage, pour dire, partir bruſquement, déloger bruſquement de quelque endroit, comme il apprit qu’on le cherchoit, il trouſſa bagage, il eſt du ſtyle fam.

Trouſſer ſignifie fig., & dans le ſtyle fam., expédier précipitamment, une maladie violente à trouſſé cet homme en deux jours.

Troſsî dans le ſtyle fam., en parlant d’un petit homme bien fait, bien proportionné, propre & joli, on dit, que c’eſt un petit homme bien trouſſé, on dit de même en parlant d’un cheval bien fait, bien pris & un peu ramaſſé, que c’eſt un cheval bien trouſſé.

On dit auſſi fam. d’une petite jolie maiſon, que c’eſt une petite maiſon bien trouſſée ; & d’un compliment bien tourné, que c’eſt un compliment bien trouſſé.

Trové bâbe di foûr, on dit prov., trouver viſage de bois pour dire, trouver la porte fermée, ne trouver perſonne.

Trové (s’) l’cou ente deu ſelle, on dit fig. & fam., d’un homme, qui ayant fondé ſon éſpérance ſur deux choſes différentes, ne réuſſit dans aucune, qu’il ſe trouve, qu’il eſt, qu’il demeure entre deux ſelles le cul à terre.

Trouf tourbe, ſ. f. Motte faite de terre bitumineuſe, propre à brûler, il y a des pays où l’on ne ſe ſert guere que de tourbes pour ſe chauffer.

Trouflé troquer, v. a. Échanger, donner en troc, il a troqué ſon cheval contre un tableau, je ne veux pas troquer avec vous.

On dit, biguer un cheval, pour dire, le troquer but-à-but.

Troûl truble, ſ. f. Petit filet de pêcheur, qui a, à-peu-près, la figure d’un grand capuchon à pointe ronde, dont l’ouverture eſt attachée à un cerceau.

Troûlé émietter, v. a. Émier, réduire du pain en petits morceaux.

Trûlai haveneau, ſ. m. Petit filet monté ſur un cerceau pour prendre le poiſſon dans les réſervoirs.

Trûte truite, ſ. f. Sorte de poiſſon fort délicat, qui ſe trouve ordinairement dans les eaux vives, truite graſſe, on appelle truite ſaumonnée, une truite qui tient du goût & de la couleur du ſaumon.

Tûſé ſpéculer, v. n. Méditer, attentivement ſur quelque matiere, ce n’eſt pas le tout que de ſpéculer, il faut réduire en pratique.

Ruminer, v. a. Il ſignifie fig. penſer & repenſer à une choſe, la bien digérer dans ſon eſprit, après avoir bien ruminé, il y a long-temps qu’il ruminoit ce deſſein, qu’il ruminoit ſur cette affaire, il rumine quelque choſe dans ſa tête.