Discussion:Flamarande
Éditions[modifier]
- 1875 janvier Revue des Deux Mondes Livre:Revue_des_Deux_Mondes_-_1875_-_tome_7.djvu. Dans cette édition, Flamarande englobe Les Deux Frères.
- 1875 : édition originale
Statistiques[modifier]
- 64599 mots soit un peu plus de 4h de lecture (250 mots/mn)
Critiques, résumés…[modifier]
- 13/08/1875 L'Univers [1]
C'est la fraîcheur plus que la nouveauté
qui fait rechercher les primeurs. Sans cela,
on priserait autant les momies de fruits ou
de légumes, jadis frais,- connues dans le
commerce sous le nom de conserves. Nous
ferions volontiers cette querelle au dernier
roman de Mme Sand, publié dans la Revue
des Deux-Mondes. Flamarande est un livre
nouveau, sans conteste, étant imprimé
d'hier ; la couleur et la saveur en ont je ne
sais quoi de passé ; le style (qu'on nous
pardonne l'expression) a quelque chose de
terreux. Hélas ! telle est la condition de
toute beauté humaine, qui n'est qu'humaine
et s'est volontairement découronnée du
rayon divin : elle retourne à la poussière
d'où elle est sortie. On a secoué la religion,
accusée de-mettre des limites aux facultés
aimantes et pensantes de l'homme. La vie
s'offrait touffue, ensoleillée de jeunesse, de
gloire, d'espérances ardentes. Et l'on a
étreint la vie,et l'on a bu à longs traits l'infini
à cette coupe du festin d'un jour. Puis
quelques années ont passé, qui ont fui comme
l'ombre ; les sources vives sont fermées,
le corps est une ruine, le style même titube
et rappelle durement au poëte l'importun
pulvis es.
Ces signes de vieillesse sont visibles dans le talent de Mme Sand. La caducité pour tant n'est pas la mort ; où il reste de la vie, il reste l'immense attente. Le cœur, aussi longtemps qu'il continue de battre, marque le rhythme d'un hymne au Dieu connu ou inconnu. Le culte sans liturgie de Mme Sand s'adresse à la divinité innomée, diffuse dans les choses et qui transparaît dans toute naïveté, dans toute virginité, dans toute grandeur non déflorée de la nature ou de l'homme. Mme Sand, dirions-nous, s'est réfugiée dans la religion du paysage. Aussi, çà et là des fleurs naissent encore sous les pas de Lelia, et, dans le roman attristé de Flamarande, - nous retrouvons des sites sauvages d'Auvergne donnant la sensation du frigus opacurn, dont était épris Virgile. Ces pages reposent un moment et désaltèrent. Il y a un baptême, les enfants ont au chapeau des rubans verts et des primevères ; c'est rustique, d'une rusticité vraie, et cela sent bon comme la fleur des buis et des genêts.
Les personnages gâtent les sites ; ils ont le spleen, et le communiquent. Le comte de Flamarande porte avec ennui un beau nom dont il ne fait rien, et une grande fortune dont il ne fait pas grand'chose d'utile et de louable. Par désœuvrement et pour donner un but à son esprit inoccupé, le comte se prend à douter de la vertu de sa femme, dont la vie est sans tache et le cœur limpide comme la vie. Sur une apparence futile, il a bâti de toute pièce un roman d'infidélité, et en attendant plus ample informé, donne par provision un coup d'épée au marquis de Salcède, son rival imaginaire. Une chose toutefois n'est pas chimérique, c'est l'amour de Salcède pour la jeune comtesse de Flamarande. Mais quelle flamme digne des romans de néochevalerie du dix-septième siècle ! C'est un de ces amours dont on meurt, un amour muet, inavoué, à la hauteur de tous les sacrifices et où le respect égale la passion, un amour qui..., un amour que...; en un mot un amour inintelligible. Car enfin tant de respect parfaitement justifié par l'immaculée vertu de Mme de Flamarande, tant de respect devrait avoir pour effet d'éliminer la passion, qui, de soi, est irrespectueuse, et de guérir ce pauvre garçon. Voilà ce que dit le bon sens, mais le bon sens est écarté des fictions romanesques, il n'aurait qu'à souffler dessus pour les faire évanouir.
Salcède, guéri du coup d'épée du comte, a quitté la France, emportant son héroïque et incurable amour. Le marquis est parti, le problème est resté. Mme de Flamarande a donné un fils à son mari. Le comte fait enlever cet enfant qui a eu le malheur de naître dans la période de ses odieux soupçons sur la fidélité de sa femme. Le petit Espérance, démarqué de son état civil, est élevé en paysan dans une ferme, mais il n'a du rustre que l'enveloppe et le patois montagnard. Encore ce charabias n'est-il qu'un déguisement ; à l'occasion, le beau gars parle avec infiniment d'aisance et de charme un français très pur. Le marquis de Salcède est revenu à ses montagnes d'Auvergne, incognito lui aussi, et grimé en paysan. Il a dévoué sa vie à l'enfant de la femme uniquement aimée ; c'est lui qui enseigne à Espérance la botanique et toutes les vertus. L'amour, principe de toute abnégation, l'a fait anachorète et précepteur.
Pour finir, le comte meurt. Mme de Flamarande est libre. Quelques larmes, dévorées en secret et connues du seul lecteur, ont révélé qu'elle n'a pu rester insensible au noble amour de Salcède. Un mariage paraît la conclusion indiquée. Le dénouement serait vulgaire et donnerait une apparence de sanction aux doutes injurieux du feu comte. Mme de Flamarande met le sceau à ses éternels renoncements ; elle marie Salcède à la baronne de Montesparre. La baronne, une utilité du roman, brûle d'une flamme deux fois décennale pour le beau marquis, qui n'a à lui offrir en retour qu'une parfaite estime. Ces deux personnes goûteront une félicité de convention, assez peu digne d'envie. Quant à Mme de Flamarande, il lui reste les joies sereines de la conscience. « La conscience, voilà une forteresse, un sanctuaire dont le faîte touche au ciel. »
Ce roman est morne ; il ne s'y rencontre point, il est vrai, d'adultère réel ; c'est un degré d'amendement et un bon point à marquer à Mme Sand. Mais alors, pourquoi cette ombre de flétrissure perpétuellement projetée sur une honnête femme ? Pourquoi cette énigme dont le mot fuit toujours, et qui fait éprouver au lecteur quelque chose comme une démangeaison singulièrement malséante ? Le pourquoi, hélas ! est trop aisé à deviner, toute la fiction est échafaudée sur ce point détestable d'interrogation. L'intérêt manque absolument au récit ; l'au teur a voulu y suppléer par l'espèce de curiosité et d'entêtement que l'on met à avoir raison d'un logogryphe.
Le marquis de Salcède est une figure peu vivante, bien que d'une certaine noblesse. C'est une copie décolorée, quasi spectrale, des Mauprat, des Ralph, et autres paladins de l'amour désintéressé, dont les prouesses et les sacrifices illustrèrent les romans d'autrefois de Mme Sand. Salcède, qu'on nous passe cette métaphore de cuisine, a l'air d'une conserve. La veine est tarie ; par malheur, les thèses et les hérésies de cœur demeurent les mêmes.
Mme Sand s'est établi dans le faux avec une sorte de courage. Son fond de sentiments évidés, à supposer qu'il se prête à l'analyse et qu'elle-même se le soit défini, est un composé où le stoïcisme s'allie à la passion. Mme Sand a dans les veines du sang royal transmis à travers deux degrés de bâtardise. Cette généalogie illustre et incorrecte n'a pas été sans action sur les destinées de son talent ; elle a cherché le grand dans le faux. Le tourment de faire grand a été peut-être l'aspiration où se trahit l'orgueil de la race. Le faux est une forme de la révolte. Il y a de la révolte dans ces hérédités irrégulières ; la guerre à l'ordre semble la fatalité des bâtards de haut lignage. Mme Sand a demandé à l'hérésie stoïcienne l'idéal de ses fictions et leur factice grandeur. Ses héros d'amour dévoué n'ont pas d'espérance et s'immolent sans autre attente que l'immolation elle-même et l'ultime félicité du sacrifice. Le stoïcisme est majestueux et subversif. Il mutile l'homme, il nie Dieu et la justice future. Ce qu'il nomme victoire et souverain apaisement de la conscience n'est qu'orgueil farouche, se terminant à l'adoration du moi.
Quant aux thèses de passion de l'auteur d'Indiana, on les connaît de vieille date. Toute générosité, toute beauté morale, toute victoire de l'homme sur lui-même procède de l'amour. Les autres ambitions qui n'ont pas ce mobile sont misérables et, égoïstes, le cœur n'y a aucune part, le cœur est toute la splendeur de l'homme. L'amour est le souverain redresseur ; la bonté, la justice en dérivent. La vie n'a pas d'autre voie et d'autre solution ; le pôle est l'amour d'une femme. Ces déifications impies insultent à la dignité de la femme. Quelle vierge, et quelle épouse chrétienne consentirait sans révolte à se laisser dégrader à cette condition d'idole ? Le mariage disparaît dans ces rêveries, il est superflu ; la femme est prêtresse, prêtresse de son propre culte ; l'inégalité de la courtisane et de l'épouse s'efface. Mme Sand, dans ses années de séve, jetait sur ces sophismes l'exubérante floraison de son style. L'illusion n'y est plus. Une sorte de point d'honneur de fidélité la rive à ses paradoxes. Elle poursuit tristement sa tâche comme Ixion tournait sa roue. Pauvre femme !......
Ph. Serret.
- 28 / 08/1875 La Presse
Après les admirables romans champêtres de Mme Sand, lesquels resteront une des productions les plus parfaites de notre siècle, Flamarande doit occuper une place à part dans l'œuvre de l'incomparable écrivain. Venu un des derniers (il vient d'être achevé), ce récit prouve que le temps passe, sans l'affaiblir, sur ce merveilleux talent et que, par un rare privilège, Mme Sand sait se mettre tout entière dans ses œuvres sans s'y user. En outre, et pour la première fois, l'auteur de tant d'études déjà si variées et presque également belles dans leur diversité, a voulu montrer qu'elle aussi savait mettre un problème dans un roman exciter dès les premières lignes et au plus haut degré la curiosité du lecteur, et la tenir constamment en éveil sans jamais ni complètement la satisfaire, ni la rebuter. Ce genre de récit exige une habileté particulière et un tour de main que d'ordinaire on acquiert seulement après de longs exercices. Aussi ceux. qui y excellent s'y sont-ils voués exclusivement, et, comme ils ont cette seule corde à leur arc, ils lassent vite. Du premier coup Mme Sand a atteint à la perfection, et elle a fourni un modèle de construction ingénieuse aux plus expérimentés, aux plus industrieux dans ce genre spécial.
Le problème est simple et ses deux termes viennent, dès le début du livre, se placer en face l'un de l'autre dans l'esprit du lecteur, et tour à tour s'imposer impérieusement à lui ; Gaston est-il le fils du comte de Flamarande, ou celui de M. de Salcède qui a aimé passionnément la comtesse ? Les soupçons jaloux du mari sont-ils l'effet d'un naturel inquiet, bizarre, sceptique, ou bien sont-ils fondés ? Salcède, profondément amoureux, est-il parvenu, soit à faire partager sa passion, soit à l'imposer brutalement à Mme de Flamarande ? Grâce à un agencement merveilleux et à un choix ingénieux de circonstances habilement groupées, le lecteur est maintenu dans le doute jusqu'aux dernières pages du livre, tantôt adoptant la solution favorable à la comtesse, tantôt la croyant coupable, puis recommençant à l'absoudre, pour se reprendre à la condamner. Ces changements d'opinion, ces fréquents retours sont amenés par les causes les plus naturelles, justifiés par les déductions les plus logiques, et les plus vraisemblables. Jamais auteurs de romans d'aventures n'ont imaginé des ressorts à la fois plus simples et plus puissants. Leurs inventions les mieux combinées sont inférieures aux péripéties toujours nouvelles qui abondent dans ce modèle du genre.
Mais ce n'est pas seulement par la nouveauté et la simplicité des combinaisons que l'auteur de Flamarande à fourni un modèle que les spécialistes devraient s'efforcer d'imiter. Elle leur a montré aussi qu'on peut faire de l'étude d'un problème une œuvre littéraire si l'on donne à chaque personnage le langage qui lui est propre, si l'on ne se contente pas de faire succéder les unes aux autres des 'péripéties et si l'on y m'êle la peinture des caractères, si en un mot l'on corrige ce qu'il y a de trop particulier dans le cas exposé, par le développement de passions générales. Par là Mme Sand qui, en choisissant un sujet exceptionnel, était sortie de l'art, y est rentrée entièrement. Elle a bien consenti à exciter à son tour l'intérêt haletant et fiévreux qu'excite d'ordinaire ce genre de construction. Mais elle est restée grande artiste par la vie donnée aux personnages, et écrivain de premier ordre, par la beauté magistrale des récits.
À combien d'observations utiles aux romanciers contemporains pourrait donner lieu ce livre sur lequel nous nous arrêtons avec complaisance parce que venu le dernier il n'a encore été le sujet d'aucune étude. Comme il y aurait, par exemple, a admirer le soin qu'à l'auteur d'approprier le ton du récit au personnage qui le fait sous forme de Mémoires. C'est un serviteur demi-lettré, demi-vulgaire des Flamarande, un peu domestique, un peu intendant, assez avant dans la confiance de ses maîtres pour savoir la moitié de leurs secrets, assez sagace pour pénétrer le reste. Avec quelle vérité les défauts et les qualités du narrateur sont exprimés dans un récit qui est bien réellement fait à sa façon et non à celle de Mme Sand ! On sait combien l'étoquent auteur des Maîtres sonneurs est un saisissant paysagiste. Mais ici, quelque goût qu'elle ait pour ces descriptions où elle excelle, elle a résisté à son penchant. En y cédant, elle aurait fait tenir au narrateur un langage invraisemblable. Ce n'est que vers la fin de l'ouvrage que celui-ci, après avoir traversé plusieurs fois la pittoresque Auvergne, mêle à sa narration quelques croquis discrets. Et encore ne le fait-il qu'après avoir dit : « Le site était ravissant pour moi qui avais peu à peu appris à comprendre la nature. »
Voilà de ces traits, insignifiants en apparence, et qui en réalité contribuent puissamment à donner à celui qui parle les conditions de vie, à celui qui lit les satisfactions d'esprit les plus complets. Point de heurts, point de secousses dans la route que parcourt le lecteur avec Mme Sand. Point de ces chocs qui troublent l'esprit, comme une fausse note choque l'oreille. Dans ses récits écrits sous forme de mémoires, le personnage qui parle n'est pas le porte-voix de Mme Sand. C'est elle qui se fait son interprète ou plutôt qui s'identifie avec lui, qui prend sa voix, ses gestes, ses mœurs, qui se pénètre de son langage, qui entre dans sa vie. C'est là le résultat à la fois d'une faculté de concentration et d'une force de pénétration pea communes. On a dit que Mme Sand a subi tour à tour des impressions bien diverses qui toutes ont laissé des traces profondes dans chacun de ses livres. On a dit ici même (1) d'une façon fort piquante que pour Mme Sand surtout est vraie la définition de Buffon : Le style c'est l'homme. Le mot nous semble moins juste que spirituel. L'esprit de Mme Sand est trop viril pour qu'il subisse des influences, son talent trop personnel pour qu'il ait besoin du don d'assimilation, cette précieuse ressource des faibles. Que les amitiés qu'elle a nouées, que ses rapports avec des philosophes, des sculpteurs, des peintres, des rêveurs, lui aient parfois fourni le cadre ou, si l'on veut les accessoires de ses romans, on peut l'admettre. Ce sont là des secours secondaires, des objets d'ornement que le génie peut accepter sans cesser d'être lui-même. Mais ces influences extérieures n'ont point pénétré jusqu'au fond. Mme Sand est demeurée fermée et inaccessible. Au milieu de son salon, où vingt personnes causent autour d'elle, elle sait être seule, se concentrer, s'isoler avec les créations qu'elle porte dans son esprit et qui y mûrissent. Dans ce milieu où elle a vécu tour à tour avec ses héros, nul ne pénètre qu'elle ; nul ne domine que son génie. Pour elle comme pour tout écrivain, le style est l'homme. Mais l'homme, c'est Mme Sand.
....
MARIUS TOPIN
- 10/041877 Gazette des lettres, des sciences et des arts… [2]
……… Mais est-ce tout ? Est-ce qu'il n'y a plus rien à dire sur George Sand lorsqu'on a nommé Lélia, Indiana, valentine, etc., consacré un éloge rapide à la Mare au Diable, à la Petite Fadette et à François le Champi, accordé plusieurs pages, empreintes d'une admiration fort excessive, à Flamarande, ce roman de vieillesse où une intrigue compliquée se traîne pendant deux volumes à travers quelques beaux paysages d'Auvergne et une série d'invraisemblables épisodes ? Les premiers romans de George Sand et ses idylles champêtres, parmi lesquelles M. Marius Topin nous interdit, hélas de placer André, ont fait tort à ses œuvres de pleine maturité, aux fruits les plus savoureux de son talent, aux admirables récits qu'elle a composés après les premiers emportements de la passion, dans le calme du cœur et dans la pleine possession de l'esprit, sans idées systématiques, sans recherche littéraire, sans prétention philosophique, religieuse ou sociale, pour le simple plaisir d'inventer et de conter. C'est peut-être cependant ce qui est sorti de plus parfait de sa plume intarissable……………
- Nouveaux samedis : 12e série 1875 [3]
Je voulais vous parler aujourd'hui de Flamarande, de madame Sand ; Flamarande, qui a brusquement réveillé les lecteurs somnolents de Ma Soeur Jeanne, de Nanon, de Césarine Dietrich, de Francia, du Château de Pic-tordu, de Malgré tout, de Pierre qui roule ; Flamarande, que l'on pourrait appeler aussi Le réveil de la Lionne, et qui, à travers bien des bizarreries et des invraisemblances, nous montre sous un nouvel aspect ce talent réellement prodigieux , inépuisable , fécond en surprises, toujours prêt à se relever de ses chutes, à se raffermir de ses lassitudes, à se ranimer de ses défaillances, à se rajeunir de ses quatorze lustres et de ses quatre-vingts romans, et, au moment même où il semble à bout de force et de voie, se frayant tout à coup une route ou un sentier pleins de curieux détours et de mystérieux ombrages. Mais il nous faut attendre une septième ou huitième partie, et, soit dit entre parenthèses, rien de plus fâcheux ou de plus dangereux, rien de moins favorable à un succès vraiment littéraire que ces longueurs interminables qui ne consentent à nous dire qu'en mai le mot de l'énigme posée en décembre. Heureux temps d'André et de Leone Leoni, de Fernand et de Colomba, de la Petite Comtesse et du Jeune Homme pauvre, courts récits que l'on pouvait saisir d'un coup d'oeil, aspirer d'une gorgée, caractériser d'une phrase, admirer d'un jet et humecter d'une larme, qu'êtes-vous devenus ?
Donc, puisque je suis forcé d'ajourner à notre plus prochain volume cette étrange histoire de Flamarande, passons d'un extrême à l'autre, des romans en huit parties aux historiettes en huit pages, et laissez-moi vous recommander le charmant volume de M. Charles Deulin,...
- 1876 Polybiblion : revue bibliographique universelle [4]
Il n'est pas rare de rencontrer des gens teintés de littérature établir des distinctions entre ce qu'ils appellent la première et la seconde manière de George Sand. La première manière, c'est Indiana, Lélia, Leone Leoni, Jacques ; la seconde manière, c'est Valvèdre, c'est le Marguis de Villemer, c'est Flamarande. Autant ces moutons de Panurge blâment la première manière du romancier, autant ils approuvent la seconde manière. Eh bien ces distinctions sont arbitraires et subtiles. Aujourd'hui, si nous en jugeons du moins par Flamarande, la seconde manière de Mme George Sand n'est pas plus morale que la première, et celle-ci a même sur l'autre un réel avantage, c'est qu'elle est beaucoup plus mouvementée, moins guindée et moins ennuyeuse. Dans Flamarande, nous avons un mari désagréable, jaloux, insupportable et un amant modèle. Qu'y a-t-il de plus dans Lélia, dans Jacques, dans Valentine ? Et n'est ce pas toujours la même thèse ? Marié à une femme délicieuse, Flamarande, sous prétexte qu'il ne se croit pas aimé, ne néglige rien pour se faire haïr. Véritable émule d'Othello, il conçoit des soupçons à l'endroit de son meilleur ami, M. de Salcède. Un soir, il le surprend dans une chambre que la famille de Flamarande avait quittée le matin ; il provoque M. de Salcède en duel et le blesse grièvement. Un enfant étant né quelques mois plus tard, le comte de Flamarande accuse intérieurement la comtesse sa femme de l'avoir trahi, fait disparaître le fruit du prétendu adultère et le confie aux soins d'un domestique qui abandonne son fardeau dans une étable, chez des paysans du département de la Creuse. Suit une série d'aventures plus ou moins vraisemblables, lesquelles se terminent dans un autre roman, les Deux Frères, qui n'est que la continuation de Flamarande avec la même correction harmonieuse et monotone, limpide et soporifique. Il y a, dans Flamarande, un domestique impossible et agaçant c'est le sieur Louvier. En l'entendant faire l'important et le fâcheux, on voudrait l'avoir une heure à son service, pour jouir de la satisfaction de le rouer de coups de bâton et de le flanquer à la porte.
Orthographe, vocabulaire[modifier]
- demi-lettré, contre-coup
- à-compte.
- siége,piége, collége
- grand’peur, grand’peine
- un vieux ami
- hépathique
- résolûment, dénoûment
- machicoulis
- myrtiles
- au delà
- soin-là
Autre édition en ligne[modifier]
- BNR ; comparaison : mains hâlées/halées, goûts sérieux et il jugeait; Madame craignit la malpropretés ; dans celle solitude ; Nous élions à Paris ; conformer à celle précaution ; voulut que le pauvre petit ouvrit ; On a joué ici la comédie avant mon mariage, j’ai (. J) ; si peu de dépenses pour vivre ; Pour vous, et demandez-moi ; avec un art infini pour qu’elle n’eut ; Il était pressé de retirer/rentrer ; Un jour ne viendrait-il pas ou ; rien qui sentit le besoin ; Elle
apu y rester cachée ; la trappe du sillon ; La séduction de celle femme ; Je n’étais point rigoriste pur.