Discussion:Les Trois Nuits de Don Juan

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Orthographe - vocabulaire…[modifier]

  • entre-bâillé
  • prime-sautier
  • fièvreux
  • Elle jetta un cri
  • grand’peine,
  • leit-motiv

Critiques résumés...[modifier]

  • Journal des débats politiques et littéraires : 27/09/1913 [1]
BIBLIOGRAPHIE


Jeanne Marais — Les Trois Nuits de Don Juan

Une fantaisiste histoire d'amour et une piquante 
esquisse d'un type nouveau : la femme-auteur qui 
ne recule devant rien pour la réclame ; c'est le roman 
de Jeanne MARAIS au titre séduisant ’’Les Trois’’
’’Nuits de Don Juan’’. Calmann-Levy.

  • Figaro : journal non politique 3/10/1913 [2]


Mme Jeanne Marais, dont j'ai signalé ici les intéressants débuts, est une femme de lettres très remarquablement douée, et sa ’’Nicole courtisane’’, notamment, est une oeuvre tout à fait délicieuse. Le roman qu'elle vient de publier chez Calmann-Lévy : ’’Les Trois Nuits de Don Juan’’ est, avec tant de qualités originales, curieuses et fortes, un livre singulièrement moins séduisant.

C'est moins sa faute que celle du sujet et de l'héroïne choisis par elle. Mme Jeanne Marais a voulu, elle nous l'explique dans sa préface, clouer au pilori « la fausse femme de lettres, la créature sans scrupule, sinon sans talent, dont l'esprit détraqué ne recule devant rien pour assouvir son appétit de notoriété » ; nous connaissons tous la « théâtreuse », qui se dresse à côté de la femme de théâtre probe et consciencieuse, comme une caricature ; voici, à côté de la vraie femme de lettres, la « lettreuse ».

Telle est Francine Clarel, qui, assoiffée de vengeance et de publicité, impose à son soupirant, le beau, l'irrésistible Maxime Fargueil, qu'elle a réussi à affoler, « deux nuits de Don Juan», deux infamies qui devront précéder la troisième nuit, celle où enfin elle couronnera sa flamme.

Et Maxime, docilement, se prête à ses odieux desseins ; il fait tout pour mériter l'affolante récompense que Francine lui donne d'ailleurs sans compter. Mais elle n'est pas encore satisfaite : lâchement, cruellement, elle abat, certain soir, d'un coup de revolver son ami d'autrefois, Jacques Lorderie ; et lorsqu'on lui demande la raison de ce crime inexplicable, la charmante femme, confiante dans l'indulgence des jurés pour les meurtres dits passionnels, explique cyniquement que son nouveau roman avait besoin d'une bruyante publicité. Nous sommes là en plein mélodrame : Mme Jeanne Marais, qui s'attend à nous voir protester, nous a prévenus que cette histoire renferme toute « l'invraisemblance des histoires vraies », et elle a eu le tort, en effet, de penser à quelques histoires récentes et trop réelles.

Au demeurant, si odieuse que soit Francine Clarel, ses victimes ne le sont guère moins : Maxime Fargeau et Jacques Lorderie, les deux maris infidèles qui ont médité d'échanger des maîtresses dont ils sont las, sont de parfaits mufles et qui méritent leurs malheurs ; ces deux chroniqueurs littéraires ont, envers les femmes, une conduite qui justifie assez bien les représailles, et qui n'est pas, j'ose l'affirmer, très courante dans notre profession.

Ce roman, si discutable, est d'ailleurs d'un très vif intérêt ; ces personnages, que je m'obstine à croire invraisemblables, évoluent dans des cadres évoqués avec la plus amusante, la plus pittoresque vérité, et le livre, qui risque de plaire au grand public, surtout par ses défauts garde assez de solides et brillantes qualités pour défendre la cause littéraire de Mme Jeanne Marais qui n'a rien de commun avec une « lettreuse ».