Discussion Livre:Argens - Julien l’Apostat - Deffense du paganisme par l’empereur Julien.djvu
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[modifier]Suite à quelques remarques et conseils, les choix éditoriaux mis en œuvre pour cet ouvrage sont indiqués ci-dessous :
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Adeimantos (d) 17 juillet 2012 à 20:55 (UTC)
Importance de l'édition de La Défense du paganisme et du Contre les Galiléens de Julien par Boyer d'Argens
[modifier]Jean-Baptiste Boyer d'Argens, Chambellan du roi de Prusse Frédéric II durant 25 ans, Directeur de la Classe de Philologie de l'Académie de Berlin, fait partie de ces intellectuels libertins européens qui prennent part à la confrontation contre l'Infâme (contre les Jésuites et de manière générale, contre l'Église catholique); il est ainsi dans la mouvance de Voltaire et sa correspondance avec Frédéric II indique ses intentions[1] lorsqu'il décide de publier en 1764 l'ouvrage de l'empereur romain Julien, dit Julien l'Apostat et de divers commentaires et explications de l'œuvre de l'empereur du Bas-Empire. On doit remarquer que le texte de Julien n'est connu à l'époque de Boyer d'Argens qu'au travers de l'ouvrage de Cyrille d'Alexandrie, le Contre Julien, ouvrage écrit en grec, qui avait déjà été traduit en français par l'abbé de La Bléterie.
Il faut remarquer que, pour des raisons de méthode, Cyrille d'Alexandrie reprend des paragraphes du Contre les Galiléens de Julien et procède à des commentaires. Lorsqu'il écrit en son nom, Cyrille indique 'ΚΥΡΙΛΛΟΣ' et lorsqu'il fait parler le texte de Julien, il indique : 'ΙΟΥΛΙΑΝΟΣ'. Boyer d'Argens (explique J. M. Moureaux) n'a pas voulu ou su explorer le texte donné par Cyrille, qui contient pourtant dans les propos où Cyrille parle en son nom propre, des renvois à Julien. Par ailleurs, la traduction du grec en français est, de la part de Boyer d'Argens, plutôt fautive et chancelante. Boyer d'Argens traduit «pour les honnêtes hommes», ou «pour les intellectuels qui ne savent pas bien le grec»[2]. Dès lors, cette traduction s'éloigne du texte, voire contient des contresens. À l'évidence, Boyer d'Argens se montre assez piètre helléniste, comme le remarqueront les traducteurs qui s'attacheront à son édition.
Pour se faire une idée de la qualité de l'édition du texte grec par Boyer d'Argens, il suffit de savoir que le texte grec donné dans les éditions modernes du Contre les Galiléens - par exemple - des lignes qui vont de 52a à 69d, est littéralement absent de l'ouvrage de 1764. Autrement dit, après τοῦτο τὴν ἀρίστην θεοσέβειαν ἠθέλησαν ὀνομάζεσθαι (43b) et avant Οὐκοῦν Ἕλληνες μὲν τοὺς μύθους, Boyer d'Argens oublie une vingtaine de lignes.
Pourtant, il reste intéressant de disposer des commentaires et des réflexions préliminaires qui accompagnent l'édition de Julien que Boyer d'Argens fait paraître en 1764 (suivi d'une édition augmentée en 1769), puisque tout l'argumentaire des Lumières en faveur de la tolérance s'y trouve : tolérance en matière de religion, prééminence de la conscience et de la raison sur les dogmes religieux. La thématique de Pierre Bayle concernant l'athée vertueux y est développée, thématique qui sera reprise par Jean-Jacques Rousseau (notamment avec le personnage de Wolmar, dans Julie ou la Nouvelle Héloïse). L'empereur Julien se voit ainsi enrôlé sous la bannière de la lutte des Lumières contre le «royaume des ténèbres» (selon l'expression de Thomas Hobbes, Léviathan, Partie 4).
- ↑ Pour le détail des conditions dans lesquelles voient le jour la traduction et le commentaire du Contre les Galiléens de Julien, ainsi que la Défense du paganisme, lire l'article de José-Michel Moureaux, D'Argens éditeur de Julien. SVEC, 267. Pages 139-198 The Voltaire Foundation, 1989.
- ↑ Cf. l'article de J.-M. Moureaux cité dans la note précédente.