Discussion Livre:Guyau - Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction.djvu

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Avant-propos de la deuxième édition, par Alfred Fouillée[modifier]

Le texte ci-dessous de l'avant-propos de la deuxième édition est repris de la 16ème édition, 1921, sur Gallica.

AVANT-PROPOS DE LA DEUXIÈME ÉDITION

Nous publions la seconde édition de l’Esquisse d’une Morale, conformément au manuscrit laissé par l’auteur en vue de cette seconde édition, et avec les diverses corrections qu’il avait indiquées [1].

Menton, 1889.
Alfred Fouillée.

[1]. La critique de l’idée de sanction que contient ce volume parut d’abord dans la Revue philosophique, en mars 1883. L’ouvrage entier de Guyau fut publié en octobre I884, avec le millésime 1885. Quelques fragments de ce livre, notamment les pages célèbres sur l’Océan, avaient été écrits pendant le séjour de Guyau à Biarritz. Le reste fut écrit à Menton, où nous habitions une villa voisine de la mer, sur le quai de Garavan.

Comme je l’ai raconté dans mon livre sur Nietzsche et l’immoralisme, Nietzsche, Guyau et moi, sans le savoir, avons vécu tous les trois en même temps à Nice et à Menton. Guyau n’eut pas plus que moi la moindre connaissance du nom et des écrits de Nietzsche ; ce dernier, au contraire, connut l’Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction et l’Irréligion de l’Avenir. Il avait sans doute acheté ces livres, ainsi que la Science sociale contemporaine et peut-être la Critique des Systèmes de morale contemporains, à la librairie Visconti, de Nice, où les intellectuels fréquentaient alors, feuilletant et emportant les livres nouveaux. Nous y avions fait, Guyau et moi, la connaissance d’Auguste Brachet, le remarquable philologue, et de Mme Ackermann. Toujours est-il que Nietzsche avait dans sa bibliothèque l’Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction et l’Irréligion de l’Avenir. Il en parle dans Ecce homo. Ces exemplaires, ainsi que la Science sociale contemporaine, sont couverts de notes marginales, de traits, de points d’exclamation, de marques d’approbation ou de désapprobation. Les jugements de Nietzsche sur Guyau offrent le plus grand intérêt, car ils nous montrent à quel point divergent en sens opposés, malgré les évidentes similitudes que gardent parfois leurs doctrines, deux esprits partis d’une même conception fondamentale, celle de la vie intense et extensive. Les notes de Nietzsche indiquent d’ailleurs une réelle sympathie pour Guyau et une très profonde estime, qui va jusqu’à l’admiration. Mme Foerster-Nietzsche ayant fait copier à notre intention les principales notes marginales de son frère, nous avons pu les publier et les commenter dans notre ouvrage sur Nietzsche et l’immoralisme (voir le livre troisième, intitulé les jugements de Nietzsche sur Guyau d’après des documents inédits et le chapitre II de l’Introduction).

Nous avons exposé et apprécié la morale de Guyau non seulement dans le livre sur Nietzsche dont nous venons de parler, mais encore dans notre ouvrage intitulé La Morale, l’art et la religion selon Guyau, puis dans nos Éléments sociologiques de la morale, livre I, ch. III, et dans notre Morale des idées-forces (Introduction). Enfin, la doctrine de Guyau ayant fait en 1906 à la Societé française de philosophie l’objet d’une discussion à laquelle nous n’avions pu prendre part, nous avons publié dans la Revue de métaphysique et de morale (juillet et novembre 1906) une étude intitulée La doctrine de la vie chez Guyau son unité et sa portée.

Menton, 1907.
Alfred Fouillée.