Doctrine de l’Église catholique orthodoxe/I/Différences sur la Sainte-Trinité

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Librairie de l’Union Chrétienne (p. 35-39).
différences entre les églises chrétiennes touchant le dogme de la trinité.

Toutes les Églises chrétiennes admettent ce dogme, c’est-à-dire qu’elles croient : 1° qu’il n’y a qu’un Dieu ; 2° qu’il y a trois personnes, distinctes entre elles, et qui ne sont qu’un Dieu.

Cependant, l’Église romaine a attaqué indirectement le dogme de la Trinité en ajoutant, dans le Symbole, après ces mots : qui procède du Père, ceux-ci : et du Fils, en latin Filioque.

Cette addition prit naissance en Espagne au septième siècle. Au huitième, elle s’était introduite en France où elle rencontrait cependant de zélés adversaires. Au commencement du neuvième siècle, Charlemagne proposa à Léon III de l’approuver ; mais ce pape s’y refusa. Sous l’influence de Charlemagne, dont la domination s’étendait sur la plus grande partie de l’Europe centrale, l’addition fut adoptée par un grand nombre d’Églises. Celle d’Orient protesta contre l’innovation. Sa voix ne fut pas écoutée, et l’Église de Rome elle-même adopta l’addition à la prière de l’empereur Henri Ier, au commencement du onzième siècle. Depuis lors, l’addition fut reçue dans toutes les Églises occidentales.

Au seizième siècle, les Églises anglicane et protestantes ne se préoccupèrent pas de cette addition, et la première la conserva avec le symbole après sa séparation de l’Église romaine.

Elle chercha même, comme l’Église romaine, à la justifier. Pour cela on employa deux moyens : le premier consiste à donner au Fils le titre de principe secondaire dans la Trinité ; le second, à alléguer des passages des Pères de l’Église pour prouver que l’addition est conforme à la doctrine traditionnelle.

L’Église orientale n’eut pas de peine à prouver que, dans la Trinité, il ne peut y avoir rien de secondaire ; que l’attribut de principe est exclusivement l’attribut personnel du Père, et qu’on ne peut le donner au Fils, à un degré quelconque, sans lui attribuer quelque chose de la personnalité du Père, et, par conséquent, sans miner le dogme de la Trinité. Elle n’eut pas de peine non plus à prouver que, parmi les textes des Pères que l’on alléguait, les uns étaient absolument controuvés, les autres falsifiés et tronqués ; que les textes vrais ne se rapportaient qu’à la mission, à l’envoi du Saint-Esprit, et non pas à sa procession éternelle.


L’addition faite au symbole, en Occident, est donc, non-seulement un acte illégitime, irrégulier, d’une Église particulière, mais encore elle renferme une erreur formelle contraire à la croyance catholique.

Au lieu de chercher à donner aux mots Filioque une interprétation qui puisse sauvegarder le dogme de la Trinité, il vaudrait mieux convenir de bonne foi que cette interprétation n’est pas orthodoxe, et retrancher du symbole une expression dangereuse, contraire à la parole de Dieu et à la vraie tradition de l’Église.