Doctrine de la vertu (trad. Barni)/Eléments métaphysiques/Introduction/IV

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Doctrine de la vertu
Traduction par Jules Barni.
Auguste Durand (p. 21-22).


IV.


quelles sont les fins qui sont aussi des devoirs.


Ce sont : la perfection de soi-même[1], — et le bonheur d’autrui[2].

On ne peut intervertir ici le rapport des termes, c’est-à-dire considérer comme des fins, qui seraient en soi des devoirs pour la même personne, le bonheur personnel d’une part, et de l’autre la perfection d’autrui.

En effet, quoique le bonheur personnel soit une fin que poursuivent tous les hommes (en vertu du penchant de leur nature), on ne peut sans contradiction considérer cette fin comme un devoir. Ce que chacun veut déjà de soi-même inévitablement n’appartient pas au concept du devoir ; car le devoir implique une contrainte exercée pour un but qu’on ne suit pas volontiers. Il est donc contradictoire de dire qu’on est obligé à travailler de toutes ses forces à son propre bonheur.

Il y a également contradiction à prendre pour fin la perfection d’autrui, et à se croire obligé d’y contribuer. En effet la perfection dans un autre homme, en tant que personne, consiste précisément en ce qu’il est lui-même capable de se proposer certaines fins d’après ses propres idées sur le devoir, et il est contradictoire d’exiger de moi (de m’imposer comme un devoir) que je fasse à l’égard d’un autre une chose dont seul il est capable.

Notes du traducteur[modifier]

  1. Eigene Vollkommenheit.
  2. Fremde Glückseligkeit.

Notes de l’auteur[modifier]