Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3/102
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M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, à M. de Montholon, Chargé d’affaires de France à Constantinople.
Les informations que vous me transmettez et celles qui me parviennent de Scutari et de Cettigné ne laissent aucun doute sur la très grave responsabilité qui incombe à la Porte ottomane dans le conflit engagé entre les populations albanaises et le Monténégro[1]. L’insuffisance des instructions envoyées aux autorités locales et la connivence évidente de ces dernières mettent directement en cause le Gouvernement turc. Dans ces conditions, nous ne pouvons accepter comme satisfaisantes à aucun degré les explications que résume votre télégramme de la nuit dernière. Ainsi que cela a été indiqué dans la protestation collective du 24 avril, il nous paraît indispensable que la Porte fasse réoccuper par ses troupes les districts qu’elle s’est engagée à remettre au Monténégro. Il n’y a pas d’autre moyen pour elle de dégager sa parole, et l’abstention dans laquelle elle paraît vouloir se renfermer aurait pour résultat de tourner contre elle le sentiment unanime de l’Europe.
Veuillez joindre vos représentations énergiques à celles des agents des autres Puissances et associez-vous à toutes les démarches qu’ils feront pour obtenir l’exécution loyale de l’arrangement consacré par leurs signatures.
- ↑ La Porte se défendait d’avoir manqué à ses engagements, mais désavouait à moitié le gouverneur générai de Scutari. (Télégr. de M. de Montholon. Péra, 29 avril, 12 h. 40 m.)