Dom Bougre aux Etats-généraux (éd. 1791)

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Chez Braquemart, Libraire rue Tire-Vit, à la couille d’or (A Foutropolis) (p. 3-16).




DOM-BOUGRE

AUX ÉTATS-GÉNÉRAUX.


Il y a des hommes qui vont droit au fait, qui déchargent & ne ſont plus bons à rien. Si les femmes n’avoient que leur con à ſatisfaire, ce ſeroit ceux-là peut-être qu’elles préféreroient, mais elles ont une imagination, un amour-propre, un déſir de commander, qui font ſouvent que la fouterie n’eſt pas leur plus chère jouiſſance.

Telle qui auroit préféré, il a ſix mois, un vit de ſept pouces, orné d’un poil noir, rude & toufu, préféreroit d’avoir entre les mains le vit flaſque d’un vieux député qui ſe ſignale dans l’aſſemblée nationale par la hardieſſe de ſes motions. Elles croiroient donner des loix à la France, en flagellant les feſſes du bon-homme, en lui chatouillant le prépuce, en régénérant ſa conſtitution délabrée.

Femmes ! femmes, vous n’y êtes pas, je l’eſpère.

Nos députés ſavent que c’eſt une grande qualité pour un légiſlateur que de ſe branler le vit. C’étoit là le grand ſecret de Lycurgue. S’il eut paſſé ſon temps à patiner un cul féminin, à arroſer une motte, il auroit vraiment fait de belles loix.

Branlez-vous, meſſieurs, branlez-vous trois fois par jour, plutôt que de venir tous les dimanches à Paris trouver les Garces du Palais-Royal, dont le vagin meurtrier vous donneroit pour un quart-d’heure de plaiſir, une ſemaine d’inquiétude. Dites-moi, peut-on travailler quand, de demi-heure en demi-heure, on eſt forcé de regarder à ſon vit s’il ne coule point, ou à ſon prépuce s’il ne ſe garnit pas de chancres.

N’allez pas auſſi vous frotter à ces belles dames de Verſailles, elles vous feront voir une gorge d’albâtre, elles découvriront une jambe divine, elles vous agaceront, vous paſſeront même, en plaiſantant, la main ſur la cuiſſe ; mais ce ſera tout, en vous parlant en faveur du ſyſtême ariſtocratique, ou des frayeurs que leur cauſent les révolutions.

Allez, ſortant de là, parler de conſtitution, d’impôt, de liberté, ce maudit con que vous oſez eſpérer toucher le ſoir même, va vous faire parler tout de travers, vous vous croirez des répréſentans d’une nation libre, & vous ne ſerez que des Jean-foutre.

Je le répète donc, ſi les cons s’en mêlent, la conſtitution eſt au foutard.

Vous déſirerez peut-être ſavoir, meſſieurs, quel eſt l’homme qui oſe vous parler ſi librement : meſſieurs, je ſuis de vos amis, & vous me connoiſſez tous. Il n’eſt pas un de vous dans les trois ordres qui n’ait lu mon hiſtoire dans ſon enfance, qui ne ſe ſoit branlé deſſus, & qui ne l’ait prêtée à quelque femme dont elle lui a valu les faveurs.

Je viens d’abord, meſſieurs, renoncer au privilége dont je jouis depuis plus de dix ans, d’être le livre de fouterie par excellence : d’infecter les couvens & les colléges, d’y former un tas de petits bougres & de petites tribades, qui ſe tuent avant l’âge, en allant dans les chapelles & oratoires lire mon admirable hiſtoire, & ſe maſturber aux pieds des autels.

Je viens enſuite, meſſieurs, vous apprendre les moyens d’obvier à ces profanations, d’épurer les mœurs, de prévenir le bâtardiſſement de la race humaine, de détruire l’adultère, la ſodomie, la beſtialité & autres vices qui dégradent les Français depuis cinq à ſix générations.

Mes doléances porteront donc ſur tous les abus particuliers que l’on fait du vit, des couilles, de l’anus, des tétons, de la langue, du clitoris, des feſſes, de la bouche. Je tâcherai de paſſer en revue tous les genres de putains & de femmes honnêtes, filles ou mariées ; je n’oublierai ni les enfans, ni les vieillards, ni les moines, ni les abbés, ni les pages. Vous verrez, meſſieurs, s’il ne vous faudra pas plus de vingt ſéances pour faire une loi qui ramène les hommes & les femmes à foutre tout bonnement, pour faire des enfans & ſe dégorger les reins.

O garces & chaude-piſſes qui m’avez gâté le tempérament ; garces à ſentiment, qui m’avez corrompu le cœur ; garces à argent, qui avez ruiné ma bourſe ; garces de toute eſpece, tant mâles que femelles, votre règne va finir : ce n’eſt pas du foutre, c’eſt du ſang que la nation verſe dans cette grande époque.


CHAPITRE PREMIER.

Des filles de joie.


L’abus principal du commerce des filles de joie, eſt qu’elles ne ſont tenues par aucune loi de déclarer ſi elles ont du mal. D’où il arrive ſouvent qu’on attrape la vérole, en croyant avoir un pucelage.

On voit tant de jeunes médecins & chirurgiens qui s’y trompent, qu’il n’eſt pas étonnant que tout autre y ſoit pris.

Souvent, pour inſpirer une confiance qu’elles ne méritent pas, elles offrent hardiment de ſubir une viſite, & voilà ma putain qui ſe jette ſur le dos, écarte les cuiſſes & ſe trouſſe juſqu’au nombril.

La chandelle à la main, le miché met un genou à terre, écarte les lèvres de la matrice, n’y voit rien, & s’empoiſonne.

Ne ſe trouvera-t-il pas dans le nombre des députés, un galant homme qui, ayant eſſuyé cinq à ſix chaude-piſſes & une bonne vérole, ſente le beſoin urgent de faire une motion ſur ce ſujet.

Il doit demander, au moins, que toute fille de joie ſoit tenue de ſe faire viſiter tous les jours, & de tirer un certificat de viſite du chirurgien, pour l’exiber aux fouteurs qui ſe préſenteront chez elle.

Ces cons que l’on laiſſe ravager impunément toutes les générations, ont encore le ſingulier privilége de ſe mettre à quel prix bon leur ſemble. L’arbitraire ne ſauroit être porté plus loin, on en a vu exiger juſqu’à 12 liv. d’un vieillard ou d’un abbé, qui branloient pour vingt-quatre ſols un jeune-homme qui leur diſoit qu’il n’avoit que cela.

Les filles de joie ſe ſont auſſi arrogées le droit de fouiller dans les poches des michés, & juſques dans leurs ſouliers, elles ſuppoſent qu’ils cachent leur argent pour ne leur donner qu’une pièce qu’ils laiſſent dans leur gouſſet.

Il n’eſt pas de commerce dans lequel il y ait plus de mauvaiſe foi que dans le leur. On conviendra avec une coquine de lui donner trois livres pour la foutre, ou pour décharger ſur ſes tétons, pour l’enculer ? Eh bien ! elle commence par recevoir le petit écu, puis elle ne veut plus que branler la pine, à moins qu’elle n’aye à faire à un fouteur qui la menace de la canne pour faire tenir le marché.

Quand elle ſent qu’elle eſt avec un provincial un peu déniaiſé, elle ſuppoſe qu’elle a du mal, « mon bon ami » dit-elle d’un air virginal, « tu as l’air d’un bon garçon, il ſeroit dommage de te gâter ; tu me baiſeras ſi tu veut ; mais je te préviens que j’ai du mal, — Eh, bougreſſe ! pourquoi ne l’as-tu pas dit avant de recevoir mon argent ? — Mais tu vois bien qu’il faut que je vive, allons, baiſe, baiſe, je m’en fou, mais je n’aurai point ton mal ſur ma conſcience, ſouviens-toi que je t’ai prévenu ».

Autre ruſe, quand la putain a reçu l’argent pour foutre ou branler, elle demande de l’argent pour ſe mettre toute nue, ou pour donner le plaisir de Marſeille, c’eſt-à-dire mettre le doigt dans le cul ; elle importune le ribaud, tout en le branlant, elle le diſtrait par ſes propos, elle donne mal le coup de poignet, & ſi ce n’eſt pas un homme ferme qui ne ſe laiſſe point gagner, & qui lui diſe, branle, branle, ou bien allons, fou-toi là, elle le tient dans les angoiſes un quart-d’heure, & il eſt tout ſurpris de ſe trouver fatigué avant d’avoir fini.

Quand elle ne peut rien obtenir de plus, dès le dix ou dixième coup de poignet, ou de cul, accompagné de la formule ordinaire, donne du foutre, ma petite maman, elle s’impatiente & reproche le tems qu’elle perd : alors ſi c’eſt un ruſé compagnon, il voit qu’elle eſt preſſée, il lui dit de prendre telle ou telle poſture, la ſeule qui le faſſe décharger promptement, il feint de s’être mépris, & la fait changer cinq à ſix fois, eſſaie tour-à-tour, les cuiſſes, le con, les feſſes, les tétons, et fait celle qui comptoit le faire.

Le remède à tous ces abus, ſeroit, je crois, d’adopter le ſyſtême de feu ſieur de la Brétonne, grand écrivain moraliſte, il a propoſé dans un ouvrage intitulé le Pornographe, de chaſſer toutes les filles de joie, de les diviſer en différentes maiſons. Les prix différens ſeroient gravés ſur la porte d’entrée, à-peu-près ainſi : bordel public, de 12 liv. à 3 liv., & ſur les portes de celles-ci ſeroient d’autres écriteaux particuliers, tels que fouteuse, gros téton, poil noir, 6 liv. ou bien branleuſe, petite taille, blonde, jolie main, 3 liv.

Il eſt certain que ce plan, outre qu’il éviteroit tous les inconvéniens dont nous avons fait mention, faciliteroit la viſite & la guériſon des cons malades, qui ſeroient mis dans les chambres de branleuſes ; il ôteroit de deſſous les yeux des femmes & filles honnêtes, l’effrayant ſcandale de la proſtitution publique.

Nous ajouterons aux réflexions du ſieur Rétif, que dans les émeutes populaires, le gouvernement auroit ſous ſa main des eſcadrons de filles qu’il pourroit faire marcher tétons à découverts, dans les lieux où le peuple s’attrouperoit ; il leur ordonneroit de ne rien prendre pour donner du plaiſir ; on verroit aussi-tôt mes mutins perdre de vue l’objet de leurs criailleries, lorgner une gorge, y porter la main, entraîner la fille dans une allée, et d’après la maxime omnia animale triste post civitum, on ſent que la ſédition ſeroit bien vîte appaiſée.



CHAPITRE II.

Des Sodomistes.


Il y a trois eſpeces de gens qui foutent en cul. Il y a bien peu d’hommes à qui cela ne ſoit arrivé une fois dans ſa vie, par curioſité, par yvreſſe, par ennui ou autrement, nous ne parlons que de ceux à qui cela arrive habituellement.

La première eſpèce & la moins coupable, eſt compoſée de ceux qui enculent des putains qui font le métier de tourner la médaille, expreſſion conſacrée pour exprimer le parti qu’elles prennent lorſque la vieilleſſe ou le défaut de charmer leur ôte le moyen de ſubſiſter, et faiſant loyalement le commerce, ce ſont les contrebandières de la fouterie.

Elles commencent toujours par ſe récrier quand on le leur propoſe, elles diſent qu’il y a deux jours, elles ont refuſé dix louis pour cela ; elles ſe font preſſer, enfin, elles feignent de ſe rendre aux déſirs ardens du miché, & à l’envie de ſavoir comment ça fait. Salive, pommade, ſuif, tout eſt mis en uſage, puis les ah ! les grincemens de dents. Elles mordent dans la couverture pour étouffer les cris, & jurent après l’opération de ne plus la ſubir. Au bout de huit jours, elles ne reconnoiſſent plus le paillard, & elles lui font le même tour de paſſe-paſſe.

La ſeconde eſpèce eſt de ceux qui enculent leurs propres femmes, c’eſt ordinairement un acte de deſpotiſme & de tyrannie de la part du mari ; ſi on le lui refuſe, il boude, il jure, il retranche la penſion, plus de ſpectacle, plus de promenade, & pis que cela, il fait jeûner le con, qui au bout de quelques tems, perſuade à ſon voiſin d’avoir pitié de lui.

Dirai-je qu’il eſt des hommes qui abuſent de la religion pour loyoliſer leurs femmes ; qui leur prouvent, lorſqu’elles n’ont pas d’enfans, qu’elles peuvent concevoir par l’anus, & que la thèſe d’un louis à la main, avec l’approbation de la Sorbonne, forcent la pauvrette à ſouffrir qu’on lui ſonde le boyau cuillier.

La troiſième eſpèce eſt de ceux qui enculent des mâles. La raiſon de la préférence qu’ils leur donnent ſur les femmes, eſt qu’on ne sert point un gigot ſans manche. Dans cette claſſe, il faut comprendre les écoliers, qui le font par poliſſonnerie, les ſoldats par défaut d’argent, les moines par néceſſité.

Quant aux bardaches, il eſt conſtant qu’ils ne le font que par avarice, puiſqu’ils n’ont aucun plaiſir & qu’ils s’expoſent au mépris & aux ſarcaſmes, bien plus que les bougres. On ſait que Volange diſoit à un acteur des Italiens, avec qui il avoit diſpute : mademoiselle, si je ne respectois notre sexe, je vous donnerois des coups de canne.

Les empereurs romains avoient condamnés les bougres & bardaches à la peine du feu. Pluſieurs pourtant d’entr’eux ne l’étoient pas mal, témoin ce Céſar, qu’on appelloit le mari de toutes les femmes, et la femme de tous les maris ; ce Tibère qui se faiſoit lêcher les couilles par des enfans ; ce Néron qui fît châtrer un de ſes mignons pour qu’il reſſemblât mieux à une femme, & qui ſe prêtoit lui-même à un de ſes affranchis, en contrefaiſant les cris d’une fille qu’on dépucèle.

L’exces du mal vient peut-être de l’excès de la peine brûler ! C’eſt bien ſérieux, & qui dénoncera une homme qu’on doit brûler s’il eſt convaincu ? S’il plaiſoit à nos ſeigneurs des états d’ordonner que les bougres & bardaches ſeroient publiquement flagellés ſur les épaules par des filles de joie, en faveur de qui on pourroit créer des offices de correctrices. Le nombre de coups ſeroit en proportion de la gravité de la faute. La correction ne ſeroit point réputée infamante, tous les états, tous les âges y ſeroient ſoumis. Cinq ou ſix exemples fait ſur des abbés, des marquis, même ſur des maréchaux de France, s’il y avoit lieu, réprimeroient avant peu le goût horrible que les révérends pères Jéſuites n’ont que trop enraciné en France.



CHAPITRE III.

De la Bestialité.


La beſtialité eſt le crime des ſimples ou des foux. On demande à un jeune payſan que l’on trouve accouplé avec une vache, ce qu’il fait ? Eh, mais, répond-il, je faisons un monstre pour la foire S. Germain.

Il n’y voyoit pas plus de conſéquence : ce ſont en général les jeunes bergers qui goûtent le plaiſir par cette voie ; les filles de village ſont trop ſages, & les garçons trop occupés. Le berger ſeul, couché ſur l’herbe, rêve, bande, ſe branle, voit ſon bouc foutre ſa chêvre, rebande & va prendre la place du bouc… torva tuentibus hircis[ws 1] . Les pauvres enfans ! les parlemens les font impitoyablement brûler, hélas ! il falloit ſeulement leur donner des filles, ou les marier !

Le remede à ce mal n’eſt pas facile à trouver, ſi ce n’eſt d’ordonner ma loi : que tout berger chargé de conduire un troupeau de chêvres, de vaches, ou de brébis, mènera ſa bergère avec lui aux champs.



CHAPITRE IV.

De l’Inceste.


Il y a à parier que Caën, Abel, & les autres enfans d’Adam, ont foutu leurs ſœurs ; ſans cela la poſtérité du bon-homme eut été bientôt éteinte.

L’inceſte n’eſt donc pas un crime contre nature, il eſt au contraire dans la nature. Ce ſont nos loix civiles qui le défendent. Or, il n’eſt rien de ſi facile que de l’éluder la loi civile. C’eſt de baiſer en cachette & d’être diſcret.

Voilà le grand raiſonnement des frères qui voyent une jolie ſœur, dévorée du déſir de perdre ſon pucelage, & qui craignent de ſe voir ſupplantés par un maître de danſe ou par un laquais. Le raiſonnement eſt-il bon ? je l’ignore, j’ai toujours beaucoup plus foutu que raiſonné ; on voit dans mon hiſtoire que j’y ai fait paſſer le con de ma mère & de ma ſœur. C’eſt encore là un moyen de ſéduction des frères ; ils font lire à leurs ſœurs, elles s’échauffent, on ne les ſoupçonne pas, ils ſont ſeuls ; le frère uſe d’un peu de violence, & voilà l’amour fraternel en poſſeſſion de tout. A la vérité, il eſt rare que les frères, ſur-tout lorſqu’ils ſont abbés, déchargent dedans, ils jurent de moucher la chandelle, & ils le font ; mais quand ils manquent leur coup, & que la ſœur eſt groſſe, ils ſe mettent en campagne pour lui chercher un amant, ils la marient mal, très-mal, toujours avec un ſot ; le frère lui fait faire un avantage à la ſœur dans le contrat de mariage, & le cher beau-frère à la vache & le veau.

Il ſeroit juſte que meſſeigneurs les députés priſſent cet expoſé en conſidération, il eſt très-facile de réformer ces abus, en accordant aux François deux points très-eſſentiels ; le premier, d’épouſer leurs ſœurs quand il leur plairoit ; le ſecond, de répudier leurs femmes à volonté. Cela exiſte chez d’autres nations, pourquoi le refuſer à un peuple, ſi ce n’eſt pour le rendre criminel. D’un ſeul mot, on peut anéantir l’inceſte, l’adultère & le cocuage.



CHAPITRE V.

Du Gamahuchage.


Si tout ce qui tend à la dépopulation eſt un crime de l’érection, & s’il eſt de l’eſſence d’une bonne conſtitution de ne pas le laiſſer impuni & même de la prévenir, il faut que notre code national pourvoie aux gamahuchés, mode de fouterie qui fait répandre tous les jours une immenſe quantité de foutre en pure perte.

Si, meſſieurs les députés étoient à portée de leurs femmes, ils pourroient ſe faire expliquer cela, & pour peu qu’ils fuſſent complaiſans, elles les feroient paſſer bien vîte de la théorie à la pratique.

Gamahucher, c’eſt faire avec la langue & la bouche, l’office du membre viril ou du vagin.

L’homme place ſa langue ſur le clitoris de la femme, il lui donne de légères titillations, il aſpire à lui l’intérieur des lèvres de la motte, puis il lèche de haut en bas le clitoris & ſes ramifications ; enfin quand la femme lui preſſe fortement la tête ſur ſes cuiſſes, il tourne la langue avec force autour du clitoris, en redoublant toujours le mouvement juſqu’à ce qu’elle décharge.

La femme, pour payer de retour, prend entre ſes levres le gland du vit, en le faiſant doucement entrer & ſortir dans ſa bouche ; ſa langue eſt placée ſur l’orifice du canal de l’urètre, elle le lêche ou le pointe, pendant que d’une main elle chatouille le pubis.

Une femme honnête, quelqu’amoureuſe qu’elle ſoit, ne reçoit pas la gorgée, mais une putain la reçoit. Cela dépend ſouvent du prix.

Ce plaiſir étant très-vif, les femmes y ſont portées aujourd’hui avec fureur. Les hommes s’y adonnent auſſi, parce qu’ils ſont uſés ; que les cons même de quinze ans ſont d’une largeur effroyable, & que les chaude-piſſes ſont très-communes,

Un très-habile calculateur a démontré, qu’à Paris ſeulement, il ſe verſoit par les gamahucheurs, trois muids & demi de foutre, ce qui auroit donné la vie à trente mille enfans, en ſuppoſant que ſur tous les coups il n’y eut qu’un neuvième qui portât.

O mauvais citoyens ! ceſſez, ceſſez ce jeu exécrable, foutez mes amis, foutez & peuplez, c’eſt le grand objet de la nature.



CHAPITRE VIe. et dernier.

De quelques autres abus qui nuisent à la
poputation
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1o. Nuisent à la population tous ceux qui uſent de rédingottes à l’anglaiſe, c’eſt-à-dire, de gondons, ou boyau de bœuf, dans lequel ils enchaſſent leur vit avant de l’introduire dans le con ; mais le mal n’eſt pas grand, comme c’eſt contre les cons vérolés ou ſoupçonnés de chaude-piſſes, que l’on prend cette précaution, l’enfant qui en ſeroit venu auroit été peut-être à charge à la ſociété.

2o. Il faut auſſi réputer mauvais citoyens tous ceux qui déchargent dehors, c’eſt ordinairement la faute des femmes, qui ayant deux ou trois enfans n’en veulent plus faire, & qui, dans la crainte que leurs maris n’aillent au bordel, les ſoulagent par cet exercice. Cette ſecte s’étend tous les jours ſur-tout parmi les bourgeoiſes ; il eſt eſſentiel d’y pourvoir, je ne ſache d’autre moyen que des primes pour la naiſſance des enfans.

3o. Ceux qui ont adopté la poſture inverſe, c’eſt-à-dire, qui font monter les femmes ſur eux, ne font point d’enfans, parce que dans cette attitude, la nature eſt contrariée.

Il n’eſt pas encore décidé ſi ceux qui foutent en lévrette nuiſent à la population. Il faudroit faire examiner la choſe à fond par les caſuites & phyſiciens, & prohiber ou autoriſer cette poſture s’il y avoit lieu.

4o. Les femmes qui ſe branlent le clitoris avec le doigt pendant qu’on les fout, ſont ſujettes à ne point faire d’enfans, On pourroit autoriſer les hommes à les ſouffleter lorſqu’ils s’en appercevroient, d’autant que pluſieurs livres de chirurgie établiſſent qu’un ſoufflet donné au moment de l’éjaculation peut faire retenir, c’eſt-à-dire, cauſer une ſympathie à la matrice, d’après laquelle la femme conçoit plus facilement.

5o. Ceux qui perdent leur temps à foutre des femmes groſſes, font deux mauvaiſes actions ; ils dépeuplent, & il peuvent tuer le germe que la femme porte en ſon ſein. Je crois qu’il faudroit permettre aux hommes, dont les femmes ſont groſſes, de prendre une concubine au troiſième mois, laquelle ils quitteroient dès qu’elle ſeroit enceinte pour en prendre une autre ; les enfans de celle-ci ſeroient bâtards, ſans doute, mais l’Etat les adopteroit, & au lieu d’avoir des Suiſſes, des Allemands à notre ſervice, nous compoſerions un corps de troupes qui pourroit devenir l’élite de nos armées.

Conclusion.

Voilà mes doléances, elles ne reſſemblent en rien à celles qui ſont contenues dans les cahiers des bailliages, mais elles ne ſont pas moins intéreſſantes, puiſqu’elles touchent au point eſſentiel du bonheur & de la population. On y aura égard, ou on s’en foutera aux états-généraux, je m’en fouterai auſſi, moi ; car ſi je n’ai pas fait de bien en les publiant, je n’aurai pas fait de mal. Je n’apprends rien à perſonne, & je ne ſerai pas cauſe qu’on pendra des miniſtres & des intendans.

Peut-être en foutera-t-on quelques coups de plus, eh, tant mieux ! Quand les enfant pleurent ou ſe fâche, il leur faut des hochets.


FIN.

  1. La sinistre décence