Encyclopédie méthodique/Artillerie/Arbalete

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Panckoucke (p. 13).

ARBALÈTE, arme de trait. C’est en quelque sorte un arc composé, portant plus loin & plus juste qu'un arc simple. Elle étoit principalement composée d'un arc en acier, monté sur un fût en bois appelé arbrier, d'une corde, d'une noix & d'une détente. Il falloit un grand effort pour la bander : ce qui avoit lieu au moyen d'un levier en fer ou d'un tourniquet, &c.

Il y avoit différentes fortes d'arbalètes, par rapport à leur forme, à leurs proportions & à la manière de les bander. L'arc des arbalètes de main avoit depuis 0 met. 64 (2 pieds) jusqu'à 1 met. 13 (3 pieds 6 pouces) de longueur ; mais celles destinées à la défense des places avoient jusqu'à 4 met. 86 (15 pieds). (Voyez le mot Ribandequin.)

On en faisoit usage à la guerre & à la chasse. Il paroit qu'elles n'étoient pas connues des peuples de l'antiquité, quoiqu'ils en eussent le type dans la baliste, & l'on ne sait pas l'époque où l'on a commencé à en faire usage en France ; mais il est fait mention d'arbalétriers dans la vie de Louis-le-Gros, mort en 1137.

Les traits quon lançoit avec les arbalètes à main, ne différoient guère de ceux qui servoient pour les arcs. On lançoit aussi des cailloux, des balles en plomb & en fer, avec des arbalètes qu'on appeloit à jalet.

L'usage des arbalètes se conserva encore longtemps après l'invention des arquebuses, même lorsqu'elles eurent été perfectionnées & rendues plus maniables qu'elles ne l’étoient dans l'origine. Ce ne fut que vers la fin du seizième siècle que cette arme fut entièrement abandonnée en France. L'ignorance de ces temps, dans les arts mécaniques, fut cause qu'on ne reconnut pas alors la supériorité des armes à feu sur celles dont on faisoit usage. « Montaigne a dit que les armes à feu sont de si peu d’effet, sauf l'étonnement des oreilles, à quoi chacun est désormais apprivoisé, qu'il efpère qu'on en quittera l'usage. »