Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Escrime/Garde (escrime)

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Panckoucke (1p. 302-306).

GARDE (être en), c’est être (dans une attitjude pufn avantageufe pour fe défendre que pour attaquer, (fig. 2 & 3). Voyez Escrime.

Il y a deux façons de se mettre en garde, qui font la ZTLtde ordinaire ou gzrdebaffei & la garde haute. %e% fe pratiquent tontes deux fuivànt les différentes occasions.

Garde haute, C’est celle où l’on tient le poignet plus haut que la pointe.

Façons de se mettre en garde.

i°. Vous placerez le bras gauche, les pieds & le corps, comme il est enseigné dans la garde ordinaire ; 2*. vous lèverez le bras droit, & mettrez le poignet à la hauteur du nœud de répaule ; 3^’vous pourrez faire defcendre la pointe de votre épée juf<)u*au niveaji dç Ifi çeintur^, & jamais


plus ; mais il est mieux de la tenir entre l’épaule & la ceinture.

Garde ordinaire. Cest celle où le poignet est plus bas que la pointe.

Façon de se mettre en cette garde.

i°. Tournez la tête & le pied droit en face de l’ennemi ; 2*. portez le talon gauche à deux longueurs de pieds de distance du talon droit ; 3°. mettez le pied gauche perpendiculaire au droit ; 4°. alignez les pieds de sorte que le droit puisse passer derrière le talon gauche, sans laisser d’intervalle ; 5°. alignez les épaules sur le pied droit, ou ce qui est le même, mettez les perpendiculaires au pied gauche ; 6°. pliez le jarret gauche en avançant le genou, jusqu'à ce qu’il soit sur l’aplomb du bout de son pied (ceux qui ont le pied petit, peuvent un peu passer cet à-plomb) ; 7°. portez tout le corps sur le jarret gauche, & enfoncez-le dans les hanches ; 8°. étendez le genou droit sans le roidir, au contraire il faut en avoir l’articulation flexible ; 9°. posez le tronc du corps bien à-plomb, & ne tendez ni le ventre ni le derrière ; 10°. levez le bras gauche, & arrondissez-le en sorte que la naissance de la main soit au niveau & vis-à-vis le nœud de l’épaule, & la distance de la naissance de la main à ce nœud doit être de la longueur de l'humerus ; 11°. levez le coude à la hauteur de l’œil, pour diminuer le poids du bras ; 12°. avancez la main droite jusqu’à ce que le pouce soit sur l’aplomb du bout de son pied. 13°. tournez la main droite de façon que le plat de la lame fasse un angle de 45 degrés avec l’horison ; 14°. mettez le pommeau à hauteur de la ceinture ; 15°. tenez la pointe de votre épée à hauteur du nœud de l’épaule, & jamais plus. Nota. Que les jointures de votre bras soient souples, sans être trop pliées.

Garde basse, & parade de la main gauche en baissant.

Ceux qui se mettent dans cette garde, ont ordinairement le poignet bas, tenant leur épée droite à côté de la cuisse, la pointe en avant, présentant tout-à-fait l'épaule gauche & le corps à découvert, négligeant de parer de leur épée pour parer de la main gauche, en baissant & jettant de côté les coups qu’on leur tire en ripostant de même temps que le coup est paré, la main gauche opposée.

Pour combattre cette garde.

Etant bien en garde & entrant en mesure, je fais faire une feinte haute, la main tournée quarte, le corps bien en arrière & la hanche droite cavée ; l’ennemi venant à parer de la main gauche en baissant le coup pour le jetter à côté de lui, je fais dans le même temps baisser la pointe, la dégageant subtilement par-dessus le bras gauche, & tirer ferme droit de tierce au-dedans des armes, en retournant les ongles en-dessous, le coup bien soutenu sur la poitrine au-dessus du bras gauche, en opposant la main à sa lame dans le principe qu’il est dit, page 39, crainte d’être frappé de même temps, puis redoubler sans dégager, la main gauche toujours opposée.

Garde de l’épée au poignard, avec parade en relevant les coups de la main gauche par-dessus l’épaule, soit du poignard, soit d’une canne tenue par le milieu, ou de la main gauche sans poignard ni canne.

Dans cette garde, ils ont la tierce entièrement effacée, le corps au milieu des deux jambes, les jarrets pliés, la main droite tournée quarte, le bras étendu tenant l’épée droite, la pointe en avant & un peu plus basse que le poignet, la main gauche abaissée à la hauteur de la ceinture, tenant le poignard la pointe penchée sur le pliant du bras droit, ou le bout d’une canne tenue par le milieu ; & dans cette attitude, ils ne parent que de la main gauche, du poignard ou de la canne, relevant les coups qu’on leur tire, en les jettant de côté par-dessus l’épaule gauche, & ripostent de leur épée dans le même temps que le coup est paré. (Voyez fig. 41 & 42).

Pour combattre la parade de la main gauche en relevant.

Pour combattre la garde de l’épée au poignard, en entrant en mesure sur l’ennemi, je fais faire une feinte ou une demi-botte de quarte haute, le corps en arrière sur la partie gauche ; & lorsqu’il va à la parade pour jetter le coup par dessus l’épaule, avec la main gauche, le poignard ou la canne, & riposter, je fais dégager en même temps la pointe de l’épée, faisant le tour du bras par-dessous, & tirer ferme dans le milieu de la poitrine au-dedans des armes, la main la première & tournée de quarte bien soutenue dessous son bras gauche, dont il a manqué la parade, en opposant la main gauche comme il est dit page 39, en tirant le coup, puis redoubler du corps repris.

Garde de ceux qui tiennent leur épée à deux mains.

Ils ont le genou gauche tendu & le genou droit plié ; ils tiennent leur épée à deux mains, les bras en avant au-dessus du genou droit, à la hauteur de la ceinture de la culotte, avec la pointe haute ; & dans cette attitude ils parent ferme de tierce & de quarte, & lorsqu’ils veulent riposter, ils quittent l’épée de la main gauche pour tirer les coups de la main droite, comme nous tirons ordinairement.

Pour combattre cette garde.

Entrant en mesure, je fais faire une feinte à la tête de la pointe de l’épée, ou une demi-botte ; & l’ennemi venant à la parade, je fais dégager subtilement de quarte, le poignet à la hauteur de l’épaule, le corps en arrière sur la partie gauche, comme pour achever le coup de quarte sur la poitrine, ou ne manquant pas de parer ferme des deux mains, & même de faire un battement d’épée, en quittant l’épée de la main gauche pour riposter


de quarte droite dans les armes de la main droite, il faut parer sec & quitter sa lame en lui tirant le coup de quarte coupé sous la ligne du bras dans le principe, & redoubler de tierce à fond, faisant suivre le pied gauche, ensuite de seconde, puis faire retraite.

Garde italienne ordinaire.

Ils ont le poignet droit élevé à la hauteur des épaules, & l’épée tournée demi-quarte avec le bras plié, présentant la pointe vis-à vis le bas-ventre, les deux genoux pliés & le corps droit au milieu de leurs deux jambes, ils ont les mouvements vîtes, & tirent volontiers sur les temps, & même se fervent de la parade de la main gauche ; de sorte que ce jeu est fort embarrassant.

Pour combattre la garde italienne.

Je fais attaquer cette garde hors de mesure par des appels du pied & des demi-bottes de loin, en serrant le pied gauche derrière le pied droit, le corps en arrière & entièrement porté sur la partie gauche, pour être en état de parer ferme d’une parade sèche & courte, & lorsque l’ennemi vient à tirer sur les temps, je fais parer ferme d’une parade sèche & courte, & riposter du fort au foible le long de la lame, la main la première, opposant la main gauche en avançant dans le même temps de la parade, ayant le poignet élevé & le bras étendu, puis redoubler des coups repris, tant au-dedans qu’au dehors des armes, ensuite faire retraite l’épée devant soi.

Garde allemande ordinaire.

Les allemands se mettent en garde, la main tournée les ongles en-dessous & fort élevée, présentant la pointe au bas-ventre de l’ennemi ; ils ont le genou droit plié, & plusieurs ont le jarret gauche tendu, avançant la main gauche au-devant du corps, dont ils parent & ripostent en même temps.

Pour combattre la garde allemande.

Je fais d’abord imiter cette garde hors de mesure & engager la pointe de l’épée au dehors des armes, les ongles tournées en-dessous, faisant de petits appels du pied, serrant imperceptiblement le pied gauche pour entrer en mesure, sans que l’ennemi s’en apperçoive ; & lorsqu’il fait un mouvement pour toucher l’épée dehors des armes, je fais dégager vite par-dessus sa lame, & tirer ferme au-dedans des armes, du fort au foible, le poignet tourné quarte & soutenu en opposant la main gauche, puis redoubler du coup repris de prime sans dégager, toujours la main opposée, & faire retraite en donnant un coup de fouet.

Garde espagnole ordinaire. (fig. 43 & 44).

Les Espagnols se mettent en garde tout droit sur leurs pieds, sans sortir de la mêm place, ils ont des épées fort longues, présentant la pointe à la tête de l’ennemi, le poignet haut, ne parant les coups qu’on leur tire qu’en retirant le corps en arrière & esquivant le pied droit, qu’ils remettent subtilement à côté du pied gauche, en tirant dans le même temps droit aux yeux, étendant le bras droit. Il y en a aussi qui parent de la main gauche, & frappent des coups d’estramaçon sur la tête en s’abandonnant, & ils recevroient le coup de seconde s’il étoît bien tiré vigoureusement dans le principe qu’il est dit.

Pour combattre cette garde.

Il faut être d’abord hors de mesure, & dans la garde expliquée pages 5, 6 & 7 ; n’attaquez que par des demi-bottes & des appels du droit en serrant la mesure.

Parade du coup espagnol tiré aux yeux.

Je fais attaquer, comme il est dît, par des demi-bottes & des appels du pied droit, & lorsqu’il retire le pied droit & le corps en arrière, étendant le bras pour tirer son coup aux yeux, dans le même temps je fais parer d'un battement d’épée ferme & court sur le foible de sa lame avec le fort du tranchant en glissant dessus, & tirant subtilement de quarte droite au-dedans’des armes, du fort au foible » le poignet haut & tourné les ongles en-deflus, avancer fur lui & oppofant la main gauche en la jettant brusquement sur la garde ennemie, redoublant du coup repris de prime sans dégager, & soutenu toujours au-dedans des armes, tenant la garde ou la main gauche opposée à sa lame, dont il ne peut jouir facilement. à cause de l'extrême longueur.

Parade du coup d'estramaçon porté sur la tête.

Je fais attaquer l’Espagnol de la même manière qu'il est dit au coup des yeux, par des appels & es demi-bottes ; & lorsqu’il retire le corps en arrière pour porter les coups d’estramaçon sur la tête, je fais dans le même temps lever le poignet haut, baissant la tête, & opposer le fort du tranchant de l'épée, tenue roide depuis la pointe jusqu’à la garde, en ligne traversante dessous le plongeon, la pointe plus basse que le poignet, puis les ongles tournés en dessous, faisant le plongeon, la pointe plus basse que le poignet, puis avancer sur lui, redoublant du coup de prime, toujours le fort de l'épée opposé à sa lame, ensuite faire retraite l'épée devant soi pour se remettre dans la garde ordinaire. On peut même aller au saisissement d’épée, comme aux passes de tierce & de seconde.

Garde ordinaire des meilleurs espadonneurs.

Ils ont le corps retiré en arrière, la hanche droite extrêmement cavée, les deux talons serrés, c’est-à-dire seulement écartés d'enyiron un demi-pied l’un de l’autre, avec les jarrets pliés, le bras droit tendu & élevé à la hauteur des épaules, la


main tournée tierce les ongles en-dessous, tenant leur épée droite devant eux, présentant la pointe à la mamelle de l’ennemi ; & lorsqu’ils ont à faire contre des pointeurs, ils tirent volontiers les coups de poignet, de jambe, de tête & de ventre, mais principalement ceux de poignet & de jambe. (V. fig. 47).

Garde du pointeur pour combattre l'espadon.

Le pointeur ayant affaire contre un espadonneur, doit avoir le corps en arrière & hors de mesure, l’épée non engagée, le bras droit retiré à soi, la main tournée tierce & la pointe basse à côté du bout du pied droit, sans néanmoins toucher le pied ni la terre, les épaules effacées, la hanche droite bien cavée, les deux jarrets pliés & les deux talons seulement écartés l'un de l’autre de la longueur d’une semelle, afin d’être en état de faire les mouvements nécessaires.

Le pointeur dans cette garde peut encore tenir une canne de sa main gauche, le bras pendant à côté de sa hanche gauche, le bout de ladite canne en avant pour parer les coups de l'espadonneur suivant l’occasion avec la canne, & riposter ferme de l’épée dans le même temps de la parade, droit au corps ou dans le visage, en suivant néanmoins les principes ci-après expliqués.

Coup de poignet d'espadonneur combattu par le pointeur.

Le pointeur dans la garde qu’il est dit, lorsque l'espadonneur vient l’attaquer, doit rompre la mesure en tournant à fur & à mesure qu'il avance, serrant le pied gauche auprès du droit sans qu’il s’en apperçoive, faisant des appels du pied droit & des mouvements d’épaules, les jarrets pliés pour le faire partir, sans néanmoins avancer le bras ni la jambe droite en avant que trés-peu, crainte d’être surpris ; & l’espadonneur venant à détacher le coup de poignet, il faut dans le même temps retirer subtilement le bras & la jambe droite, baissant la main à côté de soi pour esquiver le coup, puis repasser aussitôt la jambe & le bras brusquement ensemble, & tirer de vîtesse le coup de quarte dessus les armes, le poignet partant ferme le premier, & le plus élevé qu’il fera possible, retourné les ongles en-dessus, la pointe au corps ou dans le visage, & redoubler de seconde ou de prime, passant la pointe sous la ligne du bras, les ongles tournés en-dessous, en baissant la tète, faisant le plongeon, la main toujours fort élevée, ensuite faire retraite & se remettre dans la garde ordinaire & hors de mesure.

Coup de jambe ou coup de jarnac combattu par le pointeur.

Le coup de jambe se pare de la même manière que le coup de poignet, en esquivant l’un & l'autre, comme il est dit, à côté de la jambe gauche, l’épée à côté de soi, & riposter pareillement le poignet élevé & ferme sur les pieds.

Observation pour combattre l’espadon avec l’épée.

Le pointeur doit être muni d’une bonne lame, & lorsqu’il aura à faire contre l’espadonneur, que ce soit dans un lieu étroit autant qu’il sera possible ; s’il étoit obligé de le combattre dans quelque lieu spacieux, il doit observer de ne l’attaquer que par des demi-bottes, en tournant autour de lui, comme il est dit, pages 94, 98 & 99. Si l’espadonneur doubloit ou triploit ses coups en avançant, le pointeur feroit retraite, lui marquant de petites feintes, & ripostera à fond, droit au jour, en suivant la lame d’espadon à toutes les occasions. Si l’espadonneur tiroit des coups de pointe, des coups au visage, ou des coups de ventre, le pointeur parera de prime touts lesdits coups dans le principe qu’il est dit page 96, & ripostera à fond droit de prime.

Coup de tête ou coup d’estramaçon combattu par la pointe.

Le pointeur dans sa garde, l’espadonneur venant à tirer le coup de tête, je fais opposer dans le même temps le fort du tranchant de l’épée, tenue ferme depuis la pointe jusqu’à la garde en ligne traversante dessous sa lame, le poignet haut, les ongles en-dessous tournés vis-à-vis lui, avec la pointe un peu plus basse que le poignet, & le coup paré, tirer brusquement de seconde ou de prime, avançant sur lui en faisant le plongeon, la tête basse, puis redoubler sans dégager ni changer de situation, avançant le pied droit & traînant le pied gauche, ensuite faire retraite pour se remettre dans sa garde ordinaire, l’épée non engagée & hors de mesure.

Ce coup se pare aussi en retirant la tête en arrière, esquivant comme à la page 94.

Coup de ventre, coup de visage, & le coup de pointe, combattus, parés & ripostés par le pointeur.

Le pointeur dans la garde opposée à l’espadon & en mesure, lorsque l’espadonneur vient à lui détacher le coup du ventre, coup du visage, ou tirer un coup de pointe, dans le même temps je fais opposer le fort du tranchant de l’épée, tenue ferme depuis la pointe jusqu’à la garde, le poignet au-dessus du front & tourné de prime, les ongles en-dessous avec la pointe basse, le bras étendu, de sorte que la lame couvre tout le devant du corps & du visage, & soit entièrement opposée à l’espadon, ayant même la tête penchée sur l’épaule droite pour regarder l’ennemi en face. Le coup qu’il aura tiré étant paré, lui riposter aussitôt brusquement ferme le long de la lame, la main droite la première comme elle est tournée, & sans dégager, redoubler le coup de prime soutenu au-dedans des armes, en avançant sur lui, faisant suivre le pied gauche après le pied droit, ensuite se


retirer en garde comme il est dit page 93, & hors de mesure.

Autres jeux d’espadon & différentes gardes ; manière de les combattre avec la pointe seule.

Il se trouve des espadonneurs qui se mettent en garde la main tournée tierce, avec la pointe basse, le bras droit étendu à la hauteur de l’épaule, & droits sur leurs jambes.

D’autres se tiennent la pointe de leur espadon haute, le poignet à la hauteur de la hanche & le corps retiré en arrière.

D’autres se tiennent le corps tout à découvert, tenant leur épée droite à la hauteur de l’épaule, la pointe en avant, droits sur leurs jambes & la tierce toute effacée.

Et d’autres se tiennent en garde, le bras droit retiré, la main à la hauteur du flanc gauche, la pointe de leur espadon au dehors de l’épaule gauche, la hanche droite cavée, le jarret gauche tendu, le genou droit plié, & les deux talons écartés l’un de l’autre de la longueur de deux semelles.

Les jeux desdits espadonneurs dont les gardes sont expliquées ci-dessus, sont de faire rouler à tours de bras leur espadon en avançant ou en reculant, faisant de grands mouvements pour avoir plus de force à frapper les coups simples ou coups doublés qu’ils veulent porter, soit du bas en haut, du haut en bas, ou en ligne traversante.

Garde du pointeur pour combattre ces jeux d’espadonneurs.

Le pointeur doit avoir le bras droit pendant à côté de la cuisse, tenant son épée droite, la pointe en avant, les ongles en-dessus, les jarrets pliés, le corps en arrière porté sur la partie gauche, les talons écartés l’un de l’autre au plus de la longueur d’une semelle, & hors de mesure ; dans cette attitude je fais attaquer l’espadonneur comme il est dit, & lorsqu’il tire du bas en haut, le coup esquivé, tirer ferme de quarte coupée dessous les armes, de seconde ou de prime, s’il tire de haut en bas, tirer brusquement le coup de quarte haute, droit au corps ou dans le visage ; après le coup d’espadon esquivé, & s’il tire en ligne traversante, parer comme à la prime & riposter de même prime.

Le pointeur dans cette garde & celle de la prime peut encore, comme il est dit, parer les coups de l’espadonneur avec une canne tenue de la main gauche, & lui riposter ferme, droit au corps ou à la tête dans le même temps de la parade, ou du coup esquivé, suivant l’occasion. Il n’y a point d’espadonneur que cette manière de combattre n’embarrasse fort.

Ruse du pointeur contre l’espadonneur en campagne.

Le pointeur ayant affaire en campagne contre un espadonneur, je fais mouiller un mouchoir dans l’eau & le plier en plusieurs doubles, puis le mettre avec un grand dans le fond du cha— peau ; & l’ayant mis sur sa tête, je fais retirer le bras gauche de la manche de son habit, le bras droit restant dans l’autre manche, & l’envelopper de tout le corps dudit habit, à la réserve des basques qui restent pendantes, pour se garantir le ventre & les jarrets ; ensuite le pointeur se met en garde, le corps bas, avec la main haute & tournée de prime, les ongles en-dessous, la pointe basse & ferme sur ses pieds.

Dans cette garde, je fais attaquer l’espadonneur par des demi-bottes & des appels du pied en tournant autour de lui, & dans le même temps qu’il détache un coup, tirer ferme de prime, la main haute, l’épée oppofée à sa lame, en serrant la mesure, & redoubler plusieurs coups soutenus sans dégager, puis se retirer en garde dans la même attitude.

Ruse du pointeur contre les fléaux brisés, fléaux à battre du grain, & contre les bâtons à deux bouts, armes très-dangereuses, si on ne sçavoit s'en défendre.

Les fléaux brisés sont faits de cinq ou six bâtons, de la longueur d’environ un pied chacun, attachés bout à bout avec de petits chaînons de fer, & y ayant au dernier bout une boule d'acier de la pesanteur d’une demi-livre ; de sorte qu’un homme en peut battre dix avec un fléau brisé ; car étant en train d’aller, il pare des pierres jettées à tour de bras.

Manière de combattre les fléaux & bâtons.

Etant en campagne & ayant malheureusement à faire à ces sortes d’armes, il faut s’éloigner hors de leur portée & ôter son habit, sous prétexte qu’il embarrasse, puis le tenir par le milieu du dos avec la main gauche, toujours reculant l’épée à la main, & dans le temps que le fléau ou le bâton fait le moulinet rapidement, étant à certaine distance y jetter de toutes les forces l’habit dessus ladite arme, qui arrêtera le moulinet, & aussitôt se jetter brusquement sur l'ennemi, pour lui ôter son arme, en lui présentant la pointe de l’épée sur le corps.

Ces armes se combattent encore étant hors de mesure, & que l’on peut avoir un fouet à la main, en allongeant le coup de fouet sur lesdites armes, dans le temps même du moulinet, & pareillement jetant quelque chose de lourd bien attaché au bout d’une corde fine dans le moment du mouvement desdites armes.

Piques, hallebardes, bayonnettes au bout du fusil, grandes fourches & broches de fer combattues par la pointe seule.

Si on étoît obligé d'avoîr affaire à ces sortes d’armes, on se tiendra dans sa garde ordinaire, expliquée page 5 & pages suivantes, en effaçant bien sa tierce, & lorsqu’on viendra à tirer à bras accourci sur lui, je le fais dans le même temps


parer en bandolière avec le fort du tranchant de l'épée, d’un coup ferme depuis la pointe jusqu'à la garde, en raccourcîssant un peu le bras, la main tournée de quarte, les ongles en-dessus, jettant le coup de pique de côté en en-bas, & coulant brusquement aussitôt le pied gauche par derrière le pied droit de la longueur d’une semelle, esquivant le corps en tournant à gauche dans le même temps de la parade, pour avoir plus de force à parer le coup, lequel aussitôt paré, jetter subtilement la main gauche sur ladite arme, le bras tendu pour l’éloigner de soi, avançant sur l’ennemi, en lui présentant la pointe de I’épée sur le corps, tenant toujours ferme ladite arme de la main gauche écartée du corps, & s’il se trouve absolument forcé, tirer le coup de quarte à fond.

Lesdits coups de piques, hallebardes & fourches de fer, peuvent encore se parer de la parade de prime, expliquée, avec la pointe basse, en esquivant le corps, comme il vient d’être dit, & coulant dans le même temps le pied gauche par derrière le pied droit de la longueur d’une semelle, opposant la main gauche dans le principe desdites pages 37 & 59, & le coup paré, jetter subtilement ladite main gauche sur l’arme, le bras étendu ; puis repasser le pied gauche à côté du pied droit, en présentant la pointe sur le corps de l'ennemi, ou lui tirer le long de ladite arme droit de prime.

Pour combattre ceux qui n'ont point appris à tirer des armes.

Il se trouve des personnes qui n'ont jamais appris à tirer des armes, & qui tirent rapidement à bras raccourci, en avançant toujours sur vous sans aucune mesure, ce qui seroit fort dangereux, si on ne sçavoit se garantir ; voici la manière de les combattre : je fais caver la hanche droite extrêmement, le corps bien en arrière, & effacer entièrement la tierce, ayant la main droite à la hauteur de l'épaule, & tournée demi-quarte, présentant la pointe en avant ; & lorsque l’ennemi vient à tirer à bras raccourci, il faut parer ferme en bandolière depuis la hauteur de l’épaule jusques vis-à-vis le bouton de la culotte, du fort de I’épée, tenue roide depuis la pointe jusqu’à la garde, retirant le bras à soi, opposant la main gauche en avançant dans le même temps de la parade, un grand pas sur l'ennemi, ladite main opposée comme à la p. 29, & tirer ferme de quarte droit au corps, ou aller au désarmement de quarte, il faut sur toutes choses, parer de la sorte lesdits jeux en avançant sur eux, la main gauche opposée, attendu qu'ils ne peuvent plus dégager leur épée (Voyez fig. 45 & 46), la manière de combattre ceux qui portent une lanterne sourde.