Encyclopédie méthodique/Physique/ALBERT LE GRAND

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ALBERT LE GRAND a joui pendant sa vie d’une très-grande réputation ; le nombre de ſes élèves fut si grand, à Paris, en 1245, qu’il fut obligé de profeſſer au milieu d’une place publique. On raconte un grand nombre de fables ridicules ſur son compte, que nous paſſerons ſous ſilence. Mais il paroît qu’il compoſa pluſieurs ouvrages ſur l’aſtronomie & ſur la mécanique. On a beaucoup parlé d’un automate de forme humaine, qui prononçoit des mots & qui alloit ouvrir la porte à ceux qui frappoient ; ce qui le fit paſſer pour magicien auprès des ignorans. Cet ouvrage ſurprenant montre qu’il n’a pas eu le ſurnom de Grand, préciſément, parce qu’il vivoit dans un ſiècle où les hommes étoient bien petits, comme l’a dit Voltaire.

Ce ſavant naquit à Lawingen, ſur le Danube ; dans la Souabe, en 1205 ; il entra dans l’ordre de Saint-Dominique, & fut enſuite évêque de Ratisbonne : le pape Alexandre IV, le nomma encore maître du ſacré Palais. Mais dégouté des honneurs, il renonça à ſes dignités & retourna dans le cloître. Il mourut en 1280, à l’âge de 77 ans. La collection de ſes ouvrages eſt étonnante ; elle forme 21 gros volumes in-folio, dont la plus grande partie eſt pleine des ſubtilités ſcolaſtiques de la philoſophie d’Ariſtote, ou plutôt de celle des péripatéticiens. On trouve bien peu de bonnes choſes dans ſon ouvrage de mirabilibus : on lui attribue le traité de natura rerum, & celui de ſecretis mùlierum, dans lequel il développe l’art des accouchemens. Voyez l’article Agrippa dans ce dictionnaire.