Enfance (trad. Bienstock)/Chapitre 28

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Traduction par J.-Wladimir Bienstock.
L'Enfance, L'AdolescenceStockŒuvres complètes, volume 1 (p. 174-188).


XXVIII


DERNIERS SOUVENIRS TRISTES


Maman n’était plus, mais notre vie marchait toujours de la même façon : nous nous couchions et nous levions aux mêmes heures, dans la même chambre ; le thé du matin et du soir, le dîner et le souper, tout était comme à l’ordinaire ; les tables, les chaises étaient aux mêmes places, rien dans la maison ni dans le train de la vie n’était changé ; elle seule manquait…

Il me semblait qu’après un tel malheur tout dût changer. Notre train de vie accoutumé me semblait un outrage à sa mémoire, et me rappelait trop vivement son absence.

La veille de l’enterrement, après le dîner, j’avais envie de dormir et suis allé dans la chambre de Natalia Savichna, comptant m’installer sur son lit, sur la douce couette de plume, sous les chaudes couvertures ouatées. Quand j’entrai, Natalia Savichna était sur son lit et dormait sans doute. Au bruit de mes pas elle se souleva, rejeta le châle de laine qui couvrait son visage pour le garantir des mouches, et rajustant son bonnet, elle s’assit en haut du lit.

Comme il m’arrivait souvent, même autrefois, de venir dormir dans sa chambre après le dîner, elle devina pourquoi j’étais là et me dit en se levant du lit :

— Quoi, vous êtes sans doute venu vous reposer, mon pigeon ? Couchez-vous.

— Qu’avez-vous, Natalia Savichna, — dis-je en la retenant par la main. — Je ne suis pas venu pour cela… Je suis venu comme ça… Mais vous êtes fatiguée, couchez-vous plutôt.

— Non, mon petit père, j’ai déjà assez dormi, – fit-elle. (Je savais qu’elle n’avait pas dormi depuis trois jours.) — Et ce n’est pas le moment de dormir, — ajouta-t-elle avec un profond soupir.

Je voulais causer à Natalia Savichna de notre malheur, je connaissais sa sincérité et son affection, et c’est pourquoi, pleurer avec elle était pour moi un soulagement.

— Natalia Savichna, — dis-je après un court silence et en m’asseyant sur le lit, — vous y attendiez-vous ?

La vieille me regarda avec anxiété et étonnement ; elle ne comprenait pas sans doute le pourquoi de cette question.

— Qui pouvait s’y attendre ? — continuai-je.

— Ah ! mon petit père, — fit-elle en me jetant un doux regard d’attendrissement, — non seulement s’y attendre, mais même maintenant je n’y puis penser. Je suis déjà vieille, il y a déjà longtemps que mes vieux os demandent le repos ; et voilà jusqu’où je suis venue : le vieux maître, votre grand-père, d’éternelle mémoire, le prince Nikolaï Mikhaïlovitch, ses deux frères, sa sœur Annouchka, je les ai tous enterrés, et tous étaient plus jeunes que moi. Et maintenant, pour mes péchés, voilà que je lui survis. C’est sa sainte volonté ! Il l’a prise chez lui parce qu’elle en était digne, là-bas il ne veut que les bons.

Cette idée simple m’apporta quelque consolation et je me rapprochai de Natalia Savichna. Elle avait croisé ses bras sur sa poitrine et levait ses regards. Ses yeux creusés, humides, exprimaient une tristesse profonde, mais calme. Elle espérait fermement que Dieu ne la séparerait pas pour longtemps de celle sur qui, pendant de longues années, s’étaient concentrées les forces de son amour.

— Oui, mon petit père, je me demande, y a-t-il longtemps que je l’emmaillotais et qu’elle m’appelait Nacha. Elle aimait accourir vers moi, m’enlaçant de ses petits bras, et elle m’embrassait et balbutiait : « Ma Nacha, ma petite poule. » Et moi je répondais en plaisantant : « C’est pas vrai, ma petite mère, vous ne m’aimez pas, et aussitôt que vous serez grande, vous vous marierez et oublierez votre Nacha. » Elle se mettait à réfléchir : « Non, disait-elle, j’aime mieux ne pas me marier si l’on ne me permet pas de prendre ma Nacha avec moi ; je ne te quitterai jamais, Nacha. » Et voilà, elle m’a quittée, elle ne m’a pas attendue. Et elle m’aimait, la défunte ! Ah ! mon Dieu, qui n’aimait-elle pas ! Oui, mon petit père, il ne faut pas oublier votre maman, ce n’était pas une femme, mais un ange du ciel. Quand son âme sera dans le royaume de Dieu, même là-bas, elle vous aimera et se réjouira à cause de vous.

— Natalia Savichna, pourquoi donc dites-vous : quand elle sera dans le royaume de Dieu ? — demandai-je. — Je crois qu’elle y est déjà.

— Non, mon petit père, — répondit Natalia Savichna en baissant la voix et en se rasseyant tout près de moi sur le lit, — maintenant, son âme est ici.

Et elle montrait en haut. Elle parlait presque en chuchotant et avec un tel sentiment de conviction, qu’involontairement je levai les yeux et regardai les corniches du plafond en y cherchant quelque chose.

— Avant que l’âme du juste aille en Paradis, elle subit quarante épreuves, mon petit père, et pendant quarante jours elle peut rester dans sa maison.

Longtemps encore elle parla sur ce ton, avec simplicité et conviction, comme si elle racontait les choses les plus ordinaires, qu’elle eût vues elle-même, et au sujet desquelles ne pouvait venir en tête de personne le moindre doute.

Je l’écoutais, retenant mon souffle, et bien que ne comprenant pas tout ce qu’elle disait, je le crus indubitablement.

— Oui, mon petit père, maintenant elle est ici, elle nous regarde, elle écoute peut-être ce que nous disons, — conclut Nathalie Savichna.

Et baissant la tête elle se tut. Ayant besoin d’un mouchoir pour essuyer ses larmes qui coulaient, elle se leva, me regarda droit dans les yeux et dit d’une voix tremblante d’émotion :

— Par ce coup-là, le Seigneur m’a rapprochée de beaucoup de pas vers lui. Que me reste-t-il à faire ici ? Pour qui vivre, qui aimer ?

— Et nous, est-ce que vous ne nous aimez pas ? — dis-je d’un ton de reproche et en retenant à grand’peine mes larmes.

— Dieu sait combien je vous aime, mes petits pigeons, mais je ne puis aimer personne autant que je l’aimais.

Elle ne put en dire d’avantage, et se détournant, elle éclata en sanglots.

Je ne songeais plus à dormir ; assis en silence, côte à côte, nous pleurâmes.

Foka entra dans la chambre. En nous apercevant ainsi, ne voulant pas sans doute nous troubler, il s’arrêta près de la porte et resta silencieux et craintif.

— Que veux-tu, Foka ? — demanda Natalia Savichna en s’essuyant avec le mouchoir.

— Il me faut un litre et demi de malaga, quatre livres de sucre et trois livres de riz pour la koutia[1].

— Tout de suite, tout de suite, petit père, — dit Natalia Savichna en prenant hâtivement une prise de tabac ; et en trottinant, elle se dirigea vers le coffre. Les dernières traces de douleur ravivée par notre conversation, disparurent dès qu’elle s’occupa de son service qu’elle croyait très important.

— Pourquoi quatre livres ? — fit-elle en grognant, tandis qu’elle mettait le sucre sur la balance ; trois livres et demie suffiront ; et du plateau, elle enleva quelques morceaux. — Que signifie cela ? Rien qu’hier on a pris huit livres de riz et ils en redemandent. Tout ce que tu voudras, Foka Demiditch, je ne donnerai pas de riz. Ce Vanka est content que toute la maison soit sens dessus-dessous, il pense qu’on ne fera peut-être pas attention. Non, je ne laisserai pas gaspiller le bien des maîtres. A-t-on jamais vu cela, huit livres !

— Qu’y faire ? Il dit que tout est mangé.

— C’est bon, c’est bon. Tiens, voilà, qu’il prenne.

Je fus frappé, alors, de ce passage du sentiment ému qu’elle avait montré avec moi, à ces grogneries et à ces chipoteries mesquines. Plus tard, en y réfléchissant, je compris que ce qui se passait en son âme, lui laissait encore assez de présence d’esprit pour s’occuper de son service, et que la force de l’habitude l’entraînait à ses occupations coutumières. Elle était si sincèrement empoignée par la douleur, qu’elle ne trouvait pas nécessaire de cacher qu’elle pût s’occuper de choses indifférentes, elle n’eût même pas compris qu’on pût avoir une telle idée.

La vanité est le sentiment le plus incompatible avec la vraie douleur, et en même temps, ce sentiment est si bien enraciné dans la nature de l’homme, qu’il n’arrive que rarement qu’une douleur plus forte le chasse. La vanité de la douleur s’exprime par le désir de paraître ou attristé, ou malheureux, ou courageux, et ce sentiment mesquin que nous ne nous avouons pas, mais qui ne nous abandonne presque jamais, même dans la douleur la plus vive, la prive de force, de dignité et de sincérité. Mais Natalia Savichna était si profondément frappée de son malheur qu’en son âme ne restait pas un seul désir, et elle ne vivait plus que par l’habitude.

Ayant donné à Foka les provisions qu’il demandait et lui ayant rappelé qu’il fallait préparer un gâteau pour la table du clergé, elle le laissa, prit son tricot et de nouveau s’assit près de moi.

La conversation recommença sur le même thème, de nouveau nous pleurâmes ensemble, de nouveau nous essuyâmes nos larmes. Ces conversations avec Natalia Savichna se renouvelèrent chaque jour ; ses douces larmes et ses paroles calmes, pieuses, me faisaient du bien et me consolaient.

Mais bientôt on nous sépara : trois jours après l’enterrement, nous partions tous pour Moscou, et je ne devais plus jamais la revoir.

Grand’mère n’apprit la terrible nouvelle qu’à notre arrivée et sa douleur fut tout à fait atroce. On ne nous laissa pas chez elle, parce que, pendant toute une semaine, elle fut sans conscience, et le médecin craignait pour sa vie, d’autant plus qu’elle ne voulait accepter aucun remède, ne parlait à personne, ne dormait pas, et ne prenait aucune nourriture.

Parfois, assise seule dans sa chambre, dans son fauteuil, spontanément elle éclatait de rire, ensuite sanglotait sans verser de larmes, et avait enfin des convulsions et poussait des cris forcenés ou prononçait des paroles insensées ou effroyables. C’était la première grande douleur qui la frappait, et cette douleur l’anéantissait. Elle éprouvait le besoin d’imputer ce malheur à quelqu’un, et elle prononçait des paroles terribles, menaçantes ; parfois, avec une force extraordinaire, se levant de son fauteuil à grands pas, elle marchait rapidement dans la chambre, puis tombait en syncope.

Une fois, j’entrai dans sa chambre : elle était assise, comme à l’ordinaire dans son fauteuil et semblait tranquille, mais son regard me frappa. Ses yeux étaient grands ouverts, mais son regard était vague, hébété. Elle me regardait en face, mais probablement sans me voir. Ses lèvres commencèrent à sourire et elle parla d’une voix douce, tendre : « Viens ici, mon cher ami, approche-toi, mon ange. » Je crus qu’elle s’adressait à moi et m’approchai, mais elle ne me regardait pas : « Ah ! si tu savais, mon âme, comme je me suis tourmentée, et comme je suis heureuse que tu sois venue ! »

Je compris qu’elle s’imaginait voir maman et je m’arrêtai : « Et l’on me dit que tu n’es plus — continua-t-elle en fronçant les sourcils, — quelle sottise ! Peux-tu mourir avant moi ? » Et elle éclata d’un rire nerveux, effrayant.

Seules, les personnes capables d’aimer fortement peuvent éprouver une douleur forte, mais ce même besoin d’aimer sert de contre-poids à la douleur et la guérit. C’est pourquoi la nature morale de l’homme est encore plus vivace que sa nature physique : la douleur ne le tue jamais.

Une semaine plus tard, grand’mère put pleurer et se sentit mieux. Sa première pensée, quand elle retrouva la conscience, fut pour nous, et son amour pour nous s’accrut. Nous ne quittions pas son fauteuil, elle pleurait doucement, parlait de maman et nous caressait tendrement.

En voyant la douleur de grand’mère, il ne pouvait venir en tête à personne qu’elle l’exagérait, et l’expression de cette douleur était fort touchante ; mais je ne sais pourquoi je sympathisais plus à celle de Natalia Savichna et jusqu’à ce jour je suis convaincu que personne ne l’aima aussi franchement et purement et ne regretta autant maman que cette créature simple et aimante.

Avec la mort de maman, finit l’heureuse période de mon enfance et commence une nouvelle, celle de l’adolescence. Mais comme mes souvenirs sur Natalia Savichna, que je ne revis plus et qui avait eu une influence si forte et si heureuse sur la direction et le développement de ma sensibilité, appartiennent à cette première période, je dirai encore quelques mots sur elle et sur sa mort.

Après notre départ, comme me l’ont raconté les domestiques restés à la campagne, elle s’ennuya beaucoup de n’avoir plus rien à faire, bien que tous les coffres fussent entre ses mains et qu’elle ne cessât d’y fouiller, de ranger, de peser, de compter ; mais il lui manquait le bruit et le mouvement d’une maison seigneuriale et des maîtres auxquels, depuis l’enfance, elle était habituée. Le chagrin, le changement de vie, et l’absence de bruit et de mouvement autour d’elle, développèrent bientôt la maladie sénile à laquelle elle était prédisposée. Juste un an après la mort de maman, chez elle se déclara l’hydropisie, et elle garda le lit.

Je m’imagine comme ce devait être dur pour Natalia Savichna, et surtout de mourir seule, dans la grande maison déserte de Petrovskoié, sans parents, sans amis. Tous dans la maison aimaient et respectaient Natalia Savichna, mais elle n’était intime avec personne et en était fière.

Elle avait pensé que dans sa position de femme de charge qui jouit de la confiance de ses maîtres et qui a tant de coffres pleins de toutes sortes de choses, l’amitié pour quelqu’un la conduirait infailliblement à la partialité et à une indulgence coupable. C’est pour cela ou peut-être parce qu’elle n’avait aucune affinité avec les autres domestiques, qu’elle se tenait à part de tous et disait qu’elle n’avait à la maison ni compère, ni parent et qu’elle ne permettrait à personne de gaspiller le bien des maîtres.

En confiant à Dieu, en de ferventes prières, ses sentiments, elle cherchait et trouvait la consolation. Mais parfois, dans les moments de faiblesse auxquels nous sommes tous sujets, quand la meilleure consolation est la sympathie ou les larmes d’une créature vivante, elle mettait sur son lit son petit chien (qui léchait ses mains en fixant sur elle ses yeux jaunes) lui parlait, et pleurait doucement en le caressant.

Quand le carlin commençait à gémir tristement, elle s’efforçait de le tranquilliser en disant : « Assez, assez, je sais sans toi que je mourrai bientôt. »

Un mois avant sa mort, elle sortit de son coffre de la cretonne et de la mousseline blanches, des rubans roses, et avec l’aide d’une servante, elle se fit une robe blanche et un bonnet et prépara, dans les moindres détails, tout ce qui était nécessaire pour ses funérailles. Ensuite elle s’occupa des coffres des maîtres, en fit avec le plus grand soin l’inventaire et le remit à la gérante. Puis, elle fit sortir deux robes de soie, un vieux châle, que jadis lui avait donnés grand’mère, l’uniforme de grand-père brodé d’or et qui était aussi sa propriété. Grâce à ses soins les galons et les broderies de l’uniforme étaient tout à fait frais, et les mites n’avaient pas touché le drap. Avant de mourir elle exprima le désir qu’une de ses robes, la rose, fût donnée à Volodia pour faire une robe de chambre ou un bechmète[2] ; l’autre, la robe puce à carreaux, m’était donnée pour le même usage ; le châle à Lubotchka.

Elle laissait l’uniforme à celui de nous deux qui le premier serait officier. Tout le reste de ce qu’elle possédait et l’argent, sauf quarante roubles destinés aux frais de son enterrement et aux messes, revenait à son frère.

Son frère, affranchi depuis longtemps, vivait dans une province lointaine et menait la vie la plus dépravée ; c’est pourquoi elle n’avait aucune relation avec lui.

Quand le frère de Natalia Savichna se présenta pour recevoir l’héritage de la défunte, il ne trouva que vingt-cinq roubles en papier. Il ne pouvait y croire ; il cria qu’il n’était pas possible qu’une vieille femme qui avait vécu soixante ans dans une riche famille, ayant tout entre les mains, et vivant avec parcimonie, tremblant pour chaque guenille, ne laissât pas davantage après sa mort. Mais c’était réellement ainsi.

Natalia Savichna fut malade deux mois et supporta ses souffrances avec une patience vraiment chrétienne : elle ne murmurait pas, ne se plaignait pas, et seulement par habitude, invoquait sans cesse Dieu. Une heure avant de mourir, elle se confessa avec joie et tranquillité, communia et reçut l’extrême-onction.

À tous les gens de la maison elle demanda pardon des offenses qu’elle avait pu leur faire, et pria son directeur de conscience, le père Vassili, de dire à nous tous qu’elle ne savait comment nous remercier pour notre bonté et nous demandait de lui pardonner si par bêtise elle avait attristé quelqu’un de nous, « mais je ne fus jamais voleuse, et ne m’appropriai pas un fil appartenant aux maîtres. » C’était la seule qualité qu’elle appréciait en elle.

Ayant mis la robe et le bonnet préparés, elle s’accouda sur l’oreiller, jusqu’à la fin, elle ne cessa de parler avec le prêtre, et se rappelant qu’elle n’avait rien laissé aux pauvres, elle prit dix roubles et demanda de les distribuer à la paroisse. Ensuite elle fit le signe de la croix, se coucha, et respira une dernière fois en prononçant, avec un sourire joyeux, le nom de Dieu.

Elle quittait la vie sans regret, elle n’avait pas peur de la mort et la reçut comme un bien. On dit souvent cela, mais comme c’est rare dans la réalité ! Natalia Savichna pouvait ne pas avoir peur de la mort parce qu’elle mourait avec une foi inébranlable, et ayant rempli la loi de l’évangile : toute sa vie fut amour pur, désintéressement et sacrifice.

Que dis-je ? Si avec des croyances plus élevées sa vie pouvait être dirigée vers un but supérieur, est-ce que cette âme pure, par cela même est moins digne d’affection et d’admiration ?

Elle a accompli l’œuvre la meilleure, la plus haute en cette vie — elle est morte sans regret et sans peur.

Selon son désir elle fut ensevelie non loin de la chapelle élevée sur la tombe de maman. Le petit tertre, envahi d’orties et de bardanes, sous lequel repose son corps, est entouré d’une grille noire, et en quittant la chapelle, jamais je n’oublie de m’approcher de cette grille et de m’incliner jusqu’à terre.

Parfois, je m’arrête silencieusement entre la chapelle et la grille noire. Dans mon âme s’élève de nouveau un souvenir pénible, et il me vient cette pensée : la Providence ne m’a-t-elle uni à ces deux êtres que pour me les faire regretter éternellement ?…

  1. Mets russe, qui se sert après les enterrements. (Note du traducteur.)
  2. Partie du vêtement de quelques peuplades du Caucase.