Examen critique de la soi-disant réfutation/13

La bibliothèque libre.

XIII


Page 81 : Entrons maintenant dans quelques détails. À propos des affaires des MM. de Saint Sulpice avec Mgr . l’évêque de Montréal. — Vous auriez mieux dit M. L. e. l. r., en mettant : À propos des affaires de Mgr  de Montréal, avec les MM. de St. Sulpice, ça fait une nuance… mais passons ! Avec vous au reste, moins de quatre pages vont élucider, arranger, trancher à tout jamais ces légers débats qui pourtant durent toujours. — …je continue donc à vous citer, M. L., e. l. r., vous dites à M. Dess. : vous avouez, que, dans le principe, Mgr . avait parfaitement raison d’exiger ce qu’il érigeait ; tout ce dont vous le blâmez c’est d’avoir persévéramment tenu a employer les moyens les plus propres à obtenir complète satisfaction. — Mais, M. L., e. l. r., si M. Dessaulles trouve que Mgr . avait droit en principe, est-ce qu’à votre avis il doit trouver en même temps, que S. G., eut dû prendre les moyens les plus propres à lui faire manquer son affaire ?… — Passons toujours !…

Si vous étiez un homme de loi de quelque valeur… C’est toujours M. L. e. l. r., qui parle à M. Dessaulles ; on sait pourtant que M. Dessaulles depuis nombre d’années, est praticien en matière de loi ; qu’est-ce qui sait ce qu’est M. L. e. l. r., qui se permet ici de prendre là-dessus son homme à partie ?… — …vous comprendriez que quiconque a droit a la fin, à par là-même droit aux moyens d’arriver à cette fin. — C’est clair, un enfant sait que, qui veut la fin, veut les moyens ; mais ça veut-il dire en morale, que la fin justifie toujours les moyens ?

Vous répliquez que Mgr . de Montréal a pris de mauvais moyens pour se réintégrer dans ses droits d’Évêque ; … — Vous voyez, M. L. e. l. r., que M. Dessaulles parait entendre lui, mieux que vous que la fin ne justifie pas toujours les moyens. — Il ne m’appartient pas, à moi, laïque, de prétendre aller au fond de cette question, et de juger Mgr . de Montréal ; il est vrai cependant qu’à l’appui de ses avancés, sur ce que les congrégations romaines auraient condamné les moyens employés par Mgr . de Montréal, et sur quoi Mgr . n’aurait pas voulu céder, M. Dessaulles invoque, dites-vous, comme c’est le cas en effet, une lettre que Mgr . l’Archevêque de Québec, écrivait l’automne dernier, d’où M. Dessaulles conclut que Mgr . de Montréal, cherche des « faux fuyants, » pour éluder les décrets de Rome, et que la soumission avec laquelle il semble les recevoir n’est ni « franche, » ni « loyale, » ni « complète. »

Et vous ne niez pas, dites-vous, vous, M. L. e. l. r, que Mgr . l’Archevêque de Québec, a paru dire ce que rappelle-là M. Dessaulles. Seulement vous ajoutez que : l’accusation portée contre son vénérable collègue, serait si grave et si dénuée de fondement, qu’il n’est pas possible de croire, que telle eut été l’intention de Mgr . de Québec. Et vous ajoutez : qu’il aurait en grand tort d’imputer des faux fuyants à Mgr . de Montréal, puisque selon vous, les décisions de Rome sont toutes en faveur de ce dernier.

S’il en était comme vous affirmez ici si carrément, M. L., e. l. r., comment les choses ne seraient elles pas terminées depuis longtemps ? À qui ferez vous croire que tout est terminé, en faveur de Mgr . de Montréal, lorsque les voyages à Rome se succèdent sans interruption[1] ? Ignorez vous que c’est la réflexion que l’on fait partout ? Je dis cela fort sommairement et sans demander aucune explication, au sujet de certain décret arrivé de Rome dans le temps, et jamais publié.

Vous concluez : Une chose qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que Mgr . l’Archevêque de Québec peut se tromper sans que l’Église en soit ébranlée ou compromise.Que Québec puisse se tromper, c’est ce qu’il ne faut pas perdre de vue ; mais que Montréal le puisse, c’est, nous venons de le voir, une accusation si grave, si dénuée de fondement qu’il n’est pas possible de le croire !

On a bien déjà vu des archevêques et même des patriarches, non seulement se tromper, mais s’opiniâtrer dans leur erreur, et l’Église, malgré leur défection, n’a pas cessé d’exister et d’exister telle qu’elle était[2]Mais Montréal, c’est autre chose !… Au reste, M. L. e. l. r, si vous vous gênez si peu à l’endroit des archevêques et des patriarches ; si c’est sans sourciller que vous en parlez si lestement, pourquoi votre sévérité appelle-t-elle à son secours tant d’injures, quand des assertions moins carrées arrivent sous la plume de M. Dessaulles ?

Continuons toujours ; M. L. e. l. r., à M. Dessaulles : Vous vous constituez l’avocat des MM. de Saint-Sulpice, ce qui certes, — croyez-vous devoir dire — ne prouve pas en faveur de leur cause… — Pourquoi moins que tout à l’heure en faveur de Mgr . de M. ?… Et, jouant ce rôle pour le moment, vous ne pouvez manquer de porter un jugement quelconque sur la Comédie Infernale. — Mais, comment voulez-vous qu’il n’ait pas été porté des jugements sur la Comédie Infernale ; ouvrage dont l’odieux n’est surpassé que par les efforts qu’à mis à le répandre, le parti qui, en la composant, en a pris sur lui l’infamante responsabilité ? M. Dessaulles, dites-vous, n’hésite pas d’abord à proclamer que les faits rapportés dans cette œuvre, ne sont pas du tout prouvés. Vous vous trompez, M. L. e. l. r., ou plutôt vous trompez le public en faisant entendre que M. D. lui, se trompe en ne prenant pas pour prouvées, les infamies dont l’Esprit de l’Enfer seul a couvert 532 pages. L’instinct public a depuis longtemps fait justice, de cette œuvre de ténèbres, et sait à qui infliger la honte des inventions qu’elle renferme. Vous avez l’effronterie d’ajouter : que tout est vrai qu’il y a surabondance de preuves dans cette Comédie, et que c’est si bien le cas, que ne pouvant l’attaquer de front on en est réduit à la calomnier. — Vous avez conscience, M. L. e. l. r., du sentiment qui vous a inspiré ces lignes : et vous savez que vous mentez !

La production détestable, que des consciences éhontées s’efforcent de soutenir et de populariser, qui sera éternellement la honte infligée à l’Église du Canada, à cette époque, se cache malgré ses auteurs. Il y a des livres qui ont ce sort de faire honte à qui les porte. Calomnier votre Comédie, dites vous, dites plutôt la Calomnie elle-même. Il n’est au pouvoir de personne de le faire. Ceux qui l’on écrite, savent bien que des mémoires réfutant les imputations dont on chargeait autrefois des hommes trop vénérables pour qu’on eût osé divulguer ce qu’on en écrivait sous le secret, sont actuellement étalés à Rome et garantissent de toute atteinte la compagnie qu’on veut vainement flétrir aujourd’hui. Mais quand ces avancés, ou démentis ou réduits à leur valeur, eussent été des vérités, quelle justice pourrait-il y avoir d’en charger aujourd’hui des personnes dont le plus grand nombre n’étaient pas nées alors, et dont tous, à peu près jusqu’au dernier, de ceux qui composent maintenant la maison calomniée, ne sont ni moins ignorants, ni moins révoltés de ces inventions, que le public à qui on cherche à les faire croire.

  1. On connaît ces paroles tombées de si haut : « Neuf voyages sur mer, entrepris par une princesse, malgré les tempêtes ; l’océan étonné de se voir traversé tant de fois en des appareils si divers, et pour des causes si différentes ! — Variante : Toujours dans le même appareil et pour les mêmes causes.
  2. Remarquez bien lecteur, que ces lignes ne sont pas de M. D., mais bien de M. L. e. l. r. ; on pourrait aisément s’y tromper !…