Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Aigle, le Choucas et le Berger

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir L’Aigle, le Choucas et le Berger.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 5r-6r).

5
L’AIGLE, LE CHOUCAS ET LE BERGER

Un aigle, fondant d’une roche élevée, enleva un agneau. À cette vue, un choucas, pris d’émulation, voulut l’imiter. Alors, se précipitant à grand bruit, il s’abattit sur un bélier mais ses griffes s’étant enfoncées dans les boucles de laine, il battait des ailes sans pouvoir s’en dépêtrer. Enfin le berger, s’avisant de la chose, accourut et le prit ; puis il lui rogna le bout des ailes, et, quand vint le soir, il l’apporta à ses enfants. Ceux-ci lui demandant quelle espèce d’oiseau c’était, il répondit : « Autant que je sache, moi, c’est un choucas ; mais, à ce qu’il prétend, lui, c’est un aigle. »

C’est ainsi qu’à rivaliser avec les puissants non seulement vous perdez votre peine, mais encore vous faites rire de vos malheurs.