Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Oiseleur et l’Aspic

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Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 61r-62r).
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L’OISELEUR ET L’ASPIC


Un oiseleur, prenant avec lui de la glu et ses gluaux, partit pour la chasse. Ayant aperçu une grive sur un arbre élevé, il se mit en tête de l’attraper. En conséquence, ayant ajusté ses bâtonnets les uns au bout des autres, il regardait fixement, tournant vers les airs toute son attention. Tandis qu’il levait ainsi la tête en l’air, il ne s’aperçut pas qu’il mettait le pied sur un aspic endormi, qui se retourna et lui lança un coup de dent. Et lui, se sentant mourir se dit : « Malheureux que je suis ! je voulais attraper une proie, et je ne me suis pas aperçu que je devenais moi-même la proie de la mort. »

C’est ainsi qu’en ourdissant des embûches à son prochain on tombe le premier dans le malheur.