Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Lièvre et le Renard

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Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 83r-84r).
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LE LIÈVRE ET LE RENARD

Le lièvre dit au renard : « Fais-tu réellement beaucoup de profits, et peux-tu dire pourquoi on t’appelle le « profiteur[1] ? » — Si tu en doutes, répondit le renard, viens chez moi, je t’offre à dîner, » Le lièvre le suivit. Or à l’intérieur le renard n’avait rien à dîner que le lièvre. Le lièvre lui dit : « J’apprends pour mon malheur, mais enfin j’apprends d’où te vient ton nom : ce n’est pas de tes gains, mais de tes ruses. »

Il arrive souvent de grands malheurs aux curieux qui s’abandonnent à leur maladroite indiscrétion.

  1. La fable repose sur le double sens de κερδώ : profiteur et rusé.