Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Âne et le Jardinier (bilingue)

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L’ANE ET LE JARDINIER


Un âne était au service d’un jardinier. Comme il mangeait peu, tout en travaillant beaucoup, il pria Jupiter de le délivrer du jardinier et de le faire vendre à un autre maître. Zeus l’exauça et le fit vendre à un potier. Mais il fut de nouveau mécontent, parce qu’on le chargeait davantage et qu’on lui faisait porter l’argile et la poterie. Aussi demanda-t-il encore une fois à changer de maître, et il fut vendu à un corroyeur. Il tomba ainsi sur un maître pire que les autres. En voyant quel métier faisait ce maître, il dit en soupirant : « Hélas ! malheureux que je suis ! j’aurais mieux fait de rester chez mes premiers maîtres ; car celui-ci, à ce que je vois, tannera aussi ma peau. »

Cette fable montre que les serviteurs ne regrettent jamais tant leurs premiers maîtres que quand ils ont fait l’épreuve des suivants.

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Ὄνος καὶ κηπωρός.

Ὄνος ὑπηρετούμενος κηπωρῷ, ἐπειδὴ ὀλίγα μὲν ἤσθιε, πλεῖστα δ᾿ ἐμόχθει, ηὔξατο τῷ Διὶ ὥστε τοῦ κηπωροῦ ἀπαλλαγεὶς ἑτέρῳ ἀπεμποληθῆναι δεσπότῃ. Τοῦ δὲ Διὸς ἐπακούσαντος καὶ κελεύσαντος αὐτὸν κεραμεῖ πραθῆναι, πάλιν ἐδυσφόρει, πλέον ἢ πρότερον ἀχθοφορῶν καὶ τόν τε πηλὸν καὶ τοὺς κεράμους κομίζων. Πάλιν οὖν ἀμεῖψαι τὸν δεσπότην ἱκέτευε, καὶ βυρσοδέψῃ ἀπεμπολεῖται. Εἰς χείρονα τοίνυν τῶν προτέρων δεσπότην ἐμπεσὼν καὶ ὁρῶν τὰ παρ᾿ αὐτοῦ πραττόμενα, μετὰ στεναγμῶν ἔφη· « Οἴμοι τῷ ταλαιπωρῷ, βέλτιον ἦν μοι παρὰ τοῖς προτέροις δεσπόταις μένειν· οὗτος γάρ, ὡς ὁρῶ, καὶ τὸ δέρμα μου κατεργάσεται. »

Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι τότε μάλιστα τοὺς προτέρους δεσπότας οἱ οἰκέται ποθοῦσιν, ὅταν τῶν δευτέρων λάβωσι πεῖραν.