Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Homme qui a brisé une statue (bilingue)

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L’HOMME QUI A BRISÉ UNE STATUE


Un homme avait un dieu de bois, et, comme il était pauvre, il le suppliait de lui faire du bien. Comme il en usait ainsi et que sa misère ne faisait qu’augmenter, il se fâcha, et prenant le dieu par la jambe, il le cogna contre la muraille. La tête du dieu s’étant soudain cassée, il en coula de l’or. L’homme le ramassa et s’écria : « Tu as l’esprit à rebours, à ce que je vois, et tu es un ingrat ; car, quand je t’honorais, tu ne m’as point aidé, et maintenant que je viens de te frapper, tu me réponds en me comblant de bienfaits. »

Cette fable montre qu’on ne gagne rien à honorer un méchant homme, et qu’on en tire davantage en le frappant.

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Ἄνθρωπος καταθραύσας ἄγαλμα.


Ἄνθρωπός τις ξύλινον θεὸν ἔχων πένης ὢν καθικέτευε τοῦ ἀγαθοποιῆσαι. Ὡς οὖν ταῦτ᾿ ἔπραττε καὶ μᾶλλον ἐν πενίᾳ διῆγε, θυμωθείς, ἐκ τοῦ σκέλους ἄρας αὐτὸν τῷ τοίχῳ προσέκρουσε. Τῆς δὲ κεφαλῆς αὐτοῦ παραχρῆμα κλασθείσης, ἔρρευσε χρυσὸς ἐξ αὐτῆς, ὃν συναγαγὼν ὁ ἄνθρωπος ἐβόα· « Στρεβλὸς τυγχάνεις, ὡς οἶμαι, καὶ ἀγνώμων· τιμῶντά σε γὰρ οὐδὲν ὠφέλησάς με· τυπτήσαντα δὲ πολλοῖς καλοῖς ἠμείψω. »

Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι οὐδὲν ὠφελήσεις σαυτὸν πονηρὸν ἄνδρα τιμῶν, αὐτὸν δὲ τύπτων πλέον ὠφεληθήσῃ.