Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Homme qui a trouvé un lion d’or (bilingue)

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L’HOMME QUI A TROUVÉ UN LION D’OR


Un avare, qui était peureux, ayant trouvé un lion d’or, disait : « Je ne sais que devenir en cette aventure. L’effroi m’ôte l’esprit, et je ne sais que faire : je suis partagé entre mon amour des richesses et ma couardise naturelle. Car quel est le hasard ou le dieu qui a fait un lion d’or ? Ce qui m’arrive là jette la discorde dans mon âme : elle aime l’or, mais elle craint l’œuvre qu’on a tirée de l’or ; le désir me pousse à la saisir, mon caractère à m’abstenir. Ô fortune qui offre et qui ne permet pas de prendre ! Ô trésor qui ne donne pas de plaisir ! Ô faveur d’un dieu qui devient une défaveur ! Quoi donc ! Comment en userai-je ? À quel expédient recourir ? Je m’en vais et j’amènerai ici mes serviteurs pour prendre le lion avec cette troupe d’alliés, et moi, de loin, je les regarderai faire. »

Cette fable s’applique à un riche qui n’ose ni toucher à ses trésors, ni les mettre en usage.

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Ἄνθρωπος λέοντα χρυσοῦν εὑρών.


Δειλὸς φιλάργυρος λέοντα χρυσοῦν εὑρὼν ἔλεγεν· « Οὐκ οἶδα τίς γενήσομαι ἐν τοῖς παροῦσιν· ἐγὼ ἐκβέβλημαι τῶν φρενῶν καὶ τί πράττειν οὐκ ἔχω· μερίζει με φιλοχρηματία καὶ τῆς φύσεως ἡ δειλία. Ποία γὰρ τύχη ἢ ποῖος δαίμων εἰργάσατο χρυσοῦν λέοντα; Ἡ μὲν γὰρ ἐμὴ ψυχὴ πρὸς τὰ παρόντα ἑαυτῇ πολεμεῖ· ἀγαπᾷ μὲν τὸν χρυσόν, δέδοικε δὲ τοῦ χρυσοῦ τὴν ἐργασίαν· ἅπτεσθαι μὲν ἐλαύνει ὁ πόθος, ἀπέχεσθαι δὲ ὁ τρόπος. Ὢ τύχης διδούσης καὶ μὴ λαμβάνεσθαι συγχωρούσης· ὢ θησαυρὸς ἡδονὴν οὐκ ἔχων· ὢ χάρις δαίμονος ἄχαρις γενομένη. Τί οὖν; ποίῳ τρόπῳ χρήσωμαι; ἐπὶ ποίαν ἔλθω μηχανήν; ἄπειμι τοὺς οἰκέτας δεῦρο κομίσων λαβεῖν ὀφείλοντας τῇ πολυπληθεῖ συμμαχίᾳ, κἀγὼ πόρρω ἔσομαι θεατής. »

Ὁ λόγος ἁρμόζει πρός τινα πλούσιον μὴ τολμῶντα προσψαῦσαι καὶ χρήσασθαι τῷ πλούτῳ.