Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/La Chèvre et l’Âne (bilingue)

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LA CHÈVRE ET L’ÂNE


Un homme nourrissait une chèvre et un âne. Or la chèvre devint envieuse de l’âne, parce qu’il était trop bien nourri. Et elle lui dit : « Entre la meule à tourner et les fardeaux à porter, ta vie est un tourment sans fin, » et elle lui conseillait de simuler l’épilepsie, et de se laisser tomber dans un trou pour avoir du repos. Il suivit le conseil, se laissa tomber et se froissa tout le corps. Son maître ayant fait venir le vétérinaire, lui demanda un remède pour le blessé. Le vétérinaire lui prescrivit d’infuser le poumon d’une chèvre ; ce remède lui rendrait la santé. En conséquence on immola la chèvre pour guérir l’âne.

Quiconque machine des fourberies contre autrui devient le premier artisan de son malheur.

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Αἲξ καὶ ὄνος.


Αἶγα καὶ ὄνον ἔτρεφέ τις. Ἡ δὲ αἴξ, φθονήσασα τῷ ὄνῳ διὰ τὸ περισσὸν τῆς τροφῆς, ἔλεγεν ὡς ἄπειρα κολάζῃ, ποτὲ μὲν ἀλήθων, ποτὲ δὲ ἀχθοφορῶν, καὶ συνεβούλευεν ἐπίληπτον ἑαυτὸν ποιήσαντα καταπεσεῖν ἔν τινι βόθρῳ καὶ ἀναπαύσεως τυχεῖν. Ὁ δὲ πιστεύσας καὶ πεσὼν συνετρίβη. Ὁ δὲ δεσπότης τὸν ἰατρὸν καλέσας ᾔτει βοηθεῖν. Ὁ δὲ αἰγὸς πνεύμονα ἐγχυματίσαι ἔλεγεν αὐτῷ καὶ τῆς ὑγείας τυχεῖν. Τὴν δὲ αἶγα θύσαντες τὸν ὄνον ἰάτρευον.

Ὅτι ὅστις καθ᾿ ἑτέρου δόλια μηχανᾶται ἑαυτοῦ γίνεται τῶν κακῶν ἀρχηγός.



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