Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Débiteur athénien (bilingue)

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LE DÉBITEUR ATHÉNIEN

À Athènes, un débiteur, sommé par son créancier de rembourser sa dette, le pria d’abord de lui accorder un délai, sous prétexte qu’il était gêné. Ne pouvant le persuader, il amena une truie, la seule qu’il possédât, et la mit en vente en présence du créancier. Un acheteur se présenta et demanda si la truie était féconde. « Oui, elle est féconde, répondit-il, elle l’est même extraordinairement : aux Mystères elle enfante des femelles, et aux Panathénées des mâles. » Comme l’acheteur était surpris de ce qu’il entendait, le créancier ajouta : « Cesse de t’étonner ; car cette truie te donnera aussi des chevreaux aux Dionysies. »

Cette fable montre que beaucoup de gens n’hésitent pas, quand leur intérêt personnel est en jeu, à jurer même des choses impossibles.

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Ἀθηναῖος χρεωφειλέτης


Ἀθήνησι χρεωφειλέτης ἀνὴρ ἀπαιτούμενος ὑπὸ τοῦ δανειστοῦ τὸ χρέος τὸ μὲν πρῶτον παρεκάλει ἀναβολὴν αὐτῷ δοῦναι, ἀπορεῖν φάσκων. Ὡς δὲ οὐκ ἔπειθε, προσαγαγὼν ὗν ἣν εἶχε μόνην, παρόντος αὐτοῦ, ἐπώλει. Ὠνητοῦ δὲ προσελθόντος καὶ διερωτῶντος εἰ τοκὰς ἡ ὗς εἴη, ἐκεῖνος ἔφη μὴ μόνον αὐτὴν τίκτειν, ἀλλὰ καὶ παραδόξως· τοῖς μὲν γὰρ μυστηρίοις θήλεα ἀποκύειν, τοῖς δὲ Παναθηναίοις ἄρσενα. Τοῦ δὲ ἐκπλαγέντος πρὸς τὸν λόγον, ὁ δανειστὴς εἶπεν· « Ἀλλὰ μὴ θαύμαζε· αὕτη γάρ σοι καὶ Διονυσίοις ἐρίφους τέξεται. »

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι πολλοὶ διὰ τὸ ἴδιον κέρδος οὐκ ὀκνοῦσιν οὐδὲ τοῖς ἀδυνάτοις ψευδομαρτυρεῖν.