Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Fourbe (bilingue)

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LE FOURBE


Un fourbe s’était engagé envers quelqu’un à prouver que l’oracle de Delphes était menteur. Au jour fixé, il prit dans sa main un petit moineau, et, le cachant sous son manteau, se rendit au temple. Là, se plaçant en face de l’oracle, il demanda si l’objet qu’il tenait dans sa main était vivant ou inanimé. Il voulait, si le dieu répondait « inanimé », faire voir le moineau vivant ; s’il disait « vivant », présenter le moineau, après l’avoir étranglé. Mais le dieu, reconnaissant son artificieuse intention, répondit : « Assez, l’homme ; car il dépend de toi que ce que tu tiens soit mort ou vivant. »

Cette fable montre que la divinité défie toute surprise.

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Ἀνὴρ κακοπράγμων.


Ἀνὴρ κακοπράγμων συνορισάμενος πρός τινα ψευδὲς ἐπιδείξειν τὸ ἐν Δελφοῖς μαντεῖον, ὡς ἐνέστη ἡ προθεσμία, λαβὼν στρουθίον εἰς τὴν χεῖρα καὶ τοῦτο τῷ ἱματίῳ σκεπάσας, ἧκεν εἰς τὸ ἱερὸν καὶ στὰς ἀντικρὺς ἐπηρώτα πότερόν τι ἔμπνουν ἔχει μετὰ χεῖρας ἢ ἄψυχον, βουλόμενος, ἐὰν μὲν ἄψυχον εἴπῃ, ζωὸν τὸ στρουθίον ἐπιδεῖξαι, ἐὰν δὲ ἔμπνουν, ἀποπνίξας προενεγκεῖν. Καὶ ὁ θεὸς συνεὶς αὐτοῦ τὴν κακότεχνον γνώμην εἶπεν· « Ἀλλ᾿ ὦ οὗτος, πέπαυσο· ἐν σοὶ γάρ ἐστι τοῦτο ὃ ἔχεις ἢ νεκρὸν εἶναι ἢ ἔμψυχον. »

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι τὸ θεῖον ἀπαρεγχείρητόν ἐστι.