Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Lion et le Rat reconnaissant (bilingue)

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LE LION ET LE RAT RECONNAISSANT


Un lion dormait ; un rat s’en vint trottiner sur son corps. Le lion, se réveillant, le saisit, et il allait le manger, quand le rat le pria de le relâcher, promettant, s’il lui laissait la vie, de le payer de retour. Le lion se mit à rire et le laissa aller. Or il arriva que peu de temps après il dut son salut à la reconnaissance du rat. Des chasseurs en effet le prirent et l’attachèrent à un arbre avec une corde. Alors le rat l’entendant gémir accourut, rongea la corde et le délivra. « Naguère, dit-il, tu t’es moqué de moi, parce que tu n’attendais pas de retour de ma part ; sache maintenant que chez les rats aussi on trouve de la reconnaissance. »

Cette fable montre que dans les changements de fortune les gens les plus puissants ont besoin des faibles.

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Λέων καὶ μῦς <ἀντευεργέτης>.

Λέοντος κοιμωμένου μῦς τῷ σώματι ἐπέδραμεν. Ὁ δὲ ἐξαναστὰς καὶ συλλαβὼν αὐτὸν οἷός τε ἦν καταθοινήσασθαι. Τοῦ δὲ δεηθέντος μεθεῖναι αὐτὸν καὶ λέγοντος ὅτι σωθεὶς χάριτας αὐτῷ ἀποδώσει, γελάσας ἀπέλυσεν αὐτόν. Συνέβη δὲ αὐτὸν μετ᾿ οὐ πολὺ τῇ τοῦ μυὸς χάριτι περισωθῆναι· ἐπειδὴ γὰρ συλληφθεὶς ὑπό τινων κυνηγετῶν κάλῳ ἐδέθη τινὶ δένδρῳ, τὸ τηνικαῦτα ἀκούσας ὁ μῦς αὐτοῦ στένοντος ἐλθὼν τὸν κάλων περιέτρωγε καὶ λύσας αὐτὸν ἔφη· « Σὺ μὲν οὕτω μου τότε κατεγέλασας ὡς μὴ προσδεχόμενος παρ᾿ ἐμοῦ ἀμοιβὴν κομιεῖσθαι· νῦν δὲ εὖ ἴσθι ὅτι ἐστὶ καὶ παρὰ μυσὶ χάρις. »

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι καιρῶν μεταβολαῖς οἱ σφόδρα δυνατοὶ τῶν ἀσθενεστέρων ἐνδεεῖς γίνονται.