Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Médecin ignorant (bilingue)

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LE MÉDECIN IGNORANT


Un médecin ignorant traitait un malade. Tous les autres médecins affirmaient que ce malade n’était pas en danger, mais que son mal serait long à guérir ; seul l’ignorant lui dit de prendre toutes ses dispositions, qu’il ne passerait pas le lendemain. Là-dessus, il se retira. Au bout d’un certain temps, le malade se leva et sortit, pâle et marchant avec peine. Notre médecin le rencontra : « Bonjour, dit-il, comment vont les habitants des enfers ? — Ils sont tranquilles, répondit-il, parce qu’ils ont bu l’eau du Léthé. Mais dernièrement la Mort et Hadès faisaient de terribles menaces contre tous les médecins, parce qu’ils ne laissent pas mourir les malades, et ils les inscrivaient tous sur un registre. Ils allaient aussi t’inscrire ; mais je me suis jeté à leurs pieds, en les suppliant, et leur ai juré que tu n’étais pas un vrai médecin, et qu’on t’avait incriminé sans motif. »

La fable présente met au pilori les médecins dont toute la science et le talent consistent en belles paroles.

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Ἰατρὸς <ἄτεχνος>.


Ἰατρὸς ἦν ἄτεχνος. Οὗτος ἀρρώστῳ παρακολουθῶν, πάντων ἰατρῶν λεγόντων αὐτὸν μὴ κινδυνεύειν, ἀλλὰ χρονίσειν ἐν τῇ νόσῳ, οὗτος μόνος ἔφη αὐτῷ πάντα τὰ αὐτοῦ ἑτοιμάσαι· « τὴν αὔριον γὰρ οὐκ ὑπερβήσῃ. » Ταῦτα εἰπὼν ὑπεχώρησε. Μετὰ χρόνον δέ τινα ἀναστὰς ὁ νοσῶν προῆλθεν, ὠχρὸς καὶ μόλις βαίνων. Ὁ δὲ ἰατρὸς συναντήσας αὐτῷ· « Χαῖρε, ἔφη· πῶς ἔχουσιν οἱ κάτω ; » Κἀκεῖνος εἶπεν· « Ἠρεμοῦσι πιόντες τὸ τῆς Λήθης ὕδωρ. Πρὸ ὀλίγου δὲ ὁ Θάνατος καὶ ὁ Ἅιδης δεινῶς ἠπείλουν τοὺς ἰατροὺς πάντας, ὅτι τοὺς νοσοῦντας οὐκ ἐῶσιν ἀποθνῄσκειν, καὶ κατεγράφοντο πάντας. Ἔμελλον δὲ καὶ σὲ γράψαι, ἀλλ᾿ ἐγὼ προσπεσὼν αὐτοῖς καὶ δυσωπήσας, ἐξωμοσάμην αὐτοῖς μὴ ἀληθῆ ἰατρὸν εἶναί σε, ἀλλὰ μάτην διεβλήθης. »

[Ὅτι] τοὺς ἀπαιδεύτους καὶ ἀμαθεῖς καὶ κομψολόγους ἰατροὺς ὁ παρὼν μῦθος στηλιτεύει.