Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Renard et le Bûcheron (bilingue)

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LE RENARD ET LE BÛCHERON


Un renard qui fuyait devant des chasseurs aperçut un bûcheron, et le supplia de lui trouver une cachette. Celui-ci l’engagea à entrer dans sa cabane et à s’y cacher. Quelques instants après les chasseurs arrivèrent et demandèrent au bûcheron s’il n’avait pas vu un renard passer par là. De la voix il répondit qu’il n’en avait pas vu ; mais de la main il fit un geste pour indiquer où il était caché. Les chasseurs ne prirent pas garde au geste, mais s’en rapportèrent aux paroles ; et le renard, les voyant s’éloigner, sortit et s’en alla sans mot dire. Comme le bûcheron lui reprochait que, sauvé par lui, il ne lui témoignait même pas d’un mot sa reconnaissance, le renard répondit : « Je t’aurais dit merci, si tes gestes et tes procédés s’accordaient avec tes discours. »

On pourrait appliquer cette fable aux hommes qui font hautement profession de vertu et en fait se conduisent en coquins.

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Ἀλώπηξ καὶ δρυτόμος.

Ἀλώπηξ κυνηγοὺς φεύγουσα, ὡς ἐθεάσατό τινα δρυτόμον, τοῦτον ἱκέτευσε κατακρύψαι αὐτήν. Ὁ δὲ αὐτῇ παρῄνεσεν εἰς τὴν ἑαυτοῦ καλύβην εἰσελθοῦσαν κρυβῆναι. Μετ᾿ οὐ πολὺ δὲ παραγενομένων τῶν κυνηγῶν καὶ τοῦ δρυτόμου πυνθανομένων εἰ τεθέαται ἀλώπεκα τῇδε παριοῦσαν, ἐκεῖνος τῇ μὲν φωνῇ ἠρνεῖτο ἑωρακέναι, τῇ δὲ χειρὶ νεύων ἐσήμαινεν ὅπου κατεκρύπτετο. Τῶν δὲ οὐχ οἷς ἔνευε προσσχόντων, οἷς δὲ ἔλεγε πιστευσάντων, ἡ ἀλώπηξ ἰδοῦσα αὐτοὺς ἀπαλλαγέντας ἐξελθοῦσα ἀπροσφωνητὶ ἐπορεύετο. Μεμφομένου δὲ αὐτὴν τοῦ δρυτόμου, εἴγε διασωθεῖσα ὑπ᾿ αὐτοῦ, ἀλλ᾿ οὐδὲ διὰ φωνῆς αὐτῷ ἐμαρτύρησεν, ἔφη· « Ἀλλ᾿ ἔγωγε ηὐχαρίστησα ἄν σοι, εἰ τοῖς λόγοις ὅμοια τὰ ἔργα τῆς χειρὸς καὶ τοὺς τρόπους εἶχες. »


Τούτῳ τῷ λόγῳ χρήσαιτο ἄν τις πρὸς ἐκείνους τοὺς ἀνθρώπους τοὺς χρηστὰ μὲν σαφῶς ἐπαγγελλομένους, δι᾿ ἔργων δὲ φαῦλα δρῶντας.