Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Sanglier, le Cheval et le Chasseur

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Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 143r).


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LE SANGLIER, LE CHEVAL ET LE CHASSEUR

Le sanglier et le cheval partageaient le même pâtis. Comme le sanglier à chaque instant détruisait l’herbe et troublait l’eau, le cheval, voulant se venger de lui, recourut à l’aide d’un chasseur. Mais celui-ci ayant déclaré qu’il ne pouvait lui prêter main-forte que s’il consentait à recevoir un frein et à le prendre lui-même sur son dos, le cheval se soumit à toutes ses exigences. Alors le chasseur monté sur son dos mit le sanglier hors de combat, et, emmenant le cheval chez lui, l’attacha au râtelier.

Ainsi bien des gens, en voulant, sous le coup d’une colère aveugle, se venger de leurs ennemis, se jettent sous le joug d’autrui.