Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Grenouilles voisines (bilingue)

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LES GRENOUILLES VOISINES


Deux grenouilles voisinaient. Elles habitaient, l’une un étang profond, éloigné de la route, l’autre une petite mare sur la route. Celle de l’étang conseillait à l’autre de venir habiter près d’elle : elle y jouirait d’une vie meilleure et plus sûre. Mais celle-ci ne se laissa point persuader ; il lui serait pénible, disait-elle, de s’arracher à un séjour où elle avait ses habitudes ; si bien qu’un jour un chariot qui passait par là l’écrasa.

Il en est ainsi des hommes : ceux qui pratiquent de vils métiers meurent avant de se tourner vers des emplois plus honorables.

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Βάτραχοι <γείτονες.>


Δύο βάτραχοι ἀλλήλοις ἐγειτνίων. Ἐνέμοντο δὲ ὁ μὲν βαθεῖαν καὶ τῆς ὁδοῦ πόρρω λίμνην, ὁ δὲ ἐν ὁδῷ μικρὸν ὕδωρ ἔχων. Καὶ δὴ τοῦ ἐν τῇ λίμνῃ παραινοῦντος θατέρῳ μεταβῆναι πρὸς αὐτόν, ἵνα καὶ ἀμείνονος καὶ ἀσφαλεστέρας διαίτης μεταλάβῃ, ἐκεῖνος οὐκ ἐπείθετο λέγων δυσαποσπάστως ἔχειν τῆς τοῦ τόπου συνηθείας, ἕως οὗ συνέβη ἅμαξαν τῇδε παριοῦσαν θλᾶσαι αὐτόν.

Οὕτω καὶ τῶν ἀνθρώπων οἱ τοῖς φαύλοις ἐπιτηδεύμασιν ἐνδιατρίβοντες φθάνουσιν ἀπολλύμενοι πρὶν ἢ ἐπὶ τὰ καλλίονα τρέπεσθαι.