Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Renards au bord du Méandre (bilingue)

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LES RENARDS AU BORD DU MÉANDRE


Un jour des renards se rassemblèrent sur les bords du Méandre, dans l’intention de s’y désaltérer. Mais, comme l’eau coulait en grondant, ils avaient beau s’exciter les uns les autres, ils n’osaient s’y aventurer. Alors l’un d’eux, prenant la parole pour humilier les autres, se moqua de leur couardise. Quant à lui, se vantant d’être plus brave que les autres, il sauta hardiment dans l’eau. Comme le courant l’entraînait vers le milieu, les autres, postés sur la berge, lui crièrent : « Ne nous abandonne pas, reviens, et montre-nous le passage par où nous pourrons boire sans danger. » Et lui, emporté par le courant, répondit : « J’ai un message pour Milet, et je veux l’y porter ; à mon retour je vous ferai voir le passage. »

Ceci s’applique à ceux qui par fanfaronnade se mettent eux-mêmes en danger.

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Ἀλώπεκες <ἐπὶ τῷ Μαιάνδρῳ>.

Ποτὲ ἀλώπεκες ἐπὶ τὸν Μαίανδρον ποταμὸν συνηθροίσθησαν, πιεῖν ἐξ αὐτοῦ θέλουσαι. Διὰ δὲ τὸ ῥοιζηδὸν φέρεσθαι τὸ ὕδωρ, ἀλλήλας προτρεπόμεναι οὐκ ἐτόλμων εἰσελθεῖν. Μιᾶς δὲ αὐτῶν διεξιούσης, ἐπὶ τῷ εὐτελίζειν τὰς λοιπὰς καὶ δειλίαν καταγελώσης, ἑαυτὴν ὡς γενναιοτέραν προκρίνασα θαρσαλέως εἰς τὸ ὕδωρ ἐπήδησεν. Τοῦ δὲ ῥεύματος ταύτην εἰς μέσον κατασύραντος, καὶ τῶν λοιπῶν παρὰ τὴν ὄχθην τοῦ ποταμοῦ ἑστηκυιῶν, πρὸς αὐτὴν εἰπουσῶν· « Μὴ ἐάσῃς ἡμᾶς, ἀλλὰ στραφεῖσα ὑπόδειξον τὴν εἴσοδον δι᾿ ἧς ἀκινδύνως δυνησόμεθα πιεῖν, » ἐκείνη ἀπαγομένη ἔλεγεν· « Ἀπόκρισιν ἔχω εἰς Μίλητον, καὶ ταύτην ἐκεῖσε ἀποκομίσαι βούλομαι· ἐν δὲ τῷ ἐπανιέναι με ὑποδείξω ὑμῖν. »

Πρὸς τοὺς κατὰ ἀλαζονείαν ἑαυτοῖς κίνδυνον ἐπιφέροντας.