Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/La Fourmi et l’Escarbot (bilingue)

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LA FOURMI ET L’ESCARBOT


Dans la saison d’été, une fourmi rôdant dans la campagne, ramassait des grains de blé et d’orge, et les mettait en réserve pour s’en nourrir en hiver. Un escarbot l’aperçut et s’étonna de la voir si laborieuse, elle qui travaillait au temps même où les autres animaux, débarrassés de leurs travaux, se donnent du bon temps. Sur le moment, la fourmi ne répondit rien ; mais plus tard, quand vint l’hiver et que la pluie détrempa les bouses, l’escarbot affamé vint demander à la fourmi l’aumône de quelque aliment. La fourmi lui dit alors : « Ô escarbot, si tu avais travaillé au temps où je prenais de la peine et où tu m’injuriais, tu ne manquerais pas à présent de nourriture. »

Pareillement les hommes qui, dans les temps d’abondance, ne se préoccupent pas de l’avenir, tombent dans une misère extrême, lorsque les temps viennent à changer.

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Μύρμηξ καὶ κάνθαρος.

Θέρους ὥρᾳ μύρμηξ περιπατῶν κατὰ τὴν ἄρουραν πυροὺς καὶ κριθὰς συνέλεγεν, ἀποθησαυριζόμενος ἑαυτῷ τροφὴν εἰς τὸν χειμῶνα. Κάνθαρος δὲ τοῦτον θεασάμενος ἐθαύμασεν ὡς ἐπιπονώτατον, εἴγε παρ᾿ αὐτὸν τὸν καιρὸν μοχθεῖ παρ᾿ ὃν τὰ ἄλλα ζῷα πόνων ἀφειμένα ῥᾳστώνην ἄγει. Ὁ δὲ τότε μὲν ἡσύχαζεν· ὕστερον δέ, ὅτε χειμὼν ἐνέστη, τῆς κόπρου ὑπὸ τοῦ ὄμβρου ἐκλυθείσης, ὁ κάνθαρος ἧκε πρὸς αὐτὸν λιμώττων καὶ τροφῆς μεταλαβεῖν δεόμενος. Ὁ δὲ ἔφη πρὸς αὐτόν· « Ὦ κάνθαρε, ἀλλ᾿ εἰ τότε ἐπόνεις, ὅτε ἐμόχθουν καὶ ἐμὲ ὠνείδιζες, οὐκ ἂν νῦν τροφῆς ἐπεδέου. »

Οὕτως οἱ παρὰ τὰς εὐθηνείας τοῦ μέλλοντος μὴ προνοούμενοι παρὰ τὰς τῶν καιρῶν μεταβολὰς τὰ μέγιστα δυστυχοῦσιν.