Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Lion et le Taureau (bilingue)

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Lion et le Taureau.

211


LE LION ET LE TAUREAU


Un lion, qui tramait la mort d’un taureau énorme, projeta de s’en rendre maître par la ruse. Il lui dit qu’il avait sacrifié un mouton et l’invita au festin ; son intention était de le tuer, quand il serait couché à table. Le taureau vint ; mais apercevant force bassins, de grandes broches, mais de mouton nulle part, il s’en alla sans mot dire. Le lion lui en fit des reproches et lui demanda pourquoi, n’ayant souffert aucun mal, il s’en allait sans raison. Il répondit : « Ce n’est pas sans raison que j’en use ainsi ; car je vois des ustensiles comme on en prépare non pour un mouton, mais pour un taureau. »

Cette fable montre que les gens sensés ne se laissent pas prendre aux artifices des méchants.

211
Λέων καὶ ταῦρος.

Λέων ταύρῳ παμμεγέθει ἐπιβουλεύων ἐβουλήθη δόλῳ αὐτοῦ περιγενέσθαι. Διόπερ πρόβατον τεθυκέναι φήσας ἐφ᾿ ἑστίασιν αὐτὸν ἐκάλεσε, βουλόμενος κατακλιθέντα αὐτὸν καταγωνίσασθαι. Ὁ δὲ ἐλθὼν καὶ θεασάμενος λέβητάς τε πολλοὺς καὶ ὀβελίσκους μεγάλους, τὸ δὲ πρόβατον οὐδαμοῦ, μηδὲν εἰπὼν ἀπηλλάττετο. Τοῦ δὲ λέοντος αἰτιωμένου αὐτὸν καὶ τὴν αἰτίαν πυνθανομένου δι᾿ ἣν οὐδὲν δεινὸν παθὼν ἄλογος ἄπεισιν, ἔφη· « Ἀλλ᾿ ἔγωγε οὐ μάτην τοῦτο ποιῶ· ὁρῶ γὰρ παρασκευὴν οὐχὶ ὡς εἰς πρόβατον, ἀλλ᾿ εἰς ταῦρον ἡτοιμασμένην. »

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι τοὺς φρονίμους τῶν ἀνθρώπων αἱ τῶν πονηρῶν τέχναι οὐ λανθάνουσιν.