Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Deux Ennemis

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Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 52r).
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LES DEUX ENNEMIS


Deux hommes qui se haïssaient naviguaient sur le même vaisseau ; l’un s’était posté à la poupe et l’autre à la proue. Une tempête étant survenue et le vaisseau étant sur le point de couler, l’homme qui était à la poupe demanda au pilote quelle partie du navire devait sombrer la première, « La proue, » dit le pilote. « Alors, reprit l’homme, la mort n’a rien de triste pour moi, si je dois voir mon ennemi mourir avant moi. »

Cette fable montre que beaucoup de gens ne s’inquiètent aucunement du dommage qui leur arrive, pourvu qu’ils voient leurs ennemis endommagés avant eux.