Fleurs de rêve/Automne

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)
Boehme et Anderer (p. 53-54).



AUTOMNE



L’automne a rougi le feuillage
Avec son langoureux baiser,
Sa brise molle a son langage
Et sa tristesse d’apaiser.

Le ciel pleure sur la campagne
Et l’oiseau songe au bord de l’eau,
L’herbe frémit sur la montagne
D’un long frémissement de flot.

Saison des plaques mortuaires
Et des rubans de fleurs mouillés ;
Et des longs cyprès funéraires,
Et de cœurs de regret souillés !


Ô saison de l’Inoubliable,
Des genoux frôlant les tombeaux,
Des doigts tâtonnant l’Impalpable
Et des espoirs tout en lambeaux…!

… Saison de plainte monotone
Et de rire à jamais fini…
De sanglot profond qui chantonne
Sur les bribes de l’Infini…

Ton âme en parcelles frisonne
Sur les souvenirs alarmés…
Tu n’es en somme Automne ! Automne !
Que la Saison des Yeux Fermés…