Fondements de la métaphysique des mœurs (trad. Lachelier 1904)/Avant-propos

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INTRODUCTION


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AVANT-PROPOS


Nous avons cru devoir conserver à l’ouvrage que nous publions le titre sous lequel il est connu depuis longtemps en France, bien que les mots Fondements de la Métaphysique des mœurs ne traduisent pas exactement l’allemand Grundlegung sur Metaphysik der Sitten. Grundlegung signifie l’action d’établir le fondement. On pourrait dire : Etablissement d’un fondement pour la Métaphysique des mœurs ; mais l’avantage de cette correction ne paraît pas assez grand pour substituer un titre nouveau, un peu long et un peu lourd, à celui auquel nous sommes accoutumés depuis un demi-siècle.

Les Fondements de la Métaphysique des mœurs, qui parurent pour la première fois en 1785 à Riga, sont le premier ouvrage dans lequel Kant ait exposé la morale de l’Impératif catégorique. On peut ajouter que, de tous les ouvrages que Kant a consacrés à la morale, c’est celui qui donne l’idée la plus nette du principe nouveau sur lequel il fonde la science des mœurs et surtout de la méthode qu’il suit pour déterminer ce principe. La Critique de la Raison pratique, qui parut en 1788, bien qu’elle tende, elle aussi, à établir l’existence d’une loi morale suprême, semble avoir pour objet principal de démontrer, par le devoir, la liberté d’abord, puis, l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme. Quant à la Métaphysique des-mœurs, dont le présent ouvrage établit les fondements, et qui parut en 1797, c’est une théorie du Droit et de la Vertu, dans laquelle Kant déduit du principe suprême de la moralité les concepts qui doivent diriger notre conduite, mais sans revenir sur la question de l’origine et de la valeur de ce principe. C’est une morale appliquée plutôt que théorique. En résumé c’est dans les Fondements de la Métaphysique des mœurs que se trouvent exposées les idées maîtresses de la morale kantienne ; c’est ce qui fait l’importance de cet ouvrage et c’est la raison pour laquelle il a semblé utile d’en publier une traduction nouvelle, celle de Barni étant épuisée et ne paraissant pas devoir jamais être réimprimée.

Le texte qui passe pour le meilleur est celui de la quatrième édition publiée du vivant de Kant en 1797. C’est celui qu’ont reproduit les éditions de Rosenkranz (1838-42) de Harlenstein (1838-39) et enfin l’édition populaire plus récente de Kirchmann. C’est celui que nous avons suivi, bien qu’il nous paraisse contenir quelques fautes que nous signalerons chemin faisant, à mesure qu’elles se présenteront.


Notes de Kant[modifier]


Notes du traducteur[modifier]