Germaine/04

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IV

VOYAGE EN ITALIE.


Germaine dormit peu la première nuit de ses noces. Elle était couchée dans un grand lit à baldaquin, au milieu d’une chambre inconnue. Une veilleuse d’albâtre pendue au plafond éclairait mal les tapisseries. Mille figures grimaçantes se détachaient de la muraille et semblaient danser autour du lit. Pour la première fois depuis vingt ans, la duchesse, qui ne s’était jamais éloignée de sa fille, lui manquait. Elle était remplacée par Mme de Villanera, grande ombre attentive, mais disgracieuse à faire peur. Dans un milieu si peu rassurant, la pauvre fille n’osait ni veiller ni dormir. Elle fermait les yeux pour ne pas voir les tapisseries, mais elle les rouvrait aussitôt. D’autres images plus effrayantes se glissaient jusque sous ses paupières. Elle croyait voir la Mort en personne, comme les imagiers du moyen âge l’ont représentée sur les missels. « Si je m’endors, pensait-elle, personne ne viendra me réveiller : ils m’ont mise ici pour mourir. » Une grande pendule de Boule marquait les heures sur la cheminée. Les coups secs du balancier, la régularité inflexible du mouvement, lui donnèrent sur les nerfs : elle pria la comtesse d’arrêter sa pendule. Mais bientôt le silence lui parut plus redoutable que le bruit : elle fit rendre la vie à l’innocente machine.

Vers le matin, la fatigue fut plus forte que tous les soucis. Germaine laissa tomber ses paupières appesanties. Elle se réveilla presque aussitôt, et vit avec terreur que ses mains étaient croisées sur sa poitrine. Elle savait que c’est dans cette posture qu’on ensevelit les morts. Elle jeta hors des couvertures ses petits bras décharnés, et se cramponna au bois de lit comme à la vie. La comtesse s’empara de sa main droite, la baisa doucement et la garda sur ses genoux. Alors seulement la malade entra dans son repos et sommeilla jusqu’au jour. Elle rêva que la comtesse se tenait à sa droite avec des ailes blanches et une figure angélique. Elle voyait à sa gauche une autre femme dont il lui fut impossible de reconnaître la figure. Tout ce qu’elle en distingua, c’est un voile de guipure noire, deux grandes ailes de cachemire et des griffes de diamants. Le comte marchait d’un pas agité ; il allait d’une femme à l’autre, et chacune des deux lui parlait à l’oreille. Enfin le ciel s’ouvrit ; il en descendit un bel enfant joufflu, semblable à ces petits chérubins qui gardent le tabernacle des églises. Il vola en souriant vers la malade ; elle étendit les bras pour le recevoir, et le mouvement qu’elle fit la réveilla.

Comme elle ouvrait les yeux, une portière s’écarta sans bruit ; elle vit entrer la vieille comtesse en costume de voyage, et le jeune Gomez trottant à ses côtés. L’enfant sourit par instinct à cette belle petite femme blanche qui avait des cheveux en or, et il fit mine de grimper sur le lit. Germaine essaya de le prendre, mais elle n’était pas assez forte. Mme de Villanera l’enleva comme une plume et le jeta doucement parmi les oreillers de sa nouvelle mère.

« Ma fille, dit-elle avec une émotion mal contenue, je vous présente le marquis de los Montes de Hierro. »

Germaine prit l’enfant par la tête et l’embrassa deux ou trois fois. Le petit Gomez se laissa faire de bonne grâce ; je crois même qu’il lui rendit un baiser. Elle le regarda longtemps et sentit son cœur s’émouvoir. Je ne sais quel travail se fit au fond de sa pensée ; mais, après un effort invisible, elle dit à demi-voix : « Mon fils ! »

La douairière l’embrassa pour cette bonne parole.

« Marquis, dit-elle, voici ta petite mère. »

L’enfant répéta en souriant : Mère !

« Veux-tu, demanda Germaine, que je sois ta mère ?

— Oui, dit-il.

— Pauvre petit, ce n’est pas pour longtemps ; non !

— Non ! » fit l’enfant sans comprendre ce qu’il disait.

Dès ce moment le fils et la mère furent deux amis. Le petit Gomez ne voulut plus sortir de la chambre, et il assista d’autorité à la toilette de Germaine. Elle le tenait sur ses genoux quand le comte de Villanera vint souhaiter le bonjour à sa femme et lui baiser la main. Elle éprouva une sorte de honte de se voir ainsi surprise, et elle laissa glisser l’enfant sur le tapis.

Germaine n’avait encore aimé que sa mère et son père. Elle n’avait pas été en pension ; elle n’avait pas eu d’amies ; elle n’avait pas aperçu dans un parloir les grands frères de ses amies. Le gaspillage d’amour et d’amitié qui se fait dans les pensionnats, et qui use avant le temps le cœur des jeunes filles, n’avait pas entamé les richesses de son âme. Elle aima donc sa belle-mère et son fils en prodigue qui ne craint pas de se ruiner ; elle voua au docteur Le Bris une tendresse fraternelle, mais il lui semblait impossible d’aimer son mari : cela seul était au-dessus de ses forces ; il valait mieux y renoncer. Non que le comte fût un homme désagréable ; une autre que Germaine l’aurait trouvé parfait. De tous ses compagnons de voyage, il fut assurément le plus patient, le plus attentif et le plus délicat ; un chevalier d’honneur chargé d’escorter une jeune reine n’aurait pas mieux fait son devoir. C’était lui qui disposait toutes choses pour la marche et pour le repos, réglait le pas des chevaux, choisissait les gîtes et préparait les logements. On marchait à petites journées, de manière à faire dix lieues en deux étapes.

Cette façon de courir pourrait user la patience d’un homme jeune et bien portant : don Diego ne craignait que d’aller trop vite et de fatiguer Germaine. Il était fumeur, je crois vous l’avoir dit. Dès le premier jour du voyage, il se réduisit à fumer deux cigares par jour, un le matin avant de partir, l’autre le soir avant de se coucher. Mais un matin la malade lui dit :

« N’avez-vous pas fumé ? Je le sens à l’odeur de vos habits. »

Il laissa ses cigares à la première auberge, et ne fuma plus.

La malade acceptait tout de son mari sans lui savoir gré de rien. Ne lui avait-elle pas donné plus qu’il ne pourrait jamais rendre ? Elle se répétait à tout propos que don Diego la soignait par devoir, ou plutôt par acquit de conscience ; que l’amitié n’entrait pour rien dans toutes ses attentions ; qu’il jouait froidement le rôle d’un bon mari ; qu’il aimait une autre femme ; qu’il ne s’appartenait pas ; qu’il avait laissé son cœur en France. Elle songeait enfin que cet homme, si soigneux de la faire vivre longtemps, l’avait épousée dans l’espérance qu’elle mourrait bientôt, et elle s’indignait de le voir retarder de tous ses efforts l’événement qu’il hâtait de tous ses vœux.

Elle fut aussi dure pour lui qu’elle était douce pour tout le monde. Elle occupait le fond de la voiture avec la vieille comtesse. Don Diego, le docteur et l’enfant tournaient le dos aux chevaux. Si parfois l’enfant grimpait sur ses genoux, si la douairière, endormie par un mouvement monotone, laissait tomber sa tête sur cette épaule amaigrie, elle jouait avec l’enfant, elle berçait la douairière. Mais il ne fallait pas même que son mari lui demandât comment elle se trouvait.

Elle lui répondit un jour avec une cruauté sanglante : « Cela va bien ; je souffre beaucoup. » Don Diego regarda le paysage, et pleura sur les roues de la voiture.

Le voyage dura trois mois, sans changer ni la santé ni l’humeur de Germaine. Elle n’allait ni mieux ni plus mal ; elle traînait. Elle avait toujours son mari en grippe, mais elle s’accoutumait à lui. L’Italie entière passa le long de sa voiture sans qu’elle s’intéressât à rien, ni qu’elle voulût se fixer quelque part. Il est vrai qu’en hiver l’Italie ressemble beaucoup à la France. Il y gèle un peu moins, mais il y pleut beaucoup plus.

Le climat de Nice lui aurait fait grand bien. Don Diego avait déjà loué, sur la promenade des Anglais, une jolie villa peinte en rose, avec un jardin d’orangers en plein rapport. Mais elle s’ennuya de voir défiler au long du jour toute une population de poitrinaires. Les condamnés qu’on exile à Nice se font peur les uns aux autres, et chacun d’eux lit sa destinée dans la pâleur de son voisin. « Allons à Florence ! » dit-elle. Don Diego fit atteler pour Florence.

Elle trouva que la ville avait un air de fête qui semblait narguer son malheur. La première fois qu’on la conduisit à la promenade, qu’elle entendit la musique des régiments autrichiens, et que les bouquetières joufflues lancèrent des fleurs dans sa voiture, elle reprocha durement à son mari de l’avoir exposée à un contraste si cruel. Restait Pise ; on l’y porta. Elle voulut voir le Campo santo et le chef-d’œuvre épouvantable d’Orcagna. Ces peintures funèbres, ces tableaux de la Mort, maîtresse de la vie, frappèrent son imagination. Elle sortit de là plus morte que vive.

Elle exprima le désir d’aller jusqu’à Rome. Le climat de la grande ville ne pouvait pas lui faire grand bien, mais elle semblait arrivée à ce point où le médecin ne refuse plus rien à son malade. Elle vit Rome, et crut entrer dans une vaste nécropole. Ces rues désertes, ces palais vides, ces grandes églises où l’on voit d’espace en espace un fidèle agenouillé, prirent à ses yeux une physionomie sépulcrale.

Elle partit pour Naples, et ne s’y trouva pas mieux. On l’avait logée à Sainte-Lucie. Le plus beau golfe de l’univers roulait et déroulait ses eaux bleues devant elle ; le Vésuve fumait sous ses fenêtres ; la place était bien choisie pour vivre et mourir. Mais elle supportait impatiemment les bruits de la rue, le cri aigu des cochers, le pas sonore des patrouilles suisses, et la chanson des pêcheurs. Elle maudit cette ville criarde et remuante où il n’est pas même permis de souffrir en paix. On offrit de lui trouver dans le voisinage une retraite plus tranquille ; elle voulut chercher elle-même, et fit une débauche de mouvement qui l’épuisa en quelques jours. Le docteur admirait qu’elle eût résisté à tant de fatigues. Il fallait que la nature eût construit son corps avec des matériaux solides, ou qu’une âme bien vigoureuse retardât la ruine de cet édifice croulant.

On lui montra Sorrente et Castellamare ; on la promena pendant huit jours de village en village sans la décider à faire un choix. Un soir, elle eut la fantaisie de visiter Pompeï au clair de lune. « C’est une ville dans mon genre, dit-elle avec un sourire amer. Il est juste que les débris se consolent entre eux. » Il fallut la traîner pendant deux heures sur le pavé inégal de la ville morte. C’est une promenade délicieuse pour un esprit qui se porte bien. La journée avait été belle ; la nuit était presque tiède. La lune éclairait les objets comme un soleil d’hiver. Le silence ajoutait au spectacle un charme doux et solennel. Les ruines de Pompeï n’ont pas la grandeur écrasante de ces monuments romains qui inspirèrent de si longues phrases à Mme de Staël. C’est le reste d’une ville de dix mille âmes ; les édifices privés et publics y ont une petite physionomie provinciale. En entrant dans ces rues étroites, en ouvrant ces maisonnettes, on pénètre dans la vie intime de l’antiquité, on est reçu en ami chez un peuple qui n’est plus.

Vous trouvez là dedans un singulier mélange du sentiment artistique qui distinguait les anciens et du mauvais goût qui appartient aux petits bourgeois de tous les temps. Rien n’est plus plaisant que de découvrir sous la poussière de vingt siècles des jardinets pareils à ceux des Invalides, avec le jet d’eau microscopique, les petits canards de marbre et la statuette d’Apollon au milieu. Voilà le domaine d’un citoyen romain qui vivait de ses rentes en l’an 79 de l’ère chrétienne ! La gaieté champenoise du docteur s’ébattait doucement au milieu de ces curieux débris. Don Diego traduisait à sa femme les récits interminables du gardien. Mais l’impatience fébrile de la malade brûlait tout le plaisir du voyage. La pauvre fille ne s’appartenait plus ; elle était à son mal et à la mort prochaine. Elle ne marchait que pour se sentir vivre, et ne parlait que pour entendre le bruit de sa voix. Elle allait en avant, revenait sur ses pas, demandait à revoir ce qu’elle avait vu, s’arrêtait en chemin et s’ingéniait à chercher des caprices que personne ne pût satisfaire. Sur les neuf heures, le froid la prit, et elle proposa de retourner à l’auberge. « Décidément, dit-elle, je veux mourir ici ; j’y serai tranquille. » Mais elle s’avisa que le Vésuve n’avait peut-être pas dit son dernier mot, et qu’il pourrait verser une nappe de feu sur sa tombe. Elle parla de retourner à Paris, et se mit au lit avec un frisson de mauvais augure.

La douairière soupa auprès d’elle. L’enfant était couché depuis longtemps. L’aubergiste de la Couronne de fer invita les hommes à descendre à la salle à manger : ils y seraient mieux que dans une chambre de malade, et ils auraient de la compagnie. Le docteur accepta la proposition, et don Diego le suivit.

La compagnie se réduisait à deux personnes : un gros peintre français, gaillard de bonne humeur, et un jeune Anglais rose comme une crevette. Ils avaient vu rentrer Germaine, et ils avaient deviné sans peine de quel mal elle mourait. Le peintre professait une philosophie gaie, comme tout homme qui digère bien. « Moi, monsieur, disait-il à son voisin, si jamais je suis pris de la poitrine, ce qui n’est pas probable, je ne me dérangerai pas d’une semelle. On guérit partout, on meurt partout. L’air de Paris est peut-être celui qui convient le mieux aux poitrinaires. On parle du Nil : c’est les aubergistes du Caire qui font courir ce bruit-là. Sans doute la vapeur du fleuve est bonne à quelque chose ; mais le sable du désert, on ne le compte donc pas ? Il vous entre dans les poumons, il s’y loge, il s’y amasse, et bonsoir !… Vous me direz : mourir pour mourir, on a bien le droit de choisir la place. C’est une idée que je comprends. Avez-vous voyagé dans la régence de Tunis ?

— Oui.

— Vous n’avez vu couper le cou à personne ?

— Non.

— Eh bien, vous avez perdu. Voilà des gens qui tiennent à choisir leur place ! Lorsqu’un Tunisien est condamné à mort, on lui donne jusqu’au coucher du soleil pour choisir l’endroit où il lui plaît d’avoir la tête coupée. De grand matin, deux bourreaux le prennent bras dessus, bras dessous, et l’emmènent dans la campagne. Chaque fois qu’ils arrivent à quelque joli coin de paysage, une fontaine, deux palmiers, les exécuteurs disent au patient : « Comment te trouves-tu ici ? Il serait inutile de chercher mieux. — Allons plus loin, dit l’autre ; il y a des mouches. » On le promène ainsi jusqu’à ce qu’il ait trouvé un endroit à sa convenance, et il se décide généralement au coucher du soleil. Il se met à genoux, les deux voisins tirent leurs couteaux et lui coupent familièrement la tête. Mais il a la consolation de mourir sur un terrain de son choix.

« J’ai connu à Paris une danseuse, fort bien portante du reste, qui était férue de la même idée. Elle s’était offert un terrain au Père-Lachaise. Elle allait le voir de temps en temps, et toujours avec un nouveau plaisir. Ses six mètres étaient situés dans un des plus beaux quartiers du cimetière ; tous monuments bourgeois aux environs, et la vue sur la grande rue. Mais c’est surtout vous autres Anglais qui donnez dans ce travers-là. J’en ai rencontré un qui voulait se faire enterrer à Étretat, parce que l’air y est pur, qu’on y voit la mer, et qu’on n’y a jamais eu le choléra. On m’a parlé d’un autre qui achetait des terrains dans tous les pays où il passait, pour n’être pas pris au dépourvu. Malheureusement, il est mort dans la traversée de Liverpool à New-York, et le capitaine l’a fait jeter à l’eau. »

Don Diego et le docteur se seraient bien passés d’entendre ce discours, et ils allaient prier leur voisin de changer de conversation, quand le jeune Anglais prit la parole.

« Moi, monsieur, dit-il, j’étais malade, il y a deux ans, comme la jeune dame que nous avons vue passer. Les médecins de Londres et de Paris m’avaient signé mon passe-port, et je cherchais un terrain. Je l’ai choisi aux îles Ioniennes, dans la partie méridionale de Corfou. Je m’y suis installé en attendant mon heure, et je m’y suis trouvé si bien que l’heure a passé. »

Le docteur prit la parole avec ce sans façon qui règne dans les tables d’hôte d’Italie : « Vous avez été phthisique, monsieur ?

— Au troisième degré, si toutefois la Faculté ne s’est pas moquée de moi. » Il cita les noms des médecins qui l’avaient traité et condamné. Il raconta comment il avait fini par se soigner lui-même, sans remèdes nouveaux, à la campagne, loin du bruit, dans l’attente de la mort, et sous le ciel de Corfou.

M. Le Bris lui demanda la permission de l’ausculter. Il s’y refusa avec une terreur comique. On lui avait conté l’histoire du médecin qui tua son malade pour savoir comment il avait guéri.

Une heure après, le comte était assis au chevet de Germaine. La malade avait la figure rouge, la parole haletante. « Venez ici, dit-elle à son mari. J’ai à vous parler sérieusement. Remarquez-vous que je vais mieux ce soir ? Je suis peut-être en voie de guérison. Voilà votre avenir compromis. Si j’allais vivre ! Je vous ai déjà fait perdre trois mois ; personne ne s’y attendait. Nous avons la vie dure dans ma famille : il faudra me tuer. Vous en auriez le droit, je le sais ; vous avez payé pour cela. Mais laissez-moi encore quelques jours : la lumière est si belle ! Il me semble que l’air devient plus doux à respirer. »

Don Diego lui prit la main : elle était brûlante. « Germaine, lui dit-il, je viens de dîner avec un jeune Anglais que je vous montrerai demain. Il était plus malade que vous, à ce qu’il assure ; le ciel de Corfou l’a guéri. Voulez-vous que nous allions à Corfou ? »

Elle se leva sur son séant, le regarda dans les yeux, et lui dit avec une émotion qui tenait du délire :

« Dis-tu vrai ?… Je pourrais vivre ?… Je reverrais ma mère ? Ah ! si tu me sauvais, toute ma vie serait trop peu pour payer tant de reconnaissance. Je te servirais en esclave ; j’élèverais ton fils ; j’en ferais un grand homme !… Malheureuse ! ce n’est pas pour cela que tu m’as choisie. Tu aimes cette femme, tu la regrettes, tu lui écris, tu aspires au moment de la revoir, et toutes les heures de ma vie sont des vols que je te fais ! »

Elle fut au plus mal pendant deux jours, dans cette chambre d’auberge, et l’on crut qu’elle mourrait sur les ruines de Pompeï. Cependant elle put se lever dans la première semaine d’avril. On la conduisit à Naples ; on l’embarqua sur un paquebot qui partait pour Malte, et de là un vapeur du Lloyd autrichien la transporta jusqu’au port de Corfou.