Grammaire élémentaire de l’ancien français/Chapitre 2

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Chapitre II

Consonantisme

Dans la transformation des voyelles l’accent a joué le rôle principal. Pour la transformation des consonnes, il n’en est pas de même : ce sont les voyelles environnant la consonne qui ont déterminé en général les changements.

Voici le tableau des consonnes de l’ancien français, qui a été très peu modifié dans la langue moderne.

Occlusives.
Sourdes Sonores
Palatales k (c, q) g
Dentales t d
Labiales p b
Palatales spirantes (chuintantes).
Sourde Sonore
ch j
Sifflantes.
Sourdes Sonores
f v
s z
Liquides
l r


Nasales
n
m (labio-nasale)
ng (lat. anguis, nasale-palatale)


Semi-voyelles
y (yod)
u (w)

Enfin il faut ajouter les consonnes mouillées : ñ, ł (gn, ign; ill). L’ancien français a aussi connu le son correspondant au th doux anglais (on le note ainsi : đ ou ) ainsi qu’au th dur.


On peut distinguer deux positions dans les consonnes : la position forte, quand la consonne commence un mot ou qu’elle est initiale d’une syllabe après une consonne : canis, panis, manus; car|bonem, por|tare, mem|brum, rup|tum ; position faible, quand la consonne est entre deux voyelles : laudat, ripa, faba, vita, locat, jocat.

La règle générale est que les consonnes en position forte se maintiennent, tandis que, parmi les consonnes en position faible, les occlusives (labiales, dentales, palatales) s’affaiblissent ou disparaissent. On verra, dans le détail, l’application de cette règle.


H avait disparu en latin vulgaire et n’a pas été rétablie dans des mots comme : avoir < habere, on < homo, orge < hordeum. Mais elle a été rétablie artificiellement dans des mots où elle n’est pas aspirée, comme herbe, héroïne, dans des mots où elle est aspirée comme héros, haricot, et dans des mots d’origine germanique (honte < germ. haunita; heaume < germ. helm; haubert < germ. halsberg) ou influencés par des mots germaniques : altum > aut et, sous l’influence de l’allemand hoch, haut. Dans d’autres mots comme huit, huile, huis, h indiquait que u voyelle ne devait pas être confondu avec u consonne (v).


Exemples de consonnes qui s’affaiblissent; intervocaliques[1], les sourdes deviennent des sonores ou disparaissent.

P > b > v : ripam > rive ;
crepat > crève ;
sapam > sève ;
sapẹ́re > savoir ;
fabam > fève.
K[2] > g > i : pacat > *pagat > paie ;
dicat > *digat > die ;
negat > nie.
T > d > đ > (zéro) : vitam > vida > viđa > vie ;
crudam > cruda > crue.


Les consonnes doubles placées entre deux voyelles se maintiennent en se simplifiant : cappam > chape, mappam, mattam > nappe, natte (pron. nape, nate).

Les liquides (l, r) sont souvent soumises à la dissimilation (r devient l et réciproquement). Ex. : peregrinum > pèlerin, germ. heriberga > auberge, Arverniam > Auvergne, etc. Dans les groupes de trois consonnes la consonne du milieu disparaît ordinairement : rumpit > a. fr. ront ; servit, serv’t > sert; dormit, dorm’t > dort; computare, comp’tare > conter, etc[3].

La métathèse consiste en ce que la consonne change de place dans la même syllabe ou passe dans la syllabe qui précède immédiatement.

Ex. : formaticum > formage, fromage ; vervecem > berbis, brebis; *turbulare > torbler, fr. mod. troubler; *torculum, lat. vulg. *troculum > treuil.

Labiales.
P — B

P, B initiaux restent.


Ex. :

  • patrem > père ;
  • parem > per, pair ;
  • pontem > pont ;
  • bonum > bon ;
  • bene > bien.


P intervocalique devient v, après être passé à b en latin vulgaire.


Ex. :

  • ripam > rive ;
  • lupam > louve ;
  • sapẹ́re > savoir ;
  • capillum > cheveu. Devenu final, il passe à f.


Ex. :

  • apem > ef (abeille) ;
  • *capum (pour caput) > chief.


Lǫpum est devenu lovumloum, lou (normand leu) d’où l’expression à la queue-leu-leu ; Chanteleu (nom de lieu); cf. supra).

Mots savants : apostre, chapitre, épistre, etc.


Groupes pl, pr à l’intérieur des mots


Pl, p’l devient bl ; duplum > double ; capulum, cap’lum > câble. Populum a donné peuple, mais poblo dans les Serments de Strasbourg (842).

Remarque. — Les mots comme : triple, couple, etc. sont des mots savants.


Pr, p’r, devient vr.


Ex. : capram > chèvre ; febrem > fièvre ; aprilem > avril ; piperem, pip’rem > poivre ; leporem > lep’rem > lièvre ; seperare > sep’rare > sevrer ; operare, op’rare > ouvrer ; operarium, op’rarium > ouvrier ; pauperem > paup’rem > pauvre.


Dans les groupes pt, pd, ps le p tombe. Ex. : *adcaptare > acheter (capter est d’origine savante[4]) ; tepidum, tep’dum > tiède ; sapidum, sap’dum > sade[5] ; capsam > châsse ; *metepsimum > medesme, meesme, même. Le p a été rétabli dans sept, septembre (a. fr. set, setembre), etc., sous des influences savantes ; cf. sceptre, précepte, etc.


B initial reste, comme il a été dit plus haut. Intervocalique il s’est affaibli en v devant a, e, i, et il a disparu devant o, u.


Ex. :

    • debere > devoir ;
    • hibernum > hiver ;
    • caballum > cheval ;
    • tabernam > taverne ;
    • subinde > souvent ;
    • cubare > couver.
    • sabucum > seü, su (dans su–reau) ;
    • *habutum > e-ü, eu ;
    • *debutum > de-ü, dû ;
    • *tabonem > taon.


Emprunts aux langues méridionales, probablement au provençal : abeille, cabane, ciboule, cabus (chou), etc.


Groupes bl, br à l’intérieur des mots


Le groupe bl, b’l reste sans changement.


Ex. :

  • sabulum > sable ;
  • stabulum > étable ;
  • tabulam > table.

Remarque. — Tôle et parole paraissent empruntés aux dialectes de l’Est où le groupe b’l vocalise le b en u.


Br, b’r devient vr.


Ex. :

  • libram > livre ;
  • *labram > lèvre ;
  • liberare, lib’rare > livrer ;
  • fabrum > fevre ;
  • februarium > février. De même que p disparaît dans les groupes pt, pd, b disparaît dans les groupes bt, bs, bv, bm. Ex. : dubitare > dub’tare > douter ; *subitanum, sub’tanum > soudain ; obscurum > oscur ; subvenire > souvenir ; submónere (lat. cl. submonḗre) > semondre, etc.

Dans les mots comme obscur, absent, obstiné, subvenir, observer, etc., le rétablissement du b est dû à une influence savante.


B devenu final passe à f comme p final. Ex. : trabem > tref; sébum > suif; mais le traitement de ce dernier mot est obscur.

Dentales.
T — D


T initial persiste ; le groupe tr également. Terram > terre; trente, trembler, etc.

Tremere, devenu sans doute en latin vulgaire *cremere, a donné criembre en a. fr. et non *triembre; d’où, par suite de l’analogie des verbes en -aindre provenant de -angere, la forme moderne : craindre.


T intervocalique disparaît, après être passé par le stade đ.

Ex. : vitam > viđe, vie ; rotundum > redon, reond, rond ; *metallea> méđaille, meaille, maille[6] (médaille est une forme méridionale); *terratorium > terređoir, terreoir, terroir (prov. terradou). Cf. les nombreux mots en -oir. Les participes passés en -āta, -īta, -ūta donnent ée, ie, üe (parée, finie, venue).

Le maintien du t intervocalique s’explique par l’influence savante dans des mots comme : natif (à côté de naïf, forme populaire), créateur, nature, métal, etc. Dans matin t provient d’un double tt (mat’tinus pour matutinus) ; mâtin vient de mastin ; dans des mots comme pâture, pâte, etc., le maintien du t s’explique par une ancienne forme pasture, paste.


Groupes Tr, Tl.

Tr : le t disparaît après être passé par đ : ordinairement r se redouble.


Ex. :

  • patrem > peđre, père ;
  • matrem > međre, mère ;
  • petram > pièđre > pierre ;
  • latronem > lađron > larron ;
  • nutrire > nođrir > nourrir ;
  • *petronem > peđron > perron ;
  • *materiamen, matriamen > merrain[7].


Des mots comme patrie, patrimoine, patron, sont des mots savants ; patrouiller est mis pour patouiller.


Tl[8] : t peut s’affaiblir en d puis s’assimiler à l suivant qui s’est quelquefois vocalisé.


Ex. : Rotlandum (pour Rotolandum) > Rodlant, Rollant ; spatulam > espadle, espalle, épaule.


Ordinairement ce groupe passe à tr.


Ex. :

  • epistolam, epis’tlam > epistle, épistre ;
  • apostolum > apostle, apostre ;
  • capitulum > chapitre ;
  • titulum > titre.


*Vetulum, devenu *veclum, a donné vieil. T final latin après voyelle (ou devenu final en français) s’est maintenu pendant quelque temps, jusqu’à la fin du xie siècle ; il se prononçait sans doute comme le th dur anglais; puis il a disparu.

Ex.: amat > aimet, aime ; amatum > amét, aimé ; finitum > finit, fini ; *perdutum > perdut, perdu ; virtutem > vertut, vertu ; bonitatem > bontét, bonté.

Dans sitim, lat. vulg. setem, par suite d’une influence non expliquée[9], t s’est transformé en f : soif.


T final (ou devenu final) après consonne se maintient et sonne en liaison. Ex. : dormit > dort ; venit > vient ; factum > fait ; dictum > dit.


T + s final devient z, qui en ancien français se prononçait ts.


Ex. :

  • amatus > amez (pron. améts) ;
  • natus > nez (pron. néts) ;
  • hostis > oz (pron. ots) ;
  • nostros > noz, nos.

D

D initial se maintient. Dos, devoir, dur, dormir, douleur.


D intervocalique disparaît en passant par đ.


Ex. :

  • audire> ouir ;
  • *gaudīre (lat. cl. gaudere)> jouir ;
  • sudare > suer ;
  • denudare > dénuer ;
  • videre > veoir, voir ;
  • sedere > seoir ;
  • laudare > louer ;
  • *codam > queue ;
  • fidelem > féal (fidèle est un mot savant), etc.


Des mots comme crudité, nudité, et beaucoup d’autres, dénoncent une influence savante.

Groupes dr, dl

Dr, d’r donne rr par disparition de d (devenu d’abord đ) et redoublement de r ; mais quelquefois aussi il reste un r simple.

Ces différences paraissent s’expliquer par la chronologie.

Ex. : ridere, rid’re > rire ; credere > croire ; claudere > clore ; cathedram > chaiére, chaire ; quadratum > carré ; hederam > ierre (lierre, mis pour l’ierre)


Dl, d’l, groupe très rare, donne dr dans les mots suivants : scándalum > esclandre ; Vándalum > Vandre (Vandale). Modulum a donné modle, molle, moule.


D devenu final disparaît, après voyelle, après s’être maintenu jusqu’à la fin du xie siècle, avec le son de th anglais doux.


Ex. :

  • nudum > nu ;
  • crudum > cru ;
  • fidem > foi ;
  • mercedem > merci.


Le d a été rétabli dans quelques mots pendant la période de la Renaissance.

Ex. : pedem > pied (a. fr. pié), nid, nœud, etc.


D final d’origine germanique se trouve représenté par f.


Germ. bed (all. mod. Bett) > bief. Cf. Elbeuf, Paimbœuf (de noms germaniques terminés en -bodo), et des noms propres de personnes comme Marbeuf < (Marbodo).


D devenu final après consonne s’est changé en t au début de la langue : grandem > grant, tarde > tart, subinde > souvent ; dans la plupart des cas la langue moderne a rétabli le d (mais en gardant pour certains mots le son t devant voyelle) : grand, tard, sourd, tourd.

Palatales.
C[10], G

Groupes Cl, Cr initiaux

Les groupes cl, cr initiaux se sont maintenus.


Ex. :

  • clausum > clos ;
  • crudum > cru ;
  • crucem > croix.


Il y a cependant quelques exemples d’affaiblissement, qui s’expliquent par la phonétique syntactique[11]. Classicum > glas ; crassum > gras (influence de gros ?) ; craticulam > greïlle, grille.


C initial + voyelle. Ici il faut distinguer trois cas : 1er co, cu[12]; 2e ca; 3e ce, ci (lat. ke, ki).

Tableau des points de formation contre le palais des groupes ca, ce, ci, co, cu, en réalité : ka, , ki, ko, kou, et des groupes ga, ge, gi, go, gou[13].
K dans ki, ke (et ) est dit prépalatal, c’est-à-dire formé dans la partie antérieure du palais dur ; k + a est dit médiopalatal ; ko, ku, postpalatal (palais mou).

1o Dans les groupes co, cu, c reste.


Ex. :

  • cor > cœur ;
  • cotem > queux (pierre à aiguiser) ;
  • coquum > queux (cuisinier) ;
  • codam (pour cauda) > queue ;
  • curam > cure ;
  • corium > cuir.

2o Ca. Pour ce groupe il suffit de rappeler ici sommairement ce que nous avons dit à propos de a.

Le groupe ca initial accentué donne ch + ie, si a est libre : carum > chier; *capum > chief; canem > chien; capram > chièvre.

Caulem donne chou et causam, chose. Ici l’a n’est pas pur : il y avait une diphtongue ; le traitement n’a pas été le même que si l’a avait été pur.

Si a est entravé, le groupe se maintient sans changement : cameram, cam’ram > chambre; cantat > il chante ; campum > champ.

Quand le groupe ca est avant l’accent, le c se change en ch (a passe à e, s’il est libre, et reste a s’il est entravé[14]) : cabállum> cheval; camísiam > chemise; camínum> chemin; carbónem > charbon.


Le traitement de ca initial est un des traits qui distinguent le plus nettement la langue d’Oc de la langue d’Oïl ; cependant, d’une part dans les dialectes méridionaux qui forment la frontière linguistique avec la langue d’Oïl, c + a initial passe à ch; par exemple en périgourdin, limousin, auvergnat, dauphinois, etc.

D’autre part deux dialectes importants de la langue d’Oïl, le normand et le picard, gardent le groupe ca intact : rescaper, cantel, castel, le Cateau, Cambrai (et non Chambrai), etc.

Beaucoup de mots commencent par ca dans le français moderne : ce maintien de ca s’explique par des emprunts (langues du Midi, normand, mots savants, mots anglais, allemands, etc.).

3o C initial suivi de e, i donne s dure, écrite ordinairement c[15].


Ex. :

  • ceram > cire ;
  • cinerem > cendre ;
  • centum > cent ;
  • cilium > cil.


*Circare > a. fr. cerchier, fr. mod. chercher, par assimilation du premier phonème (c) au second (ch).

C appuyé initial d’une syllabe à l’intérieur d’un mot

Lorsque c est, à l’intérieur d’un mot, précédé d’une consonne, et qu’il commence une syllabe (per-currere), le traitement dépend, comme quand il est initial d’un mot, de la voyelle qui le suit.

1) Cons. + co, cu ; c se maintient : percurrit > parcourt ; sarcófagum > sarcou, sarcueu, cercueil ; mais verecundiam > vergogne, parce que le c s’est affaibli avant la chute de e qui précède. De même les suffixes -dicum, -ticum ont donné je, ge, par suite de l’affaiblissement de c en g en latin vulgaire ; le g s’est ensuite fondu dans l’i qui le précédait.


Ex. :

  • *aetaticum > eage, âge ;
  • *coraticum > courage ;
  • formaticum > fromage ;
  • medicum > miège (médecin) ;
  • *pedicum > piège ;
  • *sedicum > siège ;
  • *silvaticum > sauvage.

2) C suivi de a commençant une syllabe après une consonne à l’intérieur d’un mot devient ch ou g.


Ex. :

    • buc|cam > bouche ;
    • man|cam > manche ;
    • pec|catum > pechiét, péché ;
    • vac|cam > vache.
    • fabricare, fabr’care > forgier ;
    • fabricam > forge ;
    • *carricare > chargier ;
    • delicatum, del’catum > delgiet (délicat).

3) C + e, c + i commençant une syllabe après consonne donnent s dure écrite ordinairement c.


Ex. :

  • rumicem > rum’cem > ronce ;
  • medicinam > med’cinam > mecine (médecine, mot savant).

C intervocalique

Il faut distinguer ici aussi le point d’articulation.

  1. Postpalatal, c’est-à-dire devant o, u (ou), c intervocalique disparaît.
    1. Avant l’accent : secúrum > seür, sûr ; *placútum > pleü, plu ; *tacútum > teü, tu.
    2. Après l’accent : paucum > pou (peu) ; raucum > rou ; focum > fueu, feu.
  2. Voyelle + ca.
    1. Après o, u, c disparaît.
      Jocat > il joue ; locat > il loue ; advocatum > avoué (avocat, forme savante ou méridionale).
    2. A, e, i + c : c passe à yod, qui se confond quelquefois avec la voyelle précédente (i).
      Pacat > paie ; necare > neier, noyer ; plecare > pleier, ployer ; picam > pie ; *ficam> fie (figue est d’origine méridionale). Dicam > q. je die est très régulier.
  3. Voyelle + ce, ci. C se transforme en s (pron. z), en dégageant un i (is).
    1. Placere > plaisir ; tacere > taisir ; *racīmum (pour racemum) > raisin ; coquinam > cocinam (pron. cokina) > cuisine.

C final

C latin final devient i dans fac > fai(s) ; il se maintient dans apud hoc > avec, per hoc > a. fr. poruec, sine hoc > senuec, et tombe dans ecce hoc > ço, ce ; illac > la ; ecce hac > ça.

Devenu final dans des mots comme vocem, nucem crucem, vicem, il s’est transformé en z après avoir dégagé un i : voiz, noiz, croiz, foiz ; cf. encore perdīcem > perdiz (perdrix) ; ce z est devenu ensuite s et cette s elle-même a été remplacée dans la langue moderne par x, en souvenir du nominatif latin en x (voix, croix, noix, mais fois).


Le groupe final latin ce, précédé d’une consonne, donne s dure, marquée ordinairement par c. Ex. : pulicem, pul’cem > puce ; pollicem, poll’cem > pouce. Cf. cependant onze, douze, treize, au lieu de once, etc. Quand le groupe latin co, cum est final, le c se maintient s’il était double (beccum > bec ; siccum > sec) ou s’il était précédé d’une consonne : porcum > porc ; clericum > clerc ; arcum > arc ; *blancum > blanc.

Si ce groupe co, cum était précédé en latin d’une voyelle, le c se transforme en i après a, comme dans l’exemple donné plus haut fac > fai ; Cameracum[16] > Cam’racum > Cambrai ; précédé de i, il se transforme en i et se confond avec la voyelle précédente : amicum > ami ; spicum > épi ; précédé de ę́ (ouvert et accentué) il se joint à la diphtongue ie qui provient de cet e (cf. supra le traitement de ę́ ; la triphtongue ainsi obtenue (iei) s’est réduite, dans la période prélittéraire, à i : nec > ni, *preco (lat. cl. precor) > pri ; nego > nie. Après u il disparaît : *festucum (lat. cl. festucam) > fêtu, sambucum > seü, su (sureau).

C + consonne

C + s (représenté par x) donne is.


Ex. :

  • axem > ais ;
  • coxam > cuisse ;
  • buxum > buis ;
  • uxorem > oissor (épouse) ;
  • maxillam > maisséle (mâchoire).


C + t > it.


Ex. :

  • factum > fait ;
  • dictum > dit ;
  • pectus > piz (poitrine) ;
  • lectum > lit ;
  • noctem > nuit ;
  • octo > huit[17] ;
  • tructam > truite ;
  • fructum > fruit ;
  • lactucam > laitue. C + r > ir.


Ex. :

  • facere, fac’re > faire ;
  • dicere, dic’re > dire ;
  • lacrimam > lairme, lerme, larme.


C + l > l mouillée (marquée par il à la finale, ou ill à l’intérieur des mots).


Ex. :

  • soliculum, solic’lum > soleil ;
  • vermiculum, vermic’lum > vermeil ;
  • *conuculam, conuc’lam > quenouille ;
  • auriculam, auric’lam > oreille;
  • vetulum, vec’lum > viel.


Cf. cependant un traitement différent dans aquilam > aigle, ecclesiam > église, et dans des mots comme aveugle, spectacle, miracle, siècle, règle, qui sont sans doute des mots savants ; seigle (lat. vulg. sécale) paraît être un mot dialectal.

Quand le groupe cl est précédé d’une consonne, le c se maintient : avunculum > avunc’lum > oncle ; cooperculum, cooperc’lum > couvercle ; circulum, circ’lum > cercle.

Dans le groupe scl le c tombe. Ex. : masculum > masle, mâle; *misculare > mesler, mêler; musculum > mousle, moule[18].


Le groupe qu (pron. kou, kw) n’est intéressant que dans quelques mots : coquina, equa, aqua, *sequere (lat. cl. sequi). Le traitement est obscur et chaque mot est traité pour ainsi dire différemment.

Coquina : ce mot est devenu cocina (cokina) dans le latin vulgaire, d’où cuisine (où la diphtongue ui s’explique d’ailleurs par un emprunt aux formes du verbe cuire). Aqua[19] donne aive, ève (cf. évier) ; ensuite eawe, eaue, eau.

Equa (jument) devient ive, comme sequere, sivre.

Aequalem donne égal, par affaiblissement du q intervocalique en g.

G[20][modifier]

Initial suivi d’une consonne (gl, gr) g reste. Grand, grain, gland, grenade.

Initial suivi d’une voyelle : le traitement est différent suivant la voyelle.

1)[modifier]

Devant o, u (go, gu, c.-à-d. gou) g se maintient.


Ex. :

  • gustare > gouster ;
  • *gurgam, gǫ́rgam > gorge
2)[modifier]

G suivi de a, e, i est devenu j (écrit souvent g).


Ex. :

  • galbinum > jaune;
  • *gaudiam > joie ;
  • gallinam > jeline (poule) ;
  • gemere > geindre ;
  • genuculum > genou.


Comme pour le groupe ca initial, la plupart des dialectes du midi de la France ont conservé le g latin du groupe ga initial : de même le normand et le picard. C’est à ces derniers dialectes ou à des dialectes méridionaux que sont empruntés les mots français commençant par ga, comme galet, galette (normand ?); gabelle, gabarre (provençal); gabion (italien), etc. G initial d’une syllabe après une consonne, à l’intérieur d’un mot, a suivi la même règle qu’à l’initiale.


Ex. :

  • largam > large ;
  • purgare > purger ;
  • vergam > verge ;
  • Andegavum > Anjou ;
  • virginem > vierge ;
  • angelum > ange.


Mais Burgundiam > Bourgogne ; angustiam > angoisse.

G intervocalique[modifier]

Le sort de g intervocalique dépend, comme pour le c, des voyelles avec lesquelles il est en contact.

1)[modifier]

Voyelle + gu, go : g disparaît.


Ex. :

  • *agurium > eür, eur(boneur, maleur);
  • *agustum > aoust, août ;
  • legumen > leün ;
  • Hugonem > Huon.
2)[modifier]

Voyelle + ge, gi : g disparaît.


Ex. :

  • reginam > re-ïne, reine ;
  • vagīnam > ga-ïne, gaine ;
  • sigillum > se-el, seau (sceau) ;
  • *faginam > fa-ïne, faîne.
3)[modifier]

Voyelle + ga.

a)[modifier]

Après une voyelle vélaire (o, u) la palatale (g) disparaît sans laisser de trace.


Ex. :

  • rūgam > rue ;
  • sanguisugam > sangsue.


Dans rogare > rover (interroger), le v doit s’être développé comme dans pou-ons devenu pouvons.

b)[modifier]

Après une autre voyelle (a, e, i) g se change en yod (i, y).


Ex. :

  • legalem > leial, loyal ;
  • regalem > reial, royal ;
  • legamen > leien, lien ;
  • plagam > plaie.

G final[modifier]

G n’existait pas à la finale en latin. Quand il est devenu final en passant en français il s’est durci en c après une consonne: longum > lonc; largum > larc; *sanguem (lat. cl. sanguinem) > sanc; germ. ring > ranc. L’orthographe moderne a rétabli le g, qui sonne c devant une voyelle.

Après voyelle il est traité comme intervocalique (ce qu’il était en réalité) et est devenu i : regem > roi ; legem > loi.

G + consonne à l’intérieur d’un mot[modifier]

G suivi d’une consonne à l’intérieur d’un mot (g’t, g’d, gr) se change en i.

Ex. : digitum, dig’tum > doit (doigt, orthographe moderne) ; frigidum, frig’dum > froid ; fragrare > flairer ; nigrum > noir ; Ligerim, Lig’rim > Loire.


Groupe gn. Ce groupe donne n mouillée, représentée par gn; à la finale cette n s’est asséchée dans la prononciation moderne, en nasalisant la voyelle précédente.

Ex. : pugnum > poin(g) ; signum > sein(g) ; plantaginem, plantag’nem > plantain ; propaginem > provain (fr. mod. provin).

Exemples de gn non final : *insigniam > enseigne ; pugnam > poigne ; agnellum > agneau ; *dignare (lat. cl. dignari) > deignier, daigner.

Quand le groupe gn était suivi d’une consonne, gn donnait à l’intérieur d’un mot in. Ex. : dignitatem, dign’ tatem > deintiet (fr. mod. dignité, mot savant); cognitam, cogn’tam > cointe.


Groupe ng + voyelle. Le g se maintient devant o, u accentués : angustiam, angọ́stiam > angoisse ; anguillam > anguille. Devant e accentué g forme avec n une n mouillée : plangentem > plaignant. Après l’accent, g disparaît à l’infinitif des verbes en -ángere, -ingere, plangere > plaindre; cingere > ceindre.


Gl a donné l mouillée. Ex. : vigilare, vig’lare > veiller; coagulare, cag’lare > cailler. Règle est un mot savant.


Groupe gu. Le traitement le ce groupe n’est intéressant que dans quelques mots d’origine germanique. Cf. infra, le traitement du w.

À l’intérieur des mots le groupe gu, précédé de n, se maintient sous forme de g dur (gu devant e, i) dans les mots d’origine latine : *linguaticum > langage; unguentum > onguent ; *sanguinum > sanguin.

Dans legua, d’origine celtique, le g tombe et l’u forme avec la diphtongue provenant de ę́ la pseudo-triphtongue ieu : d’où lieue.

Le mot d’origine germanique tregua a donné également trieue; mais u s’y est aussi consonifié dans la forme trieve, trêve.

I (J)[modifier]

La prépalatale i[21] sera étudiée en partie à la fin du consonantisme. Ici nous ne nous occuperons que de son traitement à l’initiale, où elle devient j (g).


Ex. :

  • iocum > jeu ;
  • *iocare > jouer ;
  • iacere (pron. yakẹ́re) > gésir ;
  • *iuniciam > génisse ;
  • iuniperum > genièvre.

V, F[modifier]

V et F persistent à l’initiale.


Ex. :

  • vinum > vin ;
  • vendere > vendre ;
  • fragilem > fraile, frêle,
  • *ficam > fie (figue) ;
  • ferrum > fer.


Cependant vicem a donné fois (et non vois) et vervecem berbis-brebis (on admet pour ce dernier mot que dans le latin vulgaire il était devenu déjà *berbecem, ou plutôt *berbīcem).

Dans d’autres mots v initial, par analogie avec les mots d’origine germanique, a donné gu, g (= g dur).


Ex. :

  • vadum > gué ;
  • vastare > gaster ;
  • Vasconiam > Gascogne ;
  • *vulpículum > goupil (renard) ;
  • vervactum > guéret ;
  • viperam > guivre.


Intervocalique v subsiste devant a, e, i.


Ex. :

  • avarum > aver (avare) ;
  • vivat > vive ;
  • bovarium > bouvier ;
  • *lixivam > lessive.


Il disparaît devant o, u.


Ex. :

  • pavorem > paour, peour, peur ;
  • pavonem > paon ;
  • avunculum > oncle ;
  • oviculas > oueilles, ouailles.

Le traitement de f intervocalique est obscur. En général elle disparaît.


Ex. :

  • *bifacem > biais ;
  • deforis > dehors ;
  • *refusare > reüser, ruser ;
  • *scrofellas[22] > écrouelles.


F finale s’amuït quand elle est suivie de s.

On disait autrefois : uns sers, uns cers et au cas régime un serf, un cerf.

Des traces de cet amuïssement sont restées dans œuf et bœuf, que l’on écrit au pluriel œufs et bœufs, mais que l’on prononce eu et beu.


Le v devenu final en français s’est durci en f.

Ex. : vivum > vif ; captivum > chaitif, chétif ; navem > nef ; clavem > clef.


Les groupes de consonnes formés avec v sont peu importants. Citons cependant le groupe lvr dans des mots comme absolvere, absolv’re > absoudre ; pulverem > pulv’rem > poudre, où le v a disparu et où un d s’est intercalé. Dans les autres groupes comme v’g, v’t, v’n, v disparaît : navigare, nav’gare > nager; civitatem, civ’tatem > cité ; juvenem, juv’nem > jeune (au début juefne).

Cf. de même pour f (ph) + n : *Estephanum > Etienne ; antephonam > antienne. Cependant f s’est maintenue en dissimilant n en r dans : *cofinum > coffre.

S[modifier]

S était dure (sourde) en latin. Elle l’est restée, en français, à l’initiale: soir, sel, sœur, salut et, à l’intérieur d’un mot, quand elle commence une syllabe : ver|ser, our|se, etc. Seuls les mots d’emprunt comme Alsace, balsamique, ont, dans ce dernier cas, une s sonore (z).

Intervocalique elle est devenue sonore : chose, rose, pause, trésor, etc.


S + consonne (ou x, c’est-à-dire cs, + consonne), à l’intérieur d’un mot : s s’est amuïe, dans la langue moderne, en allongeant la voyelle qui précède (allongement marqué ordinairement par un accent circonflexe).


Ex. :

  • insulam > isle, île ;
  • elemosinam, el’mos’nam > aumosne, aumône ;
  • fraxinum > fresne, frêne ;
  • asinum > âne.


Dans les groupes s’r, sc’r (devenu cs’r) un d ou un t se sont introduits avant la chute de s.


Ex. :

  • consuere > cousdre, coudre ;
  • *essere > estre, être ;
  • pascere, pacs’re > paistre, paître ;
  • cognoscere, cognocsere > conoistre, connaître.


Les groupes suivants sp, st, sc sont plus fréquents : s disparaît et la voyelle s’allonge.


Ex. :

  • *crispare > cresper, crêper ;
  • costam > coste, côte ;
  • gustum > goust, goût ;
  • a(u)gustum > aoust, août ;
  • *piscare > peschier, pêcher.


De nombreux mots d’emprunt ont gardé s devant p, t, c. Ce sont des mots savants ou des mots empruntés aux langues méridionales de l’Europe.

Ex. : Bastion, bastide, suspect, suspicion, sustenter, substantif, aspérité (cf. âpreté), épiscopal (mais evesque, évêque, etc.).


Groupes sc, sp, st à l’initiale. En latin vulgaire un e (i) était venu se placer devant s : on disait estatua, escribere ou istatua, iscribere, etc.

E est resté et s a fini par s’amuïr.


Ex. :

  • stabulum > estable, étable ;
  • scalam > eschelle, échelle ;
  • scribere > escrire, écrire ;
  • stoppam > estoupe, étoupe ;
  • sponsam > espouse, épouse.


Les dialectes du Midi ont conservé s dans ce cas-là : escriure, estable, etc.

Les mots commençant pas esc, est, esp sont nombreux en français : mais la plupart sont des mots savants ou des mots empruntés aux langues méridionales (provençal, italien, espagnol). Escalade, estampe, espion, esprit, estomac, escargot, escalier, escarpe, esquille, estacade, estrade (a. fr. estrée), etc.

L’histoire de l’amuïssement de s dans ces groupes est intéressante, mais compliquée. Il semble s’être produit du xie au xiiie siècle. L’orthographe a gardé longtemps s et l’Académie ne l’a supprimée que dans la 3e édition (1740) de son Dictionnaire.

Z[modifier]

Z n’existait en latin que dans les mots empruntés au grec. *Zelosus est traité comme si on avait écrit ou prononcé ielosus et a donné jalous (jaloux). Dans Lázarum z est traitée comme s ; d’où Lazarum > Laz’rum > lasdre, ladre.

Les mots commençant par z en français sont empruntés au grec ou au grec latinisé (zèle, zone, zodiaque, zoologie) ou aux langues orientales (arabe zénith, zéro, etc.).

Nasales : M, N[modifier]

M initiale se maintient, sauf dans quelques mots où elle s’est changée en n.


Ex. :

  • mappam > nappe ;
  • mattam > natte ;
  • *mespulam > nèfle.


M double à l’intérieur des mots s’était réduite à m ; elle a été rétablie dans l’orthographe.


Ex. :

  • flammam > flame, flamme ;
  • summam > some, somme ;
  • gemmam > geme, gemme.


On a prononcé autrefois : flan-me, son-me, avec la première voyelle nasalisée. Cette nasalisation paraît s’être maintenue jusqu’au xvie siècle.

Le groupe mn, m’n avait été traité comme mm et la voyelle qui précédait était aussi nasalisée.

Ex. : feminam > femme (a. fr. feme, prononcé fan-me) ; hominem > ome, pron. on-me ; somnum > some, somme ; dominam > dame ; nominare, nom’nare > nomer, nommer.

Nm, groupe plus rare, se réduit à m, en allongeant la voyelle précédente. Ex. : animam, an’mam > âme (au début aneme, an-me) ; Hieronimum > Jérôme.

Dans des mots comme damner, condamner, m a été rétablie par une réaction orthographique. Des mots comme automne, calomnier, hymne, omnipotent, etc., sont d’origine savante. Columnam a donné colonne et colombe (terme de métier).


Dans les groupes secondaires m’l, m’r un b s’intercale.

Ex. : insimul, insim’l > ensemble ; humilem, hum’lem > humble ; cumulare > combler ; *tremulare > trembler ; numerum, num’rum > nombre ; *cameram > chambre ; Cameracum > Cambrai ; rememorare, remem’rare > remembrer.


M entre deux consonnes disparaît.

Ex. : dormis > dors (le radical verbal dorm- reparaît dans dorm-ons, dorm-ez, etc.) ; dorm(i)torium > dortoir ; Firmitatem, Firm’tatem > (La) Ferté ; vermis > vers (cas sujet ; cas régime verm, ver).


M devenue finale en français s’écrit tantôt n, tantôt m. Ex. : aeramen > airain ; famem > faim ; examen > essaim ; *racīmum (lat. cl. racĕmum) > raisin.


N initiale se maintient. Nez, net, nom, nain.

Cependant (u)nicornam a donné par dissimilation licorne et non nicorne.


N à l’intérieur d’un mot, après l’accent et après les consonnes p, f, d, t, c, g passe à r.


Ex. :

  • tympanum > timbre ;
  • *cofinum > coffre ;
  • Londinos > Londres ;
  • diaconum > diacre ;
  • Lingones > Langres ;
  • pampinum > pampre.


N intervocalique reste.


Ex. :

  • lanam > laine ;
  • lunam > lune ;
  • donare > doner[23] ;
  • bonam > bone (bonne).

Mais il se produit une dissimilation de n en l dans les mots suivants, où deux syllabes consécutives commencent par n.


Ex. :

  • Bononiam > Boulogne ;
  • *orphaninum > orphelin ;
  • *gonfanonem > gonfalon.


Groupe n’r : un d s’intercale.

Ex. : venerisdiem, ven’risdiem > vendredi ; cinerem, cin’rem > cendre ; ponere, pon’re > pondre ; tenerum, ten’rum > tendre ; generum > gendre.

Les parfaits vindrent, tindrent (3e pers. plur.) existaient encore au temps de Vaugelas.

Dans les verbes en -ángere, -éngere (-ingere), -úngere le groupengr est traité comme n’r : plaindre, enfreindre, ceindre, peindre, poindre, joindre, etc.


Les groupes gn, ng à l’intérieur d’un mot donnent n mouillée (écrite gn, et quelquefois ign).

Ex. : agnellum > agneau ; fingentem > feignant (écrit fainéant par une fausse étymologie) ; plangentem > plaignant ; jungentem > joignant ; cf. plus haut, traitement de g.

Pour le groupe ni cf. la fin du consonantisme.


N finale d’un mot disparaît devant s.

Ex. : jorn (cas régime singulier), mais jors (cas sujet singulier et cas régime pluriel ; diurnus, diurnos) ; de même furnum > forn, furnus ou furnos > fors ; ivern et ivers, etc.

Liquides : L, R[modifier]

L initiale se maintient, sauf dans niveau pour liveau (de libellum). Le groupe l’r intercale un d ; il en est de même pour le groupe lv’r où le v est tombé, et d’autres groupes où l est en contact avec r.

Ex. : tollere, toll’re > toldre ; molere > moldre, moudre ; absolvere > absoudre ; resolvere > résoudre. Cf. *fulgurem > foudre.

Pour le groupe t’l, cf. supra, au traitement de t.

Pour *vetulum, cf. supra, au traitement de cl.


L mouillée : cl, g’l, lj, à l’intérieur d’un mot, deviennent l mouillée (écrite ll et ill, comme dans fille, mouiller).


Ex. :

  • *solic’lum > soleil ;
  • *somnic’lum > sommeil ;
  • vermic’lum > vermeil ;
  • vigilare > veiller ;
  • paleam, paliam > paille ;
  • maculam > maille ;
  • filiam > fille.


L vocalisée : l s’est vocalisée devant consonne après a, e, i, o ; après u elle disparaît (pulicem > puce).


Ex. :

  • malvam > mauve ;
  • albam > aube ;
  • altam > haute ;
  • talpam > taupe ;
  • Aldam > Aude ;
  • falsum > faux ;
  • capillos > chevels, cheveux ;
  • illos > els, eux.


Les pluriels des noms en el, al ont été formés ainsi : cheval + s > chevaus, chevel + s > cheveus ; uels > ieus, yeux : le signe abréviatif de us des manuscrits a été pris pour x et cette lettre est ainsi devenue dans les mots en al, el, etc., le signe du pluriel.

Cette vocalisation de l s’est produite aux xie-xiie siècles sans qu’on puisse fixer d’une manière précise la date de ce changement ; mais il semble que la vocalisation était commencée, pour certains mots et dans certains dialectes, depuis le ixe siècle et qu’elle était terminée au début du xiie. Seulement, dans l’écriture, l s’est maintenue alors qu’elle était déjà vocalisée.

R[modifier]

R se maintient à l’initiale. Intervocalique également. Mais les cas de dissimilation de r en l ne sont pas rares.


Ex. :

  • peregrinum > pélerin ;
  • *paraveredum > palefroi ;
  • *frigorosum > frireux, frileux.


Cf. encore : germ. heribergam > alberge, auberge.


R intervocalique a une tendance à passer à z : au xvie siècle les dames parisiennes prononçaient pèze, mèze pour père, mère. Cf. Clément Marot, Épitre au biau fils de Pazy. C’est ainsi que s’expliquent les formes actuelles besicles (pour bericles) et surtout chaise pour chaire < cathedram.


Groupes br, pr : r devient quelquefois l par dissimilation.


Ex. :

  • cribrum > crible ;
  • Cristophorum > Cristofle ;
  • tempora > temple (auj. la tempe).


Fr se dissimile en fl dans fragrare > flairer.


R finale s’est amuïe dans les infinitifs en -er et dans les mots en -er, -ier (boucher, premier), excepté dans les monosyllabes : pair, cher, hier, fier. Elle a dû sonner régulièrement jusqu’au xvie siècle et on sait que les rimes mer : aimer, appelées rimes normandes, ne sont pas rares chez Corneille.

R est aussi sujette à la métathèse. Ex. : *berbicem > brebis[24]; *formaticum > fromage ; torculum, troculum > treuil; temperare > tremper; *turbulare > troubler; *adbiberare > abevrer, abreuver.

Enfin, dans certains mots, une r adventice s’est introduite, sans doute sous l’influence d’une autre r existant déjà ou pour des raisons obscures (analogie). Les principaux exemples de ce phénomène sont : perdicem > perdrix; tesaurum > trésor; cannabim > chanve et chanvre; incaustum, encaustum > enque[25], encre ; fundam > fonde, fronde.

Consonnes germaniques[modifier]

L’étude du traitement des consonnes dans les mots d’origine germanique est intéressante, mais assez compliquée. Nous ne parlerons ici que de deux ou trois consonnes. D’une manière générale, elles ont été traitées comme les consonnes latines correspondantes.


Le germanique avait un phonème[26] correspondant au double w; en initiale il est devenu g, gu (déjà sans doute en latin vulgaire).

Ex. : werra (cf. anglais war) > guerre ; warda > garde ; wahta > lat. vulg. guacta > gaite (masc. guet; dérivés guetter, guetteur, guet-apens) ; warnjan > lat. vulg. warnire, guarnire > garnir ; Wido > Gui ; Widónem > Guyon ; Waltári > Gautier ; Winilónem > Guenelon, Ganelon; cf. encore Garnier, Guérard, Guérin, Guillaume, etc.

À l’intérieur d’un mot w d’origine germanique est traité comme v dans : sparwari > épervier, et dans le nom propre Hluthawig, devenu Clothavig, Cloevis, Clovis. Chlodowig, lat. vulg. Lodovicus donne en a. fr. Looïs, fr. mod. Louis.

Enfin w final se vocalise en u : blaw (all. moderne blau) > bleu.

H était un signe d’aspiration dans les dialectes germaniques : elle s’est maintenue, comme signe orthographique, à l’initiale et devant voyelle, dans les mots français qui dérivent de mots germaniques commençant par h : halsberg > haubert, helm > heaume, haga > haie.

Semi-voyelle[modifier]

I[modifier]

Les principaux groupes où entre i semi-voyelle (yod) sont les suivants: pi, bi, vi ; ti, di, sti, si ; ci, gi ; li, ni.


Pi donne ch.


Ex. :

  • sapiam[27] > q. je sache;
  • *appropiare > approchier ;
  • Clipiacum > Clichy.


Pigeon (au lieu de *pichon) s’explique sans doute par un affaiblissement de pipionem en pibionem dans le latin vulgaire.


Bi, vi > j écrit souvent g.


Ex. :

  • gobionem > goujon ;
  • *rabiam (rabiem) > rage ;
  • rubeum, rubium > rouge ;
  • cambiare > changier ;
  • diluvium > déluge ;
  • abbreviare > abrégier ;
  • *sabium (au lieu de *sapius, sapiens) > sage.


Le groupe ti, entre deux voyelles (po-ti-onem) donne is (= iz).


Ex. :

  • potionem > poison ;
  • sationem > saison ;
  • rationem > raison ;
  • titionem > tison (pour tiison) ;
  • *minutiat > il menuise (du verbe menuiser) ;
  • otiosum > oiseux ;
  • palatium > palais.
Remarque

Les mots comme absolution, dévotion, révolution, etc., sont des mots savants.

Des mots comme grâce, espace et négoce, paraissent aussi des mots d’emprunt.

Justice, service (lat. justitia, avaritia) paraissent avoir subi aussi une influence savante : de même pour richesse (lat. vulg. *riketia) et franchise (lat. vulg. *franketia).


Lorsque le groupe ti est précédé d’une consonne, il donne ss (écrit aussi c, ou z).


Ex. :

  • *captiare > chasser ;
  • *directiare > dresser;
  • *tractiare > tracer ;
  • nuptias > noces ;
  • cantionem > chanson ;
  • altiorem > alzor ; cf. forzor, gensor, aux comparatifs ;
  • infantiam > enfance ;
  • suffixes en -ance (de -antia), en -ence, ense (de -entia). Sti > iss.


Ex. :

  • angustiam > angoisse ;
  • *frustiare > froisser.


Di > i (y) et j à l’initiale.


Ex. :

  • *gaudiam > joie ;
  • medietatem > meitiet, moitié ;
  • *modiolum > moyeu ;
  • medianum > moyen.
  • Initial:
  • diurnum > jorn, jour ;
  • *deusque, diusque > jusque.


Si > is.


Ex. :

  • *clausionem > cloison;
  • mansionem, masionem > maison ;
  • tonsionem, tosionem > toison ;
  • basiare > baisier (baiser) ;
  • *pertusiat > il pertuise (perce).


Ki > c (prononcé ts au début).


Ex. :

  • *aciarium > acier ;
  • *glaciam (pour glaciem) > glace ;
  • faciam (pour faciem) > face ;
  • faciam > (que je) face, fasse.


Après consonne :


  • lanciam > lance ;
  • Franciam > France.


Solacium, bracchium et lacium (pour laqueum) ont donné : soulas, bras, las (écrit lacs), à l’origine solaz, braz, laz c’est-à-dire solats, brats, lats.


Li donne l mouillée, ni donne n mouillée. Ndi aboutit aussi à n mouillée.


Ex. :

  • aliorsum > ailleurs ;
  • mulierem > moillier (femme) ;
  • *molliare > mouiller ;
  • *metalliam (pour metalleam) > meaille, maille;
  • consilium > conseil ;
  • paleam > paille[28].
  • *companionem > compagnon ;
  • seniorem > seignor ;
  • *balneare, *baniare > baignier ;
  • Campaniam > Champagne ;
  • Ispaniam > Espagne ;
  • Burgun(d)iam > Bourgogne ;
  • verecun(d)iam > vergogne.


Dans quelques mots où ni n’était pas primitif, l’i s’est consonifié, au lieu de mouiller la nasale.


Ex. :

  • extraneum, extranium > estrange ;
  • lineum, linium > linge ;
  • laneum, lanium > lange.


Mi, mni > nj, ng.


Ex. :

  • vindemiam > vendange ;
  • somniare > songier ;
  • *dominionem > donjon ;
  • *dominiarium > dangier (puissance).

U (W)[modifier]

Pour son traitement dans les groupes qu, gu, cf. supra, traitement du c. U latin égale ou français.

En dehors de ces cas, u devient v après d dans des mots comme viduam > vedve, veuve. De même après l et n : annualem > anvel (annuel est moderne), januarium > janvier ; februarium est devenu febrarium, en latin vulgaire : d’où février. Au parfait des verbes (parfaits en -ui), u s’est maintenu ou a disparu ; cela dépend de la voyelle du radical ; cf. la conjugaison des verbes en -re et en -oir.

Prononciation[29][modifier]

Aux environs de l’an 1100 la prononciation des principales voyelles, diphtongues et consonnes était la suivante.

Voyelles[modifier]

A était bref et probablement ouvert.

Il y avait trois sortes d’e : e ouvert (fr. mod. é), e fermé (fr. mod. é) et e dit muet, féminin ou labial. Ces e sont différents l’un de l’autre et n’assonent pas ensemble.

Le premier provenait, quand il était tonique, de ę́ (ouvert) entravé[30] du latin vulgaire : pert, set (sept), bel, nouvel, fer, merle, etc.

E fermé provenait, quand il était tonique, de (fermé) latin entravé[31] : mes < lat. cl. missum, lat. vulg. mẹ́ssum; sec < siccum, lat. vulg. sẹ́ccum, etc. E fermé provenait aussi de a latin libre : faba > fève ; pratum > pré(t) ; nasum > nés (nez) ; rasum > rés (rez), etc.[32] Vers le milieu du xiie siècle cet e est devenu ouvert devant une consonne : d’où messe (prononcé messe), fève au lieu de féve; mais à la fin des mots il est resté é fermé: aimé, porté, pré, etc.

E dit muet ou féminin était toujours atone. Ex. protonique[33] : gesir, ferir, veoir, seoir, perir, conquerant, fesis (parfait de faire, 2 p. sg.), desis (de dire), etc. Posttonique : marbre, temple, fève, faire, etc.


E ouvert accentué suivi de l devient éa puis ; on a ainsi la combinaison eal, puis eau ; cf. supra.


Il existait deux o, un o ouvert et un o fermé.


O ouvert tonique provenait de ǫ latin entravé (dórsum > dos), du latin au (aurum > or; thesaurum > trésor; fabricam > faurgam > forge).


O fermé était prononcé comme notre o fermé et peut-être comme notre ou : mais vers 1100 la graphie est o. Il provient, à la tonique, de ō et ŭ latins. Cf. supra.


U et i étaient prononcés comme dans la langue moderne.

Diphtongues[modifier]

Les diphtongues les plus importantes étaient les suivantes.


Ai, prononcée avec a (comme dans bataille) à l’origine de la langue, puis prononcée comme aujourd’hui dans fait, chaîne, faîne. Aux environs de 1100 on la prononçait déjà ainsi. La diphtongue au se prononçait aou (et non comme aujourd’hui o).


Ei, prononcé avec e fermé, devient oi vers le milieu du xie siècle.


Oi[34] se prononce óï au début du xiie siècle : au xiiie siècle il devient , plus tard oué, et enfin oua dans la langue moderne.


Ou[35] se prononçait óou dans des mots comme pout < potuit, sout < sapuit, out < habuit, pou < paucum, rou < raucum ; dous < duos, sour < super, etc.


Ue, provenant de o ouvert, comme dans nuef < nǫ́vem et nǫ́vum, buef < bǫ́vem, prueve < prǫbat, se prononçait üé : cette diphtongue est devenue eu (œ) à partir du xiiie siècle.

Voyelles nasales[modifier]

Les principales voyelles nasales sont an prononcé comme aujourd’hui, en, in et on.


En se prononçait à l’origine comme en dans moyen; mais à l’époque de la Chanson de Roland (fin du xie siècle) en assonait avec an.


In se prononçait avec un i et non comme aujourd’hui, où nous prononçons fin comme moyen et plein avec un e. Ainsi dans la Chanson de Roland on trouve, dans la même laisse, pin, enclin, ling (lignage, origine) assonant avec merci, oubli.


On se prononçait comme aujourd’hui. Mais de plus on avait une voyelle nasale dans des mots comme pomme (l’a. fr. prononçait pon-me), bonne (a. fr. bon-ne), colonne (pron. colon-ne), etc.

Parmi les diphtongues nasales citons : aim, ain, dans des mots comme claimet, aiment[36], main, compaing, fraindre, chastaigne, mots dont l’a assone ordinairement avec a, et ein dans plein, sein, seing, geindre.

Consonnes[modifier]

Leur prononciation présente quelques différences avec la prononciation moderne. Il existait, au début de la langue, un d intervocalique qui avait le son du th anglais doux ; il provenait de d ou t latins entre deux voyelles ou entre une voyelle et r, l : espede < spatam; vidrent < viderunt; vide < vitam, muder < mutare. Ce d est tombé peu après l’époque de la Chanson de Roland. Il devait être peu sensible au début du xiie siècle.

L’ancienne langue avait également un t qui se prononçait comme th anglais dur, mais il n’existait qu’à la fin des mots : il aimet, chantet, vertut, pitiét. Ce t est tombé approximativement à la même époque que le d étudié dans le paragraphe précédent[37].


Le son ts à la finale est représenté ordinairement par z : amez < amatis ou amatus, de même chante (pron. chantéts), oz < hostis (armée), toz < totus (pron. tots) ; noz < nostros (pron. nots); cf. mielz, vielz, dolz (où l + s a donné z, c’est-à-dire ts).


C se prononce ts devant e, i : centum > cent (pron. tsent), placeat > place (pron. platse), caelum > ciel (tsiel), civitatem > citét (tsitét). L’élément dental initial ne disparaîtra qu’au cours du xiiie siècle.


Ch se prononce tch ; caput > chief (pron. tchief), carum > chier (pron. tchier), sapiat > sache (pron. satche), ricum > riche (pron. ritche).


G devant e, i et j devant a, o, u se prononcent dj comme dans djinn : diurnum > jorn (pron. djorn), judicare > jugier (pron. djudjier), jacere > gésir (pron. djesir), *gaudiam > joie (pron. djóye).

Tch et dj (écrits ch, j, g) ont fini par perdre l’élément dental et se sont prononcés ch et j; c’est la prononciation moderne, qui a commencé au xiiie siècle.


N mouillée est représentée par ign et à la finale par ing : lineam > ligne, mais ling (pron. lign) ; *montaneam > montaigne (pron. montagne), *capitaneum > châtaigne (pron. tchatagne), castaneam > chastaigne (pron. tchastagne) ; ces mots assonent, dans la Chanson de Roland, avec reflambe, chambre, France.


L mouillée est notée par ill à l’intérieur des mots et il à la fin.

Ex. : *mirabiliam > merveille ; *soliculum > soleil ; periculum > péril (pron. perilh; cf. périlleux et non périleux).


S se prononçait toujours à la fin des mots : les ornes ; elle était probablement douce devant un mot commençant par une voyelle (comme auj. les hommes = lezóme(s)) et dure devant un mot commençant par une consonne : les paiens (auj. lé paien, vers 1100 lespaiens).

S plus l, m, n, v, b, d, f, j, est tombée vers l’époque de la Chanson de Roland (deuxième moitié du xie siècle) Devant p, t, l’amuïssement de s est postérieur. Dans l’orthographe s se maintient, dans ce cas, jusqu’au milieu du xviiie siècle.


La semi-voyelle u, dans les groupes qu, gu sonne ou devant a : germ. warnjan > guarnir (pron. gouarnir) ; germ. wardan > guarder (pron. gouarder) ; quantum > quant (pron. qouant), quatuor > quatre (pron. qouatre). Devant les autres voyelles u se prononçait sans doute u ou ne se prononçait pas du tout : guide, guerre (pron. güide, güerre ? ou comme aujourd’hui ?).


Remarque. — En ce qui concerne la vocalisation de l en u (ou), il faut admettre un l vélaire, c’est-à-dire prononcé avec le point d’articulation sur le palais mou ; ce l existe encore dans plusieurs langues slaves. L s’est donc vocalisé en ou (u espagnol, italien) et non en u (u français).

  1. On appelle intervocaliques les consonnes placées entre deux voyelles, comme d dans laudat, c dans placet.
  2. Ou c devant.
  3. L’orthographe a fait reparaître souvent la consonne du milieu : rompt, compter, etc. Quand la première consonne d’un groupe de trois consonnes est une nasale et que la troisième est une liquide, le groupe reste intact : temple, ventre, rendre, esclandre, répondre ; en réalité, il n’y a que deux consonnes, dont une liquide, précédées d’une voyelle nasalisée ã, õ, ĩ.
  4. Captif est un mot savant ; captivum devenu *cactivum a donné chaitif, chétif.
  5. Rapidum a donné rade.
  6. Avoir maille à partir = avoir argent à partager.
  7. Le groupe tri donne ir dans repairier (auj. repérer) de repatriare ; peut-être merrain vient-il de *materamen et non de materiamen.
  8. Ce groupe ne se trouve pas dans le latin classique ; mais il existe en latin vulgaire, surtout dans les proparoxytons, par suite de la chute des voyelles pénultièmes : apostolum, apost’lum.
  9. Peut-être y a-t-il eu l’influence de la forme : je boif, de bibo.
  10. Prononcé k en latin : kantare, kentum, konsul, etc.
  11. On appelle phonétique syntactique la phonétique des mots considérés non individuellement, mais comme faisant partie d’une phrase.
  12. C’est-à-dire kou, cf. infra ; devrait être placé dans le troisième groupe.
  13. Ge comme dans guerre, gi comme dans guidé.
  14. Cf. supra, pour les mots traités différemment.
  15. Cette transformation de ke, ki en se, si s’est produite lentement et par des changements successifs dont les principaux paraissent être, en particulier pour ke, les suivants : kie, kye, tye, tche, tse, se ; toutes ces transformations se sont produites (sauf tse) avant l’époque du français écrit.
    Pour la transformation de k devant a en ch (che ou chié) le point de départ est également la formation d’un i entre les deux éléments : kia, kya, tya ou tye, tcha ou tche : cette dernière prononciation existait à l’époque de nos premiers textes ; cf. infra.
  16. Le suffixe acum est fréquent dans les noms de lieux ; on sait que précédé d’une palatale il donne i, y ; cf. traitement de a.
  17. Français prélittéraire : *pieits, *lieit ; *nueit, *ueit.
  18. Des mots comme masculin, musculature sont des mots savants.
  19. Devenu probablement acqua. La forme aigue est d’origine méridionale.
  20. G se prononçait en latin comme g dans gâteau, gui, guéret.
  21. Prononcée en latin comme y dans yeux et non comme j dans jeu.
  22. Peut-être plutôt *scrobellas.
  23. On prononçait don-ner, bon-ne jusqu’au xvie siècle. La graphie avec deux n est due à cette prononciation.
  24. Berbis dans de nombreux dialectes.
  25. Dans la Vie de Saint Alexis, l’a. fr. connaissait aussi pour dire encre le mot airement de atramentum.
  26. Le mot de phonème désigne les sons du langage, voyelles ou consonnes.
  27. L’i dans cet exemple et dans les suivants, est prononce comme l’i français de pieu ou l’y de yeux.
  28. Oleum, olium > huile (mot d’emprunt ?).
  29. On trouvera sur ce point des renseignements abondants et sûrs dans la Grammaire historique de Nyrop, t. I. Nous ne consignons ici que les faits les plus importants et qui paraissent acquis : il y a encore dans ce domaine bien des points obscurs. En général nous adoptons les conclusions si précises de Gaston Paris, dans son introduction aux Extraits de la Chanson de Roland.
  30. On sait que quand il était libre il s’était diphtongué en ie.
  31. Libre il se diphtonguait en ei, oi.
  32. Nyrop dit que cet e était très ouvert (Gram. hist. de la langue française, I (1ere éd.), § 171,2). Il s’agit sans doute, dans sa pensée, de la période postérieure à la Chanson de Roland.
  33. Pour les protoniques G. Paris donne la règle générale suivante: « Tout e protonique libre provenant d’une voyelle latine libre, dans le français du xie siècle, est un e, sauf dans les mots savants. » G. Paris, Extraits de la Ch. de Roland, 6e éd. (1899), p. 5.
  34. On distinguait au début oi avec o ouvert de oi avec o fermé : a partir du xiiie siècle les deux diphtongues ont donné .
  35. Ici aussi on distinguait un o ouvert ot un o fermé.
  36. On prononçait sans doute : clain-met, ain-ment.
  37. On les note ordinairement (đ) et .