Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ÉTATS-UNIS DE L’AMÉRIQUE DU NORD ou UNION AMÉRICAINE, grande république fédérative

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Administration du grand dictionnaire universel (7, part. 3p. 1016-1022).

ÉTATS-UNIS DE L’AMÉRIQUE DU NORD ou UNION AMÉRICAINE, grande république fédérative, comprise entre 24° 30’ et 49° de lat. N., et 66° 50’ et 124° 30’ de long. O. Cette vaste contrée est bornée au N. par l’Amérique anglaise, à l’E. par l’océan Atlantique, au S. par le golfe du Mexique, à l’O. par l’océan Pacifique. Plus grande longueur, du cap Cod, sur l’océan Atlantique, jusqu’à l’océan Pacifique, 4,185 kilom. ; plus grande largeur, de Madawaska, dans l’État du Maine, jusqu’à Keywest, dans l’État de la Floride, 2,574 kilom. ; longueur moyenne, 3,861 kilom. ; largeur moyenne, 2,090 kilom. On évalue la ligne de frontières du côté de l’Amérique anglaise, à 5,314 kilom., et celle du côté du Mexique à 2,343 kilom. En tenant compte des échancrures du continent, les États-Unis ont 20,488 kilom. de côtes, dont 11,039 sur l’Atlantique, 5,579 sur le golfe du Mexique et 3,870 sur le Pacifique. La superficie totale des États et territoires de la Confédération est, suivant M. Bigelow, de 7,964,711 kilom. carrés. La population des États-Unis qui comprenait, en 1775, 2,500,000 hab., dépasse aujourd’hui (1871) 36,000,000 d’âmes. Si l’accroissement prodigieux de population qui a été constaté aux États-Unis dans ces dernières années ne se ralentit pas, nul doute que la population de l’Union n’atteigne un chiffre formidable à la fin de ce siècle. L’acte si libéral aux termes duquel un lot de terre de 64 hectares 73 cent, est concédé à toute personne qui consent à l’occuper à la seule condition de la mettre en culture, ne peut que favoriser cet accroissement de la population en appelant les immigrants du vieux monde.

L’Union américaine se compose des États et territoires dont les noms suivent :

ÉTATS et TERRITOIRES || CAPITALES
Texte de la légende
Maine Augusta.
New-Hampshire Concord.
Vermont Montpellier.
Massachusetts Boston.
Rhode-Island Providence.
Connecticut Hartford.
New-York Albany.
New-Jersey Trenton.
Pensylvanie Harrisburg.
Delaware Dover.
Maryland Annapolis.
Virginie Richmond.
Caroline du Nord Raleigh.
Caroline du Sud Columbia.
Géorgie Milledgeville.
Floride Tallahassee.
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États :

Alabama Montgomery.

Mississipi Jackson.

Louisiane Bâton-Rouge.

Texas Austin.

Arkansas Little-Rock.

Tennessee. Nashville.

Kentucky Frankfort.

Ohio Columbus.

Michigan Lausing.

Indiana Indianapolis.

Illinois Springfield.

Wisconsin Madison.

Minnesota Saint-Paul.

Iowa -„.... Des Moines.

Missouri Jerferson-City.

Kansas Lecompton.

Californie Sacramento-City.

Orégon Salem.

Nevada Carson-City.

Nouveau-Mexique Santa-Fé.

Colorado. Denver-City.

Nebraska Omaha-City.

District de Colombia... Washington.

Territohes :

Washington Olvmpia.

Utah.. Fii’lmore-City.

Dacotah. Yonktown.

Arizonna Tucson.

Iduho Florence.

Akiskaou Amérique russe. Iles Saint-Thomas et Saint-Jean.

Il n’est pas de pays au monde dont la population soit composée d’éléments aussi hétérogènes que celle des États-Unis. L’émigration, qui afflue de tous les côtés de l’Eu ETAT

rope, a considérablement affaibli le caractère de3 colons primitifs, dont les descendants ont gardé l’empreinte. Le type puritain est loin d’avoir disparu dans la Nouvelle-Angleterre. Dans le Maryland, les descendants des catholiques anglais qui émigrèrent avec Cécil Calvert forment encore un des éléments principaux de la population. Les premiers colons de New-York furent des Hollandais. Les États déDelaware et de New-Jersey furent colonisés par des Suédois et des Hollandais. En Pensylvanie s’établirent des quakers anglais, suivis par des Allemands qui tonnent une classe nombreuse de la population. Des non-conformistes, venus de la Virginie, colonisèrent la Caroline du Nord, et un nombre considérable de huguenots trouvèrent un refuge dans la Caroline du Sud. La Louisiane, lorsque les États-Unis se l’annexèrent, était habitée principalement par des familles françaises. Les Espagnols sont nombreux dans le Texas et la Californie ; ce dernier État renferma un nombre considérable de Chinois. Les Mormons de l’Utah sont, pour la plupart, Anglais. Dans plusieurs parties des nouvelles colonies du N.-O., il y a un grand nombre de métis ou descendants de blancs et d’Indiens. Mais les races primitives sont presque toutes disparues, et le peu qui en reste forme de petits groupes indépendants. Dans l’extrême O., ces peuplades mènent une vie primitive, nomade et sauvage. Certaines tribus, telles que les Apaches, les Comanches et les Navahoes sont ouvertement ou secrètement hostiles aux blancs. Au commencement do 1861, le gouvernement de Washington entretenait, dit M. Bigelow, des relations avec 152 tribus, comptant environ 240,000 individus. Un autre groupe de population immigrée se compose de nègres et de métis ou hommes de couleur, leurs desoendants. Les nègres, jadis emmenés d’Afrique pour être employés à l’agriculture, ne se conservent plus, depuis la suppression de la traite en 1821, que par leur reproduction propre.

D’après les documents officiels, le nombre des morts s’est élevé en 1860 à 392,821, dont 34,705 étrangers, ce qui donne une proportion de 1 sur 79 hab. Les maladies qui font le plus de ravages sont, dans les États du Nord et du milieu, les affections pulmonaires ; dans les États du Sud, les fièvres bilieuses et la fièvre jaune ; dans les États de l’ouest, les fièvres bilieuses et intermittentes et la dyssenterie, . Le choléra sévit dans toutes les parties de la république, mais principalement dans la vallée du Mississipi.

Orographie. Les montagnes Rocheuses à FO. et les AUeghanys à l’E. partagent les États-Unis en trois grandes régions géographiques : le bassin de l’Atlantique, entre les AUeghanys et l’océan Atlantique ; le bassin du Pacifique, entre les montagnes Rocheuses et l’océan Pacifique, et la vallée du Mississipi, comprise entre les deux chaînes. Les montagnes Rocheuses, ramifications des Cordillères de l’Amérique centrale et du Mexique, courent, dans la direction du nord, sur une longueur de 1,609 kilom. L’étendue du pa3’s qu’elles embrassent est évaluée à 2,588,800 kilom. carr. Le chaînon oriental des montagnes Rocheuses traverse les territoires du Nouveau-Mexique, du Colorado et du Ncbraska, et court entre les territoires de Dacotah et de Washington. Son pic le plus élevé est le pic Fremont (4,125 m.). D’autres chaînons courent au S. du grand lac Salé et dans l’Utah, où ils couvrent une vaste étendue de pays. La projection occidentale, en pénétrant dans les États-Unis, se divise en deux chaînons : la sierra Nevada, qui court à environ 257 kilom. du Pacifique, et le mont des Côtes, qui ne s’éloigne pas de la mer de plus de 16 à 80 kilom. Ces deux chaînons se confondent au N. de la Californie et forment sur ce point le mont Shasta (4,256 m.). Parvenu dans l’Orégonetle Washington, les chaînons se séparent de nouveau et la sierra Nevada prend le nom de monts Cascades. Les sommets les plus élevés de la sierra Nevada dépassent la ljmite des neiges éternelles. Le Ripfey (2,2S0 m.), le mont Saint-Jean (2,432 m.), et le Linn, dont on ne connaît pas encore la hauteur, sont les principaux pics du mont des Côtes.

Les AUeghanys, appelés aussi monts Apalâches, s’étendent du Canada à l’Alabama, à travers l’ouest de la Nouvelle-Angleterre et les États du centre. On considère les montagnes Blanches, dans l’État de New-Hampshire, les monts Adirondac et Catskill, dans l’État de New-York, comme des projections de la chaîne principale, quoiqu’ils en soient séparés par de longues séries de monticules. À l’exclusion de ces groupes, les AUeghanys ont un développement de 2,091 kilom. ; ils atteignent leur plus grande largeur (160 kilom.) vers le milieu de leur longueur, dans les États de Pensylvanie et de Maryland.

Hydrographie. Les plus grands fleuves navigables et les plus grands Tacs du monde servent de débouché au commerce des États-Unis. Le Saint-Laurent forme une des frontières du nord. La contrée comprise entre les monts AUeghanys-et les montagnes Rocheuses est arrosée par le Mississipi et ses affluents : le Wisconsin, l’Illinois, l’Ohio et le Yazoo à l’E. ; le Minnesota, la rivière des Moines, le Missouri, l’Arkansas et la rivière Rouge à l’O. Parmi les fleuves et les rivières

ÉTAT

qui descendent des monts AUeghanys et portent leurs eaux dans l’Atlantique, nous signalerons : le Penobscot, le Kennebec, le Connecticut, l’Hudson, le Delaware, la Susquehannah, le Potomac, le James, le Chowan, le Roanoke, le Pamlico ou Tar, la Meuse, la rivière du Cap-Fear, le Grand-Pedee, le Santee, la Savannah, l’Attamaha. Tous ces coyrs d’eau sont navigables jusqu’à une distance considérable de leur embouchure. Parmi les cours d’eau du versant méridional qui débouchent dans le golfe du Mexique, nous citerons : l’Appalachicola, la Mobile, la Sabine, la Trinité, le Brazos-Colorado et le Rio-Grande. Les cours d’eau qui se jettent dans l’océan Pacifique sont : la Golumbia, le Sacramento, le San-Joaquin, qui se jettent dans la baie de San-Francisco, et le Grand-Colorado de l’ouest, qui a son embouchure dans le golfe de Californie.

Les cinq grands lacs des États-Unis, qui doivent être rangées parmi les merveilles de la nature, sont, avec les lacs de l’intérieur de l’Afrique, récemment découverts et imparfaitement connus jusqu’à présent, les plus vastes réservoirs d’eau douce du globe. Nous signalerons surtout : le lac Supérieur, le plus considérable des cinq grands lacs ; le lac Huron, le lac Erié et levlac Ontario, lesquels, grâce à des travaux artificiels, relient la vallée du Mississipi à l’Atlantique ; le lac Michigan, les lacs Champlain, George, Otsego, Oneida, Cayaga, Seneca, Skeneateles, Moosehad, Winnipiseogee, Okeechobee, Pontchartrain, Borgne, Chestimaches, le Grand lac Salé, le lac Pyramide, le lac Klamath, le lac Tulare, le lac Winnebago, le lac Itasca, etc.

Les principaux caps des États-Unis sont : les caps Elisabeth, dans l’État du Maine, Cod et Malabar dans l’État de Massachusetts ; la pointe Montauk, dans l’État de New-York ; May, dans l’État de New-Jersey ; Henlopen, dans l’État de Maryland ; Charles et Henry, dans l’État de Virginie ; Hatteras, Lookout et Fear, dans l’État de la Caroline du Nord ; Canaveral, Florida, Sable, Romans et Saint-Blas, dans l’État de Floride ; la pointe Conception, Mendocino, dans l’État de Californie ; Blanco et Foulweather, dans l’État d’Orégon ; Disappoimment et Flattery, dans le territoire de Washington.

Les côtes des États-Unis, très-légèrement échancrées, n’offrent pour ainsi dire qu’un seul golfe, celui du Mexique, qui baigne le Texas, la Louisiane, le Mississipi, l’Alabama et la Floride. Les baies, en revanche, sont fort nombreuses. En voici les principales :

Sur l’océan Atlantique : . Côtes du Maine : baies de Passamoquoddy, de Machias, de l’Anglais, de Narragnagus, du Français, de Penobscot, de Casco ;

Côtes du Massachusetts : baies de Massachusetts, du cap Cod, de Buzzard ;

Côtes du New-Hampshire : baies de Narragansett et de Mont-Hope ;»

Côtes du Connecticut : baie de New-Haven ;

Côtes du New-York ; baie de New-York ; Côtes du New-Jersey : baie de Raritan ; Côtes de la Delawarre et du Maryland : baie de Delaware ;

Côtes du Maryland et de la Virginie : haie de Chesapeake et de Suflblk ;

Côtes de la Caroline du Nord : baies de Raleigh, d’Onslow et baie Longue ;

Côtes de la Caroline du Sud : baie de Winyaw. Sur le golfe du Mexique : Côtes de la Floride : baies de Tampa et d’Appalachee ;

Côtes de la Louisiane : baies d’Atchafalaya et de Vermillion ;

Côtes du Texas : baies de Corpus-Christi et de Galveston.

La côte des États baignés par le Pacifique ne présente pas d’échancrure qui mérite d’être citée, à l’exception de celle de SanFrancisco.

Détroits : de Nantuckett, de Long-Is !and, d’Albermale, de Pamlico, formés par l’Atlantique ; de Santa-Rosa, du Mississipi, de l’Ileau-Breton, formés par le golfe du Mexique, et le détroit de San-Juan de Fuca, formé par le Pacifique, entre le territoire de Washington et l’île de Vancouver.

Parmi les lies, nous signalerons : l’île Grande, dans le lac Champlain ; les lies Moose, Grand et Petit-Menan, du Renard, du Daim (Maine) ; Nantuckett et Martha (Massachusetts) ; Rhodes (Rhode-Island) ; des États et Longue (New-York) ; Hog, Frout et Smith (Virginie) ; Roanoke, où s est fixée la première colonie anglaise (Caroline du Nord) ; Folly et Sullivan (Caroline du Sud) ; Sapelo, Saint-Simon, de la Tortue, Cumberland (Géorgie) ; Anastatia, Talbot, Florida-Keys (Floride) ; dans l’océan Atlantique, les îles Santa-Rosa (Floride) ; Dauphin (Alabama) ; des Vaisseaux, Chandeleur, Grand-Gozier, au Breton (Louisiane), dans le golfe du Mexique ; les îles Santa-Barbara, sur la côte méridionale de la Californie, dans l’océan Pacifique.

Climat. Dans un pays aussi vaste, le climat présente naturellement de grandes variations. Ajoutons que le sol, au niveau de la mer sur certains points, s’élève graduellement sur certains autres jusqu’à de vastes et hauts plateaux dominés par des montagnes qui dépassent la limite des neiges

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éternelles. À l’exception de la presqu’île de la Floride, où les oscillations du thermomètre ne dépassent pas 12°, le trait caractéristique du climat des États-Unis est l’inconstance. Les transitions du chaud au froid et du froid au chaud, jusqu’à un écart de 30°, y sont fréquentes en toute saison. La chaleur est excessive en été, et le thermomètre monte quelquefois jusqu’à 440 centigrades. « Dans le nord cependant, dit M. Bigelow, cette chaleur excessive dure rarement plus de quelques jours de suite ; et, dans les États du Sud, la chaleur, quoiqu’elle se prolonge, n’est pas beaucoup plus intense. La température des États qui bordent l’océan Atlantique est en général de 10° plus rigoureuse que celle des pays situés sous la même latitude dans l’ouest de l’Europe, tandis que, d’un autre côté, la Californie jouit d’un climat aussi doux que celui de l’Italie. Les États du nord-est sont exposés à des vents glacials soufflant de l’océan Atlantique, notamment dans les mois du printemps, et des plaines de glace du nord de l’Amérique anglaise soufflent des bises froides, qui, n’étant arrêtées par aucune barrière, par aucune montagne, se déchaînent sur les États du Nord à chaque élévation considérable de température dans les régions situées plus au midi. Les grands lacs adoucissent jusqu’àun certain point la température de la contrée qui les entoure, et d’autres particularités locales, telles que les plaines élevées du Nouveau-Mexique, de l’Orégon, de l’Utah, influent sur le climat de certaines parties du pays. Les pluies sont abondantes sur presque tout le territoire de la république, et se répartissent à peu près également dans toute l’étendue de l’année. Elles tombent plus régulièrement dans les États du Nord situés surl’océan Atlantique que dans les États situés sur la même mer au sud de Washington, où elles sont plus considérables que dans les premiers et plus fréquentes en été qu’en hiver.

Nature du sol, productions agricoles. La nature du sol américain varie beaucoup. Stérile et desséché sur quelques points, il est d’une fécondité prodigieuse sur plusieurs autres. La vallée du Mississipi est 1 une des plus fertiles régions de la terre. Le territoire peut être divisé en sept grandes régions, conformément à son système fluvial, savoir : le bassin du Saint-Laurent, plaine élevée et fertile, généralement bien boisée ; le versant de I Atlantique, dont une partie est montueuse et plus propre à l’élève des bestiaux qu’à l’agriculture, et l’autre, marécageuse sur certains points, mais très-fertile sur beaucoup d’autres ; la vallée du Mississipi, qui occupe plus des deux cinquièmes de la superficie de la république, et qui passe avec raison pour une des vallées les plus fertiles du globe ; le versant du Texas, qui comprend une section de côtes basse, unie et très-fertile, une rjche prairie et un plateau élevé ; le versant du Pacifique, couvert de belles récoltes et de gras pâturages ; le grand bassin intérieur do l’Utah, qui abonde en lues salés, mais est certainement la région la plus désolée des États-Unis, bien que les vallées acquièrent, grâce à l’irrigation, assez de fertilité pour nourrir les habitants ; enfin, le bassin de la Rivière-Rouge du Nord, qui contient quelques terre3 très-productives, surtout sur les bords des rivières. Le territoire des États-Unis produit une grande quantité de froment ; il n’est pas rare qu’une seule récolte en donne jusqu’à 200 millions de boisseaux. Il a été exporté des États-Unis dans la Grande-Bretagne et l’Irlande, du l«r septembre 1851 à septembre 1862, 2,672,515 barils de farine, et 25,754,709 boisseaux de blé. Le chiffre des exportations de blé et de farine pour tous les pays s’est élevé, dans le cours de cette même année, à 5,084,562 barils de farine et 42,941,685 boisseaux de blé. Nous ne pouvons qu’énumérer ici les principales productions agricoles des États-Unis, qui sont, outre celles que nous venons de signaler : le coton, le maïs, dont la valeur seule dépasse de près d’un. tiers celle du froment, du coton, du tabac et du riz réunis (le maïs sert surtout à l’engraissement du bétail, et l’exportation de cette denrée est loin d’atteindre les proportions que devraient lui assurer son bas prix et ses qualités nutritives) ; le sucre de canne, que lÉtat de la Louisiane cultive sur une vaste échelle ; le sucre d’érable, dont la récolte totale a été, en 1860, de 38, S6S,8S4 livres ; le sorgho, récemment introduit dans les États-Unis et déjà cultivé dans tous les États, excepté dans ceux de Vermont, Rhode-Island, New-Hampshire, le Michigan, le Maine, la Louisiane, la Floride et l’Arkansas ; le tabac, qui se cultive avec succès dans tous les États et tous les territoires de l’Union américaine (les principales variétés sont le tabac de Virginie, de Maryland, de Kentucky, de Missouri et de l’Ohio) ; les vins (la culture de la vigne a fait des progrès très-sensibles depuis quelques années), etc.

Ilègne animal. Les chevaux, les mules, les ânes, les vaches laitières, les bœufs de travail, les moutons et les porcs sont les animaux domestiques les plus répandus aux États-Unis. Nous citerons, parmi les carnivores, le jaguar, le chat sauvage, le lynx du Canada, le renard (on en compte six espèces), le loup gris, le loup des prairies ; parmi les digitigrades : la zibeline, la loutre et l’hermine américaines ; parmi les plantigrao.es : l’ours noir, l’ours grizly, le plus grand et le plus féroce des carnassiers d’Amérique, Je ETAT

blaireau, le wolverenne, le chincha (mephitis americana), le raccoon ; parmi les ninnigrades : le phoque coirimun ; parmi les ruminants : la famille des daims’, l’élan, le wapité, l’antilope américaine, le mouton à grosses cornes des montagnes Rocheuses et le bison ; parmi les mammifères amphibies : la vache marine, le marsouin, le dauphin, les petites espèces de baleines et le cachalot ; parmi les insectivores : la taupe et la musaraigne ; parmi les rongeurs : le castor, le porc-épic, les écureuils, parmi lesquels l’écureuil volant, le chien des prairies, la marmotte américaine, le rat, la souris, le lemming, le lièvre, le i’apin ; parmi les marsupiaux : l’opossum. Dans les diverses familles d’oiseaux, on remarque : des aigles, des vautours, parmi lesquels le vautour royal de la Californie, des faucons, des hiboux, une seule espèce de perroquet, celui de la Caroline, une foule d’espèces de passereaux, des pigeons et tourterelles, les grouses, les dindons sauvages, les flamants, les hérons, les ibis, les oies, les cygnes, les canards, les pélicans, les goélands et les cormorans. Les États-Unis ont moins de reptiles que certaines autres parties du-globe ; il s’y trouve beaucoup de tortues, des’ alligators, des grenouilles cornues, des lézards ; les ophidiens pullulent, mais trois espèces seulement sont venimeuses : le serpent à sonnettes, le serpent mocassin et •a vipère. Quant aux poissons, les espèces qui fréquentent les côtes américaines sont communes dans toutes les mers ; nous nous contenterons d’indiquer une espèce particulière aux États-Unis et dont la chair est d’une exquise délicatesse, le poisson blanc des lacs.

Iiègne minéral. On trouve aux États-Unis des minéraux de toute sorte ; mais ceux qui ont la plus grande valeur sont l’or, l’argent, le cuivre> le fer, le plomb et la houille. L’État de Californie seul fournit aujourd’hui, en deux ans, autant d’or et d’argent qu’on en recueillait dans toute l’Amérique lors de sa découverte par les Espagnols. Les mines d’or les plus importantes se trouvent dans la Caroline du Nord, la Virginie, la Caroline du Sud et la Géorgie. Des mines d’or ont été plus récemment découvertes dans les territoires de Washington, de Colorado et d’Idaho.

On trouve des mines d’argent dans la Caroline du Nord, la Pensylvanie, la Californie et les territoires de Nevada, d’Arizona et de Dacotah. Les mines de cuivre sont avantageusement exploitées dans la région du lac Supérieur, dans le Tennessee, la Caroline du Nord, la Virginie, le Maryland, le New-Jersey et le Connecticut.

On trouve du fer dans chacun des États et des territoires de la république des États-Unis et sous toutes les formes connues, depuis le métal pur jusqu’au minerai bourbeux. La quantité de fer en saumon indiquée par le recensement de 1860 est de SSS,474 tonnes, évaluées à 19,487,790 dollars (97,438,950 fr.). Des mines de plomb existent dans les États de la Nouvelle-Angleterre, de New-York, de la Pensylvanie et de la Caroline du Nord, sur les deux rives du Mississipi, dans l’Illinois, le Wisconsin, l’Iowa et le Missouri. Les terrains houillers des États-Unis n’ont pas été assez bien étudiés jusqu’à présent pour que l’on puisse en évaluer retendue avec quelque précision.

Le charbon américain présente trois espèces diverses : l’anthracite, le bitumineux et le semi-bitumineux. Le terrain houiller des Alleghanys est estimé à 155,280 kilom. carrés. On trouve aussi des bassins houillers dans les États de l’Illinois, d’Indiana, du Missouri et du Michigan. Mais l’étendue de ces gisements no saurait être comparée aux immenses gîtes découverts, en 18G3, à l’O. du Mississipi, dans le Dacotah, le Kansas, le Nebraska, le Colorado, l’Utah, la Nevada, la Californie et l’O

des mines alors en exploitation. D’après l’étendue des gîtes découverts depuis, on peut juger de l’extension qu’a prise cette production.

L’exploitation du pétrole est une des richesses minéralogiques les plus importantes du pays. Le pétrole, produit des gîtes houillers, et dont on fait actuellement une si grande consommation, n’a commencé à être, aux États-Unis, l’objet de transactions commerciales qu’en 1858, et, du îcr janvier au 24 novembre 1862, les exportations avaient déjà atteint le chiffre de 43,345,700 litres. On trouve surtout du pétrole dans lo comté d’Alleghany, dans la Pensylvanie, dans l’Ohio, où a été creusé le fameux puits d’Oil-Creek, en Virginie, etc.

Les Ktats-Unis recèlent d’immenses quantités de sel gemme. Ce sel se rencontre principalement dans l’O. de la Virginie et de la Pensylvanie, dans le Michigan et les États arrosés par l’Ohio. Des lacs salés se trouvent dans la Californie, l’Utah, le Nouveau-Mexique, le Texas et le Minnesota. Certaines contrées fournissent, en outre, do la marno, des nitrates do soude et de potasse, du carbonate de soude, du sulfate de chaux, du marbre de toute espèce, du zinc et du nickel.

Industrie et commerce. Dans les vingt ou trente dernières années, l’industrie a atteint aux États-Unis un développement gigantesque. Ne p*ouvant indiquer ici toutes les branches si multiples de cette industrie, nous nous vu.

ETAT

bornerons à énumérer les principales. La fabrication du fer a pris une extension en

rapport avec la richesse des mines de cet immense territoire. En 18G0, la fabrication du fer en saumon et du fer laminé avait atteint 1,297,832 tonnes de 1,015 kilogrammes, représentant une valeur de 339,140,155 francs. En 1860, le nombre des filatures de coton était de 915, dont la production atteignait la valeur de 578,189,630 francs. La rareté et la cherté du coton, jointes à la baisse des affaires en général, conséquences de la guerre civile, ont depuis lors diminué temporairement lechiffredelaproduction. D’après le dernier recensement, la valeur des produits laineux s’élevait annuellement à344,329,8l5 fr., et celle des produits de cuir (bottes, souliers, gants, maroquins, selles, harnais, cuirs vernis, etc.) à 349,733,805 francs.

La fabrication des instruments aratoires

ETAT

était estimée en 1860 à 89,012,570 francs par an ; celle des ustensiles et des machines à vapeur, à 230,587,750 francs ; lo production de la farine, à 1,105 millions de francs ; les produits des scieries {planches, bois de construction, etc.), à 468,255,000 francs.

La bijouterie plaquée, les machines a coudre, les machines à faucher et à moissonner, les huiles de pétrole, les objets en gutta-percha, les chemises, etc., qui ne figurent pas dans les relevés de 1850, occupent, en 1860, une place distinguée parmi les produits de l’industrie américaine. On sait que l’honneur de l’invention de la première machine rotatoiro à imprimer revient à un citoyen des États-Unis, à Richard M. Hoe. Du reste, le tableau suivant prouvera que les Américains sont justement célèbres pour leurgénie inventif, notamment dans la sphère des machines propres à produire une économie de travail :

ÉTAT

1017

Le commerce des États-Unis prend d’année en année un accroissement considérable. « En 1700, dit M. Bigelow, les exportations de la Nouvelle-Angleterre, de New-York, de lu Pensylvanie, do la Virginie, du Maryland et de la Caroline montaient à environ 395,000 livres sterling (9,875,000 francs), et leurs importations à 344,000 livres sterling (8,600,000 francs). Après la réorganisation du gouvernement constitutionnel en 1789, le commerce eut bientôt atteint de vastes proportions. Le tonnage, qui, en 1792, était de 564,437 tonneaux, était mopté, en isoi, au chiffre de 1,033,215 ; les importations, évaluées, en 1792, à 31,500,000 dollars (157,500,000 fr.) étaient de 111,363,511 dollars (556,817,555 fr.) en 1801 ;’ et les exportations s’étaient élevées, durant la même période, de 20,753,098 dollars (103,765,490 francs) à 94,115,924 dollars (470,579,625 francs). La crise de 1837, les résultats de la loi dos faillites, la modification du tarif et le contre-coup de la grande panique financière diminuèrent les importations et les exportations, qui, en 1842, étaient au chiffre le plus bas auquel elles soient jamais descendues. À partir de cette date, elles ont repris une progression ascendante, peu sensible d’abord, mais plus rapide dans les dernières années, jusqu’en 1860, où les exportations ont été de 400,122,296 dollars (2,002,111,480 francs) et les importations de 362,162,941 dollars (1,810,819,705 francs). »

Les échanges des États-Unis avec l’étranger sont encore loin d’avoir atteint, pendant Tes années fiscales 1864 et 1865, une importation égale à celle qu’ils avaient en 1860 et

1861, avant que la séparation des États du Sud fût complètement organisée. En revanche, l’expédition du numéraire a été plus considérable pendant l’année 1863-1864 qu’elle ne l’avait été à aucune époque antérieure. La quantité du numéraire qui se trouve aux États-Unis est évaluée à 2 milliards 500 millions de francs. En tenant compte de tout le commerce interlope des États du Sud et des omissions faites par suite de la négligence des agents ou de la ruse des contrebandiers, dans Tes relevés du trafic des États du Nord, on peut donc évaluer le total des échanges de l’Union américaine, pendant l’année 1863-1864, k 5 milliards environ. Quant au commerce intérieur, il est difficile de se faire une juste idée de la prodigieuse extension qu’il a prise pendant les dernières années. On peut prendra pour exemple do co développement du trafic la quantité croissante de marchandises circulant sur les grandes voies de New-York et de Pensylvanie, qui font communiquer les grands lacs avec le littoral de l’Atlantique. Ces grandes voies avaient transporté, en 1860, année qui précéda la guerre, 7,786,321 tonnes de marchandises, non compris le charbon de terre. En 1861, le total des transports s’était élevé à 8,015,665 ; en

1862, il était de 10,197,175, et en 1863, de 10,595,218 tonnes. En 1834, il a dépassé 12,000,000 de tonnes. La grande ville de Cincinnati peut être également prise comme un exemple de la prospérité générale de l’Union. Dans ce grand marché de TOhio, l’importance des échanges a augmenté invariablement pour tous les articles de commerce, surtout pour le tabac, le coton, l’eaude-vie, le charbon, le fer et les huiles. En . 1803, les importations de Cincinnati ont représenté une valeur de 778,622,000 fr. contre 552,945,000 a l’exportation. En 1864, l’importation a été de 2,104,809,000 fr. et 1 exportation de 1,291,031,000 fr. ; total, 3,395,900,000 fr. Le commerce de l’intérieur est favorisé par une foule de grands canaux dont le développement est de plus de 8,000 kilom. Les plus considérables sont : le canal de l’Ohio (560 kilom.) ; le canal Miami (287 kilom.), entre Cincinnati, sur l’Ohio, et l’extrémité E. du lac Erié ; le canal de Jonction (281 kilom.), entre le Roanoke et un affluent du James ; le canal de l’Hudson et de la Delaware, qui relie le haut Hudson et la Delaware ; le canal Morris (175 kilom.), entre New-York, sur l’Hudson, et Easton, sur la Delaware ; le canal de la Chesapeake et de la Delaware, entre Baltimore et Philadelphie ; les canaux de Farmington, de Hampshire et de Hampden (330 kilom.), depuis Ne-w-Haven, sur le détroit de Long-Island, jusqu’à Northampton (Connecticut) et au Saint-Laurent ; le canal d’Erié, de Buffalo, sur l’Erié, à Albany, sur l’Hudson ;" le canal de Wabash-et-Erié (362 kilom.), qui réunit laWabash à l’Erié ; le canal d’Oswego, entre celui d’Erié et le lac Ontario ; le canal de Pensylvanie (1,100 kilom.), entre Pittsbourg, sur l’Ohio, et Columbia, sur le Susquehannah ; le canal de la Chesapeake et de l’Ohio (350 kilom.), entre l’Ohio, au-dessus de Pittsbourg, et le Potomac, à Georgetown. La flotte commerciale des États-Unis est, depuis la guerre, notablement inférieure à celle de la Grande-Bretagne ; mais elle est encore cinq ou six fois supérieure à celle de la France. En 1861, les navires de commerce américains jaugeaient ensemble 5,539,813 tonneaux. En 1862, le tonnage de tous les navires était descendu à 5,112,165 tonneaux ; en 1863, il était de 5,126,081 tonneaux ; en 1864, il ne s’élevait plus qu’à 4,986,401 tonneaux. Les bateaux a vapeur comprenaient environ la cinquième partie de la flotte américaine, soit 960,331 tonneaux. Depuis le rétablissement de la paix, les services réguliers des bateaux à vapeur américains avec les ports américains sont devenus beaucoup plus nombreux qu’avant la guerre ; en outre, des centaines de navires font le service de cabotage entre les ports du nord et ceux du sud. Du mois de mai au mois de septembre 1865, les lignes organisées entre la seule ville de New-York et les autres ports des États-Unis formaient un total de 121 navires jaugeant 113,529 tonneaux. En 1804, le mouvement total de la navigation de Buffalo, le port le plus considérable des grands lacs, s’est élevé à 14,105 navires, jaugeant 6,891,348 tonneaux. Au commencement de 1864, quatre lignes de bateaux à vapeur de transport (propellers), comprenant ensemble 60 navires, avaient leur tète dans cette ville ; en outre, 32 autres hateaux à vapeur desservaient des localités do la cota des grands lacs. Sur la côte du Pacifique, les progros du commerce ont été très-notables depuis la guerre. De nouveaux ports, naguère peu fréquentés, sont devenus des points d’attache de lignes entières ; mais le port de San-Francisco est celui qui a le plus gagné en importance ; il tend à devenir, pour

le Pacifique du Nord, ce que New-York est pour l’Atlantique. En 1846, la flotte baleinière des États-Unis comprenait 735 navires, jaugeant 233,189 tonneaux ; depuis cette époque, le nombre des bâtiments employés à la pêche des baleines a graduellement diminué : il n’était plus, on 1864, que de 276. Le tonnage total était descendu à 79,692. La flotte commerciale du Mississipi et de ses grands affluents est plus considérable qu’elle ne l’était avant la guerre. Elle comprenait environ 3S0 bateaux k vapeur, dont le tonnage vario de 90 à 1,900 tonneaux. Le capital dépensé pour la construction de ces navires est de 60 millions de francs.

Du 30 juin 1860 au 30 juin 1861, il est en* tré dans les différents ports des États-Unis 10,709 bâtiments étrangers, jaugeant ensemble 2,217,554 tonneaux, et il en est sorti 10,586, jaugeant 2,262,042 tonneaux.

Chemins de fer. Les États-Unis possèdent plus de chemins de fer, de lignes télégraphiques et de canaux qu’aucune autre,

contrée du monde. Le pays tout entier est déjà couvert d’un réseau inextricable de voies ferrées qu’il serait trop long d’énuro.érer. D’après une statistique certaine, en janvier 1861, on comptait aux États-Unis 53,416 kilom. de lignes ferrées en exploitation, lesquelles ont coûté 5,962,002,120 fr. Depuis, de nouveaux chemins ont été construits, d’autres sont en cours d’exécution, et, parmi ces derniers, il faut citer le grand chemin de fer destiné à relier les États situés sur l’océan Atlantique aux États situés sur l’océan Pacifique, en traversant les montagnes Rocheuses, et qui sera, après son achèvement, l’une des plus grandes merveilles accomplies par le génie Humain. Cette ligne, qui doit avoir 2,414 kilom. de développement, sera, espère-t-on, livrée à la circulation en 1872. On exploitait déjà, en 1865, la premier tronçon de l’embranchement méridional (147 kilom.) ; l’embranchement septentrional, qui doit être un jour le grand tronc de la ligne, part d’Omana-City, capitale du Nebraska, et remonte à l’O. la rivière de la Plata. Le premier tronçon, d’Omaha k Columbus, long de 138 kilom., a été inauguré en novembre 1865. Au printemps de 1866, la partie occidentale du chemin du Pacifique était ouverte sur une longueur de 112 kilom., de Sacramento, on Californie, à Dutch-Flat, " village de la Sierra-Nevada.

Télégraphie. C’est à New - York que J.-F.-B. Morse exposa, en 1835, le premier télégraphe à impression qui ait jamais été construit, et, en 1844, le message du président fut transmis à Baltimore par le télégraphe électro-magnétique. En 1862, il y avait aux États-Unis 50 compagnies et de 80 à 90,000 kilom. de télégraphes, sans compter les nombreuses lignes construites pour l’usage particulier des armées, pendant la guerre civile, et dont l’importance et la longueur ont varié suivant les besoins de la guerre. Presque tous les chemins de fer sont, comme en Franco, accompagnés d’une ligne télégraphique parallèle, d’où rayonnent de petites lignes latérales. Le prix de revient des lignes télégraphiques américaines varie de 280 à 342 fr. par kilom. Le tarif des dépêches est établi en raison de la distance ; voici les deux prix extrêmes : de New-York à Newark (19 kilom.), 50 cent, pour les 10 premiers mots, 25 cent, par 10 mots suivants ; de New-Yorkà la Nouvelle-Orléans (l,865 kilom.), 10 fr. pour les 10 premiers mots, 7 fr. par 10 mots suivants.

Gouvernement. Les États-Unis forment une république fédérale. À ce titre, chacun des États qui la composent est souverain et jouit de toutes les prérogatives attachées à la souveraineté, à 1 exception de celles qui, par racte fondamental de la constitution, sont réservées au gouvernement fédéral. Chaque État a sa constitution spéciale, son gouverneur, -son sénat, sa chambra législative, ses tribunaux. « Le gouvernement fédéral, dit M. Bigelow, dont le siège est à Washington, se divise en trois branches : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Le pouvoir exécutif est confié à un président élu, ainsi que le vice-président,

•pour quatre années, par un collège d’électeurs choisis dans chaque État, et en nombre égal à celui des sénateurs et des représentants que chaque État a le droit d’envoyer au congrès. En cas de révocation, de*mort, de démission ou d’incapacité du président, le vice-président lui succède de droit. Ce cas s’est présenté trois fois : à la mort des présidents Harrison (1841), Taylor (1850) et Linqoln (1865). Dans le cas ou le président et lo vice-président viendraient à faire défaut, le Congrès a le pouvoir de désigner celui qui devra remplir les fonctions de président jusqu’à l’élection prochaine. Quand aucun des candidats à la présidence n’a réuni le nombre de voix suffisant pour lui assurer la majorité légale, la Chambre des représentants choisit le président parmi les trois candidats ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages. C’est ainsi que la Chambre choisit Thomas Jefferson (1800), et John Quincy Adams (1824). Le président doit être citoyen américain de naissance, être âgé de trente-cinq ans au moins et compter quatorze ans de résidence aux États-Unis. Comme tous les fonctionnaires civils, il peut être révoqué pour cause de trahison, de concussion et au 128 1018

ETAT

très grands crimes et délits. Il est commandant en chef des armées de terre et de mer, conclut les traités, et nomme les ambassadeurs et autres agents politiques. Il reçoit un traitement de 100,000 fr. par an ; le traitement du vice-président est de 40,000 fr. Le président a près de lui un cabinet composé de sept ministres nommés par lui, confirmés par le sénat, et désignés sous les noms de secrétaires d’État des affaires étrangères (chef du cabinet), des finances, de l’intérieur, de la marine, de la guerre, et d’attomey général (justice). Le traitement d’un ministre est de 40,000 fr. par an.

Le pouvoir législatif est dévolu au congrès, qui comprend un sénat et une chambre des représentants.

« Le sénat est formé de deux sénateurs de chacun des États de l’Union, choisis pour six ans par les législatures locales, et de façon qu’un tiers du corps-entier se renouvelle tous les deux ans. Le vice-président des États-Unis est ex officio président du sénat. Tout sénateur doit être âgé de trente ans, être depuis neuf ans citoyen des* États-Unis, et, au moment de son élection, résider dans l’État qui le choisit. Le sénat est la seule cour qui puisse juger les fonctionnaires publics.

La Chambre des représentants est composée de membres choisis pour deux ans par le peuple de chaque État : ils doivent avoir vingt-cinq ans, être citoyens des États-Unis depuis sept ans, et résider, au moment de leur élection, dans l’État qui les choisit. Le nombre des représentants, fixé par la loi à 233, est réparti parmi les divers États proportionnellement à leur population électrice. Chaque État a droit au moins à un représentant. Les territoires envoient au congrès des délégués qui n’ont que voix consultative. La Chambre désigne son propre président (speaker).

Les membres du sénat et de la Chambre reçoivent 30,000 fr. par congrès, 15,000 fr. par session, et une indemnité de déplacement calculée sur la base de 40 francs pour l’aller et autant pour le retour, par 32 kilomètres de la distance qui sépare leur résidence du siège du gouvernement, par les voies de communication ordinaires. |Le traitement du speaker est de 60,000 francs par congrès de deux années.

Le congrès établit les impôts, droits, contributions, qui doivent être uniformes dans toute l’étendue de la confédération • il contracte les emprunts, frappe monnaie, déclare la guerre, lève et soutient les armées de terre et de mer, et tient sous sa juridiction absolue.le district de Columbia. Il ne peut établir une religion, prohiber le libre exercice d’un culte quelconque, porter atteinte à la liberté de la parole ou de la presse, ou au droit de réunion paisible ou de pétition.

Le pouvoir judiciaire comprend une cour suprême, qui tient une séance par an à Washington et instruit sur tous les faits relatifs à la Constitution, aux lois des États-Unis, aux traités ; sur les cas juridiques concernant les ambassadeurs, les ministres étrangers et les consuls, l’amirauté, les différends des États-Unis, ceux qui s’élèvent entre un État et les citoyens d’un autre État, entre les citoyens du même État réclamant des terrains concédés par d’autres États, entre un État ou ses citoyens et une puissance étrangère, ses citoyens ou sujets. Dans les cas relatifs aux agents diplomatiques et consuls et aux États, sa juridiction est sans appel ; dans tous les autres cas, ses décisions sont soumises à la revision du congrès. La cour suprême se compose d’un premier juge (ehief justice), ayant un traitement de 32,000 francs, et de huit assesseurs, avec un traitement de 30,000 francs chacun, nommés à vie par le président avec la sanction du sénat.

Au point de vue judiciaire, les États-Unis sont divisés en neuf cours de circuit, composées chacune d’un assesseur de la cour suprême et du juge de la cour de district où la cour se réunit ; de cinquante cours de districts composées chacune d’un juge qui doit résider dans le district pour lequel il est délégué ; enfin, d’une cour de réclamations (court of claims), composée d’un juge président et de deux assesseurs, qui tient ses séances dans la capitale, à Washington, et qui a pour mission de soulager, autant que possible, le congrès de la masse de réclamations particulières ne reposant sur aucun principe politique ou ne tombant sous la juridiction d’aucun autre tribunal.

Les appels contre les décisions des cours de circuit et de district sont portés devant la’ cour suprême, qui juge en dernier ressort. Quant aux décisions de la cour des réclamations, elles doivent recevoir la sanction du congrès avant de devenir concluantes contre le gouvernement.

■ Le droit de plaider devant les cours appartient à un ordre d’avocats, qui, pour être admis au barreau, doivent suivre des cours pendant trois années et subir un examen. Le dernier recensement (1860) porte à 28,000 le nombre des membres de l’ordre en exercice.

Tous les crimes, sauf celui de haute trahison, doivent être jugés par le jury. La haute trahison consiste uniquement à faire la guerre aux États-Unis et à s’unir à leurs

ETAT

ennemis en leur donnant aide ou assistance. Le congrès seul fixe la punition à infliger aux traîtres.

= Les États n’ont pas le droit de contracter des traités d’alliance ou de confédération ; de délivrer des lettres de marque ; de battre monnaie ; d’émettre des bills de crédit ; de rendre des bills à’attainder (mort civile), des lois ex post facto ou des lois portant atteinte aux obligations des contrats ; d’établir des droits ou impôts sur les Importations et exportations, sans l’assentiment du congrès, sauf ce qui est nécessaire pour l’exécution des lois locales de vérification. Le produit net des impôts et droits levés par les États sur les importations et exportations appartient au trésor fédéral. De plus, et sans l’assentiment du congrès, les États ne peuvent établir des droits de tonnage ; conserver en temps de paix des troupes ou des navires de guerre ; arrêter des conventions ou des contrats l’un avec l’autre ou avec une puissance étrangère ; faire la guerre, sauf dans le cas d’invasion effective ou d’un danger imminent et qui ne permette aucun délai. »

Disons maintenant quelques mots de la situation actuelle des finances, de l’armée et de la marine des États-Unis.

Pendant l’exercice administratif finissant le 30 juin 1865, la dernière année de la guerre, la dette publique s’est accrue de 941,902,537 dollars. Cette dette, que chaque année a depuis lors successivement réduite, est aujourdhui presque complètement éteinte, et la situation financière des États-Unis est aussi prospère que possible. Au mois d’août 1865, le nombre total des banques nationales était de 1524 ; elles possédaient un capital de 2,028,000,000 de francs. Dans l’année fiscale 18S4-1865, pendant laquelle se sont passés les derniers événements de la guerre, les mouvements de fonds ont été énormes. À la seule bourse de New-York, les ventes faites par les agents de change, et sur lesquelles le trésor a perçu le droit de 1 pour 100, ont dépassé 31 milliards de francs.

Or

Argent

Cuivre

ÉTAT

Voici la nomenclature des monnaies des États-Unis actuellement en circulation :

Double aigle, valant 20 dollars.

Aigle, — 10 1/2 aigle, — 5 Pièce de 3 dollars.

1/4 d’aigle, valant 2 1/2 dollars.

Dollar.

Dollar (unitémonét.), valeurs f. 35.

1/2 dollar.

1/4 de dollar.

Dîme, 1/10 de dollar.

1/2 dîme, 1/20 de dollar.

Pièce de 3 cents.

Cent, 1/100 de dollar. 1/2 cent, 1/200 de dollar.

Le peuple des États-Unis n’aime pas les grandes armées permanentes : il préfère, quand les circonstances le commandent, avoir recours aux volontaires. En 1867, l’effectif total de l’armée était de 56,000 hommes. Les troupes sont principalement employées à tenir garnison dans les forts de f’O., pour repousser les irruptions des Indiens. Tous les citoyens, à l’exception des prêtres, des instituteurs, des juges, des avocats et des matelots, font partie de la milice, depuis l’âge de seize ans jusqu’à quarante-cinq ans. Cette milice se composait en 18C7 de 3,122,447 hommes. La flotte comptait à la même époque : 294 bâtiments, 2,563 canons et environ 10,000 marins. La seule école militaire des États-Unis est celle de West-Point, fondée en 1802. Le nombre des élèves est limité à 250. L’école destinée à former des officiers de marine a été transférée à New-Port en 1861. Le nombre des élèves est fixé à 500.

Cultes religieux. Il n’est pas de pays au monde où l’on compte autant de sectes religieuses qu’aux États-Unis. Voici, du reste, la nomenclature des différentes communions. On remarquera que le catholicisme romain a le plus d’adhérents parmi ces diverses sectes religieuses, aux appellations plus ou moins bizarres.

NOMS.

Allemands

Catholiques

Luthériens

réformés

évangéliques

Hollandais protestants réformés

réguliers

antimissionnaires

du Septième jour

des Six commandements. Baptistes /du Libre arbitre

frères de la Rivière...

winebrennariens

dunkers

mennonites’

Iépiscopaliens SEESS ? :: :: :: :: africains

Méthodistes épiscopaliens du Sud

{vieille école nouvelle école Cumberland unis réformés associés.... Episcopaliens

congrégationaiistes j £$«£«» ; ; ; ; ; ; ; ;

Universalistes

Disciples (comphellistes)

Chrétiens (unitaires)

Second Avent

orthodoxes hicksites. shakers

Frères unis en Jésus-Christ

Frères unis (Moraves)....’

Swedenborgiens

Israélites

Mormons

NOMBRE DES

Églises

2,517 2,017 1,020

B

409

12,578

11,800

50

18

1,298

80

275

160

800

9,922

1,400

523

2,767

v 1,188

634

D

2,045

2,676 251 1,202 2,000, 2,200

Ministres

2,317

1,134

360

1,150

410

8,970

850

75

16

1,246

65

140

250

250

6,934

2,200

565

193

2,591

8,684

408

94

2,079

2,581

297

093

2,000

1,500

Adhérents

3,177,140

232,780

79,000

33,000

50,304

1,036,756

60,000

6,786

3,000

61,441

7,000

14,000

8,700

30,280

988,523

99,000

21,000

26,746

499,694

300,814

»

84,249

53,249

2,009

1GO,000

257,634

30,000

600,000

350,000

180,000

20,000

54,000

40,000

4,700

82,013

8,275

1, S50

200,000

61,000

Comme, aux États - Unis, il n’y a pas de culte reconnu par l’État, chaque communion subvient à son entretien avec ses propres ressources, et elle le fait dans une assez large mesure. Le salaire du clergé américain suffit en général à ses besoins. Le chiffre moyen du traitement annuel des ministres congrégationaiistes et presbytériens est évalué à 3,500 francs ; celui du clergé de l’Église hollandaise réformée et des épiscopaliens, -à 3,000 francs ; des ministres baptistes, à 1,500 francs ; des ministres méthodistes, à 2,000 francs ; des prêtres catholiques, à 2,500 francs.

Éducation. Livres. Journaux. Toute société a le droit d’enseigner, nos sociétés modernes aussi bien que les sociétés antiques. En réalité, l’homme ne naît ni chrétien ni citoyen : il le devient par l’enseignement qui lui est donné, et cet enseignement est un droit absolu pour toute société et un devoir essentiel qu’elle doit remplir vis-à-vis de tous ses membres. C’est ce que de tout temps les Américains ont admirablementcompris. Une église, une école, un journal, tels sont pour eux les trois éléments essentiels de toute commune, de toute

agrégation d’habitants. Tout le monde admet que, chaque citoyen devant mettre tous ses talents au service du pays, ce dernier doit, de son côté, fournir à ses enfants les moyens d’acquérir la plus grande somme possible d’aptitudes. Aussi le droit universel a l’éducation est inscrit en tète de toutes les constitutions américaines, et, dans tous les budgets, des fonds spéciaux sont assignés pour la création et l’entretien d’écoles publiques. Ce sont les habitants eux-mêmes qui fournissent les fonds nécessaires à la construction de ces écoles, a l’achat du mobilier des classes, au traitement des instituteurs. Bien que les sacrifices que les citoyens sont obligés de s’imposer pour subvenir à ces dépenses deviennent jjlus grands tous les ans, personne ne se plaint, et cependant les taxes ont triplé pendant les cinq dernières années de la guerre de sécession. En réalité, l’initiative privée suffirait pour donner à l’enseignement du peuple une large et puissante organisation ; mais la constitution fédérale, voyant, avec raison, dans l’instruction publique un intérêt national, a donné au gouvernement central un

ÉTAT

droit de protection et de surveillance sur les écoles, en retour d’une dotation qu’il accorde à ces dernières. Cette dotation se compose : l° du produit de la vente de la trente-sixième partie de tous les territoires dont le congrès peut disposer (ces territoires présentent une surface de 2,265,625 mètres carrés) ; 2° d’un boni de 200 millions de francs, qui fut réalisé, en 1835, sur le budget de l’État fédéral ; 3° du produit des 30,000 acres de terres, accordées, pour chacun des sénateurs et des représentants dont le nombre est fixé par le census de 1860, aux États qui fondèrent le collège d’agriculture et d’arts économiques. Si l’on joint à cette dotation le produit des taxes locales dont nous avons parlé et que s’imposent les citoyens en proportion de leur fortune réelle, on aura le budget des écoles publiques, qui monte annuellement à une somme que l’on ne peut évaluer à moins de 450 millions, dont les 9/10 sont fournis par les taxes locales. C’est à peine si, à côté d’un pareil chiffre, on ose inscrire la somme qui est dépensée en France pour l’instruction primaire, tant elle paraît dérisoire.

Cependant, si l’instruction primaire est plus répandue aux États-Unis que dans aucun des États de l’Europe, l’enseignement supérieur est loin d’y avoir atteint le même développement et laisse encore beaucoup à désirer. Il n’existe dans toute l’Amérique ni université, ni école publique où l’on puisse étudier à fond une branche quelconque des hautes sciences, où l’élève puisse trouver le moyen de développer des aptitudes exceptionnelles, lorsqu’il les possède. Le pays est encore trop jeune, la population trop en retard sur certaines conquêtes de la civilisation moderne, et, en même temps, trop adonnée à la vie pratique, en un mot, trop préoccupée de gagner de l’argent, pour vouloir essayer d’atteindre, soit par son travail personnel, soit avec l’aide de professeurs, à la connaissance complète des sciences purement théoriques et spéculatives. Le temps manque pour ce genre d études, etle temps est un bien trop estimé au point de vue de sa valeur matérielle (time is money) pour qu’on veuille en consacrer même une faible partie à acquérir des connaissances qui ne puissent pas directement se convertir en dollars. Les bread-sludies (études pour le pain) ont seules de la valeur aux yeux des Américains, et, par suite de ce principe essentiellement utilitaire, l’enseignement supérieur a à lutter, à chaque pas, avec des préjugés universellement répandus. Il faut même bétonner qu’en face de pareilles difficultés il ait déjà fait des progrès remarquables.

Les écoles américaines se partagent généralement en quatre classes, savoir : 1° les écoles publiques (common schoots) • 2° les écoles préparatoires (preparatory schaols) ; 3° les collèges (collèges), parmi lesquels plusieurs prennent à tort le nom d’universités ; 4° enfin, les écoles professionnelles (professional schools).

Les écoles publiques sont fondées et entretenues par les gouvernements des différents États. Tous les enfants y sont admis gratuitement jusqu’à un certain âge, qui n’est pas le même dans tous les États. Dans les grandes villes il y a, d’ordinaire, plusieurs écoles de quartier (ward-schools ou division-sc/iools), qui, selon les circonstances, comprennent de quatre à six classes (départments), dont chacune se fait dans une grande salle particulière et est dirigée par un ou plusieurs maîtres. (Notons, en passant, qu’aux États-Unis le nombre des institutrices est beaucoup plus considérable que celui des instituteurs, parce qu’elles ne peuvent prétendre à un salaire aussi élevé que celui de ces derniers). La direction de 1 école est confiée à un principal. L’enseignement se borne, dans ces établissements, à la lecture, l’écriture, l’orthographe, l’arithmétique, la géographie et la grammaire anglaise. À côté de ces écoles de quartier existe une école supérieure (Mgh school), dans laquelle sont admis gratuitement les élèves qui ont terminé avec succès leurs études dans les premières, et où l’on enseigne l’histoire, l’algèbre, la géométrie, les éléments des langues classiques, ainsi que des langues française et allemande. On peut, par suite, regarder ces écoles supérieures comme des écoles préparatoires aux collèges. Les maîtres qui y enseignent reçoivent un traitement annuel de 1,000 à 2,500 dollars, tandis que celui des institutrices ne s’élève jamais au-dessus de 1,100.

Dans les campagnes, l’organisation de l’enseignement public est nécessairement plus simple. Tout le pays est divisé en arrondissements scolaires, dont l’étendue dépend du chiffre de la population. Dans chacun de ces arrondissements, une école est ouverte de trois à six mois par année. La nomination des instituteurs et l’administration de chaque école dépend d’un comité de surveillance composé de trois membres. Les instituteurs et les institutrices sont ordinairement des jeunes gens qui ont reçu leur éducation soit dans ces mêmes écoles, soit dans d’obscures écoles préparatoires, sans toutefois avoir l’intention de se vouer à l’enseignement, et qui, par suite, n’occupent guère phas de six mois leur place, qu’ils obtiennent après avoir subi un examen presque insignifiant. Gomme on peut le supposer d’après tout ce qui précède, les écoles de campagne ne produisent pas de grands résultats. Les principales matières de l’enseignement y sont : la lecture. l’écriture et le calcul, et, en outre, mais dans quelques-unes seulement, la géographie, l’algèbre et la grammaire anglaise. Nous ferons observer que, dans toutes les écoles que nous avons mentionnées jusqu’ici, les garçons et les filles reçoivent une instruction uniforme, et que les renseignements qui précèdent ne s’appliquent qu’aux États du Nord ; dans ceux, du Sud, il n’y a d’écoles gratuites que dans quelques-unes des plus grandes villes.

Les écoles de la seconde classe, que l’on désigne plus souvent sous le nom d’académies, sont aussi nombreuses que différentes par leur organisation et leur importance. Ce ne sont, pour la plupart, que des écoles particulières ; quelques-unes seulement, et.dans le nombre se trouvent les meilleures de toutes, sont des établissements publics. Ces dernières ne se rattachent, dans les États de l’Est, à aucune école supérieure, et il n’y en a guère que deux, l’école latine de Boston et lacadémie de Philipps, à Andover, qui puissent être mises sur la môme ligne que les Grammarschools anglaises. Dans les États de l’Ouest, l’enseignement se fait dans d’autres conditions, et l’on ne doit accorder qu’une confiance fort limitée aux écoles particulières. Là de chaque collège dépend une école préparatoire par laquelle doivent passer tous les élèves qui veulent être admis dans celuilà. On enseigne dans ces écoles les éléments de^ langues classiques et des différentes sciences qui sont professées dans les collèges, et les cours y durent de deux à trois ans. Outre ces institutions publiques, il existe un grand nombre d’écoles pour les enfants des deux sexes ; mais elles sont aussi du genre le plus varié et de valeur fort inégale, et il serait trop long et même sans intérêt ni utilité d’entrer dans aucun détail.

Les établissements que l’on appelle collèges sont des institutions purement américaines, et les particularités qu’on y remarque dérivent directement des idées et des habitudes des Yankees. Leur nombre s’élève à plus de cent, et si, au point, de vue de leur étendue et de leur valeur, ils diffèrent beaucoup les uns des autres, ils sont tellement uniformes sous le rapport de la marche des études et de leur organisation intérieure qu’il sufrit d’en décrire un seul pour les connaître tous. Chaque collège est placé sous l’administration nominale d’un comité de surveillance (board of trustées) ; mais les fonctions des membres de ce comité sont plutôt honorifiques qu’effectives et n’entraînent aucune responsabilité : ce n’est, à proprement parler, qu’une sinécure. Le comité se réunit une ou deux fois par an pour délibérer, mais ce n’est encore la qu’une pure formalité. La direction réelle de l’établissement est entre les mains des facultés établies par les curateurs, et qui se composent d’un président, de plusieurs professeurs et d’un certain nombre d’instituteurs (tutors). Il n’y a que la nomination des professeurs qui dépende du gouvernement de l’État ou du comité de surveillance. Les bâtiments du collège renferment d’ordinaire des chambres pour les étudiants ; mais beaucoup de ces derniers préfèrent habiter hors du collège. La discipline est en quelques points très-sévère et, par conséquent, très-difficile à maintenir. 11 n’est laissé aux étudiants aucune liberté dans le choix de leurs études, et ils doivent tous suivre les cours d’après l’ordre établi. Leur durée est partout de quatre ans, et chaque élève doit passer par les classes correspondant à ces quatre années, celles des freshmen, des sophomores, des juniors et des seniors. Après avoir fait leurs études de cette manière, ils reçoivent un diplôme de baccalaureus artium. Les connaissances exigées de ceux qui veulent être admis dans la classe des freshmen diffèrent encore plus que les cours eux-mêmes dans les divers collèges. Généralement, cependant, ce sont, à peu de chose près, les suivantes : en mathématiques, le calcul et l’algèbre jusqu’aux équations carrées ; en latin, les éléments de la grammaire, et la traduction d’un livre de César ou de Salluste, de quelques discours de Cicéron et d’environ deux livres de l’Enéide ; en grec, les éléments de la grammaire et la traduction des trois premiers livres de YAnabase de Xénophoh. Depuis quelques années, dans, les meilleurs collèges, on exige que le candidat commence à savoir écrire en latin. Trop souvent l’examen d’admission n’est rien moins que sérieux ; les examinateurs sont plus préoccupés d’augmenter le nombre de leurs élèves que d^élever le niveau des études.

Les’ cours suivis dans les différentes classes sont, en général, réglés de la façon suivante : dans la classe des freshmen, on enseigne l’algèbre et la géométrie, et l’on explique quelques auteurs grecs et latins, tels qu’Hérodote et Tite-Live, VIliade d’Homère ■et les Odes d’Horace ; dans la classe des sophomores, les mathématiques pures, Tacite, les œuvres philosophiques de Cicéron, une ou deux tragédies grecques et le reste des poésies d’Horace ; dans la classe des juniors, les éléments de la physique, de la chimie, de l’astronomie et de la logique, Platon et un ou deux autres auteurs classiques ; enfin, dans la classe des seniors, les élèves s’occupent de géologie et d’études assez mélangées, mais surtout philosophiques et historiques.

Ce n’est que très-rarement que renseignement se fait au moyen de leçons, et ce n’est

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jamais le cas pour les langues et pour les mathématiques. Les cours consistent d’ordinaire en, questions sur des exercices indiqués d’avance, et, chaque fois qu’un élève est interrogé, il reçoit un numéro proportionné à la justesse de ses réponses. La moyenne de tous ces numéros détermine le rang de l’élève dans la classe, et, si cette moyenne n’atteint pas un certain chiffre, il ne lui est pas permis de continuer ses études.

Parmi ces différentes matières de l’enseignement, ce sont les mathématiques qui sont Frofessées avec le plus de soin et de talent ; enseignement des langues classiques est le plus négligé, autant par suite du peu d’intérêt que les élèves apportent à ce genre d’études qu’à cause du manque d’érudition des professeurs. Du reste, il est rare que l’on rencontre chez un Américain cette connaissance profonde des langues anciennes et cette habileté à les écrire qui ne s’acquièrent que par plusieurs années d’exercices et d’études. Quant aux langues modernes, les étudiants américains les connaissent à peine, ou n’en savent guère que ce que l’on pourrait en apprendre en trois mois d’études superficielles et irrégulières.

De tout ce qui précède, il faut conclure que les collèges américains ne sont guère, en réalité, que des écoles supérieures, où l’on enseigne les éléments d’une instruction complète, mais où celle-ci ne peut être acquise.

Pour ce qui est des sciences, elles sont enseignées dans les écoles professionnelles ; mais la philosophie et la philologie sont presque partout fort négligées, et, en beaucoup d’endroits, on n’y songe nullement.

Quelques écoles de droit, de médecine et de théologie sont annexées aux collèges ; la plupart cependant, et les meilleures dans le nombre, sont des institutions complètement indépendantes. Les plus célèbres sont les séminaires théologiques d’Andover, de Princeton et de New-York, l’école médicale de Philadelphie et l’école de droit d’Albanv. Indépendamment de ces écoles, consacrées à des branches particulières de la science, il en existe d’autres où toutes les facultés sont représentées et qui peuvent être regardées comme des universités. Ce sont : le collèged’Yale à New-Haven, l’université d’Harvard à Cambridge, et l’université de Michignn à Ane Arbor. Si les résultats qu’elles produisent ont été médiocres jusqu’à ce jour, cela tient moins à l’esprit américain qu’à 1 organisation de ces écoles mêmes.

Enfin un essai a été fait, dans l’automne de 1868, pour établir aux États-Unis une université analogue à nos universités européennes, dans laquelle les étudiants auraient une liberté absolue dans le choix de leurs études, et où toutes les branches de la science seraient enseignées. Nous voulons parler de l’université de Cornell, que M. Ezra Cornell a fondée à Ithaque, dans l’État de New-York, et qui est dirigée par le docteur Thomas White. Le succès de cette institution est encore aujourd’hui fort douteux, il faut l’avouer ; mais si elle répond aux espérances que l’on en a conçues, les. États-Unis auront fait un pas immense dans la voie du progrès de.l’enseignement universitaire,

Ecoles pour les nègres affranchis. Les Américains, qui n’aiment pas les demi-mesures, ne se sont pas contentés d’affranchir les noirs, ils en ont fait des citoyens ; de là, la nécessité de les instruire. C’est à Washington que, dès l’année 1861, les premières écoles pour les enfants affranchis ont été établies. En 1862, des réunions publiques avaient été tenues à New-York, à Boston, à Philadelphie, et on avait créé l’association de secours pour les affranchis, l’association des missionnaires à New-York, le comité d’éducation à Boston, des sociétés d’éducation à Philadelphie, à Cincinnati, à Chicago. Des feuilles spéciales s’étaient établies pour rendre compte des résultats obtenus par chacune des sociétés, pour faire connaître le montant des dons volontaires recueillis, et donner enfin aux protecteurs des noirs toutes les informations qui pouvaient leur être nécessaires. L’e 1er janvier 1863, le président Lincoln décréta l’émancipation des esclaves dans tous les districts des pays révoltés contre le gouvernement fédéral. Le zèle redoubla et de nouvelles associations se formèrent pour venir au secours des affranchis, leur assurer du travail et les préparer à la liberté par l’éducation. On fit appel au zèle des instituteurs et des institutrices, et cet appel ne fut pas fait en vain. Les institutrices y répondirent avec un dévouement au-dessus de tout éloge, et elles vinrent diriger les écoles fondées pour les enfants de couleur dans les différentes villes où entrait l’armée du Nord victorieuse. Dès cette année, l,500 écoles avaient pu être ouvertes aux hommes de couleur. A mesure que l’armée prenait possession d’une ville, les instituteurs et les institutrices venus à la suite s’y installaient et se mettaient aussitôt à la besogne.

Le zèle pour l’instruction des noirs ne s’est nullement ralenti, et le nombre des écoles a toujours été en augmentant.’ Au commencement de 1868, on en comptait 4,000 établies dans les principaux États du Sud.

Ainsi les États-Unis, après avoir affranchi 4 millions d’esclaves, n’ont reculé devant aucun sacrifice pour donner à ces nouveaux citoyens tous les avantages de l’instruction :

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écoles pour les enfants, écoles d’adultes, écoles normales, industrielles, professionnelles, et, en outre, sociétés de tempérance et caisses d’épargne ont-surgi de toutes parts. Quand un peuple fait de semblables choses, il mérite le nom de grand, et on ne doit pas hésiter à le lui donner, car, en s’honorant lui-même, il honore en même temps l’humanité et la liberté. Du reste, les résultats obtenus ont été admirables. Dans les ateliers, on se loue de la probité et du zèle des noirs affranchis ; ceux qui sont appelés à diriger des exploitations agricoles ou des établissements industriels s’en acquittent souvent avec beaucoup de soin et d’intelligence. Enfin, un ancien esclave qui exploite une plantation dans le Mississipi, comprenant que l’association seule pouvait lui fournir les moyens de lutter avec avantage contre les blancs, a appelé auprès de lui une centaine de nègres et a appliqué à l’exploitation de sa ferme le système coopératif. Un conseil élu par les sociétaires administre la plantation ; une caisse de secours a été créée pour les malades et les vieillards, alimentée par un fonds de roulement. La médecine et le droit comptent parmi les nouveaux affranchis des hommes distingués. En résumé, les écoles établies ont déjà rendu d’énormes services, et les propriétaires du Sud, qui en avaient vu l’établissement avec colère et leur avaient opposé la plus vive résistance, commencent à les considérer sous un tout autre aspect. Ce qu’elles ont mis en pleine lumière, et ce point est d’une importance capitale, c’est la parfaite aptitude de la race noire pour les sciences et la civilisation. Les jeunes négresses, dit-on, ont des dispositions remarquables pour les choses intellectuelles, et, sous ce rapport, elles ne le cèdent en aucune manière aux jeunes filles de notre race.

Eu égard à la population, il n’est pas de pays au monde où le nombre des publications, des livres imprimés soit aussi considérable qu’aux États-Unis. En 1860, la valeur seule des livres imprimés s’est élevée à 59,217,295 fr., et celle des journaux et autres ouvrages, à 198,390,215 francs.

Quant au journalisme, le bras droit de tous les gouvernements populaires, il a dû nécessairement prendre aux États-Unis un développement immense. Le dernier- recensement (1860) porte à 927,951,5-18 exemplaires la circulation annuelle des journaux, revues et publications périodiques, ce qui donne une proportion de 34,36 pour chaque hommé, femme ou enfant faisant partie de la-population blanche. De ce nombre, plus de la moitié est absorbée par les trois seuls Étatsjie New-York, de Pensylvanie et de Massachusetts. Il faut ajouter que chacun des numéros des journaux quotidiens de New-York et de quelques autres villes contient, en texte imprimé, la matière de 64 pages in-8° ordinaires.

Le recensement de 1860 donne la répartition suivante des journaux et revues aux États-Unis :

Journaux quotidiens 386

Tri-hebdomadaires. 146

Semi-hebdomadaires. 164

Hebdomadaires 3,153

Mensuels et semi-mensuels.... 280

Trimestriels 29

Littéraires et divers 521

Religieux 191

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1019

Total

4,870

Les lettres, les sciences et les arts ont, aux États - Unis, d’illustres représentants. Nous ne pouvons les indiquer tous ; nous nommerons les plus célèbres, en renvoyant, pour plus de détails, aux articles spéciaux de ce Dictionnaire :

Théologie. Philosophie, etc. Cotton Mather, M.-W. Beecher, Jonathan Edwards, R.-W. Emerson, W.-E. Channing, O.-A. Brownson, Francis Wayland, Edward Robinson, Horace Mann.

Jurisprudence. Législation. Politique. Benjamin Franklin, Henry Wheaton, Edward Everett, Alexandre Hamilton, Daniel Webster, Henry Clay, John-C. Calhoun, T.-H. Benton, Charles Sumner, W.-L. Marcy, Joseph Story, Winfield Scott, chief-justice Marshall, W.-H. Seward.

Histoire. Voyages, etc. George Bancroft, W.-H. Prescott, J.-L. Motley, George Ticknor, J.-L. Stephens, Jarcd Sparks, Emory, cominodore Wilkes.

Sciences naturelles. David Rittenhouse, A. Wilson, comte Rumford, John-J. Audubon.

—r- Littérature. Poésie. J. Fenimore Cooper, Washington Irving, Nathaniel Hawthorne, Harriet Beecher Stowe, H.-W. Longfellow, J.-G. Whittier, W.-C. Bryant, Fitz Green Halleck, Edward Livingston, O.-W. Holmes, Edgar-A. Poe, J.-K. Paulding, Mmo Sigoarney.

Lexicographie. Noah Webster.

Peinture. Sculpture. Washington Allston, Trumbull, West, Church, Greenough.


Histoire. Quoique l’histoire des États-Unis d’Amérique ne commence qu’au moment où les treize colonies anglaises eurent secoué le joug de la métropole, nous donnerons ici un résumé de l’histoire de l’établissement de ces colonies et des événements qui ont assuré leur indépendance. Voici les dates de l’introduction des Anglo-Saxons dans les diverses parties du territoire des États-Unis :

Virginie, 1607 ; — New-York, par les Hollandais, 1614, occupé par les Anglais, 1664 ; — Plymouth, 1620, incorporé au Massachusetts en 1692 ; — Massachusetts, 1628 ; — New-Hampshire, 1623 ; — New-Jersey, par les Hollandais, 1624, occupé par les Anglais en 1664 ; — Delaware, par les Hollandais, 1627, occupé par les Anglais en 1664 ; — Maine, 1630, réuni au Massachusetts en 1677 ; — Maryland, 1633 ; — Connecticut, 1635 ; New-Haven, 1637, réuni au Connecticut en 1662 ; — Providence, 1635, et Rhode-Island, 1638, réunis en 1644 ; — Caroline du Nord, 1650 ; — Caroline du Sud, 1670 ; — Pensylvanie, 1682 ; — Géorgie, 1733.

En 1606, le roi Jacques Ier octroya à deux compagnies, celles de Londres et de Plymouth, des lettres patentes leur concédant la propriété des territoires situés entre 34° et 54° de lat. N. : la partie méridionale, à la compagnie de Londres, et la partie septentrionale, à la compagnie de Plymouth. Il entreprit même de leur donner un code de lois. Le 20 décembre 1606, trois vaisseaux, équipés par la compagnie de Londres, chargés de 105 émigrants, partirent pour Roanoke (Caroline du Sud), sous le commandement du capitaine Christophe Newport, qui, après un long et désastreux passage de quatre mois, par la route détournée des Indes occidentales, découvrit le cap Henry, pointe méridionale de la baie de Chesapeake (Maryland), une tempête l’ayant fait dévier de son point de destination et l’ayant chassé vers le nord. Peu après, il découvrit le cap Charles et entra dans la baie de Chesapeake. L’aspect séduisant de la contrée engagea les émigrants à s’y établir. Quelques-uns d’entre eux, dans une excursion d’exploration, rencontrèrent un fleuve magnifique, désigné par les Indiens sous le nom de Powhatan, et qu'ils baptisèrent de celui de James (Jacques) en l’honneur de leur souverain. Ils fondèrent sur la péninsule une ville qu’ils appelèrent Jamestown ; c’est le premier établissement dès Anglais en Virginie.

Sous l’intelligente direction du capitaine Smith, la colonie prospéra, et bientôt elle put envoyer en Angleterre deux navires chargés, l’un d’un sable jaune et brillant, que l’on supposait contenir une grande quantité de poudre d’or, l’autre de tabac.

En 1614, le capitaine Smith, chargé d’explorer la Virginie septentrionale, longea la côte de Penobscot au cap Cod, relevant les rivages, les rades, les îles, les caps ; il dressa une carte qu’à son retour en Angleterre il montra au prince Charles (depuis Charles Ier), qui donna à cette région le nom de Nouvelle-Angleterre.

La première colonie anglaise fondée sur le territoire concédé à la compagnie de Plymouth, et qui comprenait 1,600,000 kilomètres carrés (la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, les Canadas, la Nouvelle-Angleterre, le New-York, la Pensylvanie, la moitié du New-Jersey, et toute la région située immédiatement à l’ouest de ces États), fut créée à l’insu de la compagnie et sans l’assistance du roi Jacques, par les Pères pèlerins de la Nouvelle-Angleterre. C’était une société de puritains qui, sous la conduite de John Carver, William Brewster, William Bradford, Édouard Winslow et Miles Standish, quitta l’Angleterre, le 6 septembre 1620, sur le Mayflower, et débarqua le 31 décembre, au nombre d’environ cent personnes, hommes, femmes et enfants, dans un havre de la baie de Massachusetts. Ils y construisirent une ville qu’ils nommèrent Plymouth. La fondation de la colonie de Plymouth fut suivie de celle de Massachusetts-Bay ; la ville de Salem y fut édifiée, en 1628, par John Endicott, et la ville de Boston, en 1630, par John Winchrop et Thomas Dudley.

Nous ne nous appesantirons pas davantage sur l’établissement des Anglo-Saxons dans le continent américain ; nous dirons seulement qu’en 1733, un peu plus d’un siècle après la fondation de Jamestown, treize colonies avaient été fondées par les Anglais sur le territoire actuel des États-Unis : le New-Hampshire, le Massachusetts, le Rhode-Island, le Connecticut, le New-York, le New-Jersey, la Pensylvanie, le Delaware, le Maryland, la Virginie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud et la Géorgie.

Pendant ce temps, tandis que les Espagnols s’établissaient en Floride et au nouveau Mexique, le P. Marquette, Louis Joliet, Robert Cavalier de La Salle et d’autres missionnaires et aventuriers avaient porté la croix et le drapeau de la France dans le désert du Saint-Laurent, des grands lacs au Mississipi et au golfe du Mexique, et jusque dans le Texas.

Les établissements anglais sur l’Atlantique se trouvèrent ainsi, peu à peu, flanqués, à l’ouest, par une chaîne de forts français, qui, entre Montréal et la Nouvelle-Orléans, s’élevaient à plus de soixante, et dont les principaux étaient : Détroit (1683), Kaskaskia (1684), Vincennes (1690)j la Nouvelle-Orléans (1717) et Pittsburg ou fort Duquesne (1754).

Ces progrès des Français devaient naturellement exciter la susceptibilité de l’Angleterre, et les hostilités ne tardèrent pas à éclater. Pendant la guerre du roi Guillaume (1690-1697), les colons eurent beaucoup à souffrir des incursions des Français, et essayèrent vainement d’entamer le Canada.

La guerre de la reine Anne (1702-1713) eut pour résultat la prise de l’Acadie aux Français et sa réunion à l’empire Britannique, sous le nom de Nouvelle-Écosse.

Pendant la guerre du roi George (1744-1748), la ville de Louisbourg, la principale place forte des Français en Amérique, fut emportée, le 28 juin 1745, par les troupes de la Nouvelle-Angleterre, commandées par William Pepperell, riche commerçant du Maine. Cette guerre fut terminée par le traité d’Aix-la-Chapelle (18 octobre 1748), qui rendit Louisbourg aux Français, à la grande mortification des colons.

En 1749, le gouvernement de la Virginie concéda, par l’ordre de la métropole, à la compagnie de l’Ohio, 500, 000 acres de terre situés entre le Monongohela et le Kanawha et sur l’Ohio, dans une région dont la France réclamait à juste titre la propriété. Aussi les Français s’opposèrent-ils aux établissements tentés par les concessionnaires. Les autorités virginiennes, relevant la querelle, chargèrent George Washington, qui n’avait encore que 22 ans, mais qui, pendant trois ans, avait rempli les fonctions d’adjudant général du district septentrional de la Virginie, d’aller porter leurs plaintes et leurs remontrances au chef des établissements français sur l’Ohio. Washington accomplit sa mission avec autant de courage que de jugement, et son rapport décida la Virginie à soutenir ses prétentions par les armes.

C’est alors (1754) que commença cette longue série d’hostilités connue, en Amérique et en France, sous le nom de guerre indienne.

À l’arrivée du général Braddock, envoyé d’Angleterre comme commandant en chef des troupes royales (printemps de 1755), quatre expéditions furent simultanément organisées contre les Français. Toutes quatre échouèrent, par suite de l’incapacité des généraux anglais ; celle que dirigeait Braddock contre le fort Duquesne, et à laquelle Washington prit part en qualité de colonel, se termina par un véritable désastre. Pendant les deux campagnes qui suivirent (1756-1757), l’énergie et les talents du marquis de Montcalm, commandant en chef du Canada, donnèrent aux armes françaises une supériorité marquée. En 1758, 50, 000 Anglais ouvrirent la campagne. Les forts Louisbourg, Frontenac et Duquesne tombèrent entre leurs mains. Ces avantages furent balancés par la défaite subie à Ticonderoga par les généraux Abercrombie et lord Hove ; Montcalm les battit avec des forces quatre fois inférieures en nombre. L’exploit culminant de la campagne et de la guerre fut la prise de Québec par l’armée du général Wolfe, après la sanglante bataille d’Abraham (13 septembre 1758), dans laquelle périrent Wolfe et Montcalm. Cet événement termina virtuellement la guerre en Amérique ; mais on continua à se battre en Europe et sur l’Océan, jusqu’au traité de Paris (1763), traité si désastreux pour la France, et qui donna à la Grande-Bretagne le Canada et toutes ses dépendances.

Nous sommes maintenant arrivés aux faits qui éveillèrent le sentiment patriotique des colonies, et qui eurent pour conséquence la déclaration de leur indépendance.

En 1764, le Parlement de la Grande-Bretagne porta une loi établissant un droit sur le sucre terré, l’indigo, le café, la soie, les mélasses, les calicots, etc., produits par les colonies d’Amérique. Les colons s’y soumirent, non, toutefois, sans adresser à la métropole des plaintes et des remontrances, auxquelles celle-ci répondit par une loi qui soumettait à un timbre proportionnel tout document commercial, vente ou transaction (22 mars 1765). L’agitation fut immense ; la résistance fut résolue dans un congrès réuni à New-York le premier mardi d’octobre, et le 1er novembre, jour de l’application de la loi du timbre, les cloches sonnèrent dans tout le pays, les pavillons furent mis en berne pour marquer les « funérailles de la liberté. » Les transactions s’opérèrent partout sans papier timbré et les tribunaux décidèrent de la validité des contrats. En même temps, des associations se formèrent pour prévenir l’introduction des marchandises anglaises, jusqu’au rappel de la loi. Ces manifestations de l’opinion publique forcèrent le Parlement à prendre en considération ce rappel. Sur les énergiques discours de Pitt et de Burke, qui se firent les avocats du rappel, sur les observations de Franklin, que la Chambre des communes cita à sa barre, le Parlement rapporta cette loi néfaste (18 mars 1766).

Cette leçon, dont la Grande-Bretagne aurait dû tirer profit, ne l’éclaira pas cependant : elle ne put se résoudre à abandonner le système des taxes imposées à l’Amérique et, en 1767, le Parlement vota une nouvelle Loi qui établissait des droits sur le papier, le verre, le thé, et quelques autres articles importés dans les colonies. Les colons renouvelèrent immédiatement leurs associations contre l’importation, ce qui produisit un tel effet en Angleterre, que le gouvernement se vit obligé d’abolir tous les droits, à l’exception de celui de 3 pence sur la livre de thé, lequel fut maintenu. Les Américains ne combattaient pas le montant des impôts, mais le principe lui-même. La conséquence ne se fit pas attendre. Les cargaisons de thé expédiées à New-York et à Philadelphie furent renvoyées ; celles qui avaient été débarquées à Charleston ne furent pas mises en vente. À Boston, dix-sept personnes déguisées en Indiens abordèrent, pendant la nuit du 18 décembre 1773, les navires chargés de la denrée frappée d’interdiction et en jetèrent quarante-deux caisses à la mer.

Quoique le mouvement fût général, le gouvernement anglais considéra la province de Massachusetts et, en particulier, la ville de Boston comme le foyer de la résistance à l’autorité ; et c’est Boston qu’il résolut de frapper. Le Parlement vota un bill qui fermait le port de cette ville et transportait à Salem le siège du gouvernement colonial. D’autres bills imposèrent des garnisons à toutes les colonies et décidèrent que ceux des agents du gouvernement colonial qui se refuseraient à faire exécuter les lois seraient transportés en Angleterre pour être jugés. Ces actes, considérés comme une violation des chartes et privilèges des colonies, portèrent à son comble l’indignation du peuple.

Le 5 septembre 1774, cinquante-cinq délégués, représentant toutes les colonies, sauf la Géorgie, et parmi lesquels se trouvaient Washington, Patrick Henry, Richard-Henry Lee, Edward et John Rutledge, Christophe Godsdear, Samuel et John Adams, Roger Sherman, Philippe et William Livingston, John Jay, se réunirent à Philadelphie et constituèrent ce que l’on nomma le « vieux congrès continental. » Ce congrès, qui choisit pour président Peyton Randolph, de la Virginie, et pour secrétaire Charles Thomson, de la Pensylvanie, vota une déclaration établissant le droit des colons à s’imposer eux-mêmes, à rédiger leurs lois, le droit de jugement par le jury, le droit de réunion, le droit de pétition. Cette déclaration protestait contre le maintien d’une armée permanente dans les colonies sans leur assentiment, et, en même temps, contre onze lois promulguées depuis l’avènement de George III, au mépris des droits et privilèges des colonies.

Le conflit devenait de plus en plus inévitable et le peuple s’y prépara énergiquement. C’est le 19 avril 1775 que coula le premier sang de la révolution. Le gouvernement provincial du Massachusetts avait établi à Concord des dépôts d’armes et de munitions. Le général Gage, gouverneur de la colonie, les envoya détruire ; mais, à leur retour, les soldats rencontrèrent à Lexington les citoyens armés, et il s’ensuivit un combat dans lequel les Anglais perdirent 273 tués et blessés ; ils effectuèrent leur retraite vers Boston avec la plus grande difficulté. Boston fut immédiatement bloquée, Ticonderague et Crown-Point furent pris. Le combat de Bunker’s-Hill (17 juin) prouva aux généraux anglais qu’ils avaient devant eux des adversaires résolus à vaincre ou à mourir.

Le second congrès continental se réunit à Philadelphie, le 10 mai 1775. Le 15 juin, il nomma George Washington général en chef des troupes levées ou à lever pour la défense des colonies. Le 7 juin 1776, Richard-Henry Lee proposa au congrès de secouer définitivement le joug de la métropole ; et, après un long débat, les treize colonies furent déclarées libres et indépendantes sous le nom d’États-Unis d’Amérique (4 juillet 1776).

En juin et juillet, 3, 000 soldats anglais, commandés par les généraux Clinton et sir Peter Parker, tentèrent de détruire le fort placé sur l’Île Sullivan, près de Charleston (Caroline du Sud). Le fort était défendu par le colonel Moultrie et 400 hommes. Après une action de dix heures et une perte de 200 hommes, les Anglais furent forcés de se retirer. Les Américains n’avaient perdu que 10 tués et 20 blessés.

Peu après l’évacuation de Boston par les troupes anglaises (17 mars), Washington s’établit à New-York avec la plus grande partie de son armée. Le 22 août, lord Howe et son frère, sir William Howe, débarquèrent, avec 24, 000 hommes, sur l’île Longue (Long-Island), à 14 kilom. de la ville. Les Américains, qui ne comptaient que 17, 000 hommes, composés en majeure partie de recrues, furent battus à Long-Island (27 août). Il s’ensuivit une série de désastres, et, à la fin de l’année, Washington avait été obligé de reculer au delà de la Delaware avec un peu moins de 4, 000 hommes. La cause de l’indépendance semblait perdue ; mais Washington conservait sa robuste confiance dans le succès final. L’indolence et la prudence craintive du général Howe l’empêchèrent de profiter de ses avantages, et deux succès remportés à Trenton (26 décembre) et à Princeton (3 janvier 1777) relevèrent tous les courages.

La campagne de 1777 fut couronnée par la capitulation du général anglais Burgoyne à Saratoga (17 octobre). Le 6 février 1778, un traité de commerce et d’alliance fut conclu entre Louis XVI et les commissaires des États-Unis. Des troupes françaises arrivèrent peu après en Amérique et donnèrent aux événements une tournure de plus en plus avantageuse. Dans les États du Sud, où il n’existait pas d’armée régulière américaine, les officiers patriotes Marion, Sumter, Morgan et Greene avaient organisé des guérillas qui, par des escarmouches incessantes, décimaient les forces ennemies.

Le 19 octobre 1781, lord-Cornwallis capitula, à Yorktown, entre les mains de Washington et de Rochambeau, tandis que la flotte anglaise de l’Hudson se rendait au comte d’Estaing. Cette victoire termina la guerre et assura l’indépendance des États-Unis.

Adams, Franklin, Jay et Laurens, chargés par le congrès de négocier la paix, en signèrent à Paris, le 30 novembre 1782, les articles préliminaires ; le traité définitif porte la date du 3 septembre 1783. L’Angleterre y reconnaît formellement la liberté, la souveraineté et l’indépendance des États-Unis. Cette indépendance fut reconnue également par le Danemark et la Suède, en février 1783 ; par l’Espagne, en mars ; par la Hollande, en avril, et par la Russie, en juillet. New-York, le dernier point de la côte encore occupé par les Anglais, fut évacué le 25 novembre 1783.

Mais la confédération n’avait pas encore de constitution suffisante, et le peuple comprit bientôt que son existence politique ne serait assurée qu’autant qu’il aurait un gouvernement général puissant. Le travail d’élaboration de la constitution dura six années.

Rédigée par Thomas Jefferson, elle devait, pour avoir force de loi, réunir les suffrages des deux tiers des treize États composant alors la confédération. Ces États l’adoptèrent successivement par des conventions particulières.


En 1789, tous les États, sauf deux, avaient donc ratifié la constitution, et, le 4 mars de la même année, elle commença à être mise en vigueur. New-York fut désignée comme la capitale de la confédération ; ce ne fut que le 16 juillet 1790 que le siège du gouvernement fut transféré à Washington. George Washington, premier président, élu à l’unanimité, fut installé le 30 avril 1789, avec John Adams comme vice-président. À partir de cette époque et jusqu’à la guerre civile de 1861, l’histoire des États-Unis se confond avec celle de ses présidents ; on la trouvera aux articles biographiques consacrés à chacun d’eux. Nous nous contenterons de donner ici la liste chronologique de ces présidents, avec la simple indication des principaux actes qui ont signalé leur administration.

1. George Washington, 4 mars 1789, réélu le 4 mars 1793. — Vice-président, John Adams. — Adoption de la constitution. — Création de la Banque. — Formation des partis politiques.— Admission dans l’Union des États de Vermont (1791), de Kentucky (1792), de Tennessee (1796).

2. John Adams, 4 mars 1797. — Vice président, Thomas Jefferson. — Guerre avec la France (1798-1800).

3. Thomas Jefferson, 4 mars 1801, réélu le 4 mars 1805. — Vice-présidents, Aaron Burr et George Clinton. — Admission de l’Ohio (1802). — Acquisition de la Louisiane (1803). — Guerre avec les États barbaresques (1804).

4. James Madison, 4 mars 1809, réélu le 4 mars 1813. — Vice-présidents, George Clinton et Elbridge Gerry. — Guerre avec la Grande-Bretagne (1812-1814). — Admission de la Louisiane (1812), de l’Indiana (1816). — Fondation de la Société américaine de colonisation (1817).

5. James Monroë, 4 mars 1817, réélu le 4 mars 1821. — Vice-président, Daniel-D. Tompkins, réélu avec Monroë en 1821. — Différend du Missouri, qui, pour la première fois, divise sérieusement le pays sur la question de l’esclavage. — Admission du Mississipi (1817), de l’Illinois (1818), de l’Alabama (1819), du Maine (1820), du Missouri (1821).

6. John Quincy Adams, 4 mars 1825. — Vice-président, John-C. Calhown. — Loi des tarifs (1828), basée sur le principe de la protection et qui eut, plus tard, pour résultat des complications politiques de la nature la plus sérieuse.

7. Andrew Jackson, 4 mars 1829, réélu le 4 mars 1833. — Vice-présidents, John-C. Calhown et Martin Van Buren. — Classifications des partis : whigs et démocrates. — Extinction de la dette nationale. — Guerre avec les Indiens Séminoles de la Floride. — Admission de l’Arkansas (1836) et du Michigan (1837).

8. Martin Van Buren, 4 mars 1837. — Vice-président, Richard-M. Johnson. — Crise financière. — Continuation de la guerre avec les Séminoles (terminée en 1842).

9. William Harrison, 4 mars 1841, mort le 4 avril 1841. — Vice-président, John Tyler, qui lui succède, en vertu de la constitution.

10. John Tyler, 4 avril 1841. — Vice-président, le président du sénat, élu par ce corps. — Annexion du Texas (1845).

11. James Polk, 4 mars 1845. — Vice-président, George-M. Dallas. — Guerre du Mexique (1846-1848). — Annexion du Nouveau-Mexique et de la Californie (1848). — Admission du Wisconsin (1848).

12. Zacharie Taylor, 4 mars 1849, mort en exercice le 9 juillet 1850. — Vice-président, Millard Fillmore. — Découverte de l’or en Californie. — Admission de la Californie (1850).

13. Millard Fillmore, 9 juillet 1850. — Vice-président, le président du sénat, élu par ce corps. — Invasion de Cuba par des flibustiers américains, commandés par le général Lopez (1851). — Premier traité de commerce avec le Japon.

14. Franklin Pierce, 4 mars 1853. — Vice-président, William-R. King. — Acquisition de l’Arizona (1853). — Bill Kansas-Nebraska (1854), esclavagisme. — Organisation du territoire de Washington (1853). — Expédition de Walker au Nicaragua (1851-1855).

15. James Buchanan, 4 mars 1857. — Vice-président, John-C. Breckinridge. — Constitution esclavagiste du Kansas (1858). — Affaire de John Brown (1859). — Admission du Minnesota (1857), de l’Orégon (1859). — Lutte électorale (1860). — Sécession de la Caroline du Sud (20 décembre 1860), du Mississipi (9 janvier 1861), de la Floride (10 janvier), de l’Alabama (11 janvier), de la Géorgie (19 janvier), de la Louisiane (26 janvier), du Texas (1er février).

16. Abraham Lincoln, 4 mars 1861, réélu le 4 mars 1865. — Vice-présidents, Hannibal Hamlin et Andrew Johnson. — Guerre civile. — Abolition de l’esclavage (résolution du congrès du 2 décembre 1862 et proclamation du président du 1er janvier 1863).

17. Andrew Johnson, 15 avril 1865. — Vice-président, le président du sénat, élu par ce corps. — Fin de la guerre civile.

L’élection de M, Lincoln à la présidence fut, comme on le sait, le signal de la guerre civile qui a déchiré les États-Unis pendant plus de quatre ans. Nous avons fait ailleurs (V. Amérique, guerre de l’) le récit de ces graves événements, en nous arrêtant, naturellement, à la date où cet article a été publié. Nous allons retracer sommairement la conclusion de ces fratricides hostilités.

Nous avons laissé l’armée fédérale, après les sanglantes batailles de Wilderness, de Spottsylvania et de Southannah (5-19 mai 1864), en face des formidables retranchements de la vallée du Chickahoming, où est venue se fondre, en 1862, l’armée de Mac-Clellan. Après un assaut inutile donné à ces ouvrages (3 juin), et dans lequel les fédéraux perdirent 6,000 hommes, le général Grant tourna la position et, par une marche rapide, se porta devant Petersburg, petite ville située sur l’Appomattox, et qui est la sentinelle avancée de Richmond. Une impétueuse attaque effectuée contre la ville (17 juin) ayant échoué, Grant en commença résolument le siège. Semblable au héros de Virgile :

Nunc hos, nunc illos aditus, omnemque pererrat
Certe locum, et variis assultibus irritus urget.

Nous ne pouvons raconter dans tous ses détails la magnifique épopée de ce siège, pendant lequel fédéraux et confédérés déployèrent un héroïsme égal. Avec la ténacité qui forme le côté saillant de son caractère, Grant ne recula pas d’une semelle. Il étendit graduellement ses lignes, resserra la valeureuse armée du général Lee dans un cercle de fer et attendit patiemment l’exécution du plan de campagne confié à ses lieutenants, et dont la réussite devait fatalement faire tomber Richmond entre ses mains.

En occupant Atlanta (Géorgie), le 1er septembre 1864, le général Sherman, le plus heureux des lieutenants de Grant, s’était éloigné de plus de 160 kilomètres de sa base d’opérations. Perdu, pour ainsi dire, au milieu d’une population hostile, pressé en face et en queue par les confédérés, qui interceptaient ses communications, Sherman prit un parti héroïque : il chercha, en se dirigeant vers l’Est, à gagner l’Atlantique et à s’appuyer sur la flotte fédérale. C’était une tâche aussi rude que difficile ; le succès qui la couronna fut le résultat de la rapidité de ses mouvements et de la surprise dans laquelle cette décision plus que téméraire jeta les confédérés. Le 14 décembre, il atteignit l’Atlantique et investit aussitôt Savannah, qui, évacuée le 21, par le général Hardee, fut immédiatement occupée par les fédéraux. Disons tout de suite que l’évacuation de Savannah entraîna celle de Charleston, de Wilmington et de Mobile. À ce moment, la confédération du Sud, de plus en plus étouffée, n’avait plus que deux armées qui méritassent ce nom : celle de Johnston, dans la Caroline du Nord, et celle de Lee, à Richmond et à Petersburg.

Après avoir donné à ses soldats un mois de repos, Sherman se remit en marche vers le milieu du mois de janvier 1865. Malgré les efforts que fit pour l’arrêter le général confédéré Johnston, il traversa la Caroline du Sud, une partie de la Caroline du Nord, s’avançant lentement, mais résolument, dans la direction de la capitale du Sud, et livrant presque chaque jour des combats, dans lesquels il n’avait pas toujours l’avantage, mais qui ne le détournèrent pas un instant du but vers lequel il tendait. Les plus graves de ces rencontres furent celles de Kinston (10 mars 1865), d’Averysboro et de Goldsboro (15 et 21 mars).

Pendant que ces événements se passaient en Géorgie et dans les Carolines, un autre des lieutenants de Grant, le général Sheridan traversait dans toute sa longueur la vallée de la Shenandoah, repoussant partout les confédérés, et, à la fin de mars 1865, il franchissait le James-River et ralliait, avec ses troupes victorieuses, l’armée de siège devant Petersburg et Richmond.

Ainsi, les plans du lieutenant général Grant avaient été accomplis ; l’armée de la Virginie occidentale (celle de Lee) se trouvait, par la fait, réduite aux abois.

Sherman s’était avancé si près qu’il pouvait, à la fois, donner la main au lieutenant général et tenir en échec l’armée de Johnston, désormais incapable de communiquer avec Lee, encore moins de lui venir en aide. Sheridan, parti d’une direction tout opposée, avait atteint le théâtre même des opérations de Grant, après avoir annihilé l’armée du général confédéré Early, qui lui était opposée.

Le moment était venu de frapper le dernier coup. Le 1er avril, Richmond fut attaqué sur tous les points à la fois. Lee lutta héroïquement pendant deux jours ; le 8 au soir, sur une armée qui comptait à peine 70,000 hommes, il avait perdu 15,000 tués et blessés et autant de prisonniers. Le 3, il fut forcé d’évacuer la ville qu’il défendait si intrépidement depuis de longues années et avec des forces si disproportionnées. Il fut poursuivi immédiatement et avec une vigueur dont les fédéraux n’avaient pas, jusque-là, donné d’exemple. C’est en vain que le 6 avril, à Farmville, son arrière-garde, commandée par le général Ewell, soutint un combat héroïque et se sacrifia pour le salut général : Lee dut s’incliner devant la destinée. Il capitula le 9 avril et obtint les conditions les plus honorables.

La prise de Richmond et le désarmement de l’armée de Lee furent, pour la confédération du Sud, le signal d’une dissolution si rapide que le monde en fut frappé d’étonnement. Le triomphe du Nord était complet et le président Lincoln paraissait décidé à user sagement de la victoire. Malheureusement, il n'en eut pas le temps : le 14 avril, il tombait sous le revolver de Booth, tandis qu’à la même heure M. Seward, son premier ministre, l’un des hommes politiques les plus remarquables de notre époque, était très-grièvement blessé par Payne, un autre assassin. En vertu de la constitution, ce fut le vice-président de la république, M. Andrew Johnson, qui prit les rênes du gouvernement. Quelques jours après son installation, Johnston capitulait, aux mêmes conditions que Lee, et le territoire du Sud n’était plus occupé que par des fractions d’armée qui, l’une après l’autre, firent leur soumission. Le 10 mai, Jefferson Davis, ex-président de la confédération du Sud, était capturé avec sa famille et envoyé prisonnier à la forteresse Monroe.

Ainsi s’est terminée, au bout de quatre années, une guerre civile qui, par sa gravité, l’acharnement des adversaires et le sang versé, reste jusqu’ici sans égale dans l’histoire. Mais le résultat en a été immense, et l’affranchissement de toute une race d’hommes, le triomphe d’un principe aussi sacré, ne pouvaient être achetés trop cher.

Au moment où nous écrivons (1871), c’est le général Grant qui est à la tête de la république des États-Unis.

— Bibliogr. L’importance que les États-Unis ont acquise depuis près d’un siècle qu’ils sont constitués en République et le rôle qu’ils sont appelés à jouer sur la scène du monde nous engagent à donner autant d’extension que possible à la liste des ouvrages qui les concernent. Pour la facilité des recherches, cette liste comprendra les divisions suivantes : 1° Géographie, histoire naturelle, statistique ; 2° itinéraires et voyages ; 3° histoire ; documents historiques ; mémoires ; 4° état politique et social, lois, mœurs et coutumes, antiquités, etc. ; 5° littérature, biographie, bibliographie.

— I. Géographie, histoire naturelle, statistique. A complete historical, chronological and géographical american atlas..., according to the plan of Le Sage's atlas (Philadelphie, 1825, in-fol., 53 cartes) ; American atlas, by G.-W. Colton (New-York, gr. in-fol., 63 cartes) ; The american geography, or a view of the present situation of the United-States of America, by I. Morse (Londres, 1792, in-8o, 2 cartes et 1 tabl.) ; An historical and geographical memoir of the North American continent, its nations and tribes, by J.-B. Gordon (Dublin, 1820, in-4o) ; The history and topography of the United-States, by J.-H. Hinton (Boston, 1834, 2 tom, en 1 vol. in-4o ; il y a une édit. de 1830, 2 vol. in-8o) ; A Gazetteer of the United-States of America, by J. Hayward (Hartford, 1852, in-8o, portr.) ; le Pilote américain, par E. Blunt, traduit de l’anglais, par P. Magré (Paris, impr. roy. 1826, in-8o, cartes ; édit. angl., New-York, 1817, in-8o) ; Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique, par Volney (nouv. édit., Paris, 1822, in-8o, cartes) ; Climatology of the United-States, etc., by L. Blodget (Philadelphie, 1857, in-8o) ; Meteorology, comprising.... especially the climatic features peculiar to the région of the United-States, by S. Forry (New-York, 1843, pet. in-fol., fig.) ; Meteorological register for the years 1826-1830, from observations made by the surgeons of the army, and others at the military posts of the United-States, prepared under the direction of T. Lawson ; to which is appended the meteorological register for 1822-1825, compiled by J. Lowell (Philadelphie, 1840, in-8o) ; Contributions to the nalural history of United-States, by L. Agassiz (Boston, 185S-1862, tom. I-IV, in-4», pi. ; cet ouvrage est annoncé comme devant former 10 vol.) ; Geology of the United-States, by J.-D. Dana (Philadelphie, 1849, in-4o, et atlas in-fol., tom. Vil do l’Exploring expédition) ; American geology, by E. Emmons (Albany, 1855, part, I et 11 ; 1857, part. VI, in-8<>, avec atlas in-4<> et l carte géologique des États-Unis ; les part. III-V n’avaient pas encore été publiées en 1858) ; A catalogue of american minerais, with their localities, including ail which are known to exist in the United-States and Bri-

ÉTAÏ

tish provinces, etc., by S. Robinson (Boston, 1825, in-8o) ; The metalïic wealth of the UnitedStates, by J. Whitney (Philadelphie, 1834, in-8o) ; À System of mineralogy, by J.-D. Dana (New-York, 1854, 4° édit., corr. et augin.,

2 tom. en 1 vol. in-8o) ; Suppléments to J.-D, Dana’s System of mineralogy. (New-Haven, 1855, 1856, 3 br. in-so, extr. du The American Journ. of sciences and arts) ; Flora A merics septentrionalis, by F. Pursh (Londres, 1814, 2 vol. in-8o, fig. color.) ; The american flora, by A.-B. Strong (New-York, 4 vol. in-4<>, avec 182 pi.) ; Flora of North America, by J. Torrey and A. Gray (New-York, 1838 1842, 3 vol. in-8o ; c’est, selon Trùbner, l’ouvrage le plus exact et le plus complet qui

ait encore été fait sur la flore de l’Amérique du Nord) ; Histoire des arbres forestiers de l’Amérique septentrionale, par F.-A. Michaux (Paris, 1810-1813, 4 vol. in-8o, pi. ; trad. en angl. par l’auteur : The north american sylva ; Paris, 1817-1819, 4 vol. gr. in-8», lig. color. de Redouté ; le même ouvrage, avec des notes de J.-J, Smith, Philadelphie, 1854,

3 vol. in-8o, iig. color.) ; The north american sylva, or a description of the forest trees of the United-States, etc., not described in the work of F.-A. Michaux, by T. Nuttall (Philadelphie, 1854, 3 vol. in-8o, avec 121 pi. color. ; complém. indispens. de l’ouvr. précéd.) ; The fruits of America, by C.-M. Hovey (Boston, 1847, in-8o, avec 48 pi. color. et portr. ; New-York, 1852, gr. in-8o)  ; The fruits and trees of America, uy A.-J. Dowing ; new édit., revised and corrected by Ch. Dowing (New-York, 1857, in-12, 14« édit.) ; Vegetuble matéria medica of the United-States, by W. Barton (Londres, 1821, 2 vol. in-4o) ; Médical flora, or manual of the médical botany of the United-States of North America, by C.-S. Rafinesque (Philadelphie, 1828-1830,2 vol. in-12,

fig.) ; Fauna amencana, being a description of the mammiferous animais inhabiting North America, by R. Harlan (Philadelphie, 1825, in-8o) ; The quadrupeds of North America, by J.-J. Audubon and J. Bachman (New-York, 1854, 3 vol. in-so de texte avec 155 pi. color. ; la ire édit. est de Philadelphie, 1843-1S49,

3 vol. in-S°, avec 150 pi. color.) ; Mammals of North America, by S.-F. Baird (Philadelphie, 1859, ’ in-4o, avec 87 pi.) ; American orni-" thology, or the nalural history of birds inhabiting the United-States, not given byWilson, by Ch.-Lucien Bonaparte (Philadelphie, 1825,

4 vol. in-4», fig.) ; Observations on the nomenclature ofWilsons Omithology, by the same (Philadelphie, 1S2G, in-8o) ; American ornithology, byWilson, mith notesby Jardine, etc. (New-York, 1852, in-s°, pi.) ; The birds of America, from drawings made in the UnitedStates and their territories, by J.-J. Audubon (New-York, 1828-1840, 4 vol. in-fol., fig. color.) ; Ornitholngicalbiography, bytho same (New-York et Édimbourg, 1831-1849, 5 vol. in-8o) ; American herpetology, by R. Harlan (Philadelphie, 1827, in-so) ; North american herpetology, by J.-E. Holbrook (Philadelphie,

1843, 5 vol. in-4», pi. color.) ; Fish and fishing of the United-Sates, and Ûritish provinces of North America, by Frank Forrester (New-York, 1849, 1850, in-S<>) ; American eniomo-

| logy, etc., by Th. Say (Philadelphie, 1824-1S28, 3 vol. in-8u, avec 18 pi. color.) ; Catalogue of the shells of United-States, with their localities, by C.-M.Wheat ley (New-York, 1842, in-s°) ; the terrestrial mollushs and shells of the United-States, by A. Binney (Boston, 1857,3 vol. in-8o et 1 vol. de pi.) ; The complète writings of ^ Th. Say on theconchologyof the United-States, ’ edited by W.-G. Binney (New-York, 1858, in-8o, avec75 pi.) ; Annals of the Lyceumof nalural history of New-York (New-York, 1823-185G, in-8o, pi., tom. I-VI) ; Journal of the Academy ofnatural sciences of Philadeiphia (Philadelphie, 1817-1S56, in-8o, tom. I-VI) ; Pharmacopœia of the United-States of America, by authorily of médical convention, held at Washington, A. D. 1850 (Philadelphie, 1850, in-12, 20 édit.) ; Description statistique, historique et politique des États-Unis, par Warden (Paris, 1820, 5 vol. in-so, fig. et cartes ; la lro édit., Édimbourg, 1819, 3 vol. in-8o, en angl.) ; Annales statistiques des États-Unis, par Seybert, trad. de l’anglais par G. Scheffer (Paris, 1820, in-8o, avec 00 tabl.) ; Censns of the United-States population, 1790-1830 (Washington, 1835, in-fol.) ; Census fiflh, 1830 (Washington, 1832, in-8o) ; Census sixth, 1840 (Washington, 1841, in-fol.) ; idem, Compendium, 1840 (Washington, 1841, in-fol.) ; Census seventh, 1850 (Washington, 1853, in-4o) ; idem, Iieport of superintendent (Washington, 1S53, in-8o) ;.idem, Compendium (Washington, 1854, in-8o) ; Census eighlh, 1SS0 (Washington, 1804-1865, 3 vol. in-4o, contenant : I. Agriculture ; H. Population ; III. Manufactures) ;Collections of the american statistical association (Boston, 1843 et ann. suiv., iu-8o) ; Statistical view of the United-States, embracing its territory, population, etc., hy J.-D.-B. deBow (Washington, 1854, in-8o) ; Population of the United-States in 18S0, compiled from the original relurns of the 8th census {Washington, 1864, in-4o) ; Historicat and statistical information respecting the history, condition, and prospects of the indiun tribes of the United-

j States, collecledandprepared byH.-R. Schoolcraft (Philadelphie, 1851-1857, part. I-VI,

6 vol. in-4o, pi. color.).

— II. Itinéraires et voyages. The stranger in America, comprising sketches of the manners, society, and natural peculiarities of the

ÉTAT

United-States, by F. Lieber (Philadelphie, 1835, in-8o) ; Roux de Rochelle, États-Unis d’Amérique (Paris, 1837, in-8o ; fait partie de l’Univers pittoresque) ; Itinéraire pittoresque du fleuve Hudson et des parties latérales de l’Amérique du Nord, d’après les dessins originaux pris sur les lieux, par J. Milbert (Paris, 1828-1829, 2 vol. gr. in-4o et

atlas gr. in-fol) ; The Créât West : guide and handboofe to the Western, North Western and Pacific States and territories, by E.-H. Hall (New-York, 1865, in-16, carte) ; Voyage de Newport à Philadelphie, par de Chastellux (Newport, 1781, in-4o) ; Voyage dans l’Amérique septentrionale, par do Chastellux (Paris, 178C, 2 tom. en 1 vol. in-S°) ; Nouveau voyage dans les États-Unis de l’Amérique septentrionale, par Brissot de Warville (Paris, 1791, 3 vol. in-8o) ; Voyage dans les États-Unis d’Amérique, par de La Rochefoucauld-Liancourt (Paris, 1799, 8 vol. in-so) ; Travels in America, in 1800, by T. Ashe (Londres, 1808, 3 vol. in-12 ; New-York, 1811, in-8o) ; Travels through the northern parts of the United-States, 1807-1808, by E.-A. Kendall (New-York, lS09,3 vol.in-So} ;2y«aWsi/iro !i ;7/j the United-States of America, 180G-1SU, by J. Melish (Philadelphie, 1815,2 vol. in-8» ; Philadelphie et Londres, 1818, 2 vol. in-s°) ; Voyage aux États-Unis d’Amérique, par miss Wright, trad. de l’anglais par J.-T. Parisot (Paris, 1822, 2 vol. in-s°) ; Account of an expédition from Pittsburg to the Jlocky mountains, 1819-1820, compiled from the notes of major Long, by E. James (Londres, 1823, 3 vol. in-8o) ; Voyage dans l’Amérique septentrionale, par V. Collot (Paris, 1827, 2 vol. in-so, et atlas) ; Bernhard von Saxe-Weimar, Jleise duch North America (Weimar,

1828-1830, 3 vol. in-8o, fig. ; il y a une édit. angl., Philadelphie, 1828, 2 vol. in-8 ?) ; H. Gudehus, Meine auswanderung nach America

(Hildesheim, 1829, 2 vol. in-8o) ;H. Murray’s, Historical account of discoveries and travels in North America (Londres, 1S30, 2 vol. in-8") ; Travels in North America, by B. Hall (Édimbourg, 1830, 3 vol. in-8o) ; Ci’neo meses en los Éstados-Unidos y la America del Norte, porRamon de La Sagra (Paris, 1830, in-8o) ; Voyage aux États-Unis, par miss Martineau, trad. de l’angl. par B. Laroche (Paris, 1839, 2 vol. in-8o) ; Voyage dans l’intérieur de l’Amérique du Nord, 183,2-1834, par Maximilien de Wied-Neuwied (Paris, 1844, 3 vol. gr. in-8o et atlas) ; Narrative of the United-States exploring expédition exécuted in the years 1838 to 1842, under command of Ch. Wilkes (Philadelphie, 1845,5 vol.gr.in-4° ; Philadelphie, 1849, 5 vol. in-so, fig.) ; New-York, 1852, 5 vol. gr. in-8o, fig.) ; The western world, or travels in the United-States, in 1846-1847, by A. Mackay (Philadelphie, 18(9,

2 vol. in-12) ; Eight years travels and adventures among the North America Indians, by Ûatlin (Londres, 1851, 2 vol. in-8o, grav.) ; Huit mois en Amérique, lettres et notes de voyage, 1864-1865, par E. Duvergier de Hauranne (Paris, 18G7, 2 vol. gr. in-18) ; Réminiscences of America in 1869, by two Englishmen (Londres, 1870, pet. in-8»).

— III. Histoire ; documents historiques, mémoires. A complète historj) of the UniledStates of America, by F. Butler (1822, 3 vol. in-8o) ; History of United-States, 1607-1SOS, by D. Ramsay (Philadelphie, 1824, 3 vol. in-8o) ;.A political and civil history of the United-States of America, 1763-1797, by T. Pitkin (New-Haven, 1828, 2 vol. in-8») ; Précis de l’histoire des États-Unis d’Amérique, par Pelet de la Lozère (Paris, 1845, in-8o) ; History of United-States of America, by J. Grahame (Philadelphie, 1848, 2 vol. in-8o, portr.) ; The history of the United-States of America, by R. Hildreth (Londres, 1850,

3 vol. in-8o ; New-York, 1849-1852, G vol. in-8o) ; History of the Uniied - States, by Emma Willard (New -York, 1854, in-so) ; Histoire politique des États-Unis, 1620-1789, par E. Laboulaye (Paris, 1855, in-8o) ; The national history of the United-States, by B.-J. Lossing (New-York, 1855, 2 vol. in-so, fig.) ; The history of United-States, from their colonisation to the end of the twenty-sixth congress, in 1841, by G. Tucker (Philadelphie, 1855-1857, 4 vol. in-so) ; Histoire des ÉtatsUnis depuis la découverte du continent américain, par G. Bancroft, trad. de l’anglais par Isabelle Gatti de Gamond (Paris, 1861-1862, 8 vol. in-8o ; la première édition complète en angl. est de Boston, 1S5G-1860, 8 vol. gr, in-S°, avec plans, portr., etc. ; c’est la quinzième édition des premiers volumes) ; History of the american war, by W, Gordon (Londres, 1788, 4 vol. in-8o) ; The history of the american révolution, by D. Ramsay (Phi- ’ ladelphie, 1789, 2 vol. in-8) ; Histoire politique et philosophique de la révolution de l’Amérique septentrionale, par J. Chas et Lebrun (Paris, an IX [1801], in-8«) : The pictural fieldbook of american révolution, or illustration by peu and pencil of the history of the war of independence, by B.-J. Lossing (New-York, 1852, 2 vol. in-so,

fig.) ; History of the american révolution, by G. Bancroft (Boston, 1855, 3 vol. in-8o) ; The second war with England, by J.-C. Headley (New-York, 1853, 2 vol. in-8") ; The war of 1812, a history of the war with Great-Britain, etc. (Toronto, 1862, in-8o) ; The war between the United-States and Mexico, illustraled, by C. Nebel, with description of each battle, by G.-W. Kendall (New-York, 1842,

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gr. in-fol., 12 pi. color.) ; Thirty years view, or a history of a working government from 1820 to 1850, by T.-H. Benton (New-York, 1854-1856, in-8o, t. I-II) ; Narrative of the expédition of an american squadron to the China seas and Japan, performed in the years 1852, 1853 and 1854, under the command of Commodore M.-C. Perry, by order of the government of the United-States ; compiled, by F.-L. Hawks (édit. du gouvern., Washington, 1S56, 2 vol. in-4o, avec cartes et pi.

color. ; édit. personn., New-York, 1856,1 vol. in-8o, cartes et pi.) ; 27ie Ilemembrancer, or impartial repository of public events (1775-1784, 17 vol. in-8o) ; The Parliamentary réguler (1775-1779, 17 vol. in-8o) ; A collection of state papers, relative to the first acknowledgment of the sovereignty of the UnitedStates of America (Londres, 1782, in-8o) ; The diplomatie correspondence of the american révolution, published by Jared-Sparks (Boston, 1829-1830, 12 vol. in-8») ; Memoirs ofmy own time, by gênerai J. Wilkinson (Philadelphie, 1816,3 vol. in-8o) ; Memoirs, correspondence and private papers of Th. Jelferson (Londres, 1829,4 vol, in-so) ; The writings of Th. Jelferson, with explanatory notes by H.-A. Washington (New-York, 1854, 9 vol. in-8o) ; The life and works of John Quincy Adams, édited by C.-F. Adams (Boston, 1856, 10 vol. in-8o) ; Works of A. Hamilton, comprising his correspondence, and his political and officiai writings, édited by J.-C. Hamilton (New-York, 1857-1853, in-8», t. I-II) ; The history of the war for the préservation of the fédéral Union, by L.-H. Whitney (Philadelphie, 1863, in-so, t. 1) ; Geschichte des vierjxhrigen Bûrgerlcrieges in den Vereinigten Staaten von America, von C. Sander (Francfort, 1865, in-8o).

— IV. État politique et social, lois, mœurs et coutumes, antiquités, etc. Recherches historiques et politiques sur les États-Unis de l’A mérique septentrionale, par Condorcet (Paris, 178S, 4 vol. in-8o) ; De la constitution américaine et de quelques calomnies dont elle a été l’objet de nos jours, par A.-J. Beaumont (Paris, 1831, in-S°) ; la Puissance américaine ou Origine, institutions, esprit politique, ressources, etc., des États-Unis, par Guillaume-Tell Poussin (Paris, 2 vol. 1848, in-S°, 30 édit. augm.) ; Lettres sur l’Amérique du Nord, par Mich.-Chevalier (Paris, 2 vol. in-8o, 4» édit.) ; F. von Raumer, Die Vereinigten Staaten von Nordamerica (Leipzig, 1815, 2 vol. in-8o, carte) ; De la démocratie en Amérique, par Alexis de Tocquevilie (Paris, 1838-1840,4 vol. in-SO ; 1850, 2 vol. gr. in-18, 130 édit.) ; Thomas Jefferson, étude historique sur la démocratie américaine, par C. de Witt (Paris, 1801, in-8o) ; The constitutional history of the United-States of America, by G.-W. Curtis (New-York, 1845, 2 vol. in-so), The American Statemen : a political history exhibiting the oriyin, nature, and practical opération of constitutional government in the United-States ; the rise and progress of parties, etc., by A.-W. Young (New-York, 1S55, 1 fort vol. in-8o) ; X. Eyma, la République américaine, ses institutions, ses hommes (Bruxelles, 1861, 2 vol. in-8o) ; les l’rente-quatre étoiles de l’Union américaine, histoire des États et des territoires, par le même (Bruxelles, 1861, 2 vol. in-so) ; The Nation : the foundalion of civil order and political life in the UnitedStates, hy E. Mulford (New-York, 1870, in-8») ; The New World compared with Old, a description of american governmenls, institutions and enterprises, and of those of ils great rivais at the présent time, parlicularly England and France, by G.-A. Townsend (Warsaw, 1870, in-8o, fig.) ; History of the navy of the United-Sttites, by J. Fenimore Cooper, confinued to 1855 (New-York, 1850, 3 t. en 1 vol. in-8o, portr. ; il y a une traduct. franc, par P. Fessé, Paris, 1845-1846, 4 part, en 2 vol. in-8o, avec plans) ; Encyclopxdia of the trade and commerce of the United-States, more particularly of the Southern and Western States, by J.-D.-B. deBow (Washington, 1853, 2 vol. in-80,2e édit.) ; The Southern States, by the same (Washington, 185G, in-8o) ; A commercial review of the South and West, by the same (New-Orléans, L™ sér., janv. 1846 à juin 1852, 12 vol. in-8o ; 2c sér., 1852-1856, t. XIII-XX ; Washington, 1856, 3o sér., t. XXI, publ. mens.) ; Jleport of the commercial relations of the United-States with ail foreigns nations, by E. Flagg (Washington, 1856, t. I-11I. in-4o, publication offic.) ; Légal bibliography, or a Thésaurus of american, engiish, irisk and scotch law-books, byT.-G. Marvin (Philadelphie, 1847, in-8o) ; The constitution of the United-States with the latest amendments (New-York, 1865, in-16) ; Éléments of the laio and practice of législative Assemblies in the United-States of America, by L.-S. Cushing (Boston, 185G, in-8o) ; American diplomatie code, embracing the treaties and conventions between the United-States and foreign powers, from 1778 to 1834, by J. Elliot (Washington, 1S34, 2 vol. in-8o) ; A gênerai abridgment and Digest of the american lato, with occasional notes and comments, by N. Dane (Boston, 1823,9 vol. in-so) ; American law Ilegister, edited by A.-J. Fish and H. Whartôn (publ. mensuellement à Philadelphie) ; American admirally, its juridiction and practice, by E.-C. Benedict (New-York, 1850, in-S°) ; American commercial law, by F. Chamberlin (Hartford, 1S70, in-18) ; A treatise on american rail-way law, by E.-L. Pierce (New-York, 1857, in-so) ; Railbroad laws and cAar1022

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ters, etc. (Boston, 1851, 2 vol. in-8<>) ; Éléments of médical jurisprudence, by Th.-R. Beck and J.-B. Beck (Albany, 1850,10e édit-, 2 vol. in-8o) ; Principles of médical jurisprudence, by A. Dean (New-York, f850, in-8o) ; Courts martial, by Capt. W.-C. de Hart (New-York, 1846, in-8o) ; Military laws of UnitedStates, by capt. A.-R. Hetzel (Washington, 1846, in-8», 3<= édit.) ; A practical treatise on tke law of slavery, by J.-D. Wheeler (New-York, 1837, in-8o ; nous n’indiquons cet ouvrage que pour mémoire) : De l’esclavage, far W.-E. Channing, précédé d’une étude sur esclavage aux États-Unis, par E, Laboulaye (Paris, 1855, in-12) ; M.-F. Paz Soldan, Examen de las penitenciarias de los EstadosUnidos (New-York, 1853, gr. in-8o, plans) ; Universal Dictionary of weighis and measures, ancient and modem, reduced to tke standards of tke United-Stales of America, by J.-H. Alexander (Baltimore, 1850, gr. in-8o) ; American coins and coinage, by J.-R. Eckfeldt and W.-C. Dubois (New-York, 1852, in-8o) ; The american numismatical manual of the currency or money of the aborigines and colonial States, and Uniled-States coins, by M.-W. Dickeson (Philadelphie, 1859, in-4o, avec 19 pi.) ; Arch&ologia americana, transactions and collections of the american antiquarian Society (Worcester, 1820, t. 1er-, Cambridge, 1836, t. II ; Boston, 1857, t. III, 3 vol. in-8o)i American antiquities, by A.-W. Bradford (New-York, 1843, in-8o) ; Archxologg of the United States, by S.-F. Haven (Washington, 1856, in-4o).

— V. Littérature, biographie, bibliographie. E.-A. Vail, De la littérature et des hommes de lettres des États-Unis d’Amérique (Paris, 1841, in-8o) ; American biography, edited by J. Sparks, etc. (New-York, l" sér., 10 vol. in-12, portr. ; Boston, 1844-1847, 2« sér., 15 vol. in-12, pi.) ; American biography, by J. Belknap, witk additions and notes, by F.-M.Hubbard (New-York, 1844, 3 vol. in-18) ; American national portrait Gallery « New-York, 4 vol. gr. in-8o, avec 144 portr.) ; The illustrated american biography, by A.-D. Jones (New-York, 1853, in-8<>, t. Ier ; l’ouvrage doit former 6 vol.) ; Portraits of eminent Americans nom living, by J. Livingston (New-York, 1853, 2 vol. in-8<>) ; Memoirs of eminent persous, by J.-E. Hall (Philadelphie, 1827, in-8o, portr. et fac-simil.) ; American biographical and historical dictionary by W. Allen (Boston, 1833, in-8o, 2e édit.) ; Librnry of american biography, by J. Sparks (Boston, 1840-184S, 25 vol. in-12) ; Biographical animal, containing memoirs of eminent persans recently decessed, by R.-W. Griswold (New-York, 1841, in-12) ; Biographical notices of distinguished men in New-England, by A, Bradford (Boston, 1842, in-12) ; American biographical sketchbook, by W. Hunt (Albany, 1848, in-8o) ; The liuing auihors of America, by Powell (New-York, 1850 in-17) ; Lives of eminent literary and scientific men of America (New-York, 1850, in-12) ; The prose writers of America, by R.-W. Griswold (Philadelphie, 1852, in-so) ; The poets and poetry of America, by the same (Philadelphie, 1858, in-8") ; Cyclopxdia of american littérature, embracing personal and critical notices of authors, from the carliest period to the présent day mith illustrations, by Evertand GeorgeDuyckinck (New-York, 1856, 2 vol. gr. in-8») ; The United-States manual of biography and history, by J.-V. Marshall (Philadelphie, 1855, in-8o) ; American éloquence ; a collection ofspeeches andaddresses by the most eminent orators of America, loith biographical slcetches and illustratives notes, by F. Moore (New-York, 1857, 2 vol. in-8o) ; AmericaJi genealogy, being a history of some of the selliers of North America, and their descendants, by J.-B. Holgate (New-York, 1851, in-s°) ; The Cymri of 76, or Welshmen and their descendants of the american révolution, by A. Jones (New-York,

1855, in-8o) ; American médical biography, by J. Thacher (Boston, 1828, in-8o, 15 portr.) ; Biography of the principal american military and naval heroes, by Th. Wiison (New-York, 1817-1819, 2 vol. in-12) ; American Bcgisler (Philadelphie, 1807à 1810, 7 vol. in-8<>) ; American quarterly reviem (Philadelphie, 1827 à 1837, 22 vol. III-8° ; Robert Walsh en était l’éditeur) ; Memoirs of the american Academy of arts and sciences (Boston, 1785-1818, anc. sér., 4 vol. in-4o ; 1833-1855, nouv. sér., 5 vol. in-4o) ; Proceedings of the american Academy of arts and sciences (Boston, 1847-1855, in-8o, vol. I-III) ; Proceedings of the american Association for the adnancement of science (Philadelphie, 1849 ; Boston, 1850 ; Churleston, 1850 ; Washington, 1851-1852 ; Cambridge, 1853 1856, 9 vol. in-8<>) ; The american publishers’Circular and literary Gazette, issned Weefcly by the Book publishers’Association (New-York, in-4o, depuis le 1er sept. 1855) ; Bibliotheca americana, by Warden (Paris, 1831, aussi 1840, in-8o) ; Bibliotheca americana nova, by O. Rico (Londres, 1832-1835, 2 part. in-S°) ; Ludewig, The littérature of local american history (New-York, 1846, in-8o) ; Bibliographical guide to american littérature, by N. Trùbner (Londres, 1859, in-8o) ; Historical nuggels.• bibliotheca americana, by H. Stevens (Londres, 1862, 2 vol. petit in-8o) ; Ch. Leclère, Bibliotheca americana (Paris, 1867, gr. in-8o) ; Library company of Philadelphia catalogue of books (Philadelphie, 1855-1356, 3 vol. in-8») ; New-York state li-

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braty catalogue (New-York, 1855-185C, 3 vol. gr. in-8») ; Catalogue of the library of congress authors (Washington, 1864, in-4o) ; Index to the catalogue of books of the public library of the city of Boston (Boston, 1861-1866, 2 forts vol. gr. in-8» ; la Bibliothèque nationale de Paris possède un exemplaire de cet ouvrage).


États-Unis (SCÈNES DE LA VIE AUX), nouvelles publiées dans la Revue des Deux-Mondes, et réunies en volumes par M. Alfred Assolant en 1858. En dépit de la modestie du genre, M. Assolant s’est fait une brillante réputation par ces nouvelles, son ouvrage de début, qu’il n’a jamais surpassé. Ces nouvelles, au nombre de trois, Acacia, les Butterfly et une Fantaisie américaine, sont trois tableaux de la vie américaine, empreints d’une vive couleur locale et tracés avec tant d’esprit, de gaieté et d’humour satirique que plus d’un critique n’a pas craint de rappeler, à propos de ce coup d’essai, les Contes de Voltaire. L’auteur a simplement traduit, sous une forme romanesque, l’impression exacte que lui avaient laissée les États-Unis, et il les connaissait assez bien, puisque, en jugeant d’après les habitudes du pays, il préditla pendaison de Walker, six mois avant, presque jour pour jour. Acacia, la plus gaie des trois nouvelles, est d’une vérité frappante. Elle a pour cadre une société naissante en Californie, où l’on conçoit que les disputes, les violences et tous les excès de l’individualité aventurière déchaînée trouvent mieux leur place que dans les cités de l’Union, qui ont fait, depuis plus d’un demi-siècle, l’apprentissage de la liberté. Acacia est un Français, issu de Brive-la-Gaillarde, ancien soldat d’Afrique, expédié en Californie par la fameuse loterie du lingot d’or, et de la, surnommé le Lingot. C’est un type original de l’humeur française, modifiée deux fois par l’éducation de l’Algérie et par les habitudes américaines. Autour de lui se meuvent un certain nombre de figures très-vivantes et très-diverses, dans un étrange tumulte d’événements et de catastrophes très-lestement racontés. Les deux autres nouvelles nous représentent, dans des^proportions différentes, le même mélange d’une active, d’une dévorante civilisation, avec des mœurs sauvages. Dans ces trois récits, des femmes, dont la beauté et la grâce sont de tous les pays, mais dont les libres allures ne sont pas du nôtre, ajoutent à la variété et à l’originalité du tableau. L’auteur tire lui-même de ses peintures, qui semblent n’avoir pour objet que l’amusement, une conclusion qui n’en ressort guère, c’est que la civilisation américaine, dans son rapide essor, a produit assez de merveilles pour qu’on lui pardonne quelques écarts. On sent qu’il a rapporté de son voyage aux États-Unis des impressions très-vives et très-nettes. Étant parti très-enthousiaste du pays qu’il allait visiter, il en est revenu un peu refroidi peut-être, mais bien plus affermi que jamais dans ses goûts d’indépendance personnelle. Rien n’est plus amusant que cette peinture d’un pays, où « depuis l’invention des revolvers, la moindre dispute finit par un feu de peloton, » où toutes les races se heurtent et se mêlent, où toutes les ambitions ont une ample carrière, où toutes les religions se coudoient, compliquent et colorent les querelles de l’intérêt privé ou de la politique, et où l’on cite la Bible, comme nous Molière et Rabelais : « Juges prévaricateurs, journalistes à vendre et à revendre, révérends sermoneurs jonglant avec les homélies, comme un clown avec des bouteilles, pères fripons, filles dépravées ; vols, massacres, yeux crevés, dents cassées, nez dévoré ; le tout avec permission de M. le maire, et à la grande joie des policemen, qui assistent à ces ioyeusetés en pariant pour ou contre les combattants ; » voilà le tableau peint par M. Assolant. Cette appréciation empruntée à M. Pierre Yéron est sévère ; mais on peut dire à l’auteur que la civilisation qu’il nous propose pour modèle aurait besoin de se civiliser, s’il n’en avait assombri le tableau par pure fantaisie.


États-Unis d’Amérique en 1863 (LES), par M. John Bigelow, consul des États-Unis à Paris. Un sous-titre indique l’étendue du sujet et ses divers aspects ; ce tableau des États-Unis comprendra : • leur histoire politique, leurs ressources minéralogiques, agricoles, industrielles et commerciales, » et fera ressortir « la part pour laquelle ils ont contribué à la richesse et à la civilisation du monde entier. • Le livre de M. Bigelow est offert un peu majestueusement à notre pays avec cette dédicace : « Au peuple français, qui a, le premier de tous, accueilli les États-Unis dans la famille des nations, cet ouvrage est respectueusement offert par l’auteur. » Mais, de la part du consul américain, ce n’est pas seulement un stérile hommage : le génie anglosaxon ne se repaît pas de vaines formules ; les démonstrations respectueuses du diplomate ont un but et son livre est au fond un plaidoyer adressé par la médiation de l’opinion française à l’opinion du monde. M. Bigelow adopte, du reste, la meilleure manière de plaider : il s’attache aux faits et les expose en pleine lumière devant le lecteur, en lui laissant le soin de vérifier les conclusions que son introduction résume d’avance et d’une façon remarquable. Voici d’abord les faits du passé. Trois livres sont consacrés à résumer l’histoire des États-Unis, depuis les premières

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colonies en Amérique, jusqu’à l’administration des derniers présidents : Franklin Pierce, James Buchanan et Abraham Lincoln. L’histoire des progrès de l’Union américaine semble aboutir à une désagrégation prématurée ; mais la crise actuelle ne se présente à l’écrivain patriote que comme un temps d’arrêt, au milieu d’une marche gigantesque qui en est encore à ses premières étapes.

La science géographique tient plus de place que l’histoire’dans le livre de M. Bigelow ; mais, par géographie, il faut entendre quelque chose de plus vaste et de plus fécond que les connaissances comprises ordinairement sous cette désignation. Une s’agit pas seulement de déterminer la position d’un État sur un point du globe, sa latitude ou sa longitude, ses limites, le cours de ses fleuves, le nom de ses montagnes. La géographie, telle que les modernes la conçoivent, entre plus intimement dans la vie des peuples ; elle est à l’organisation d’un pays et de la société ce que l’anatomie et la physiologie sont au corps organisé et à la vie qui l’anime. Pour nous faire connaître les États-Unis, l’auteur concentre dans un même cadre tout ce que les sciences naturelles, morales, économiques peuvent recueillir d’observations intéressantes. La géologie, la botanique, la zoologie, la climatologie, la minéralogie ont ici chacune leur chapitre à part. La statistique n’y trouvera pas seulement des chiffres en bloc, mais une répartition par groupes de ses divers éléments. Et aujourd’hui la statistique embrasse tout, les choses de la matière et celles de l’esprit, les richesses naturelles et les produits des manufactures, l’industrie, le commerce, la navigation, l’éducation, la religion, les arts, les résultats de l’éducation privée et les développements de l’administration publique.

La statistique se complaît dans des tableaux qui. résumant les faits par les chiffres, permettent de les saisir dans leur progression et sous tous les rapports. M. Bigelow ne se fait pas faute d’offrir aux lecteurs de ces tableaux qui mettent matériellement sous le regard rensemble des notions offertes successivement à l’esprit.

Que ressort-il de cette accumulation de faits et de renseignements sur les États-Unis ? Pour M. Bigelow, c’est la conviction que le système de gouvernement représentatif restera vainqueur de l’épreuve terrible qu’il a subie en Amérique. Pour le lecteur, il en sort la démonstration pleine et entière de la puissance, de la richesse, de l’esprit de ressource développés jusqu’ici chez un grand peuple, qui est appelé un jour à peser dans la balance des grands intérêts politiques de l’Europe, comme il pèse, dès aujourd’hui, sur les intérêts de.son commerce, de son industrie et de son bien-être. La lecture de cet ouvrage fait naître de graves préoccupations au sujet du développement extraordinaire des États de race anglo-saxonne au delà de l’Océan, pour tout homme qui s’intéresse à l’avenir de la France. M. Bigelow écrit comme un Américain, pour qui « le temps est de l’argent, » sans perdre le sien à polir sa phrase ou à arrondir sa période. Il cherche seulement à être clair et net, et il y réussit parfaitement.


États-Unis (SYSTÈME PÉNITENTIAIRE AUX), par MM. Gustave de Beaumont et Alexis de Tocqueville. V. système pénitentiaire.