Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ALBIGEOIS ou CATHARES. Hérétiques du XIIe siècle

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Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 176).

ALBIGEOIS ou CATHARES. Hérétiques du XIIe siècle, répandus dans le midi de la France, chez lesquels les uns retrouvent les restes des manichéens, d’autres les successeurs des Vaudois ou pauvres de Lyon, et qui, en tout état de cause, peuvent être considérés comme les précurseurs des protestants. Leur nom d’Albigeois vient, suivant l’opinion commune, de ce que la ville d’Albi était leur siège principal, quoique, en réalité, ils fussent plus nombreux à Toulouse, à Narbonne et dans d’autres villes. Ces sectaires étaient protégés par Raymond, comte de Toulouse, Roger, vicomte de Béziers et d'Albi, et par plusieurs autres princes des contrées indépendantes du Midi. Dès l’an 1179, Alexandre III autorisa contre eux les persécutions, et son légat, Henri, abbé de Clairvaux, dévasta Lavaur et plusieurs autres villes. Innocent III prêcha contre eux une croisade d’extermination et précipita les Français du nord sur les riches contrées où ils dominaient (1209). Le fameux Simon de Montfort, et les légats P. de Castelnau (assassiné dès le commencement de sa mission), Milon et Arnaud Amalric, étaient à la tête des croisés ; le zèle du premier était surexcité par l’espoir de posséder le comté de Toulouse, dont le pape lui avait assuré l’investiture, et dont il dépouilla en effet Raymond VI en 1215. Tous les barons et chevaliers du nord qui l’accompagnaient étaient également entraînés par la cupidité autant que par le fanatisme, et la plupart s’enrichirent des dépouilles des vaincus. Cette guerre prétendue sacrée dépassa en atrocités tout ce qu’on avait vu jusqu’alors, et le souvenir exécré des exploits de Simon de Montfort est resté vivant dans les contrées méridionales comme celui des tueries du duc d’Albe dans les Pays-Bas. Au sac de Béziers, soixante mille personnes furent égorgées, sans distinction de catholiques ou d’albigeois. Avant l’assaut, le légat Arnaud Amalric avait dit : « Tuez-les tous ; Dieu reconnaîtra les siens (V. Tuer). » Les mêmes horreurs se renouvelèrent à Carcassonne, et généralement dans tous les lieux où triomphaient les croisés. Partout le bûcher et les plus horribles supplices achevaient, après le combat, l’œuvre de dépopulation et de mort. Simon de Montfort fut tué en 1213, en assiégeant Toulouse, la capitale du comte dont il avait reçu l’investiture. Raymond VI continua la guerre ; mais lorsqu’il fut mort, son fils, Raymond VII, après une lutte disproportionnée, dut céder la plus grande partie de ses États à la couronne de France (1229). La plupart des albigeois avaient péri dans ces guerres, pendant lesquelles fut fondé par saint Dominique l’ordre des Frères prêcheurs, pour l’extirpation de l’hérésie. V. Dominique (saint), Montfort, Arnaud, etc.