Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/CANUT (saint) ou KNUT, roi de Danemark

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Administration du grand dictionnaire universel (3, part. 1p. 295).

CANUT (saint) ou KNUT, roi de Danemark, monta sur le trône en 1080, après la mort de son frère aîné Harotd. Il exerça le pouvoir avec fermeté, fit respecter les lois et lutta avec énergie contre tés mœurs barbares, héritage de l’ancien paganisme, s’efforçant de mettre l’ordre social en harmonie avec les idées et les sentiments chrétiens. Il était pieux et dévoué h l’Église ; sous son règne, des églises s’élevèrent de.toutes parts, notamment les cathédrales de Roskild et de Lund, qu’il dota magnifiquement. Plein de considération pour le clergé, il développa sa puissance et son prestige, l’affranchit de la juridiction ordinaire dans les choses ecclésiastiques, et lui donna le premier rang dans le royaume. Cependant il échoua dans toutes ses tentatives pour rétablir la dlme, le peuple résistant opiniâtrement à un pareil impôt. Pour activer les progrès de la civilisation dans ses États, il favorisa les étrangers qui venaient s’y fixer ; il travailla avec un zèle infatigable à l’abolition du servage. Canut, ayant jadis suivi son père dans son expédition contre l’Angleterre, résolut ; étant devenu roi, de reconquérir ce pays. En conséquence, et avec l’aide de son frère Olaf Schyrre, roi de Norvège, il ras : sembla dans le Lieinfjord une flotte de mille voiles. Mais, par suite d’une trahison ourdie par un autre de ses frères, Oluf, ilunger, -cetto flotte se dispersa avant qu’il pût la rejoindre. Canut conçut une telle colère de voir ainsi ses projets anéantis, qu’il condamna les rebelles a des amendes considérables, amendes dont il poursuivit lui-même le payement avec une extrême sévérité, durant un voyage qu’il fit dans l’intérieur du pays. Il en résulta un mécontentement qui bientôt dégénéra en révolte ouverte ; Canut, poursuivi par les paysans déchaînes contre lui, fut tué à Odensée, dans l’église de Saint-Alban, où il s’était réfugié, lo 10 juillet 1086. Après sa mort, le peuple lui rendit justice et le regretta. Bientôt le bruit courut que des signes miraculeux apparaissaient autour de son tombeau, qui devint, dès lors, le but de pèlerinages. En 1101, sur les instances de son frère Eric, le pape Pascal II prooéda h sa canonisation. Tout le Danemark et la Suède méridionale saluèrent dans le nouveau saint leur patron national, et fondèrent en son honneur une foule d’œuvres pies et d’institutions, qui fleurirent pendant les temps catholiques, et dont quelques-unes même résistèrent à la Réforme.

Canut ou Knut (SOCIÉTÉ OU CONFRÉRIE DE saint-). Après la canonisation de saint Knut ou Canut, roi de Danemark, il s’établit dans toutes : les villes de la Suède méridionale, et même à Upsal, à Sîgtuiia, k Wisby, etc., des sociétés ou confréries, sous le patronage de ee saint, qui prirent le nom de sociétés ou confréries de saint Knut (Knut pillé), soit parce qu’elles avaient pour but d’honoier sa mémoire ; soit parce qu’il en avait posé lui-même les bases de son vivant. La plus célèbre de toutes, la confrérie mère, était celle de Malmoe, capitale de laScanie ; il en est fait mention dans la charte des privilèges qui lui fut octroyée en 1360 par le roi de Danemark Waldemar III. Le gouverneur de la province en était de droitl’ancien ou président ; le bourgmestre de la ville, le vice-président. La confrérie admettait des membres des deux sexes ; mais les boulangers en étaient exclus. Ses réunions se tenaient dans une vaste «aile de l’hôtel de ville, où tout était approprié aux divers exercices dont elles étaient l’objet. C’est dans ces réunions qu’on procédait à la récép>tion dés nouveaux membres ; on leur suspendait pour cela au cou, avec une chaîne d’argent, un grand perroquet en argent, signe distinctif de la confrérie. Ce même perroquet était également suspendu au cou de celui qui avait gagné le prix dans les exercices solennels du tir. Tous les membres des deux sexes en portaient, en outre, un petit modèle attaché à un ruban bleu, sur la poitrine, durant lo temps des réunions. Ces divers usages se conservent encore aujourd’hui. La confrérie de Saint-Knut avait, comme toutes les autres confréries analogues instituées en Suède, un caractère a la fois religieux et profane. On s’y livrait à de pieux exercices ; on célébrait des messes à la mémoire du patron et pourle repos de l’âme des confrères morts. Une intime solidarité régnait entre les membres, | de sorte que si l’un d’eux souffrait quelque

injustice, la compagnie tout entière s’en trouvait

offensée et en poursuivait le redressement. Il en était de même, en matière de crimes ; la confrérie prenait parti pour le coupable et cherchait à le soustraire à la vindicte des lois. C’était là le côté abusif. Si un membre était fait prisonnier, la confrérie le rachetait. S’il tombait malade, elle en prenait soin. Elle le secourait en cas de malheurs ou d’accidents, et celui qui manquait à ce devoir de solidarité était condamné a l’amende. Lno rétribution annuelle, sans compter d’autres redevances, était payée par chaque confrère et formait le fonds commun de la caisse sociale. Quant aux exercices profanes, c’étaient le tir, ta musique, la danse, tes festins, etc. Ces exercices donnaient lieu parfois h des excès qui troublaient le repos public et presque I toujours restaient impunis. Aujourd’hui, les réunions de la confrérie de Saint-Knut se font remarquer par leur décence et leur bon goût.