Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Chanson de la messe (La)

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Administration du grand dictionnaire universel (3, part. 3p. 928-929).

Chanson de la messe (La). Après le nom du pape, celui qui revient le plus souvent dans les pamphlets des réformés, c’est celui de la messe. De nombreuses parodies transformèrent aisément en scène burlesque la cérémonie catholique. Parmi tant d’ouvrages inspirés par ce sujet, nous citerons une chanson, la plus vive et la plus gaie peut-être que nous ait laissée la Réforme, la Chanson de la messe. Elle se distingue entre toutes par la vivacité du rhythme.

    L’on sonne la cloche
    Dix ou douze coups ;
    Le peuple s’approche.
    Se met à genoux ;
    Le prêtre se vêt ;
Hari, hari l’âne ! Le prêtre se vêt,
    Hari, bourriquet !

    Du pain sur la nappe,
    Un calice d’or,
    Il met, prend sa chape ;
    Dit confiteor ;
    Le peuple se tait.
Hari, hari l’âne ! Le prêtre se vêt,
    Hari, bourriquet !

Ce petit mètre alerte et sautillant fut bientôt dans toutes les bouches hérétiques ; la Chanson de la messe devint une sorte de ronde populaire parmi les réformés ; les soldats le répétaient en fourbissant leurs armes, les enfants en dansant et en se tenant par la main. Les têtes blondes s’agitaient folles et souriantes, et le lendemain les pères s’égorgeaient en chantant Hari, hari l’âne ! Un seul de ces couplets fît peut-être à la messe plus d’ennemis que nombre de sermons et de traités théologiques. Nulle raillerie ne blessa plus vivement les catholiques ; ils y répondirent par la Chanson de Marcel, la veille de la Saint-Barthélemy.