Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Chiïtes, chiytes ou schiytes

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Administration du grand dictionnaire universel (4, part. 1p. 99).
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CHIÏTES, CHIYTES OU SCHIYTES, Secte religieuse musulmane. Ce mot dérive de la racine arabe chiah, faction, parti, groupe d’hommes qui se séparent du reste du peuple pour former bande à part, et est maintenant exclusivement employé pour désigner la secte opposée aux sunnites, c’est-à-dire aux musulmans ayant conservé la vraie tradition. Les chiites sont, en général, des adhérents d’Ali ibn abou Taleb, qu’ils regardent comme le seul calife et iman légal, à l’exclusion des autres califes ou successeurs de Mahomet, reconnus par les sunnites. Les chiites se subdivisent eux-mêmes en un assez grand nombre de sectes secondaires, parmi lesquelles nous mentionnerons les imamians, prétendant que les imans ou prêtres ne doivent pas être élus par le peuple ; les zeydians, ainsi appelés du nom de Zeyd, fils d’Ali, surnommé Zein oul abadiu (l’ornement des serviteurs du Très-Haut) ; les khattabians, disciples d’Abou’l Khattah, qui faisait du paradis un lieu de jouissances entièrement identiques à celles de ce monde. Cette dernière secte admet l’usage du vin, de la musique et autres jouissances prohibées par le Prophète. Les Persans, en adoptant l’islamisme, ont embrassé les doctrines des chiites, par opposition à leurs conquérants les Arabes et les Turcs, qui sont en général sunnites. Ce schisme religieux n’a pas peu contribué à prolonger et à rendre plus implacable la haine qui existe entre ces peuples de races différentes. On peut ramener à trots points principaux les dissidences qui existent entre les sunnites et les chiites : 1o ces derniers rejettent les trois premiers califes, Abou-Bekr, Omar et Othman, et les considèrent comme des usurpateurs ; 2o ils prétendent qu’Ali est au moins égal en sainteté au prophète Mahomet ; 3o enfin, tandis que les sunnites acceptent la Sounna ou Sonna, corps de doctrines ou de traditions concernant Mahomet, et la regardent comme une autorité canonique, les chiïtes, au contraire, la repoussent absolument et ne l’envisagent que comme le résultat d’un travail apocryphe et ne méritant aucune confiance.