Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Girbert de Metz, chanson de geste du XIIe siècle

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Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 4p. 1273-1274).

Girbert de Metz, chanson de geste du xiie siècle. Elle forme la troisième branche de la légende des Loherains. Garin le 100 Loherain a été assassiné par Fromont le Bordelais et ses partisans ; son fils, Girbert, quitte Metz et s’en va demander des secours ou chercher fortune auprès de Pépin. En route, il rencontre Lancelin, un des meurtriers de son père ; il lui tranche la tête et disperse sur la route ses membres coupés en morceaux. Arrivé à Paris, le roi Pépin fait bon accueil au Loherain qui, avec son aide, recommence la guerre contre les Bordelais. Le vieux Fromont, après une longue résistance, abandonne Bordeaux et se sauve chez les Sarrasins. Pendant ce temps, la paix se fait entre Fromondin, fils de Fromont, resté en France, et les Loherains ; mais cette paix cache une perfidie. Au milieu d’une fête, les Loherains sont tout à coup assaillis dans Bordeaux par les bourgeois de la ville ; plusieurs sont tués. Les autres implorent de nouveau le secours de Pépin. Celui-ci, lassé de cette guerre interminable, refuse. La reine, heureusement, prend leur parti, et quoique femme fait elle-même appel à toute la chevalerie de France. Vingt mille guerriers se dirigent vers la Gascogne, où le vieux Fromont arrive en même temps à la tête d’une armée de Sarrasins. Ceux-ci sont battus, et, furieux, massacrent Fromont. Une seconde paix est conclue qui dure plusieurs années. Girbert de Metz, dont la haine est insatiable, fait déterrer le corps de Fromont, et du crâne de son ennemi fait fabriquer une coupe. Puis, dans un banquet où Fromondin est convié, cette coupe lui est présentée, et le fils boit sans s’en douter dans le crâne de son père à la prospérité des ennemis mortels de sa race. Ayant su ensuite par un valet quel rôle on lui a fait jouer, Fromondin, fou de haine, jure d’exterminer tous les Loherains ; il brise la tête aux deux enfants de sa sœur Ludie, devenue la femme d’Hernaut, un des chefs de cette famille maudite. Mais le sort ne lui est pas favorable ; il est vaincu, et, forcé de passer en Espagne, il se fait ermite dans la forêt de Gai, a quatre lieues de Pampelune. Or, quelques années après, Gérin de Cologne et Girbert de Metz, faisant un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, viennent frapper à la porte de l’ermitage pour demander au saint homme qui l’habite l’absolution de leurs péchés. Fromondin les reconnaît ; les sanglants souvenirs d’autrefois et la haine lui reviennent au cœur ; il leur tend un piège pour les assassiner ; mais les Loherains, qui l’ont également reconnu, ont pris leurs précautions, et ce sont eux qui poignardent le Bordelais. L’auteur de cette geste, pleine de mouvement et de situations dramatiques, est resté anonyme.