Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Henri IV, drame en deux parties, de W. Shakspeare

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 191-192).

Henri IV, drame en deux parties, de W. Shakspeare, jouées l’une et l’autre vers 1597. L’heureuse alliance du comique et du tragique, l’art de faire concourir les scènes plaisantes et même bouffonnes au même but que les situations les plus dramatiques ont fait du Henri IV de Shakspeare un de ses chefs-d’œuvre, dans la série de ses pièces appelées historiques. Le grand poëte y déroule les événements qui ont marqué l’établissement de la maison de Lancastre, et particulièrement les joyeuses débauches de l’héritier présomptif, le prince de Galles, depuis roi sous le nom de Henri V. De là deux actions habilement fondues : d’un côté, le roi Henri IV et sa cour, en proie à toutes les perplexités de la politique ; de l’autre, le jeune prince toujours à la taverne, en compagnie de Falstaff et d’une bande de drôles mis en scène de la façon la plus originale. La création du personnage de Falstaff, qui apparaît pour la première fois dans ce drame, est une des plus achevées de Shakspeare. Le point culminant de cette partie de l’intrigue est une bonne farce que joue le jeune prince à cet énorme vaurien : il lui fait dévaliser des marchands, à main armée, accompagné de deux ou trois coquins, puis tombe lui-même, masqué, sur les voleurs, les met en fuite et s’empare du butin. Le plaisant consiste dans les bourdes incroyables que débite Falstaff, ce type du poltron vantard, racontant qu’il a fallu toute une armée pour le faire fuir, et de quantité de cadavres dont il a jonché la route. Pris en flagrant délit de mensonge, il se console en pensant que, du moins, l’argent est sauf. Bientôt l’heure sérieuse sonne pour le jeune prince : il lui faut combattre aux côtés de son père et il emmène avec lui Falstaff, qui continue, en qualité de capitaine, la série de ses grands coups d’épée.