Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Hiérax (sectaire)

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 279).

HIERAX, sectaire et ascète chrétien, né à la fin du IIIe siècle de notre ère à Leontus ou Léontopolis, en Égypte, mort vers 375. On n’est même pas d’accord sur son nom. Saint Épiphane l’écrit ΙέραΧας ; Jean de Damas Ιέρας, saint Augustin, Hieraca. Dans tous les cas, c’était un homme d’un haut savoir ; il avait étudié la sagesse des Égyptiens ; il connaissait les arcanes de la religion des Grecs, science qu’on n’obtenait que par voie d’initiation ; il possédait aussi la magie et les doctrines occultes de l’Orient, indépendamment de la médecine et de l’astronomie. Sa vie privée était exemplaire, ce qui, joint au don de persuader qu’il tenait de la nature et à l’aménité de son caractère, lui fit obtenir un grand crédit parmi les ascètes de la haute Égypte, que l’on comptait de son temps par centaines de mille. Il imitait leurs abstinences et leurs macérations et n’en vécut pas moins jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans, après avoir conservé l’usage de ses facultés jusqu’au dernier moment.

Hiérax était un libre penseur mystique. Ses opinions hétérodoxes ont plus fait pour sa renommée que ses vertus. Il niait la résurrection des corps, contestait que le ciel fût perceptible aux sens. En qualité d’ascète, il avait horreur du mariage. Il avait organisé une communauté de gens à qui il avait inculqué ses principes. Quiconque était ou avait été marié ne pouvait y entrer. Hiérax tenait Jésus-Christ pour engendré par Dieu le Père, tandis qu’il affirmait que le Saint-Esprit n’est autre que le grand prêtre Melchisédech. L’originalité de ses opinions lui valut l’honneur de fonder une secte, celle des hiéracites, dont nous avons parlé plus haut.

Hiérax écrivait en grec et en cophte. Outre ses expositions ou commentaires sur l’Écriture sainte, il composa plusieurs ouvrages sur l’œuvre des six jours, où il admettait que, dans les récits de Moïse, on a fait usage de l’apologue et de l’allégorie. Il est aussi l’auteur d’un grand nombre d’hymnes ou chants sacrés. Il ne reste d’Hiérax que quelques extraits épars dans les œuvres de saint Épiphane. On a essayé de distinguer Hiérax le Manichéen d’Hiéracas, le chef de la secte des hiéracites ; il est difficile de savoir au juste ce qu’il en est.