Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Hiéroclès (alexandrie)

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 279).

HIÉROCLÈS, philosophe grec de l’école néo-platonicienne, qui vivait à Alexandrie vers le milieu du Ve siècle de notre ère. Il n’est connu que par ses ouvrages ; ce sont :

1o un Commentaire sur les vers dorés de Pythagore dans lequel Hiéroclès essaye d’analyser d’une façon intelligible la philosophie de Pythagore. Au point de vue de la connaissance des doctrines pythagoriciennes, le livre n’est pas sans importance ; c’est une œuvre d’exaltation mystique dans laquelle l’auteur rend compte de ses idées théologiques. Il range les dieux en trois catégories : la première se compose des dieux célestes, qui vivent dans la contemplation de l’infini ; la deuxième catégorie se compose des dieux éthérés, ce sont des dieux moyens qui tiennent au ciel par leur origine et s’occupent de diriger les choses de ce monde sous le nom de héros ou démons (purs esprits) ; les dieux de la troisième catégorie paraissent être les âmes humaines dépouillées des liens du corps. Cette classification ternaire tient à la philosophie de Pythagore par la forme, et à celle de Platon par son caractère idéaliste ;

2o un Traité de la Providence, du destin et de la réconciliation du libre arbitre de l’homme avec le gouvernement divin du monde, en sept livres, dédiés à Olympiodon ; il n’en subsiste que des fragments dans la bibliothèque de Photius et dans quelques autres auteurs ; ils ont été recueillis par G. Morelli et publiés à Paris (1593-1597, 1 vol. in-8o). Hiéroclès y entreprend de coordonner les idées de Platon avec celles d’Aristote, afin de les opposer aux stoïciens et aux épicuriens d’une part, et de l’autre de réfuter ceux qui nient la Providence ; c’était son œuvre la plus importante. Dans le premier livre, il expose ses principes ; dans le second, il répond aux objections qu’on pourrait lui faire, puis il aborde la thèse singulière de démontrer qu’Aristote et Platon sont du même avis, avec les oracles, les lois sacerdotales, Orphée, Homère, la philosophie grecque de l’école de Socrate. En un mot, c’est une apologie régulière de la tradition religieuse du polythéisme. Comme les chrétiens, il admet un Dieu unique, père des êtres, qui n’est pas distinct de la Providence. L’homme est libre, mais sous la direction suprême de Dieu. Cependant Dieu a réglé dès l’origine tous les événements dont la trame constitue l’histoire, comme chacune des actions de la vie humaine. Cela ne l’empêche pas de nier la nécessité, qui n’est pas, suivant lui, la même chose que la prédestination. Il accepte aussi la création, c’est-à-dire que la matière n’est pas éternelle, mais résulte d’un acte de la volonté de Dieu. Les âmes (il entend celles du temps où il vivait) peuvent avoir de trois à dix mille ans d’existence. À l’exemple de Porphyre, néanmoins, il ne croit à la métempsycose, transmigration des âmes, que d’homme à homme. Enfin Dieu n’agit pas directement sur nous, il agit sur les dieux de la première classe, ceux-ci sur les dieux de la seconde, et ces derniers seuls sur le genre humain directement. En un mot, Hiéroclès, quoiqu’il n’en convienne pas, est un gnostique chrétien ;

3o un Traité sur la justice, le respect dû aux dieux, la conduite à tenir avec ses parents, ses amis et ses concitoyens. Il en reste quelques extraits dans Stobée, qui se composent de maximes d’une morale élevée, tout à fait propre à donner une haute idée du caractère d’Hiéroclès. On lui attribue également un quatrième ouvrage intitulé : Œconomicus (οίκονομικός), qui pourrait bien n’être qu’une partie du précédent. Enfin, on doit à son disciple Theosebius, un commentaire sur le Gorgias de Platon, qui était un recueil de notes prises aux leçons de son maître ; il n’en a rien survécu. Le Commentaire sur les vers dorés de Pythagore, traduit en latin par J. Aurispa, a paru en 1474 (in-4o), à Padoue, et le texte grec par les soins de J. Courtier, à Paris en 1583 (1 vol. in-12). Pearson en a publié une bonne édition à Londres (1654-1655, 1 vol. in-4o), effacée d’ailleurs par celle de Needham (Cambridge, 1709), uvec des notes et des fragments inédits des autres ouvrages d’Hiéroclès. Dacier en a donné une traduction française (Paris, 1706, 2 vol. in-12).