Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Homme (DE L’), ou Des principes de l’influence de l’âme sur le corps, par Marat

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 362-363).

Homme (DE L’), ou Des principes de l’influence de l’âme sur le corps, par Marat (Amsterdam, 1775, 3 vol. in-12}. « Quand on a lu, dit Voltaire, cette longue déclamation en trois volumes, qui nous annonce la connaissance parfaite de l’homme, on est fâché de ne trouver que ce qui a été répété depuis trois mille ans en tant de langues différentes. Il eût été plus sensé de s’en tenir à la description de l’homme, qu’on voit dans le second et le troisième tome de l'Histoire naturelle (de Buffon). C’est là qu’en effet on apprend à le connaître, c’est là qu’on apprend à vivre et à mourir ; tout y est exposé avec vérité et avec sagesse, depuis la naissance jusqu’à la mort… Après s’être remercié de nous avoir découvert les principes cachés de cette influence prodigieuse de l’âme sur le corps et du corps sur l’âme, l’auteur assure qu’elle a été jusqu’à lui un secret impénétrable. Cette péroraison est suivie enfin d’une invocation ; C’est une marche contraire à celle de tous les ouvrages dé génie, et surtout à celle des romans, soit en vers, soit en prose. Il invoque l’auteur de la Nouvelle Héloïse et, d’Émile. Prête-moi ta plume, dit-il, pour célébrer toutes ces merveilles ; prête-moi ce talent enchanteur de montrer la nature dans toute sa beauté, prête-moi ces accents sublimes avec lesquels tu as enseigné à tous les princes qu’ils doivent épouser la fille du bourreau si elle leur convient ; que tout brave gentilhomme doit commencer par être garçon menuisier, et que l’honneur, joint à la prudence, est d’assassiner son ennemi, au lieu de se battre avec lui comme un sot. 1l est plaisant qu’un médecin cite deux romans, l’un nommé Héloïse et l’autre Émile, au lieu de citer Boerhaave et Hippocrate. »

On peut consulter le livre de M. P. Lacroix : Marat philosophe.