Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Homme de bien (UN), comédie en trois actes et en vers, de M. Émile Augier

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 365-366).

Homme de bien (UN), comédie en trois actes et en vers, de M. Émile Augier, représentée à la Comédie-Française le 18 novembre 1845. Cette pièce, nous l’avons dit ailleurs, ne réussit pas et ne devait pas réussir, à cause du sujet, qui conviendrait mieux au roman qu’au théâtre. La donnée, d’ailleurs, est loin d’être originale : l’homme de bien de M. Augier n’est qu’un tartufe raffiné. Il a cependant un côté qui le distingue : Féline ne trompe pas seulement ses victimes, il se trompe lui-même, il ruse avec sa propre conscience. Il travaille à faire déshériter une orpheline ; mais, c’est qu’il est marié, et qu’il a des enfants… en expectative. Il ne lui est pas permis de voler le bien de sa famille future, pour obéir à un instinct exagéré de générosité. Donc, il travaille à rendre Juliette odieuse à son oncle, en la poussant indirectement à l’inconduite, tout en prêchant constamment une morale des plus sévères. Octave, poussé hypocritement par le tartufe à la séduction, se pique d’honneur et parvient, en effet, à séduire… la femme de Féline. C’est bien fait ; mais, ce qui l’est moins, c’est que Féline triomphe, c’est que tout le monde le déclare et qu’il se déclare lui-même, de bonne foi, être homme de bien. Nous n’avons pas de superstition classique, mais nous avouons que le principe qui exige la moralité du dénoûment ne nous parait pas dépourvu de raison.