Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JOYEUSE, en latin Gaudiosa, ville de France (Ardèche)

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 1059).

JOYEUSE, en latin Gaudiosa, ville de France (Ardèche), ch.-l. de cant., arrond. et à 13 kilom. S.-O. de Largentière, sur le penchant d’une colline baignée par la Baume. Pop. aggl., 1,932 hab.— Pop. tot., 2,576 hab. Nombreux moulins à soie, tanneries, brasserie. Commerce de vins, céréales, soies. Cette petite ville fut fondée, dit-on, autour d’un château fort construit par Charlemagne. Au XIIIe siècle, la seigneurie de Joyeuse appartenait à la famille de Châteauneuf-Randon, tige des seigneurs de Joyeuse. Érigée en baronnie, puis en duché-pairie, elle passa plus tard à la maison de Lorraine, qui la posséda jusqu’en 1787. La ville a conservé une partie de ses remparts flanqués de tours. L’ancien château sert aujourd’hui d’hôtel de ville. L’église actuelle a remplacé un édifice très-ancien, dont il ne reste que la chapelle des sires de Joyeuse. La chapelle de la Vierge est ornée d’un bon tableau représentant l’Annonciation. Les rives de la Baume offrent, aux environs de la ville, des paysages charmants. La vigne, l’olivier et le mûrier couvrent les campagnes voisines.

La seigneurie de Joyeuse appartenait primitivement à la maison du Luc. Vierne du Luc la porta, au XIIe siècle, à son mari, Bernard d’Anduze. Celui-ci fut père d’un autre Bernard, mort sans enfants, et de Vierne d’Anduze, qui épousa, vers 1230, Randon de Châteauneuf, souche des ducs de Joyeuse. Bernard, petit-fils de Randon, quitta le nom de Châteauneuf, pour ne plus porter, lui et ses descendants, que le nom de Joyeuse. Louis, baron de Joyeuse, petit-fils de Bernard, mourut en 1391, laissant un fils, Randon II, baron de Joyeuse, qui fut conseiller du Dauphin, depuis Charles VII, puis gouverneur du Dauphiné. Louis II, fils de Randon II, servit également le roi Charles VII, qui érigea en sa faveur la baronnie de Joyeuse en vicomté (1432). Il fut père de Tannegui, vicomte de Joyeuse, bailli de Macon, sénéchal, bailli et capitaine de Lyon, marié à Blanche de Tournon. De ce mariage naquirent, entre autres enfants : Charles de Joyeuse, évêque de Saint-Flour ; Louis de Joyeuse, marié en premières noces à Jeanne de Bourbon, fille de Jean de Bourbon, comte de Vendôme, en secondes noces à Isabeau de Halluin, et auteur de la branche des comtes de Grandpré, éteinte dans la première moitié du xviie siècle, après avoir fourni le rameau des seigneurs de Saint-Lambert, d’où sont sortis plusieurs rameaux latéraux éteints après un petit nombre de générations ; enfin Guillaume, vicomte de Joyeuse, qui a continué la filiation directe. Celui-ci, conseiller et chambellan du duc de Bourbon, fut père de Louis de Joyeuse, évêque de Saint-Flour ; de Guillaume de Joyeuse, évêque d’Alet, de Charles, vicomte de Joyeuse, enfant d’honneur du roi Charles VIII, dont la postérité finit en la personne de ses fils ; et de Jean, vicomte de Joyeuse, qui a continué la ligne après la mort de ses neveux. Ce Jean, lieutenant général pour le roi en Languedoc, mort en 1555, eut pour successeur Guillaume II, vicomte de Joyeuse, maréchal de France, marié à Marie de Batarnay. De cette union sont issus : 1° Anne de Joyeuse, amiral, favori du roi Henri III, qui, en 1581, érigea en sa faveur, en duché-pairie, la vicomté de Joyeuse ; 2° François de Joyeuse, archevêque de Rouen et cardinal, mort en 1615 : 3° Antoine-Scipion de Joyeuse, chevalier de Malte, grand prieur de Toulouse, noyé dans le Tarn en 1592 ; 4° Henri de Joyeuse, comte du Bouchage, duc et pair après son frère aîné, et mort capucin, laissant, de Catherine de Nogaret de La Valette, Henriette-Catherine, duchesse de Joyeuse, comtesse du Bouchage, qui épousa en premières noces Henri de Bourbon, duc de Montpensier, et en secondes noces Charles de Lorraine, duc de Guise, à qui elle porta le duché de Joyeuse. Ce duché resta dans !a maison de Guise jusqu’à son extinction, en 1675, et la pairie, se trouvant éteinte, fut reconstituée, en 1714, en faveur de Louis de Melun, deuxième du nom, prince d’Épinay, comte de Saint-Pol, vicomte de Gand, connétable héréditaire de Flandre, sénéchal de Hainaut, fils de Louis de Melun, prince d’Épinay, et d’Élisabeth de Lorraine-Lillebonne, de la branche d’Elbeuf. Ce nouveau duc de Joyeuse, qui avait épousé Armande de La Tour, fille du duc de Bouillon, fut tué à la chasse, en 1724, sans laisser de postérité, et le duché-pairie de Joyeuse se trouva définitivement éteint,